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contrepartie, selon le principe inique de "la socialisation des pertes et de la privatisation des
profits". C'est ahurissant mais c'est ainsi. Toutefois, les dettes transférées du secteur privé au
secteur public n'ont pas disparu, elles ont simplement changé de titulaire. De telle sorte que le
problème de leur règlement futur reste entier, alors même que les déficits budgétaires
explosent du fait de l'écroulement des recettes fiscales. Comme l'écrit Jacques Attali dans
"Survivre aux crises" -Fayard-: "L'incapacité de l'Occident à maintenir son niveau de vie sans
s'endetter, qui est la cause profonde de cette crise, est loin d'avoir été résorbée. Et la stratégie
mise en place jusqu'ici par les gouvernements pour la résoudre se résume à faire financer par
les contribuables de demain les erreurs des banquiers d'hier et les profits des banquiers
d'aujourd'hui".
Cette politique monétaire ultra laxiste, qui a aussi été suivie par la Banque d'Angleterre et à
un moindre degré par les autres banques centrales occidentales, avait pourtant fait l'objet de
nombreuses mises en garde, en particulier de la part de von Mises. Lequel écrivait: "Il faudra
bien que l'on comprenne que les tentatives d'abaisser artificiellement, par l'extension du
crédit, le taux d'intérêt qui se forme librement sur le marché ne peuvent aboutir qu'à des
résultats provisoires et que la reprise des affaires, qui intervient au début, sera forcément
suivie d'une rechute profonde, laquelle se traduira par une stagnation complète de l'activité
industrielle et commerciale... Un boom d'expansion du crédit doit inévitablement conduire à
un processus que le discours commun appelle dépression... La dépression n'étant en fait qu'un
processus de réajustement, de remise en ligne des activités de production avec l'état réel des
données du marché... Toute tentative de substituer des moyens fiduciaires à des biens
capitaux inexistants est vouée à l'échec... Il n'y a aucun moyen de soutenir un boom
économique résultant de l'expansion à crédit, l'alternative est ou bien d'aboutir à une crise
plus tôt par arrêt volontaire de la création monétaire ou bien plus tard avec l'effondrement de
la monnaie qui est en cause". Autrement dit, l'explosion de la plus grande pyramide de dettes
de l'histoire ne s'arrêtera pas tant que l'expansion artificielle du crédit et la manipulation des
taux d'intérêt à court terme organisées par les banques centrales occidentales ne prendront pas
fin. Et il n'y a rien de plus urgent que de d'en finir, une fois pour toutes, en Occident avec un
genre de vie reposant sur l'endettement perpétuel des Etats, banques centrales et agents
économiques (entreprises et particuliers).
Au lieu de procéder comme l'ont fait les banques centrales occidentales dès le début de la
crise, en suivant le principe immoral et anti-économique Too big to fail, il eut fallu permettre
aux ajustements inéluctables de se produire, par exemple en laissant certaines banques
devenues insolvables (de leur propre incompétence ou avidité) aller à la faillite pendant que
les Etats auraient garanti leurs clients en leur offrant le remboursement illimité de leurs
dépôts. Ce qui aurait permis à l'inévitable "processus de destruction créatrice" décrit par
Joseph Schumpeter de produire ses effets d'assainissement sans que les déposants soient lésés.
Et couté beaucoup moins cher aux contribuables, puisque dans la plupart des cas les banques
qui auraient été mises en faillite disposaient encore d'actifs ayant une valeur certaine et que
d'autres banques encore solvables auraient récupéré les dépôts et les clients en question. Au
lieu de cela, les banques -dont le FMI vient d'avouer qu'elles n'avaient jusqu'ici annoncé que
40% de leurs mauvaises créances, il y aura donc de nouveaux effondrements d'institutions
bancaires- ont reçu une masse énorme de liquidités artificielles à taux zéro qu'elles utilisent
pour spéculer pour leur propre compte sur les marchés boursiers ou pour améliorer leurs
bilans en les replaçant auprès des banques centrales à un taux supérieur, au lieu de les prêter -
cette fois-ci avec plus de discernement- aux agents économiques qui en ont besoin pour
investir, produire ou consommer. Pire, les Etats occidentaux, déjà en situation de déficits
budgétaires et d'endettement records, ayant aussi repris à leur compte les mauvaises créances