POLITIQUE
086 PC 11 F
Original : anglais
Assemblée parlementaire de lOTAN
COMMISSION POLITIQUE
L’ESSOR DE LA CHINE ET SES REPERCUSSIONS
POSSIBLES POUR L’OTAN
PROJET DE RAPPORT GENERAL
ASSEN AGOV (BULGARIE)
RAPPORTEUR*
Secrétariat international 28 mars 2011
* Aussi longtemps que ce document n’a pas été approuvé par la Commission politique, il ne
représente que les vues du rapporteur.
Les documents de l’Assemblée sont disponibles sur son site internet, http://www.nato-pa.int
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TABLE DES MATIERES
I. LE ROLE ACCRU DE LA CHINE DANS LES AFFAIRES INTERNATIONALES (SURVOL) .. 1
II. POLITIQUE ETRANGERE ET POLITIQUE DE SECURITE ................................................... 3
III. LES RELATIONS ENTRE L’OTAN ET LA CHINE ................................................................. 5
A. AFGHANISTAN ............................................................................................................ 6
B. ASIE CENTRALE ......................................................................................................... 7
C. PIRATERIE ................................................................................................................... 8
D. PROLIFERATION DES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE .................................. 8
IV. CONCLUSIONS PRELIMINAIRES ........................................................................................ 9
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1. Au cours des 30 dernières années, la République populaire de Chine (RPC) a pris son
essor et est devenue une puissance régionale et mondiale majeure. Première pour la population et
pour la consommation d’énergie, deuxième pour l’économie, elle possède aussi le troisième
arsenal nucléaire et la première armée numériquement parlant de la planète. Parallèlement à
cette spectaculaire progression économique, elle a commencé à mener une politique étrangère
plus active : elle participe de plus en plus aux débats internationaux sur la politique et la sécurité,
dont une bonne partie présente un rapport, direct ou non, avec les préoccupations de l’OTAN en
matière, précisément, de sécurité. Cette montée en puissance a donc de nombreuses implications
pour l’Alliance. Or, à ce jour, celle-ci n’a guère accordé d’attention à la question. Le présent rapport
examine succinctement la politique chinoise dans le domaine des affaires étrangères et de la
sécurité, de même que plusieurs points d’intérêt commun pour la RPC et l’OTAN. Selon le
rapporteur, l’une et l’autre devraient entretenir des rapports plus réguliers qui devraient viser avant
tout à améliorer la transparence institutionnelle et l’information. Elles partagent une série de
problèmes de sécurité et pourraient donc étudier les possibilités d’une coordination progressive et
limitée de leurs politiques, une coordination qui pourrait s’étendre à d’autres partenaires de
l’OTAN. Le rapport d’automne s’inspirera des constatations faites pendant la visite que la
Sous-commission sur les partenariats de l’OTAN prévoit d’effectuer en Chine pour formuler
diverses propositions concrètes pour une association graduelle des deux parties dans des
secteurs d’intérêt commun.
I. LE ROLE ACCRU DE LA CHINE DANS LES AFFAIRES INTERNATIONALES
(SURVOL)
2. L’évolution du rôle joué par la Chine sur la scène internationale est largement déterminé
par les changements complexes qui se produisent constamment dans un pays en transition. D’une
part, l’économie chinoise est celle qui se développe le plus vite au monde, conférant ainsi à Pékin
une puissance économique considérable. D’autre part, le produit intérieur brut par habitant reste
loin derrière celui d’autres grandes économies mondiales. A de nombreux égards, la Chine reste
un pays en voie de développement mais, grâce au volume de son PIB et au taux phénoménal
qu’affiche sa croissance économique, elle possède déjà, dans certains secteurs, un statut de
puissance mondiale. Elle continue à se revendiquer du socialisme mais, en réalité, elle affiche de
fortes caractéristiques capitalistes. Si le Parti communiste chinois (PCC) conserve un pouvoir sans
partage et exerce toujours un strict contrôle sur la population, il n’en est pas moins confronté à une
multiplication d’appels à une réforme interne de la part de divers éléments de la société. A
l’intérieur même du PCC, la perspective d’un changement d’équipe dirigeante en 2012 et
l’existence de factions rivales compliquent encore les choses. Le monde observe désormais une
Chine de plus en plus compliquée et empêtrée, du moins partiellement, dans ses contradictions :
confiante et puissante, voire encline à s’affirmer résolument vis-à-vis du monde extérieur, mais
sujette à la confusion face à ses problèmes intérieurs.
3. Les preuves de la puissance économique et financière grandissante de la Chine sont
ostensibles. Depuis 2006, la valeur nominale du PIB a plus que doublé et se situait, en 2009, à
4 909 milliards de dollars, faisant du pays la deuxième économie nationale du monde, avec
12,56 % du PIB mondial. Selon les chiffres officiels chinois, le PIB a gagné 10,3 % en 2010. Le
PIB par habitant a été multiplié par sept depuis 1978 et s’élève actuellement à 7 518 dollars. La
Chine est le premier exportateur du monde ; sa balance commerciale était de 196,1 milliards en
2009, et de 183 milliards de dollars en 2010. C’est la plus élevée du monde, comme sont les plus
élevés du monde ses investissements étrangers directs (IED) entrants et ses réserves de devises.
Ses fonds souverains sont également les plus élevés du monde et étaient estimés, en
septembre 2010, à 825 milliards de dollars. Elle représente maintenant une source majeure de
capitaux et d’IED pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine et s’est montrée habile à
obtenir l’accès aux ressources naturelles de ces régions. Fin 2010, ses réserves de change étaient
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évaluées à 2,8 billions de dollars. La Chine est aussi le premier pays prêteur du monde. Ainsi,
le 28 février dernier, le département du Trésor des Etats-Unis a indiqué qu’elle détenait, à la fin de
l’année précédente, 1,16 billion de la dette américaine. Elle a, par ailleurs, des obligations d’Etat
grecques, espagnoles et portugaises. Cependant, si elle joue un rôle de plus en plus important et
positif dans l’économie mondiale, cela ne va pas sans frictions. Elle a opposé une fin de
non-recevoir aux appels en faveur d’une dévaluation du renminbi et a été accusée de manipuler
les taux de change pour favoriser ses exportations. D’autres indicateurs, comme son
développement technologique ou le volume de ses émissions de dioxyde de carbone (la RPC
occupe, dans ce dernier domaine également, la première place mondiale), confirment la position
du pays en tant que « locomotive industrielle » planétaire.
4. Pour impressionnants que puissent paraître de tels indicateurs économiques et financiers,
ces statistiques doivent être replacées dans leur contexte. La Chine reste loin derrière la plus
grande puissance économique du monde, à savoir les Etats-Unis. En outre, son économie repose
largement sur les exportations, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations mondiales. Si le taux de
croissance à deux chiffres qu’elle affiche depuis 20 ans a bénéficié à de vastes couches de la
population, on constate d’énormes disparités économiques et sociales entre les villes et les
campagnes et d’une région à une autre. Ces disparités mettent à rude épreuve la cohésion
nationale et les Chinois se disent préoccupés par le renchérissement des denrées alimentaires, les
difficultés de logement et le coût des soins et de l’éducation. Le PCC continue à dépendre
lourdement de la poursuite de la croissance économique pour conserver le soutien de la
population et semble être sensible aux plaintes de celle-ci. Aussi le nouveau plan quinquennal
(2011-2015) prévoit-il un taux de croissance annuelle moins élevé pour le PIB ; en revanche, il
insiste sur l’équilibre des revenus. Reconnaissant que la corruption continuait à poser un grave
problème, le gouvernement a annoncé un renforcement de la lutte anti-corruption dans des
secteurs clés comme la construction ou la cession des droits d’usage foncier.
5. Sa puissance économique a permis à la Chine d’occuper une place plus visible sur la
scène internationale. Sur le plan institutionnel international, elle est membre permanent du Conseil
de sécurité de l’Organisation des Nations unies et dispose à ce titre d’un droit de veto. Elle joue
aussi un rôle plus important au sein de l’ONU et a renforcé ses engagements à l’égard des
opérations de maintien de la paix de cette dernière, essentiellement en Afrique, mais aussi à Haïti
et au Liban. Elle jouit d’une influence grandissante à l’intérieur de l’Organisation mondiale du
commerce (OMC), du G20 et du G77, du Fonds monétaire international (FMI), de l’Association des
nations de l’Asie du Sud-Est et d’institutions régionales vouées à la sécurité, comme l’Organisation
de coopération de Shangaï (OCS). De plus, elle est apparue au Sommet de Copenhague de 2010
comme un acteur mondial de première importance en raison du volume de ses émissions de
dioxyde de carbone. D’autre part, elle continue à entretenir d’étroites relations avec des pays
comme la Birmanie ou la Corée du Nord et elle a été critiquée pour ses transactions avec des
régimes africains non démocratiques. Ses relations avec l’Iran sont relativement bonnes ; d’aucuns
craignent qu’elle n’ait aidé les autorités de Téhéran ou d’Islamabad à étoffer leurs programmes
nucléaires. Elle a vendu des armes dont des missiles antinavires Silkworm, qui ont un potentiel
stratégique certain ou les leur a échangées contre du pétrole.
6. La Chine possède aussi une « puissance douce » qui va en augmentant. Si elle est
toujours bénéficiaire d’une aide extérieure, elle est en passe de devenir également un pays
donateur important. Selon un rapport établi en 2009 par le service de recherche du Congrès des
Etats-Unis, l’assistance qu’elle fournit à l’Afrique, à l’Amérique latine et à l’Asie du Sud-Est est
passée de moins d’un milliard de dollars en 2002 à quelque 25 milliards chiffre estimatif
en 2007. Une bonne part des projets d’infrastructure et des travaux publics qu’elle finance dans les
pays d’Afrique et d’Amérique latine tourne autour de l’exploitation des ressources naturelles et sert
ses intérêts économiques à long terme. Les choses sont quelque peu différentes en Asie du
Sud-Est, son aide extérieure correspond à des objectifs diplomatiques et stratégiques à longue
échéance.
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7. La RPC est aussi beaucoup plus engagée dans d’autres parties du monde, y compris
l’Afrique. Elle a offert au Zimbabwe et au Soudan une aide « inconditionnelle » et a signé de
grands contrats pour contribuer au développement de la République démocratique du Congo, de
la Tanzanie et de l’Ethiopie en échange d’un accès aux ressources de ces pays, clause
fondamentale du « Consensus de Pékin ». D’un côté, l’aide et les investissements chinois dans
l’infrastructure apportent des capitaux dont le continent africain a un besoin désespéré. Mais, d’un
autre côté, les fortes exigences pétrolières de Pékin contribuent à alourdir la facture des
importations pour bon nombre de pays importateurs de pétrole de l’Afrique subsaharienne, tandis
que ses exportations menacent la production locale. Ainsi, tout en tirant profit de l’Afrique de
multiples manières, la Chine compromet la bonne gouvernance et la gestion macroéconomique de
ce continent.
II. POLITIQUE ETRANGERE ET POLITIQUE DE SECURITE
8. La politique étrangère de la Chine vise essentiellement à favoriser le développement
économique national grâce à la coopération internationale et à promouvoir la paix et la stabilité en
entretenant avec le monde extérieur des relations placées sous le signe de l’égalité. Pékin s’est
engagé à plusieurs reprises et publiquement sur « la voie du développement pacifique » que le
conseiller d’Etat chargé des affaires étrangères de la RPC, M. Dai Bingguo, a récemment défini
dans un article de presse comme « la recherche de l’harmonie et du développement sur la scène
intérieure combinée à la recherche de la paix et de la coopération dans nos relations extérieures ».
En décembre 2010, M. Bingguo avait défini comme suit les « intérêts supérieurs » de son pays :
« prééminence du PCC et du système socialiste et progression sur la voie d’un socialisme
aux couleurs chinoises »,
« souveraineté et sécurité, intégrité territoriale et unité nationale de la Chine », et
« développement soutenu de l’économie et de la société chinoises ».
9. M. Bingguo a également lancé une mise en garde : « Aucune démarche allant à l’encontre
de ces intérêts ou y portant atteinte ne sera tolérée. » Les dirigeants chinois ont indiqué que les
dix années à venir représentaient « une importante période d’opportunité stratégique » pendant
laquelle ils devraient « accroître sans relâche la puissance nationale du pays, améliorer l’existence
de la population et privilégier l’harmonie sociale ». Pour sa part, le PCC comprend que « le destin
de la Chine est aujourd’hui lié à celui du reste du monde plus étroitement qu’il ne l’a jamais été » et
que le pays possède une influence et une stature toujours plus fortes.
10. Parallèlement à cette amplification de son influence internationale, la Chine développe
rapidement ses moyens militaires. Les forces armées collectives défensives et offensives
constituent l’APL, subdivisée en forces de missiles stratégiques, forces terrestres, forces navales
et forces aériennes. En 2010, l’effectif actif de l’APL s’élevait à 2 285 000 hommes ; à elles seules,
les forces terrestres en comptent 1,6 million, ce qui en fait les plus nombreuses au monde. Avec
les réservistes et les forces paramilitaires, l’effectif total dépasse 3 millions d’hommes, élément
crucial pour la compréhension de la dynamique interne du pays. La Chine est en outre un Etat
nucléaire aux termes du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) de 1970, et elle
est signataire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) de 1966. Selon les
estimations de 2010, elle disposerait de 442 missiles à charge nucléaire, dont 66 missiles
balistiques intercontinentaux à longue portée. L’APL et, singulièrement, ses forces navales
bénéficient d’investissements non négligeables en matériels et technologies depuis le milieu des
années 80. Progressivement, la Chine comble ainsi son retard technologique par rapport à l’Ouest,
comme l’a prouvé la récente présentation du nouvel avion de chasse « furtif » J-20. Toutes les
branches de l’APL sont en cours de modernisation et leurs capacités de projection de puissance
s’accroissent graduellement. Bien qu’il soit difficile d’avancer des chiffres exacts, on peut dire que
les dépenses de défense de la Chine ont augmenté régulièrement au cours de la décennie
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