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1. Au cours des 30 dernières années, la République populaire de Chine (RPC) a pris son
essor et est devenue une puissance régionale et mondiale majeure. Première pour la population et
pour la consommation d’énergie, deuxième pour l’économie, elle possède aussi le troisième
arsenal nucléaire et la première armée – numériquement parlant – de la planète. Parallèlement à
cette spectaculaire progression économique, elle a commencé à mener une politique étrangère
plus active : elle participe de plus en plus aux débats internationaux sur la politique et la sécurité,
dont une bonne partie présente un rapport, direct ou non, avec les préoccupations de l’OTAN en
matière, précisément, de sécurité. Cette montée en puissance a donc de nombreuses implications
pour l’Alliance. Or, à ce jour, celle-ci n’a guère accordé d’attention à la question. Le présent rapport
examine succinctement la politique chinoise dans le domaine des affaires étrangères et de la
sécurité, de même que plusieurs points d’intérêt commun pour la RPC et l’OTAN. Selon le
rapporteur, l’une et l’autre devraient entretenir des rapports plus réguliers qui devraient viser avant
tout à améliorer la transparence institutionnelle et l’information. Elles partagent une série de
problèmes de sécurité et pourraient donc étudier les possibilités d’une coordination progressive et
limitée de leurs politiques, une coordination qui pourrait s’étendre à d’autres partenaires de
l’OTAN. Le rapport d’automne s’inspirera des constatations faites pendant la visite que la
Sous-commission sur les partenariats de l’OTAN prévoit d’effectuer en Chine pour formuler
diverses propositions concrètes pour une association graduelle des deux parties dans des
secteurs d’intérêt commun.
I. LE ROLE ACCRU DE LA CHINE DANS LES AFFAIRES INTERNATIONALES
(SURVOL)
2. L’évolution du rôle joué par la Chine sur la scène internationale est largement déterminé
par les changements complexes qui se produisent constamment dans un pays en transition. D’une
part, l’économie chinoise est celle qui se développe le plus vite au monde, conférant ainsi à Pékin
une puissance économique considérable. D’autre part, le produit intérieur brut par habitant reste
loin derrière celui d’autres grandes économies mondiales. A de nombreux égards, la Chine reste
un pays en voie de développement mais, grâce au volume de son PIB et au taux phénoménal
qu’affiche sa croissance économique, elle possède déjà, dans certains secteurs, un statut de
puissance mondiale. Elle continue à se revendiquer du socialisme mais, en réalité, elle affiche de
fortes caractéristiques capitalistes. Si le Parti communiste chinois (PCC) conserve un pouvoir sans
partage et exerce toujours un strict contrôle sur la population, il n’en est pas moins confronté à une
multiplication d’appels à une réforme interne de la part de divers éléments de la société. A
l’intérieur même du PCC, la perspective d’un changement d’équipe dirigeante en 2012 et
l’existence de factions rivales compliquent encore les choses. Le monde observe désormais une
Chine de plus en plus compliquée et empêtrée, du moins partiellement, dans ses contradictions :
confiante et puissante, voire encline à s’affirmer résolument vis-à-vis du monde extérieur, mais
sujette à la confusion face à ses problèmes intérieurs.
3. Les preuves de la puissance économique et financière grandissante de la Chine sont
ostensibles. Depuis 2006, la valeur nominale du PIB a plus que doublé et se situait, en 2009, à
4 909 milliards de dollars, faisant du pays la deuxième économie nationale du monde, avec
12,56 % du PIB mondial. Selon les chiffres officiels chinois, le PIB a gagné 10,3 % en 2010. Le
PIB par habitant a été multiplié par sept depuis 1978 et s’élève actuellement à 7 518 dollars. La
Chine est le premier exportateur du monde ; sa balance commerciale était de 196,1 milliards en
2009, et de 183 milliards de dollars en 2010. C’est la plus élevée du monde, comme sont les plus
élevés du monde ses investissements étrangers directs (IED) entrants et ses réserves de devises.
Ses fonds souverains sont également les plus élevés du monde et étaient estimés, en
septembre 2010, à 825 milliards de dollars. Elle représente maintenant une source majeure de
capitaux et d’IED pour le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine et s’est montrée habile à
obtenir l’accès aux ressources naturelles de ces régions. Fin 2010, ses réserves de change étaient