notre-scenario-global-20101

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Notre scénario global 2010
par Pierre Leconte
Le président des USA Woodrow Wilson, se rendant compte quelques années après qu'il ait
promulgué en 1913 l'acte créant la Federal Reserve qu'il était tombé dans un piège dressé par
des financiers de haut vol et donc fait une magistrale erreur en abandonnant la conduite de la
politique monétaire US à un cartel de banquiers privés (ce qu'est encore actuellement la Fed
d'où son action prioritaire constante en faveur des banques), tout en lui conférant les
prérogatives de la puissance publique, écrivait: "Je suis l'homme le plus malheureux du
monde. J'ai involontairement ruiné mon pays. Une grande nation industrielle est contrôlée
par son système de crédit. Notre système de crédit est concentré. La croissance de notre
Nation, en conséquence, comme de toutes nos activités est entre les mains d'un petit nombre
de personnes. Nous en sommes arrivés à être l'un des pays les moins bien gouvernés, les plus
complètement contrôlés et dominés par le gouvernement de tout le monde civilisé. Nous
n'avons plus un gouvernement d'opinions libres, plus un gouvernement de conviction et de
vote à la majorité mais un gouvernement conduit par l'opinion et la coercition d'un petit
nombre" (Lloyd Blankfein, le président de Goldman Sachs, qui estimait récemment avec
beaucoup de sérieux qu'il lui revenait en sa qualité de patron de la principale banque d'affaire
des USA "de faire le travail de Dieu sur terre", sans doute se reconnaitra!). Le grand
industriel US Henry Ford, partageant les conclusions de Woodrow Wilson, constatait à la
même époque déjà, de son côté: "Il est préférable que la plupart des citoyens de notre Nation
ne comprennent pas le fonctionnement de notre Système bancaire et monétaire parce que, si
c'était le cas, je pense qu'ils commenceraient une révolution dès demain matin". Mais,
maintenant, avec la crise, on peut espérer que de plus en plus de gens vont commencer à le
comprendre.
Notre grille de lecture, d'interprétation et de prévision des évènements économiques
comme des évolutions des marchés financiers
Ainsi que le savent les clients qui nous confient leurs comptes bancaires à gérer et les lecteurs
qui veulent bien s'intéresser à nos idées, nous adhérons aux thèses libérales de l'Ecole
autrichienne d'économie mais pas à celles interventionnistes, dirigistes, monopolistiques,
socialistes ou keynésiennes (ce qui revient au même) des économistes dits néo-classiques,
lesquelles sont hélas devenues dominantes au cours du XXe siècle pour atteindre récemment
des sommets inégalés. Parce que, comme nous le verrons plus loin, nous vivons dorénavant
dans des sociétés totalitaires, rappelant les pires cauchemars de George Orwell, se
caractérisant par l'intervention permanente des Etats (ou des organisations internationales 1
FMI, OMC, etc.-) dans les mécanismes économiques, la manipulation constante de la
monnaie et du crédit par les banques centrales monopolistiques comme le conditionnement
médiatique visant à nous faire croire que ce "socialisme de marché" (que certains appelleront
improprement "capitalisme d'Etat") fonctionne au bénéfice principal de la majorité des
citoyens dans le cadre supposé de la "démocratie libérale", laquelle a hélas disparu depuis
longtemps. Alors qu'il ne profite vraiment, en Occident, qu'aux dirigeants de quelques firmes
ou banques multinationales agissant en connivence avec le pouvoir politique (la prise de
contrôle du gouvernement US par Goldman Sachs et consorts par exemple) et en Chine, en
Russie ou ailleurs, qu'aux "oligarques" qui sont en mesure de le détourner à leur profit...
L'étude simplifiée ci-dessous du déclenchement de la crise actuelle comme de son traitement
permettront de s'en convaincre.
Pour mémoire, l'Ecole autrichienne d'économie, prenant comme point de départ
l'individualisme méthodologique, privilégie l'étude du marché comme révélateur des
préférences individuelles et régulateur de toute société de liberté vers laquelle on doit tendre
pour satisfaire les besoins humains. Dans sa préface à l'Abrégé de "L'action humaine"
(l'ouvrage principal de Ludwig von Mises, l'un des fondateurs de l'Ecole autrichienne) Editions Les belles lettres-, Gérard Dréan écrit: "En contraste avec le monde fictif
d'information parfaite et en équilibre statique de la théorie dite néo-classique, von Mises
soutient que l'économie n'a pas de sens si elle ne tient pas compte du passage du temps et de
l'incertitude irréductible qui résulte de la connaissance limitée de l'homme en action. Il n'y a
pas de relations constantes dans les phénomènes économiques, et donc aucune mesure n'est
possible" (on ne peut pas mettre en équations ce qui ne ressort que de décisions individuelles
décentralisées) contrairement aux phénomènes tout à fait quantifiables qui caractérisent les
"sciences dures". D'où la nocivité des politiques interventionnistes reposant sur des
constructions imaginaires ou idéologiques sans rapport avec la réalité, parce qu'elles ne
prennent pas en compte l'incertitude résultant des relations causales entre les évènements et
les comportements des agents économiques essentiellement mus par leur libre-arbitre.
Ce qui conduit von Mises à constater (nous sommes ici au cœur du débat actuel) que "Les
crises économiques sont provoquées par les politiques monétaires expansionnistes des
banques centrales". C'est la Federal Reserve présidée par Alan Greenspan, appliquant une
idéologie inflationniste, qui est directement responsable de la crise actuelle pour avoir traité
pendant des années chaque chute boursière, tension monétaire ou ralentissement économique
par la baisse maximale du taux d'intérêt à court terme, l'inondation de liquidités créées ex
nihilo, la multiplication à l'infini du crédit, tout en permettant aux banques de se livrer à toutes
sortes d'innovations financières (la titrisation du subprime par exemple) reposant sur des actifs
fondants dont l'accumulation les a collectivement menées près de leur ruine (comme UBS,
Citigroup, Bank of America-Merrill Lynch, la plupart des banques britanniques ou belges,
etc.). Et pour certaines à la faillite pure et simple: outre Lehman Brothers, plus de 140
banques ont récemment disparu aux USA! C'est encore la Federal Reserve qui a incité les
banques à abandonner l'intermédiation (dans laquelle elles portent leur risque de crédit dans
leurs bilans et s'assurent préalablement de la solvabilité des emprunteurs) pour la titrisation
(qui leur permet de vendre avec profit à des tiers leur risque de crédit qu'elles n'ont plus à
assumer, puis de libérer de nouveaux fonds propres pour prêter plus encore avec un effet de
levier et donc un rendement espéré tous deux supérieurs). Sans risque pour les plus grandes
d'entre-elles puisque le cartel (la Fed) est presque toujours là pour les sauver.
On remarquera que si la Federal Reserve provoque sciemment une nouvelle bulle des actions
après chaque krach, dont elle est à l'origine pour avoir créé puis entretenu les éléments
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constitutifs de ladite bulle, c'est parce qu'elle croit que "l'exubérance irrationnelle" des
bourses provoque un "effet richesse" propre à stimuler les dépenses des consommateurs (qui
représentent près de 70% du PIB aux USA). Et que si elle alimente avec autant d'excès le
crédit à tout-va (y compris en faveur de ceux qui n'ont pas les moyens d'en souscrire), c'est
parce que, du fait de la mondialisation qui (faute de politiques domestiques en Occident
favorisant l'investissement productif au lieu de la spéculation) lamine les salaires des
employés de la classe pauvre et moyenne aux USA comme leur pouvoir d'achat; il importe de
leur offrir sous forme de crédit massif facile d'accès et bon marché un substitut évitant de les
paupériser à l'excès. Dans les deux cas, les dégâts occasionnés (effondrements répétés des
actions, explosions des crédits impayés, expulsions des pauvres de leurs habitations,
augmentation des working poors ou du chômage de masse, dégradation de la santé publique)
ne sont dus qu'au dirigisme de la Federal Reserve, refusant de laisser le marché déterminer
seul -en fonction de la loi de l'offre et de la demande- la création monétaire et la fixation du
taux d'intérêt à court terme.
Quant au successeur de Greenspan, Ben Bernanke, il a appliqué à la lettre ce qu'il avait
annoncé lorsqu’il fut interrogé avant sa nomination à la tête de la Fed sur la conduite qu'il
tiendrait en cas de crise économique: "S'il le fallait, il ne faudrait pas hésiter à jeter des
tonnes de billets par hélicoptère sur les villes américaines". Suite à sa mauvaise lecture de la
crise des années 1930 comme sous le faux prétexte de lutter contre une imaginaire déflation
(impossible dans un Système monétaire de monnaies fiduciaires de papier dirigées émises ex
nihilo sans limitation, puisque selon le même Bernanke "Le gouvernement possède une
technologie appelée planche à billets, qui lui permet de produire autant de dollars US qu'il
veut à coût presque nul", et de réserves bancaires fractionnaires permettant la multiplication
du crédit quasiment à l'infini, sauf ouverture d'une "trappe à liquidités" de nature à les
engloutir); il a aussi -pour la première fois dans l'histoire- fixé le taux d'intérêt à court terme
US à zéro. Mais il a commis bien pire en faisant -dans la plus grande opacité comme le
montre le scandale AIG et d'autres affaires douteuses-, avec l'accord du secrétaire au Trésor
Tim Geithner (lui-même ancien dirigeant de la Fed de New York à ce titre grand responsable
des dérives du système bancaire), reprendre par la Federal Reserve un grand nombre des actifs
toxiques sur lesquels les banques avaient spéculé et perdu. "Actifs" qui n'en gardaient plus
que le nom puisque leur valeur s'était évidemment effondrée, ce qui explique que les banques
souhaitaient en conséquence s'en défaire au plus vite. Comble du désastre, Bernanke -le plus
grand faux-monnayeur de l'histoire- a décidé de monétiser les dettes tant des agences
gouvernementales (Freddie Mac, Fannie Mae, etc.) que les émissions d'obligations d'Etat US
qui ne trouvaient plus preneur au rythme où l'endettement du Trésor US, pour financer les
plans dits de relance et les dotations aux banques, augmentait. L'inspecteur du Trésor US
chargé de surveiller l'application du plan TARP évalue les montants dépensés au total par les
pouvoirs publics US à plus de 12.500 milliards de dollars US (d'autres sources fiables parlent
de 17.000) qu'ils ne possédaient évidemment pas. Quel incroyable gaspillage de ressources
qui auraient pu être tellement utiles ailleurs!
Lire l'étude ci-jointe de Sprott Assets Management de décembre 2009 intitulée "Is it all just a Ponzi Scheme?"
http://www.zerohedge.com/sites/default/files/Sprott%20December.pdf
Autrement dit, la Federal Reserve, a lutté contre la contraction du crédit par l'accroissement
artificiel sans précédent historique de la masse monétaire comme de son propre bilan
(désormais principalement composé d'actifs sans valeur) et la multiplication inflationniste
(parce que bien au delà de la production effective de biens et de services) de moyens de
paiement sans aucune correspondance avec l'économie réelle. Tout cela pour le seul profit de
quelques grandes banques d'affaire et de leurs dirigeants, sans rien leur imposer en
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contrepartie, selon le principe inique de "la socialisation des pertes et de la privatisation des
profits". C'est ahurissant mais c'est ainsi. Toutefois, les dettes transférées du secteur privé au
secteur public n'ont pas disparu, elles ont simplement changé de titulaire. De telle sorte que le
problème de leur règlement futur reste entier, alors même que les déficits budgétaires
explosent du fait de l'écroulement des recettes fiscales. Comme l'écrit Jacques Attali dans
"Survivre aux crises" -Fayard-: "L'incapacité de l'Occident à maintenir son niveau de vie sans
s'endetter, qui est la cause profonde de cette crise, est loin d'avoir été résorbée. Et la stratégie
mise en place jusqu'ici par les gouvernements pour la résoudre se résume à faire financer par
les contribuables de demain les erreurs des banquiers d'hier et les profits des banquiers
d'aujourd'hui".
Cette politique monétaire ultra laxiste, qui a aussi été suivie par la Banque d'Angleterre et à
un moindre degré par les autres banques centrales occidentales, avait pourtant fait l'objet de
nombreuses mises en garde, en particulier de la part de von Mises. Lequel écrivait: "Il faudra
bien que l'on comprenne que les tentatives d'abaisser artificiellement, par l'extension du
crédit, le taux d'intérêt qui se forme librement sur le marché ne peuvent aboutir qu'à des
résultats provisoires et que la reprise des affaires, qui intervient au début, sera forcément
suivie d'une rechute profonde, laquelle se traduira par une stagnation complète de l'activité
industrielle et commerciale... Un boom d'expansion du crédit doit inévitablement conduire à
un processus que le discours commun appelle dépression... La dépression n'étant en fait qu'un
processus de réajustement, de remise en ligne des activités de production avec l'état réel des
données du marché... Toute tentative de substituer des moyens fiduciaires à des biens
capitaux inexistants est vouée à l'échec... Il n'y a aucun moyen de soutenir un boom
économique résultant de l'expansion à crédit, l'alternative est ou bien d'aboutir à une crise
plus tôt par arrêt volontaire de la création monétaire ou bien plus tard avec l'effondrement de
la monnaie qui est en cause". Autrement dit, l'explosion de la plus grande pyramide de dettes
de l'histoire ne s'arrêtera pas tant que l'expansion artificielle du crédit et la manipulation des
taux d'intérêt à court terme organisées par les banques centrales occidentales ne prendront pas
fin. Et il n'y a rien de plus urgent que de d'en finir, une fois pour toutes, en Occident avec un
genre de vie reposant sur l'endettement perpétuel des Etats, banques centrales et agents
économiques (entreprises et particuliers).
Au lieu de procéder comme l'ont fait les banques centrales occidentales dès le début de la
crise, en suivant le principe immoral et anti-économique Too big to fail, il eut fallu permettre
aux ajustements inéluctables de se produire, par exemple en laissant certaines banques
devenues insolvables (de leur propre incompétence ou avidité) aller à la faillite pendant que
les Etats auraient garanti leurs clients en leur offrant le remboursement illimité de leurs
dépôts. Ce qui aurait permis à l'inévitable "processus de destruction créatrice" décrit par
Joseph Schumpeter de produire ses effets d'assainissement sans que les déposants soient lésés.
Et couté beaucoup moins cher aux contribuables, puisque dans la plupart des cas les banques
qui auraient été mises en faillite disposaient encore d'actifs ayant une valeur certaine et que
d'autres banques encore solvables auraient récupéré les dépôts et les clients en question. Au
lieu de cela, les banques -dont le FMI vient d'avouer qu'elles n'avaient jusqu'ici annoncé que
40% de leurs mauvaises créances, il y aura donc de nouveaux effondrements d'institutions
bancaires- ont reçu une masse énorme de liquidités artificielles à taux zéro qu'elles utilisent
pour spéculer pour leur propre compte sur les marchés boursiers ou pour améliorer leurs
bilans en les replaçant auprès des banques centrales à un taux supérieur, au lieu de les prêter cette fois-ci avec plus de discernement- aux agents économiques qui en ont besoin pour
investir, produire ou consommer. Pire, les Etats occidentaux, déjà en situation de déficits
budgétaires et d'endettement records, ayant aussi repris à leur compte les mauvaises créances
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bancaires ou bien directement apporté leur contribution financière aux banques, comme pour
financer des plans dits de relance qui ont jusqu'ici toujours échoué, se sont endettés à des
niveaux jamais connus dans l'histoire au risque de se mettre eux-mêmes en situation de
cessation de paiements. Et, en conséquence, de devoir réduire massivement la protection
sociale au détriment des plus démunis qui seront les victimes de toute cette gabegie. Ce qui
pose aussi la question de savoir comment les retraites des régimes étatiques pourront-elles être
payées? Décidemment, le keynésianisme est une stupidité économique mais encore n'est pas
du tout "social".
Lire le dernier rapport GEAB de décembre 2009 intitulé "Quand le nœud coulant des déficits publics va
étrangler les Etats et les systèmes sociaux occidentaux" disponible sur le site internet www.leap2020.eu/
Les Etats ont, par ailleurs, une responsabilité écrasante dans la perpétuation d'un Système
monétaire international, créateur d'une abominable instabilité des taux de change comme de
déséquilibres croissants entre les pays émergents et l'Occident hautement préjudiciables à la
croissance équilibrée du commerce international, qu'ils se refusent à réformer de fond en
comble. Parce que les uns (les USA) ne veulent pas abandonner leur privilège d'émission de la
monnaie mondiale, qui leur permet de s'enrichir directement (entre 40 et 70 milliards de
dollars US annuellement selon une étude récente de McKinsey) comme de "s'endetter sans
pleurs" selon les mots de Jacques Rueff. Et les autres (le Japon, la Grande-Bretagne et les
pays de l'Euroland) parce qu'ils restent les vassaux de Washington (comme l'avait si bien
analysé le général de Gaulle) n'ayant comme ambition que leurs petits arrangements entre
amis. Quant aux BRIC, ils sont régulièrement saisis de poussées de fièvre les conduisant à
demander cette réforme du SMI mais ils n'usent pas vraiment de leurs pouvoirs de peur que
tout cela se retourne contre eux, puisque leur remise en question effective du pseudo étalondollar US pourrait faire chuter la valeur de leurs réserves de change essentiellement
composées de dollars US (en cash ou en US Treasury Bills et Bonds).
Bref, ce sont bien les politiques monétaires inflationnistes ultra laxistes basées sur le crédit ad
infinitum et le dirigisme étatique, comme l'absence de réforme du SMI, qui sont responsables
de la crise comme de son mauvais traitement, dont les conséquences désastreuses
commencent seulement à apparaitre. Quant au mythe de la pseudo-indépendance des banques
centrales, entretenu par les dirigistes pour faire croire qu'il protégeait les citoyens contre les
dérives monétaires étatiques, il a évidemment volé en éclat comme le constate à contrecœur le
keynésien Michel Aglietta dans son livre "La crise" -Editions Michalon-.
Malheureusement, la crise a encore renforcé la méconnaissance des questions économiques et
monétaires par les opinions publiques qui en sont venues à considérer que "le marché c'est le
vol". Alors que c'est l'Etat et ses complices qui ne cessent de voler en ayant empêché depuis
des années le marché libre de fonctionner au bénéfice de tous. Tout en nous faisant croire à
l'occasion d'une incroyable opération de désinformation (il faut bien se défausser de ses
responsabilités) que ce sont les chefs d'Etat et de gouvernement réunis en G20 qui ont "sauvé
le monde", quand ils n'ont fait que cacher les vrais problèmes tout en agitant les thèmes qui
flattent les foules comme la suppression qu'ils savent impossible des paradis fiscaux. Lesquels
n'ont d'ailleurs aucune responsabilité dans la crise (c'est même la plus grande banque de ces
paradis fiscaux -l'UBS de Suisse- qui a le plus perdu dans le subprime et autres produits
structurés). Ce qui augure mal de l'avenir du libéralisme, comme de sa caricature actuelle,
dont plusieurs bons observateurs comme Marc Faber et autres pensent qu'ils ont été
mortellement atteints. Sans compter que les Etats vont se servir des questions écologiques
pour accroître encore leur emprise sur les mécanismes et structures économiques, alors
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qu'elles ne trouveront de solution équilibrée que par l'adaptation du marché aux nouvelles
contraintes qu'elles imposent.
Lire l'étude ci-jointe intitulée "Rise and Fall in Dubaï, An Austrian Economics Perspective", un cas d'école.
http://www.marketoracle.co.uk/Article15851.html
Comment se présente la situation économique actuelle et quelle peut être son évolution?
Il y a lieu ici de remarquer que la plupart des statistiques, en particulier la mesure du PIB qui
est loin de refléter la richesse réelle, les données concernant le chômage qui ne font pas
apparaitre l'état précis du non-emploi comme du sous-emploi ou le calcul des indices des prix
à la production et à la consommation qui ne sont en aucune façon représentatifs du
renchérissement, sont faussées volontairement par les gouvernements qui les utilisent
généralement à des fins de propagande pour démontrer la justesse de leurs politiques. En cette
matière, il faut se rappeler la remarque de Winston Churchill qui disait: "Je ne crois à aucune
statistique, même pas à celles que j'ai moi-même fabriquées!". Quant aux institutions
supposés indépendantes mais payées par les banques, comme les agences de notation ou les
multiples think-tanks, elles ont amplement prouvé leur incapacité à prévoir quoi que ce soit ou
à prévenir des dangers.
Pour paraphraser von Mises, on a assisté courant 2009 "à des résultats provisoires" et à "une
reprise des affaires" puisque les principales économies occidentales, suite à toutes sortes de
subventions étatiques -qui ne pourront pas être maintenues éternellement (comme la prime à
la casse automobile, les dotations massives aux constructeurs de voitures ou les facilités de
crédit offertes aux primo-acheteurs dans l'immobilier)-, sont timidement sorties de la
dépression, sans toutefois échapper à la récession. Ainsi que le montrent l'augmentation du
chômage comme de l'exclusion qui ne faiblissent pas et la chute de la consommation comme
de l'investissement productif qui ne reprennent pas. La question est maintenant de savoir si
ces économies vont subir "une rechute profonde" (évolution en W) ou bien croître fortement à
nouveau (reprise en V). La vérité c'est que personne n'en sait rien mais que la hausse des taux
d'intérêt à long terme qui a repris, laquelle ne pourra être combattue par les banques centrales
que par le relèvement de leurs taux d'intérêt à court terme et la stricte limitation de leur
création monétaire artificielle, devrait entrainer une nette rechute économique. Sans compter
la pyramide de dettes qui n'ont pas encore été traitées (de l'immobilier commercial aux cartes
de crédit et autres produits toxiques -CDS, ABS, CDO's, etc.-) dont on ne voit pas comment
elles pourraient ne pas finir par exploser si personne n'est financièrement capable de les
assumer. D'autant que les Etats, empêtrés dans la dégradation croissante de leurs comptes
publics, ne pourront pas continuer à injecter des fonds pour financer leurs plans dits de
relance, ni éviter d'augmenter les impôts des particuliers comme des entreprises pour payer la
casse résultant de leurs mauvais choix économiques et financiers. Autrement dit, les
politiques monétaires et les politiques budgétaires sont devenues inopérantes. Plus personne
n'a de marge de manœuvre réelle à mobiliser.
A moins que, passant outre aux contraintes de "bonne gestion" qu'ils devraient respecter,
banques centrales et Etats occidentaux continuent dans la voie déraisonnable dans laquelle ils
se sont lancés en empilant plans dits de relance les uns sur les autres et en procédant à la
création monétaire ex nihilo sans fin pour se porter acquéreurs de tout le "papier" (des
obligations aux actions) qui deviendra sans valeur ou qui sera nouvellement émis. La réforme
du système de santé US imaginée par Obama, qui va couter au bas mot la somme colossale de
2.500 milliards de dollars US et près d'un point annuel de croissance du PIB US pendant les
10 premières années de sa mise en place, comme les nouveaux emprunts qui vont inonder les
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marchés financiers de la planète, augurent mal d'un changement de politique. D'autant que la
Fed et la Banque d'Angleterre vont s'arque bouter au maximum pour ne pas relever leurs taux
d'intérêt à court terme trop tôt parce que cela signifierait l'échec prématuré de leur folie
keynésienne. Et ce sera l'hyper-inflation avec, à la fin, une nouvelle dépression, pire que celle
qui vient d'être traversée. Le scénario n'est pas rose mais c'est celui auquel nous croyons parce
qu'il est inévitable. D'autant que les hommes politiques, à un certain point nécessairement
sensibles aux pressions politiques et sociales venant des couches populaires qu'ils ne peuvent
pas toujours canaliser vers des débats périphériques, comme totalement imprégnés par la
vulgate keynésienne, sont désormais incapables de mener toute action cohérente de rigueur
pour rétablir les "grands équilibres" qu'ils ont eux-mêmes détruits (la France, par exemple, n'a
plus eu de budget annuel excédentaire ou équilibré depuis les années 1970 et le départ du
général de Gaulle du pouvoir!). Nous verrons, en revanche, ces mêmes hommes politiques, de
Barack Obama, à Gordon Brown et à Nicolas Sarkozy, s'agiter de façon démagogique et
fictive (contre les "paradis fiscaux", le secret bancaire, les bonus des traders, etc.) pour donner
le change aux opinions publiques de peur qu'elles les sanctionnent lors de plusieurs élections
qui vont se succéder.
Pour le cas où les banquiers centraux s'emploieraient à tenter de provoquer un nouveau boom
économique artificiel -dans la lignée de la méthode Greenspan- par l'explosion à la hausse du
prix des actifs financiers en particulier boursiers, ainsi que tout permet de le penser, ils
devraient prendre conscience, comme vient de le démontrer le récent krach et l'a écrit von
Mises, que "Le boom ne peut durer qu'aussi longtemps que l'expansion du crédit continue à
un rythme toujours accéléré. Le boom prend fin aussitôt que des quantités supplémentaires de
moyens fiduciaires ne sont plus jetées sur le marché de l'emprunt. Mais il ne pourrait pas
durer éternellement, même si l'inflation et l'expansion du crédit devaient se poursuivre sans
fin. Il rencontrerait alors les barrières qui empêchent l'expansion infinie du crédit de
circulation. Il conduirait à l'explosion du boom et à l'effondrement du Système monétaire tout
entier... Si l'expansion du crédit n'est pas arrêtée à temps, le boom se transforme en un boom
explosif, la fuite vers les valeurs réelles commence et la valeur de la monnaie s'effondre.
Cependant, en règle générale, les banques (centrales) n'ont pas poussé les choses aux
extrêmes dans le passé. Elles se sont alarmées à un moment où la catastrophe finale était
encore loin... Le résultat de l'expansion du crédit est un appauvrissement général". A bon
entendeur...
Il est donc probable que les économies anglo-saxonnes (US et britannique), dont la reprise
récente n'est pas auto-entretenue par la consommation des particuliers ni par l'investissement
productif des entreprises mais seulement fonction des dépenses et injections de liquidités
publiques, vont être longtemps enlisées dans la crise, un peu comme l'est le Japon depuis le
début des années 1990. A la différence que ce pays a pu s'en sortir par suite de ses excédents
considérables de commerce extérieur lui fournissant de colossales réserves de change comme
de la forte épargne de sa population vieillissante, tout cela lui ayant permis d'enregistrer un
endettement record, ne servant finalement à rien (un Japonais sur six vit sous le seuil de
pauvreté) sauf à couvrir le pays de béton et à conserver indéfiniment des banques-zombies,
mais relativement indolore parce que financé en totalité par des capitaux domestiques
japonais. Cette propension des Japonais à épargner expliquant que leur pays soit resté en
stagnation déflationniste puisque la politique monétaire ultra laxiste de leur banque centrale
est tombée dans une "trappe à liquidités", situation dans laquelle il ne sert à rien de fixer le
taux d'intérêt à court terme à zéro et d'inonder l'économie de monnaie créée ex nihilo puisque
les banques ne veulent plus prêter et que les consommateurs ne veulent plus emprunter. Les
économies anglo-saxonnes, étant quant à elles structurellement orientées vers le recours au
7
crédit illimité avec des niveaux d'épargne domestique très faibles, après leur phase actuelle de
deleveraging, reprendront leurs excès au fur et à mesure que l'énorme masse monétaire
gratuite récemment créée se répandra dans l'économie réelle au lieu de rester cantonnée,
comme actuellement, dans les actifs financiers (actions et obligations principalement) en y
provocant des bulles nécessairement destinées à exploser les unes après les autres. Les pays
européens se situeront, eux, dans l'entre-deux, oscillant entre la stagnation déflationniste
japonaise et la stagflation (stagnation + inflation) anglo-saxonne.
Reste à savoir si les économies émergentes, celle de la Chine en particulier, vont être en
mesure de continuer de progresser suffisamment vite et fort pour sauver les USA et l'Europe?
Les performances économiques de ces pays sont certes impressionnantes en termes nominaux
mais sont fortement tributaires de leurs exportations, de telle sorte qu'il leur faudra beaucoup
de temps pour réorienter leur croissance externe vers celle de leurs marchés domestiques.
Ayant encore à accomplir de grands efforts pour assurer leur expansion à long terme (d'où
leur refus lors de la récente conférence de Copenhague de se sacrifier par l'adoption de
mesures contraignantes en matière de lutte contre le réchauffement climatique qui au surplus
n'est pas prouvé scientifiquement), il est à craindre qu'ils ne puissent pas se substituer à la
croissance zéro occidentale. Sans compter que tout regain de protectionnisme pourrait casser
durablement leur expansion puisque c'est incontestablement le libre-échange qui leur a permis
de décoller. Bref, la croissance chinoise ou brésilienne ne plus être tirée par le consommateur
occidental mais la croissance occidentale ne peut pas encore l'être par le consommateur
chinois ou brésilien. Ce qui veut dire que les surcapacités de production et de beaucoup
d'équipements (en particulier l'immobilier commercial et certaines infrastructures) des
principaux pays émergents -encore augmentées par leurs récents plans dits de relance-,
disproportionnées par rapport à une demande occidentale en baisse drastique, pourraient bien
devoir être revues à la baisse avec les ajustements des prix boursiers et immobiliers que cela
provoquera. Nous pensons donc qu'il est trop tard pour investir dans les bourses asiatiques ou
sud-américaines encore plus surévaluées que les autres tant qu'elles ne corrigeront pas
fortement. Quant à spéculer sur la réévaluation du yuan -lequel deviendrait en outre
convertible- par rapport au dollar US et à l'euro, ce qui constituerait selon certains le coup de
baguette magique permettant de rééquilibrer les flux commerciaux et monétaires
internationaux ce qui reste à démontrer, nous n'y croyons pas. Parce que cela signifierait pour
la Chine qu'elle importe l'hyper-inflation US à venir en même temps qu'elle accepte une chute
massive de ses exportations et de ses réserves de change, tout en livrant sa monnaie aux
convoitises effrénées de tous les spéculateurs du monde qui ne manqueraient pas de la faire
varier dans tous les sens, remettant ainsi en cause sa stabilité politique et sociale déjà précaire
par suite d'une forte augmentation du chômage et de la pauvreté qui en résulterait. C'est-à-dire
qu'elle se suicide, alors même qu'elle poursuit à l'évidence une stratégie exactement opposée
de retour à son ancien statut de puissance mondiale puis d'hégémonie globale à la place des
USA en déclin. La Chine n'est pas le Japon, elle ne se pliera pas à quelque diktat US à moins
que ce soit son intérêt bien compris ce qui n'est pas le cas en matière monétaire. Il se pourrait
même que, face à une baisse de son rythme de croissance directement ou indirectement
imposée par l'étranger, elle devienne agressive, ce que l'Occident n'a aucun intérêt à
expérimenter!
Pour mettre un terme à la sur-évaluation ou à la sous-évaluation des monnaies des pays
émergents et rétablir l'ordre monétaire dans le monde entier, de la façon la plus juste et
efficace possible, il faut revenir (comme nous l'exposons dans plusieurs de nos livres et
articles de presse) à l'étalon-or pour toutes les monnaies -y compris évidemment les monnaies
des Etats occidentaux comme le dollar US, l'euro, etc.- qui redeviendraient ainsi les sous8
ensembles non manipulables de la même monnaie universelle à savoir l'or, liés à lui par des
parités fixes mais exceptionnellement ajustables d'un commun accord entre leurs émetteurs.
Comme cela a fort bien fonctionné au XIXe siècle avant que les politiques monétaires
discrétionnaires ne cassent la stabilité monétaire internationale. Ce qui permettrait
accessoirement de supprimer les banques centrales, qui se sont indument arrogées des
pouvoirs monopolistiques leur permettant de mettre en place sans aucun contrôle
démocratique les politiques les plus inadaptées dictées par leur idéologie inflationniste, ou de
les reconvertir en entrepôts de conservation du métal précieux ce qu'elles n'auraient pas dû
cesser d'être. Faute de quoi, le "chacun pour soi" continuera, avec le risque que les actions non
coopératives entre Etats se multiplient et que, de déboires en désillusions, il n'y ait plus d'autre
issue que l'affrontement commercial, puis politique, ensuite armé. On se souviendra de la
formule de Clausewitz selon lequel "La guerre n'est que la continuation de la politique par
d'autres moyens". Comme l'écrit Jean-Michel Quatrepoint dans "La dernière bulle" -Editions
mille et une nuits-: "On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l'ont
engendré... Sans réforme monétaire, le monde continuera d'aller de bulle en bulle, de crise en
crise, jusqu'à l'implosion...".
Lire nos trois derniers articles "Le risque inflationniste est bien là" (Agefi Magazine de novembre 2009), "La
perversion du vrai libéralisme et la crise" (Le Temps du 16 décembre 2009), "L'or, valeur refuge éternelle"
(Agefi Magazine de décembre 2009) disponibles sur demande auprès de nous, et aussi:
http://www.financialsense.com/fsu/editorials/deepcaster/2009/1230.html
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601068&sid=aluoqvsvAwO8
Le problème crucial des liquidités internationales doit être impérativement résolu
Les meilleurs économistes estiment que les liquidités internationales sont excessives en
quantité, de mauvaise qualité comme trop mobiles. Excessives en quantité, parce que les
réserves de change ont vu leur montant croître ces 10 dernières années dans des proportions
exponentielles (déficits US obligent) bien supérieures à la croissance économique réelle, d'où
leur caractère structurellement inflationniste: la liquidité offerte par les banques centrales a
crû en 2009 sur un an de 140% aux USA et de 40% dans la zone euro! De mauvaise qualité,
parce qu'elles sont constituées de monnaies de papier créées ex nihilo gagées sur le néant
n'étant finalement que des instruments de crédit, ainsi que l'avait remarqué Raymond Aron
lequel écrivait: "Lorsque la monnaie cesse d'être un bien réel ou de se référer à un bien réel,
elle devient un bon d'achat peu discernable du crédit". Trop mobiles, parce que n'ayant pas
d'ancrage, elle se déplacent dans le temps et dans l'espace à grande vitesse et pour des
montants considérables entraînant toutes sortes d'effets secondaires la plupart du temps
négatifs, comme les bulles d'actifs qui finissent toujours par exploser avec les effets de
paupérisation que cela entraîne (des millions d'Américains ne seraient pas aujourd'hui à la rue
si la Fed n'avait pas laissé la bulle de l'immobilier US se produire à aussi grande échelle et ses
effets secondaires comme la titrisation du subprime s'installer). Patrick Artus et Olivier Pastré,
dans leur livre "Sorties de crise" -Perrin- pourtant assez "pensée unique", écrivent: "La
liquidité mondiale devrait être considérée comme un bien collectif mondial, et sa croissance
faire l'objet d'une intense coopération internationale. C'est pourtant l'inverse qui se produit:
cette surliquidité résulte de l'incapacité des pays à coordonner leurs politiques monétaires,
budgétaires et de crédit".
C'est, en particulier, la croissance ininterrompue des liquidités internationales qui a permis au
marché des dérivés de crédit d'atteindre le chiffre faramineux de près de 62.000 milliards de
dollars US, une multiplication par plus de 100 en 10 ans. Dont on ne parle pas de peur qu'une
vague de défaut des firmes très sous-capitalisées qui théoriquement le garantissent emporte
9
toutes les banques et compagnies d'assurance qui y ont recours (quid dans ce cas des capitaux
placés en assurance-vie?). Sans compter que les mouvements massifs de hot money
déstabilisent les pays émergents, dans lesquels ils affluent puis refluent provocant ainsi
d'inutiles crises venant de la sur-évaluation puis de la sous-évaluation de leurs monnaies et
actifs boursiers ou obligataires sans rapport avec la réalité économique. Récemment, le Brésil
et même la Russie ont été contraints de mettre en place des mécanismes visant à restreindre
l'arrivée massive de capitaux chez eux pour stopper la sur-évaluation de leurs monnaies et
actifs précités. Quant à la Chine, elle tente de ralentir chez elle le plus possible la hausse des
prix des actions et de l'immobilier, dont elle sait que leur écroulement inéluctable -si rien n'est
entrepris pour calmer l'exubérance actuelle- provoquera in fine la ruine de ses classes riche et
moyenne qui commencent à se constituer. L'une des raisons qui la pousse à refuser la
réévaluation et la libre convertibilité du yuan parce qu'elles feraient monter à des niveaux
stratosphériques la parité externe de sa monnaie comme les prix de ses actions et de son
marché immobilier. Le paradoxe étant qu'il faut que ce soit un pays communiste qui nous
enseigne les vertus des taux de change fixes, sur lesquels s'est appuyé le libéralisme
authentique d'avant 1914!
En l'absence de réforme du SMI par le retour à l'étalon-or (soit imposée par les forces du
marché, soit décidée par les pouvoirs publics) qui, en l'état actuel des connaissances et de la
confiance que suscite le métal précieux, est le seul mécanisme simple susceptible de régler la
plupart de ces problèmes -en particulier parce qu'il est urgent de casser tout lien entre l'Etat et
la monnaie qui doit être régulée par des mécanismes automatiques à la place des politiques
discrétionnaires des banques centrales-; la croissance et la volatilité des mauvaises liquidités
mondiales entraîneront tôt ou tard l'explosion de tout le Système. Nous prenons cette
inéluctable explosion toujours en compte dans notre stratégie d'investissement parce qu'il
s'agit-là d'une certitude (peut-être la seule que l'on puisse avoir en matière financière) et que
personne ne peut prévoir le timing de son avènement, même si de plus en plus de craquements
annoncent qu'on n'en est plus très loin.
Retour sur nos prévisions pour 2009 et comment elles vont influer sur 2010
Il importe ici de souligner que les manipulations multiples par les pouvoirs publics (Etats et
banques centrales) comme par certains acteurs des marchés en situation monopolistique (en
particulier à l'aide de procédés mathématiques ou informatiques très avancés) rendent la
prévision sur les marchés financiers difficile puisque les mouvements de ces derniers
deviennent irrationnels et que le calcul économique est faussé. Ce qui explique pourquoi les
variations des marchés ne sont plus linéaires et progressives mais fractales et brutales.
Toutefois, à la longue, ces manipulations trouvent toujours leurs limites et les marchés
finissent par se comporter comme ils auraient dû le faire initialement mais de façon plus
violente. Ce qui empêche de garder les positions sur les marchés trop longtemps et oblige à
être plus réactif que par le passé (les stratégies très mobiles d'achat d'options ou de certains
ETF étant dorénavant les plus utilisées) pour faire face à des volatilités et des incohérences
plus ou moins durables mais très fortes. Y compris les achats physique ou en compte métal
d'or et d'argent-métal (dont les corrections peuvent être importantes) sur lesquels il faut
régulièrement prendre les profits -ou les protéger par l'achat d'options puts- lors de toute forte
hausse. D'où la nécessité pour les investisseurs de recourir à un gestionnaire indépendant de la
banque dépositaire ayant toute latitude pour choisir, en accord préalable avec son client, les
produits et stratégies qu'il estime les mieux adaptés.
10
Ainsi, nous avions prévu pour 2009 un krach des obligations d'Etat US (principalement), qui
avait commencé dès décembre 2008, ce qui s'est initialement produit puisque les US Treasury
Bonds 30 Year ont chuté de 142,50 à 112,50 en juin 2009 (soit de 21%). Mais nous avions
sous-estimé les effets de la politique (dite de quantitative easing) de monétisation des dettes
publiques, menée pour la première fois sur une aussi grande échelle par la Federal Reserve et
la Banque d'Angleterre principalement qui ont acheté à elles deux, tant en dollars US qu'en
livres sterling, pour plus de l'équivalent de 700 milliards de dollars US d'emprunts d'Etat au
total (sans compter ceux émis par les agences gouvernementales récemment nationalisées de
facto). De telle sorte que les US T. Bonds se sont stabilisé de 112,50 à 123,50 pour reprendre
ensuite leur chute en décembre 2009 et terminer l'année proche de leurs plus bas niveaux à
115. Evidemment, si ces achats n'avaient pas été effectués, les US T. Bonds, les Long Gilts et
autres instruments obligataires étatiques auraient baissé plus et plus vite. Ce qui n'est,
d'ailleurs, que partie remise parce que le krach obligataire est toujours d'actualité. A noter que
Bill Gross le gérant de Pimco, le plus grand fonds obligataire du monde, a massivement réduit
son exposition aux obligations, en particulier d'Etat, pour se mettre en cash à un niveau
maximum.
Même constatation pour les marchés d'actions, dont nous avions prévu la forte chute dès 2007
puis la reprise après leur niveau extrême de mars 2009, compte tenu de la masse de liquidités
offertes gratuitement aux investisseurs institutionnels par les banques centrales, mais qui nous
semblaient devoir rechuter à partir de juin 2009 tant les price earning ratios et d'autres
indicateurs (le ratio Q de Tobin) devenaient excessifs. Au lieu de rechuter, les actions sont
encore montées de juillet à septembre 2009 pour finalement se stabiliser dans un étroit trading
range à leurs meilleurs niveaux de l'année de septembre 2009 à ce jour (soit depuis 4 mois).
Cette tendance à la stabilisation des actions pourrait encore durer et une nouvelle poussée à la
hausse pourrait même se produire, histoire de lessiver les derniers shorts sur le Standard &
Poors 500 dans un bull trap final qui offrirait aux banques d'affaire US l'opportunité de se
positionner à la baisse pour ensuite profiter d'une chute majeure. Mais on ne doit pas "acheter
au son du clairon", il faut attendre "le son du canon". Comme les actions sont techniquement
surachetées et qu'elles sont montées dans de faibles volumes avec le secours de toutes les
manipulations possibles (comme les High Frequency Trading, After Hours Trades, Flash
Trading, etc.), elles peuvent à tout moment dévisser, d'autant que la reprise des taux d'intérêt à
long terme puis à court terme devrait leur retirer l'un de leurs soutiens principaux. Au sujet de
ces manipulations, on notera que 70% du volume de Wall Street -NYSE- est contrôlé par les
programmes de High Frequency Trading et que 40% de ce même volume de mars à
septembre 2009 ne s'est effectué que sur 5 actions seulement -Citigroup, CIT, Fannie Mae,
Freddie Mac et AIG- dont tout indique qu'elles ont fait l'objet de "soutiens actifs" tant de la
part de la Fed que des banques, qui ont ensuite "tiré" le reste des titres cotés... (5 actions
d'entreprises financières qui, étant d'ailleurs au bord de la faillite, devaient être soutenues pour
l'empêcher, ce qui est toutefois loin de les avoir définitivement sorties de l'ornière). Mais
rassurez-vous, pendant que le HFT continue, des enquêtes en particulier de la SEC sont en
cours... Comme les indices d'actions européens suivent en toutes circonstances les indices US,
cela explique que quelques manipulations bien placées au bon moment, avec les techniques
appropriées et suffisamment de cash sur certains titres US, aient fait remonter tous les
marchés d'actions des deux côtés de l'Atlantique. Le mimétisme des gérants, le comportement
moutonnier des investisseurs puis le short covering produisant ensuite leurs effets puisqu'il est
établi que, pendant tout le rally qui s'est caractérisé par de faibles volumes, ce sont surtout les
couvertures de positions à la baisse qui ont fait monter les cours alors que les insiders
(dirigeants de grandes entreprises par exemple) ont massivement vendus leurs titres dès qu'ils
retrouvaient leurs niveaux d'achats initiaux. Du très beau travail qui mérite bien quelques
11
centaines de milliards de dollars US de bonus penseront certains! Autre preuve de la
manipulation des marchés: les obligations et les actions en 2009 pendant plusieurs mois sont
montées ensemble alors que ces deux actifs -mus par des ressorts opposés- ne le font presque
jamais... Tout cela n'a rien à voir avec le libéralisme, parce qu'à l'opposé du libre marché,
mais tout avec le gangstérisme, au surplus subventionné par les pouvoirs publics!
Lire les commentaires de Graham Summers du 1er septembre 2009 intitulés "Crooks, Computers, and the
Coming Crash" et autres informations allant dans le même sens:
http://www.kitco.com/ind/Summers/sep012009.html
http://www.easybourse.com/bourse/actualite/sec-probing-high-frequency-strategies-770593
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=email_en&sid=a2jFZ6DP.nJQ
http://www.zerohedge.com/article/three-month-flat-market-yesif-you-exclude-constant-after-hours-manipulation
http://ftalphaville.ft.com/blog/2009/07/08/60761/the-cold-war-in-high-frequency-trading/
http://le-monde-economique.blogspot.com/
http://ftalphaville.ft.com/blog/2010/01/06/120796/trimtabs-on-that-%E2%80%98us-government-riggedstock-market/
http://www.lesechos.fr/info/marches/300368316.htm?xtor=RSS-2059
Les mouvements précités des marchés, initialement favorables aux positions que nous avions
prises, d'abord depuis longtemps à la hausse sur l'or, puis à la baisse sur les actions
occidentales dès le début 2007 et à la baisse sur les US T. Bonds dès la fin 2008, expliquent
nos excellents résultats de gestion des comptes de nos clients tant en 2007, 2008 et pendant
les 4 premiers mois de 2009 (de janvier à avril). Leurs évolutions contraires ensuite
expliquent la stagnation voire la baisse de nos performances (de mai-juin à septembre), sans
pour autant jamais mettre en danger l'essentiel du capital de nos clients puisque sa
préservation est notre souci constant, avant que nous refassions des profits à partir d'octobre
suite à la reprise de l'or et des matières premières puis de la rechute des US T. Bonds. On peut
se positionner à la baisse sur les US T. Bonds en achetant des parts de l'ETF Proshares short
20+ year Treasury (symbole TBF) et à la hausse des matières premières -y compris le pétrole
et le gaz comme les métaux précieux- en achetant des parts de l'ETF Lyxor Commodities
CRB de la Socgen (Réf: FR0010270033) comme nous l'avons fait. Sans compter que nous ne
nous sommes pas fait "piéger" en fin d'année, ni par la correction de l'euro, ni par celle de l'or,
puisque début décembre nous avons vendu ou arbitré les positions sur ces deux actifs pour
commencer à les reprendre ensuite graduellement (afin de conserver les moyens de continuer
à en acheter sur tout baisse notable supplémentaire éventuelle) en dessous de 1,43 sur
l'euro/dollar US et de 779 euros l'once sur l'or.
2010, l'antithèse de 2009: les châteaux de cartes commencent à trembler sur leurs bases
avant le "massacre" pour 2011-2012 du fait de l'inéluctable remise à niveau de la
superstructure financière avec l'économie réelle
Nous pensons donc qu'il faut s'attendre en 2010 à une correction sensible des actions -aux
alentours de 950 voire de 875 sur le Standard & Poors 500- pour laquelle on peut se
positionner en achetant des parts de l'ETF Proshares ultra short S+P 500 - NYSE (symbole
SDS) ainsi que nous l'avons fait récemment. Parce que les survalorisations actuelles des
actions (qui anticipent une croissance US et européenne pour 2010 du double de celle que l'on
connaitra) -de l'ordre de 40% selon Capital Economics et aussi selon l'excellent prévisionniste
John Higgins- ne correspondent dans la plupart des cas à aucune création de valeur réelle mais
seulement -manipulations des marchés ci-dessus évoquées mises à part- à des coupes
maximales dans les dépenses, en particulier salariales, des entreprises. Et que ces dernières ne
12
peuvent plus se financer correctement: le crédit non subventionné ne repart pas puisque les
banques ne prêtent pas la manne financière qu'elles ont reçue des banques centrales et des
Etats, les émissions massives d'emprunts étatiques exercent un effet d'éviction des emprunts
privés, les plans dits de relance empêchent le dégonflement rapide des dettes et des
surcapacités qui ont causé la crise. Au plan technique, le retournement du Philadelphia Bank
Index (symbole BKX) intégrant les actions des banques, à l'origine du rally, devrait être un
bon indicateur de l'épuisement progressif du marché boursier à court terme. Sans compter que
le Standard & Poors 500 est venu butter sur sa résistance représentée par le niveau
correspondant aux 50% de correction entre son plus haut historique de 2000 et son plus bas de
2009.
Mais comme il est logique que les investisseurs préfèrent faire confiance à la signature de
quelques entreprises multinationales les plus compétitives -qui continueront de faire des
profits en Asie ou en Amérique du Sud même si elles en font de moins en moins aux USA et
en Europe- plutôt qu'à celle des Etats super-endettés -qui risqueront le défaut de paiements-;
les marchés d'actions conserveront un certain potentiel de stabilisation voire de reprise après
leur prochaine correction. En particulier, du fait d'une sortie massive des investisseurs hors
des obligations parce qu'il faut bien placer ses liquidités quelque part et qu'elles ne peuvent
pas toutes aller dans l'or et les matières premières financiarisées. On remarquera, toutefois,
que la tendance fortement baissière des actions contre l'or en place depuis le début de la
décennie, qui selon nous devrait se poursuivre jusqu'à ce que le l'indice Dow Jones des
industrielles -DJIA- et l'or soient plus ou moins à parité, n'a pas été affectée par la hausse
récente des actions puisque l'or est monté en même temps dans des proportions presque
identiques: du 1er janvier au 31 décembre 2009, le DJIA est monté de 18,80%, le Standard &
Poors 500 de 23,50% ce qui corrigé de la baisse de 15% du dollar US n'est pas aussi brillant
qu'on le proclame. L'or quant à lui est monté pendant la même période de 24,80% en dollars
US et de 18,30% en euros, ce qui prouve que ce n'est pas la baisse du dollar US qui fait
monter l'or, lequel a ainsi signé sa 9éme clôture annuelle consécutive de hausse! Les actifs de
papier (actions -à l'exception d'un très petit nombre d'entre elles émises par des entreprises
très bien gérées- et obligations d'Etat -sans aucune exception-) sont donc les actifs du passé,
en particulier parce qu'ils ne protègent pas contre l'inflation (les actions n'ont rien fait pendant
les années 1970), et l'or constitue l'actif du présent comme du futur parce que, n'étant pas émis
par un débiteur qui pourrait faire faillite, il protège contre la déflation comme contre
l'inflation bien entendu. Le profil dans lequel devraient s'installer les indices d'actions US et
européens, après leur bear market rally, ressemble à celui du Nikkei japonais depuis les
années 1990 (des chutes abyssales suivies de reprises fulgurantes puis de rechutes profondes,
dans un trend général baissier). Ce qui est aussi le sentiment de l'analyste John Murphy qui
compare le rally des actions en 2009 avec celui qui avait eu lieu en 2003 (quand Greenspan
avait baissé le taux d'intérêt à court terme US à 1%), les deux ayant commencé en mars. Pour
s'achever en début de l'année d'après, avec une baisse jusqu'en automne 2004, en ce qui
concerne celui de 2003. Quant à Eric Sprott, il est encore plus radical lorsqu'il prévoit pour
2010 la cassure à la baisse des indices boursiers en dessous de leurs plus bas de mars 2009.
Lire sur ces sujets notre étude du 15 juillet 2009 (disponible sur demande auprès de nous) intitulée "De la fuite
des actifs de papier vers les actifs réels, un changement radical en cours depuis l'année 2000, qui modifie
complètement les modèles classiques de gestion patrimoniale", l'étude ci-jointe de Comstock Partners IncGabelli & Company Inc du 17 décembre 2009 intitulée "Why We Remain Bearish" et diverses informations
comme les prévisions de Sprott et autres:
http://www.comstockfunds.com/default.aspx?act=Newsletter.aspx&category=MarketCommentary&newslette
rid=1499&menugroup=Home
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=email_en&sid=aNKd7Uck3FoM
http://www.ritholtz.com/blog/2009/12/as-financials-fade-sp500-loses-momentum/
13
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=email_en&sid=aYGji1klLpg0
http://www.ft.com/cms/s/0/04f40cee-f73e-11de-9fb5-00144feab49a.html
L'un des problèmes les plus inquiétants aux USA, indépendamment de celui de la dette
globale publique et privée qui continue de grossir démesurément, concerne le marché
immobilier dont la chute des prix n'est pas enrayée, en particulier dans le secteur commercial.
La valeur du patrimoine foncier des Américains vient déjà de diminuer de 5.900 milliards de
dollars US depuis mars 2006 alors que, actuellement évalué en totalité à 24.700 milliards, il
représente toujours l'essentiel de leur richesse. Mais selon l'expert First American CoreLogic,
un quart des prêts immobiliers portent sur des biens dont la valeur est devenue très inférieure
aux traites que les emprunteurs ont encore à rembourser (pour la moitié de ce quart, soit 5,3
millions de débiteurs, la valeur du bien est au plus égale à 80% de leur dette résiduelle, et
pour 2,2 millions d'entre eux, elle est inférieure à 50% du montant restant dû). Ce qui va
inciter -voire obliger- des millions de personnes à cesser de payer leurs dettes avec les dégâts
supplémentaires que l'on imagine sur les bilans des banques et des agences gouvernementales
comme sur la baisse supplémentaire des prix immobiliers qui s'en suivra de nature à appauvrir
encore les Américains.
Nous avions prévu pour 2009 une chute du dollar et une hausse de l'euro/dollar US dès qu'il a
touché 1,25 avec un objectif de retour à 1,60 son plus haut historique atteint courant 2008. Et
une hausse parallèle de l'or et des matières premières, en particulier du pétrole brut. Tout cela
s'est produit puisque l'euro/dollar US est monté à 1,5140, l'or à 1.226,40 dollars US l'once,
l'indice CRB des matières premières à 285 et le pétrole brut à 80 dollars US le baril. Toutes
ces tendances devraient continuer en 2010, mais plus modérément et avec plus de volatilité
par suite de notre scénario en W qui entrainerait une moindre consommation de matières
premières eu égard à la baisse du pouvoir d'achat des consommateurs des pays occidentaux
comme d'une moindre demande en provenance des pays émergents. Sauf l'or qui pourrait
monter vers 1.386 dollars US l'once puis, après une correction, se reprendre et atteindre des
niveaux de prix beaucoup plus élevés, pendant que l'euro/dollar US pourrait monter vers 1,60
mais pas beaucoup plus haut en 2010 (toutes les monnaies de papier devenant de plus en plus
fragiles et volatiles). A ce propos, nous pensons qu'il est dorénavant préférable d'acheter l'or
en euros plutôt qu'en dollars US, pour ne pas perdre du fait de la baisse du dollar US ce que
l'on gagne du fait de la hausse de l'or comme pour se protéger contre une baisse marquée
éventuelle -mais peu probable- de l'euro pour le cas où le pire adviendrait en Europe avec
l'explosion de la monnaie unique européenne. Evidemment, toute reprise sensible du dollar
US ferait baisser fortement les actions occidentales, puisque c'est aussi la baisse de la
monnaie US qui a favorisé la reprise des actions depuis mars 2009, mais en outre accroîtrait
les déficits commercial et de balance des paiements US ce qui n'est dans l'intérêt de personne
sauf des pays émergents, lesquels augmenteraient alors encore plus leurs réserves de change.
On remarquera que la hausse possible de l'or, contrairement à celle d'autres actifs, est
illimitée. La hausse d'une action est limitée par son price earning ratio ou par la croissance de
l'économie, celle d'une obligation par le niveau des taux d'intérêt, celle d'une matière première
par les capacités d'achat des consommateurs, celle d'une monnaie par sa relation avec une
autre. Il n'y a que l'or qui ne soit limité par rien de tout cela puisque, existant ou produit en
quantité nécessairement faible, son prix ne dépend que du pourcentage de cet actif que les
détenteurs de monnaie de papier veulent accumuler c'est-à-dire, en dernier ressort, des masses
monétaires US et mondiale en circulation qui ne font que croitre de façon exponentielle.
Même si la demande industrielle ou pour la bijouterie de l'or venait à s'effondrer son prix
pourrait quand même exploser, ce qui n'est évidemment pas le cas des autres métaux précieux
14
-qui, après un bon début d'année, ont moins bien performé en fin 2009 que l'or-. L'argentmétal étant tout de même monté de 49% en dollars US du 1er janvier au 31 décembre 2009. A
noter que John Paulson, l'un des meilleurs gérants US, a pris pour son fonds une position
maximale sur l'or.
Lire la dernière étude du 18 décembre 2009 de l'UBS sur l'or (disponible auprès de nous) qui constate que, pour
retrouver son sommet de 850 dollars US l'once atteint en 1980, l'or, ajusté de l'inflation et de la baisse du dollar
US, devrait valoir 2.360 et même valoir le prix théorique de 6.790 si la masse monétaire US en circulation devait
être couverte en métal précieux à partir des réserves US supposées. L'or n'est donc pas cher, ainsi que l'expose
John Hathaway de Tocqueville Finance dans son étude ci-jointe du 30 novembre 2009 intitulée "A Contrarian's
Dilemma":
http://www.tocqueville.com/media/A_Contrarians_Dilemma.pdf
En dépit de sa récente reprise, due à la clôture de carry trades sous l'effet de la remontée des
taux d'intérêt US comme des risques de défaut sur leur dette publique par plusieurs Etats
européens, nous ne croyons pas que le dollar US puisse remonter sensiblement en 2010. Et
cela pour 4 raisons.
1/ D'une part, parce que les déficits et l'endettement US -comme leur vitesse de détériorationsont pires que les déficits et l'endettement en Europe (Grande-Bretagne mise à part).
2/ D'autre part, parce que toute poursuite de la hausse des taux d'intérêt US à long ou à court
terme, une fois passé son effet de réduction de l'écart entre les taux US et les taux européens
initialement positif pour le dollar US (comme on vient de le voir avec la baisse récente de
l'euro/dollar US à 1,4220) sera très dommageable pour les USA dont le financement des
déficits par le reste du monde deviendra problématique, sans compter que plusieurs Etats
américains -comme l'Etat de Californie- sont déjà en faillite ou proche de l'être.
Lire:
http://www.stateline.org/live/details/story?contentId=443566
http://www.24hgold.com/english/news-gold-silver-the-united-states-of-america--an-americantragedy.aspx?article=2542154042G10020&redirect=false&contributor=Darryl+Robert+Schoon
3/ D'ailleurs, la dévaluation permanente du dollar US (qui a perdu 96% de son pouvoir d'achat
depuis la création de la Federal Reserve en 1913) est la base même -évidement sans le dire- de
la politique monétaire et économique US axée sur le mauvais concept de la "dévaluation
compétitive" (ce qui, incidemment, enlève beaucoup d'arguments aux USA dans leur critique
de la Chine). A ce propos, la comparaison entre les USA (dont le déficit commercial est
béant) et l'Allemagne (qui reste le 1er exportateur mondial) montre que la politique de
dévaluation compétitive de la monnaie mène un pays à la ruine alors qu'une politique de
monnaie forte l'enrichit. La faiblesse de la monnaie permet de cacher les -mais surtout
dispense temporairement de s'attaquer aux- déficiences structurelles de l'économie d'un pays.
Ce qui ne lui rend pas service parce que sa perte de compétitivité ne peut pas durer
éternellement dans une économie mondiale ouverte. D'autant que ce pays n'a alors pas d'autre
solution que d'avoir pour lui-même recours à l'endettement et d'encourager chez lui la
spéculation immobilière et boursière, qui servent de substituts à la perte de pouvoir d'achat
comme à la baisse des salaires réels de ses ressortissants (c'est le cas des USA). Alors que la
force de la monnaie oblige à poursuivre constamment l'effort de compétitivité au bénéfice de
l'assainissement économique et financier du pays comme de celui de ses ressortissants, dont le
pouvoir d'achat augmente avec la hausse des salaires réels (c'est le cas de l'Allemagne). Ce
qui démontre, incidemment, que l'on doit redouter que les USA finissent par rétablir de façon
plus ou moins officielle le protectionnisme parce que, lorsque l'on a épuisé les fausses
15
solutions de l'endettement, de la spéculation puis de l'inflation, il ne reste qu'à se barricader
chez soi et à empêcher les autres d'y exporter leurs produits. Ce qui signifiera à terme rapide
le déclin final assuré de l'Empire américain parce que les USA ne fabriquent plus, et sont
incapables de recommencer à fabriquer, la plupart des produits qu'ils doivent importer. Une
raison supplémentaire de revenir à l'étalon-or, constamment producteur de monnaie forte
parce qu'obligeant les pays à la recherche permanente de compétitivité (tout déficit de la
balance des paiements d'un pays dans ce Système monétaire entraînant alors la perte d'or puis
la dévaluation monétaire automatique jusqu'à ce que la compétitivité soit retrouvée), ce qui a
permis à la première mondialisation du XIXe siècle d'enrichir tous les pays, y compris les
moins développés. Ce qu'un seul gouverneur de la Federal Reserve, Paul Volcker, avait
compris. Et le conduisit à pousser au maximum de sa hausse le taux d'intérêt à court terme US
pour enrayer l'inflation et la faiblesse du dollar US. Avant que Greenspan l'opportuniste, puis
Bernanke l'idéologue, viennent tout mettre par terre.
4/ Enfin, parce que nous ne croyons pas à court terme au scénario d'explosion de l'euro -sauf
en faveur d'un super-euro produit par l'Allemagne saisie d'effroi par l'inéluctabilité de l'hyperinflation anglo-saxonne puis européenne qui lui rappelle de dramatiques souvenirs-, puisque
c'est vers la sortie des pays insolvables de l'Euroland, et non pas vers leur renflouement par la
BCE (d'ailleurs prohibé par le traité de Maëstricht et autres accords) ou par les pays en bonne
situation (il n'y en a presque plus), que l'on s'orientera. Avec, toutefois, des effets politiques
dévastateurs pour l'Union européenne sous sa forme actuelle qui, elle, pourrait définitivement
se fissurer. Tout cela sous la pression de l'Allemagne (et de ses satellites), laquelle vient
d'inscrire dans sa Constitution le principe de l'équilibre budgétaire, qui pourra ainsi se
débarrasser des pays du "Club Med" les uns après les autres ne respectant pas les critères
qu'elle s'est fixée pour elle-même et faire de l'euro un clone de son ancien deutschemark.
Cette possibilité de "La fin de l'euro" actuel à laquelle la rigueur de l'Allemagne conduirait en
vue de la création d'un euromark -encore plus fort que l'euro actuel- dont elle se doterait, la
plupart des autres pays-membres de la zone étant contraints de revenir à leurs monnaies
nationales au sein d'un SME nouveau genre, a été exposée par Christian Saint-Etienne dans
son livre du même nom -Editions Bourrin-.
Il y a beaucoup à dire sur l'euro qui, ne prenant pas place dans une "zone monétaire optimale"
selon la définition qu'en donne Robert Mundell, ne convient pas à la plupart des Etatsmembres lesquels l'avaient adopté pour des raisons politiques et non pas économiques ou
monétaires. En particulier, parce que le même taux d'intérêt à court terme (fixé par la BCE)
n'est pas adapté à tous les pays-membres, dont les structures économiques, les capacités de
production ou d'exportation, les niveaux d'inflation comme d'endettement ne cessent de
diverger faute de mobilité de la main d'œuvre et d'harmonisation fiscale entre eux. L'autre
grand défaut de l'euro c'est qu'il a permis à des pays qui ne le pouvaient pas de s'endetter de
façon extravagante à l'abri de la mutualisation de la monnaie entre faibles et forts, c'est-à-dire
du parapluie allemand. Alors que ces pays en d'autres temps n'auraient pas pu aller si loin
parce que bien avant contraints à la dévaluation de leur monnaie nationale. La Commission
européenne, n'ayant jamais eu le courage de sanctionner les pays ne respectant pas les critères
de Maëstricht et autres accords, porte la principale responsabilité des graves dérives actuelles,
ce qui n'a pas empêché les Etats de renommer José Manuel Barroso à sa tête alors qu'il eut
fallu évidemment le remplacer par quelqu'un de plus responsable. Mais l'euro reste la moins
mauvaise des monnaies fiduciaires de papier tant que la BCE (surveillée de près par la
Bundesbank) ne baissera pas son taux à court terme à zéro et ne monétarisera pas les dettes
publiques des Etats-membres de l'Euroland, même si les dérives de sa politique monétaire
assez fantaisiste suivie récemment sont inquiétantes. Le problème qui va se poser en Europe
16
concerne surtout le risque de défaut de plusieurs pays de l'Est (Pays Baltes, Roumanie,
Bulgarie, Ukraine, Hongrie, etc.) se situant dans et/ou hors zone euro, avec des pertes
importantes pour les banques européennes qui y sont engagées, lequel devra être traité par le
FMI mais pas par la BCE, ni par la Bundesbank, qui ne doivent pas renflouer les pays mal
gérés. Refaire la même erreur avec ces pays que celle qui a été commise avec le renflouement
des banques serait très risqué pour l'ensemble du SMI actuel parce que hors de portée des
grands Etats européens en situation de déficits budgétaires et d'endettement déjà calamiteux.
La fausse solution d'un grand emprunt européen émis par la BCE pour renflouer les Etats mal
gérés, après celui de 35 milliards d'euros que la France s'apprête à lancer alors que ses
finances publiques vont à veau l'eau surtout depuis l'élection de Sarkozy (ce qui conduit
irrémédiablement le "couple" franco-allemand à la rupture) et qu'elle va devoir emprunter
près de 200 milliards d'euros supplémentaires en 2010, ne ferait qu'empirer la situation de
pays qui doivent accepter de se serrer la ceinture en tirant les conséquences de leur folie
dépensière actuelle et passée. L'euro actuel est donc loin d'être sorti d'affaire même si le dollar
US ou la livre sterling sont encore plus "plombés" que lui. "Au royaume des aveugles les
borgnes sont rois!".
Quant au franc suisse, étant devenu un clone de l'euro parce que la BNS applique une
politique de dévaluation compétitive pour l'empêcher de monter contre la monnaie
européenne, ce qui selon elle détériorerait les exportations suisses; il n'y a aucune raison qu'il
s'apprécie particulièrement sauf si cette banque centrale venait à être à court de liquidités pour
poursuivre cette action (dans le cadre, par exemple, de nouveaux soutiens financiers qu'elle
devrait fournir aux deux plus grandes banques helvétiques mal engagées en Europe de l'Est ou
ailleurs). Sans compter que la crise d'identité et de recherche d'un nouveau modèle
économique et bancaire que traverse actuellement la Suisse par suite de son renoncement
progressif à sa souveraineté et à sa spécificité, dont la classe politique a singulièrement
manqué de perspicacité et de détermination, -mais qui reste un refuge eu égard aux énormes
difficultés US et européennes-, ne plaide pas pour un renforcement de sa monnaie. Même si
elle demeure pour beaucoup une monnaie "mythique" venant de son ancien ancrage à l'or et
du sérieux des politiques monétaires indépendantes suisses du passé. La plus grande
probabilité à terme pour le franc suisse c'est de se fondre d'une façon ou d'une autre dans
l'euro, surtout s'il devenait un clone de l'ancien deutschemark, à mois que l'euro explose
avant...
Notre scénario de destruction progressive de toutes les monnaies fiduciaires de papier
actuelles les unes après les autres reste valable puisque l'euro actuel (comme un nouvel
euromark) ne pourront jamais à l'évidence remplacer le dollar US comme monnaie mondiale,
pas plus que ne le pourront le yen ou le yuan une fois convertible (encore moins les DTS du
FMI), ce qui pose la question de l'après-dollar que les BRIC souhaitent mettre à l'ordre du
jour avant que l'hyper-inflation le démonétise complètement. Les monnaies précitées ne
pourront, en effet, pas remplacer le dollar US pour la simple raison que les Etats qui les
émettent, n'étant pas en situation de déficits extérieurs chroniques massifs, ne pourront jamais
créer suffisamment d'obligations d'Etat pour en satisfaire la demande mondiale ainsi que les
USA, finalement pour leur propre malheur, sont les seuls à pouvoir le faire. Comme il y a de
plus en plus de chances pour que les obligations d'Etat US émises en excès de cette demande
mondiale finissent par voir leur valeur s'effondrer, puisque la Federal Reserve ne pourra pas
toutes les acheter sauf à provoquer très vite l'hyper-inflation, c'est la garantie sur laquelle sont
actuellement basées toutes les monnaies du monde qui s'effondrera étant donné que la grande
majorité des réserves de change de toutes les banques centrales sont des obligations d'Etat US
en dollars US. Sans préjudice d'une défaillance de la Fed elle-même. Jacques Attali écrit à ce
17
sujet: "Le risque le plus systémique serait celui d'une faillite de la Federal Reserve US. En
effet, les profits faits par les banques en plaçant à la Fed des produits structurés -qui, en
réalité, ne vaudront un jour presque rien- se traduiront à terme, pour celle-ci, par des pertes
qu'elle devra d'abord comptabiliser dans son bilan -qui est de l'ordre de 4.000 milliards de
dollars US (mais principalement d'actifs sans valeur)-, puis couvrir soit par des emprunts
faits à l'Etat, soit par une subvention de ce dernier. Or, on voit mal l'Etat fédéral emprunter à
la banque centrale de quoi couvrir les déficits de celle-ci! On entrerait alors en territoire
totalement inconnu..." Pour échapper à cette double issue tragique, en l'absence de toute
réforme en profondeur du SMI que les USA refusent, la seule chose que peuvent faire les
fonds souverains comme les banques centrales des Etats ayant le plus de réserves de change
c'est de les diversifier progressivement en changeant leurs US T. Bonds et Bills en or, d'où le
soutien puissant qui continuera de faire monter son prix, comme dans les matières premières
dont leurs économies ont besoin. Inutile de préciser que si la défaillance de la Fed, de la
Banque d'Angleterre, de la BCE ou d'une autre importante banque centrale menaçait, l'Etat
US et les Etats de l'Union européenne confisqueraient tout l'or en mains privées (ainsi que
Roosevelt l'a fait aux USA en 1933) d'où la nécessité de ne l'acheter, en toute légalité tout en
bénéficiant d'une fiscalité allégée, que via des banques privées dans des pays dans lesquels on
pourra le récupérer à temps comme la Suisse. L'or étant l'ennemi juré des banquiers centraux
et ministres des finances actuels puisque sa hausse constitue le baromètre de l'échec de leurs
politiques laxistes, ils ne manqueront aucune occasion de le neutraliser, même si jusqu'ici ils
n'ont pas vraiment réussi. D'ailleurs, Greenspan, avant d'être opportunément saisi par
l'illumination keynésienne pour pouvoir accéder à la présidence de la Fed, dans un beau texte
intitulé "L'or et la liberté économique" de 1966 à lire absolument (reproduit in extenso en
annexe de notre livre "Les faux-monnayeurs", Editions F. X. de Guibert, 2008), n'écrivait-il
pas: "En l'absence d'étalon-or, il n'y a aucun moyen de protéger l'épargne de la confiscation
par l'inflation. Il n'y a aucune réserve de valeur sûre. S'il y en avait, le gouvernement devrait
rendre illégale sa détention... La politique financière de l'Etat-providence exige que les
détenteurs de richesse n'aient aucun moyen de se protéger... Voilà le secret éculé des
partisans de l'Etat-providence contre l'étalon-or. Dépenser par la voie du déficit est
simplement un stratagème pour confisquer la richesse de façon cachée...".
Du krach des actions des entreprises et des banques au krach des obligations d'Etat:
vers une sorte de "Weimar planétaire" (selon l'expression de Jacques Attali)
L'on a connu de début 2007 à mars 2009 le krach boursier rampant. Tout porte à croire que
l'on est entré depuis début 2009 dans le krach obligataire rampant. Le second aura des
répercussions bien plus dommageables que le premier parce qu'il affectera le cœur même du
Système monétaire international, à savoir les US Treasury Bonds et Bills c'est-à-dire, comme
nous l'avons vu, la garantie sur laquelle toutes les monnaies de papier fiduciaires du monde
sont basées.
C'est ici qu'entrent en jeu les pays émergents possédant les plus fortes réserves de change au
monde, pour simplifier les BRIC et quelques autres. La question qui se pose est simple:
combien de temps encore et à quel niveau vont-ils continuer de placer leurs réserves en
obligations d'Etat US et autres, qui leur rapportent un taux d'intérêt -ajusté de l'inflation
actuelle- négatif dans des "monnaies" dont le pouvoir d'achat baisse constamment? Et, s'ils
diminuent fortement ces achats, combien de temps et à quel niveau les banques centrales
anglo-saxonnes pourront-elles continuer d'acheter avec de la monnaie qu'elles créent ex nihilo
(c'est-à-dire monétiser) les emprunts émis par leurs Etats respectifs? La réponse à ces deux
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questions est la même: il n'y en plus pour longtemps. 2010, 2011, 2012 au grand maximum au
vu de l'accélération des problèmes.
Sauf (première issue) à ce que le commerce international entrant dans une phase de forte
contraction, qui serait due à un regain de protectionnisme occidental et/ou à une nouvelle
dépression aux USA et en Europe, les réserves de change des BRIC chutent à un niveau tel
que le problème de leur placement à l'extérieur ne se pose plus. Mais alors ce serait la
catastrophe pour les USA et les pays européens qui, ne trouvant plus de financement
extérieur, devraient se serrer la ceinture ou faire défaut sur leurs dettes. Ou bien (deuxième
issue) que les banques centrales anglo-saxonnes fassent le choix de l'hyper-inflation en créant
ex nihilo tout le stock de monnaie fiduciaire nécessaire à la satisfaction des besoins
d'emprunts de leurs Etats, puisque nous partons du principe que ces derniers vont
nécessairement continuer d'augmenter massivement. La première issue étant à court terme peu
probable, c'est la deuxième qui s'imposera. L'on se dirige donc vers un "Weimar planétaire"
puisque c'est le surendettement étatique (en partie pour payer ses dettes consécutives à la
Grande Guerre) financé par la planche à billets qui a produit l'hyper-inflation avec
l'effondrement financier, monétaire puis économique de l'Allemagne pendant l'entre-deux
Guerres Mondiales.
A ce propos, la plupart de nos contemporains confondent l'inflation, "qui est toujours et
partout création excessive de monnaie" comme le constataient Milton Friedman et John
Maynard Keynes lui-même -qui connaissait bien l'inflation puisqu'il en fut l'avocat zélé-, avec
le renchérissement, c'est-à-dire la hausse des prix à la consommation ou à la production, qui
n'est pas l'inflation mais seulement sa conséquence. De telle sorte que, dans un premier temps,
comme actuellement, l'inflation peut affecter la valeur des actifs financiers (les actions) ou
réels (l'or) mais ne pas avoir d'impact rapide sur les prix à la consommation ou à la production
tant que la vitesse de la circulation de la monnaie ne s'accroit pas -ce qui fut le cas au Japon
avec sa trappe à liquidités- ou que sa valeur relative ne s'écroule pas. Mais il ne s'agit-là que
partie remise puisque, pour les raisons exposées précédemment, l'hyper-inflation (d'abord aux
USA et en Grande-Bretagne) est inéluctable si le Système monétaire reste inchangé et si les
banques centrales occidentales poursuivent leurs politiques extravagantes de destruction
systématique des monnaies. Il ne fait aucun doute que la création monétaire récente et le
surendettement étatique, qui continuent de plus belle, ayant atteint des niveaux jamais vus
dans l'histoire, provoqueront également à terme la plus grande inflation jamais connue!
Comment tout cela finira-t-il? Personne n'en sait rien, puisque cela ne s'est jamais produit à
l'échelle mondiale. La seule certitude que l'on peut avoir c'est que, dans l'histoire, toutes les
monnaies de papier ont vu leur valeur tomber à zéro puis ont fini par disparaître.
Conclusion: on a gagné du temps, rien n'a été réglé, tout s'est aggravé!
Comme l'écrivent Patrick Artus et Olivier Pastré: "A ce jour, les principales mesures prises,
dans le domaine financier au moins, relèvent du pur et simple replâtrage... Ne nous faisons
pas d'illusions. Tous les efforts déployés n'ont servi à rien en matière de relance".
Les causes de la crise (systémique et non pas conjoncturelle, de solvabilité et non pas de
liquidité) n'ayant pas été correctement analysées, ses responsables n'ayant pas été remplacés
(Obama est rapidement devenu l'otage des banquiers de Wall Street qui contrôlent toujours la
Maison Blanche et le Congrès US pendant que Bernanke, Geithner et autre Larry Summers se
sont saisis de tous les leviers du pouvoir à l'occasion de ce que certains ont analysé comme
une sorte de "coup d'Etat" feutré), les institutions financières en faillite (réelle ou virtuelle)
19
ayant été seulement rafistolées à la hâte, les dettes ayant été accrues, aucune réforme de
structure n'ayant été entreprise (ni des marchés dérivés de gré-à-gré, ni de la titrisation, ni des
fonds propres supérieurs à exiger des banques, ni de la nécessité de reconstruire une cloison
étanche entre les banques de dépôts et les banques d'affaire, ni des hegde funds, etc.), tout est
"reparti comme avant". Pire qu'avant, puisque les profits des quelques grandes banques
d'affaire US, qui il y a encore quelques mois faisaient la manche pour être secourues par
l'Etat, vont atteindre cette année des records par suite de leurs spéculations boursières. Mais
surtout des nouvelles méthodes de comptabilisation de leurs actifs toxiques lesquels, n'étant
plus évalués à leur prix de marché (mark-to-market), le sont selon les modèles fantaisistes de
chaque établissement bancaire (mark-to-model). Bref, pour faire baisser la fièvre, on a cassé
le thermomètre! Les bilans bancaires, déjà peu transparents avant la crise, seront désormais
manipulés en toute quiétude par leurs auteurs. Et comme avant, tout se reproduira, en plus
grand, avec la différence que la prochaine fois plus personne n'aura de marge de manœuvre
pour absorber le choc final qui emportera sur son passage l'ensemble du système de
"socialisme de marché" dans lequel on a vécu trop longtemps. Nonobstant le fait qu'il n'y aura
peut-être même pas de prochaine fois, tant la crise systémique actuelle parait sans solution
compte tenu des mauvaises méthodes employées par des pouvoirs publics dépassés par les
évènements qu'ils ont eux-mêmes provoqués. Le scénario selon lequel nous vivons "La
dernière bulle" est partagé par plusieurs des meilleurs économistes. Dans le sens où ce qu'il
s'est passé jusqu'à ce jour n'a concerné que 40% des mauvaises créances bancaires privées qui
ont été reprises par les pouvoirs publics (les 60% autres ayant été "dissimulées sous le tapis"
des hors bilans et autres Special Investment Vehicles), et au plan des Etats n'a pour le moment
concerné que l'Islande et l'Irlande, deux pays somme toute marginaux qui ne représentent pas
grand chose par rapport à l'endettement global étatique mondial. Dans le sens, aussi, où le
monde ne pourra pas continuer de vivre sur des schémas économico-financiers keynésiens
basés sur le crédit à tout-va et la fausse monnaie, même s'ils ont à nouveau refait surface faute
d'imagination et de courage des pouvoirs publics, avant qu'ils soient probablement disqualifiés
lorsqu'ils apparaitront comme radicalement inadaptés à la situation que nous vivons. On
résout pas l'explosion de la plus grande pyramide de dettes de tous les temps par la
reconstitution d'une autre plus grande encore! Puisqu'on ne fait de la sorte que la remettre à un
peu plus tard, mais en aggravant l'inéluctable déflagration finale.
Friedrich von Hayek nous a enseigné que lorsque le marché n'est plus libre parce que
manipulé en permanence, la société ne l'est pas non plus et les hommes sont asservis. La
liberté du marché n'exclut pas l'existence de l'Etat, mais ce dernier doit être impérativement
contenu dans le domaine qui est le sien. A savoir, déterminer les conditions-cadres de
l'activité économique et les faire respecter sans se substituer en permanence aux agents
économiques qui sont les seuls créateurs de richesse, ni favoriser les acteurs parasitaires qui la
captent indument. Et que l'on ne vienne pas nous expliquer que le marché libre n'est pas
"efficient", en matière par exemple d'allocation des ressources, puisque précisément il n'est
plus libre du tout depuis longtemps (exemples: les bourses d'actions ou les monnaies
fiduciaires manipulées par les pouvoirs publics). En réalité, un véritable Gosplan de type
soviétique -à savoir les plans dits de relance-, accompagné d'une gestion de la monnaie et du
crédit digne d'une ex banque centrale communiste, qui ont mené l'URSS et ses satellites à la
ruine et la valeur de leurs devises à zéro, sont en cours d'expérimentation en Occident et dans
certains pays émergents (la Chine principalement). Ils ne réussiront pas plus aujourd'hui
qu'hier! Il n'y a qu'une forte hausse de l'or imposée par les acteurs des marchés qui puisse
sauver le SMI et l'économie occidentale parce que son appréciation obligeant les banques
centrales à le réintégrer comme actif principal dans leurs réserves de change à la place des
obligations d'Etat de papier, elles devraient alors suivre une nouvelle discipline les ramenant
20
ipso facto à des politiques monétaires de stabilité. Ce n'est qu'à cette condition, permettant de
rétablir la confiance, que les économies occidentales pourront reprendre leur croissance
économique stable ainsi qu'elles l'ont fait après la Seconde Guerre Mondiale pendant les
"Trente Glorieuses", qui ont été avant tout caractérisées par une grande stabilité monétaire du
fait de la convertibilité (entre banques centrales) du dollar US en or.
A dessein, nous n'avons pas parlé dans cette analyse des questions géopolitiques
internationales qui, elles aussi, peuvent influencer les tendances des économies et des marchés
financiers, considérant qu'elles sont plus encore imprévisibles que ces dernières. Constater
que le tout nouveau prix Nobel de la paix s'est engagé avec ses alliés européens membres de
l'OTAN dans une nouvelle escalade militaire en Afghanistan (une guerre perdue d'avance)
après avoir avalisé la mascarade de "l'élection" présidentielle d'Hamid Karzai, sans avoir du
tout résolu (ou seulement avancé dans leur résolution) les questions irakienne, israélopalestinienne ou pakistanaise, et que l'Iran semble rester lui-aussi sur une ligne inflexible au
sujet de son programme nucléaire, suffira à faire prendre conscience que là-encore les
surprises de 2010 et des années suivantes pourraient être mauvaises. Mais, le pire n'est
heureusement pas toujours certain... Excellente nouvelle année à tous.
On trouvera en annexes quelques graphiques illustrant nos prévisions.
Pierre Leconte
Président du "Forum monétaire de Genève pour la paix et le développement",
site internet: www.forum-monetaire.com/ (sur lequel on trouvera sa biographie
et ses commentaires réguliers sur les marchés financiers),
Consultant financier et gérant de fortune auprès de Fuchs & Associés Finance (Suisse) SA,
membre de l'Association Suisse des Gérants de Fortune (ASG)
et de la Swiss Futures & Options Association (SFOA),
11 rue de Beaumont, 1206 Genève, Suisse, Tél. 00 41 79 210 22 45,
courriel: [email protected]
PS: Le présent document, écrit début janvier 2010, ne reflète que les idées personnelles de son auteur, qui ne
sont évidemment pas nécessairement les mêmes que celles de la société Fuchs & Associés Finance (Suisse) SA
ou celles des autres gérants de fortune qu'elle emploie, chacun d'entre eux ayant évidemment des stratégies de
placement différentes décidées en fonction de leurs propres analyses et informations. Toute personne recevant le
présent document est invitée à examiner si la stratégie qu'il préconise, dont la réalisation ne présente évidemment
pas de caractère de certitude, est adaptée à ses capacités financières comme à sa situation au regard des
prescriptions légales qui s'appliquent à elle. Les performances passées ne garantissent pas d'assurer à l'avenir des
rendements identiques. La brochure d'information et le document de mandat de gestion de la société Fuchs &
Associés Finance (Suisse) SA sont disponibles sur demande. Le Groupe Fuchs & Associés Finance
(Luxembourg, Genève, Bruxelles) gère actuellement plus de deux milliards d'euros auprès des banques
dépositaires des fonds de sa clientèle.
21
Annexes
Le rythme et le niveau de l'endettement US, qui a dépassé fin 2009 les 380% du PIB (ce qui
n'apparait pas encore sur le graphique ci-dessous), ne sont plus longtemps tenables.
22
Le ratio DJIA/or, qui reflète l'effondrement des actions et la hausse parallèle de l'or depuis 1999,
devrait selon nous chuter vers 1 c'est-à-dire que ces deux actifs iraient à parité l'un par rapport
à l'autre (comme ce fut le cas au début des années 1980).
23
Le ratio US Treasury Bonds 30 Year/or, qui reflète l'effondrement des obligations d'Etat US et
la hausse parallèle de l'or depuis 2001, devrait selon nous chuter bien plus bas que son niveau
actuel sans que nous ayons encore d'objectif précis.
24
L'indice CRB des prix des matières premières, qui inclut aussi les métaux précieux et le pétrole,
conserve un potentiel important de hausse en direction de son plus haut niveau de 2008.
25
Le dollar US, exprimé par le dollar Index, devrait continuer de baisser contre les principales
monnaies au moins sur son plus bas niveau de 2008 (correspondant à 1,60 euro/dollar US).
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