Valorisation des campagnes à la mer
Navires Ifremer - IRD - IPEV
1 – Contexte scientifique et programmatique de la campagne
Le programme SISMANTILLES est un effort national et européen pour comprendre le fonctionnement de la zone de
subduction des Petites Antilles, où contact la lithosphère Atlantique plonge la lithosphère Caraïbe, zone source potentielle de
très grands séismes de chevauchement qui constituent le plus grand risque sismique et de tsunamis aux Antilles. L’évaluation
quantitative de ces aléas requiert des campagnes d’observations sismologiques, géophysiques et géologiques.
Afin de combler une lacune d'observations dans ce domaine, plusieurs campagnes géophysiques à la mer ont été conduites
depuis janvier 2007 dans l’arc des Petites Antilles, au large de la Martinique, Dominique, Guadeloupe et Antigua :
SISMANTILLES_II (N/O Atalante), TRAIL (F/S S.M. Merian) et OBSAntilles (N/O Antéa). Un programme d’observation de
la sismicité au large de la Martinique (CPER OBSISMER – Région Martinique) a été conduit depuis des navires d’opportunité
ou occasionnellement depuis l’Antéa (campagne OBSISMER 1 et 2 en 2008).
Ce programme a été soutenu par les commissions nationales au titre des moyens nationaux à la mer d'IFREMER et de l’IRD
opérés par GENAVIR. Lors de la campagne SISMANTILLES_II différentes techniques géophysiques ont été mises en œuvre :
la bathymétrie multifaisceaux, la sismique multitraces (SMT) avec la flûte 360 canaux de 4,5 km de longueur. Ici la pénétration
de la sismique a été assurée par la source "monobulle", méthode mise au point lors de la campagne STREAMERS en 1993
(Avedik et al., First Break, 1995), et amplifiée à sa version 8100 in3 à 12 canons employée dans SEISMARMARA (Hirn et al.,
EGS, 2002).
Au total, ce sont près de 34000 tirs à partir de l’Atalante dont 27000 enregistrés par la flûte de 4.5 km (4800 km de profils en
tout) qui ont été réalisés pendant SISMANTILLES-II avec la source en configuration monobulle à 8867 in3.
SISMANTILLES-II s’est articulée avec 2 autres campagnes à partir d’autres navires, suscitées et coordonnées dans le cadre
des programmes SUBSISMANTI de l'ANR « Catastrophes Telluriques et Tsunamis » et THALES WAS RIGHT, programme
européen sur les subductions actives Antillaise et Hellénique. Le programme SISMANTILLES est basé sur une large
coopération entre des laboratoires français : l’IPG de Paris et ses observatoires volcanologiques de Guadeloupe et de
Martinique et Géoazur à Nice, et européens : l’IFM GEOMAR à Kiel (Allemagne) et le CSIC à Barcelone (Espagne).
Ceci a permis entre autre la mise en œuvre d’une centaine d’OBS, instruments des parcs nationaux de l’IRD-Géoazur et de
l’INSU-IPGP et européens (GEOMAR) et autant de sismomètres à terre (réseaux permanents IPGP et SRU, parcs
d'instruments portables de l'INSU et participants européens). Un nombre significatif de ces sismomètres sont à bande élargie,
une originalité notable pour ce qui est des OBS, qui a permis de détecter des signaux transitoires basse fréquence.
Ainsi la campagne TRAIL de l’institut IFM-GEOMAR de Kiel avec le navire allemand F/S S. M. MERIAN, suscitée au sein
du programme THALES WAS RIGHT avec E. Flueh et H. Kopp comme chefs de mission, a eu lieu du 3 au 19 Janvier 2007.
L’équipe scientifique incluait des participants aux autres campagnes et vice-versa. Après 2 grands transects de réfraction à
travers l'arc long de 280 km, le F/S Merian a largué sur la grille 60 OBS appartenant à IFM-GEOMAR, et à l'UMR Géoazur
(Université de Nice Sophia Antipolis, CNRS, IRD, Observatoire de la Côte d’Azur), les préparant ainsi à l’enregistrement des
tirs de SISMANTILLES_II.
Le N/O ATALANTE qui a déployé un ensemble supplémentaire d’OBS constitué de 20 OBH de GEOMAR et de 23 OBS de
l’INSU-IPGP a ensuite effectué sans la flûte sismique les profils en eau peu profonde, puis l’ensemble des profils SMT
enregistré simultanément par la flûte sismique et le réseau OBS, et enfin récupéré les 20 OBH de GEOMAR.
La campagne OBSANTILLES du N/O ANTEA a permis de récupérer, au mois d’avril 2007, les 70 OBS laissés après la
campagne SISMANTILLES_II pour l'écoute de la sismicité et d'en re-déployer une partie jusqu'en Novembre 2007.
Au total 104 sites d'observations sismique au fond de la mer ont été ainsi occupés simultanément. Plus de 40 sites ont été
temporairement occupés à terre.
Le projet OBSISMER est un programme d’observation de la sismicité au large de la Martinique, financé par le CPER de la
région Martinique. Il a permis dans le cadre d’une coopération en l’IPG de Paris et Géoazur Nice la construction et la mise en
œuvre d’un parc de 8 OBS. Ces sismomètres ont été déployés régulièrement de 2005 à 2009, afin de permettre une observation
quasi continue de la microsismicité, à partir de navires d’opportunité (le navire de pêche OCEANA a été affrété à plusieurs
reprises ainsi qu’occasionnellement le navire du service des « Phares et Balises » de Martinique) mais aussi en 2008 lors de
deux brèves campagnes conduites depuis l’Antéa qui se trouvait alors sur zone. Ces données ont en particulier contribué à un
article en cours de révision (Laigle et al., en révision).
2 – Rappel des objectifs
Les objectifs précis sont la cartographie de l’interplaque de subduction dans sa partie potentiellement sismogénique le long de
l’Arc des Petites Antilles, du Nord de la Guadeloupe et Antigua jusqu’à la Martinique en passant par la Dominique, contribuant
à l'identification et la localisation à l'avance de la zone de rupture maximale de possibles séismes majeurs futurs, et la
recherche de signaux transitoires de l'activité sismique. Pour atteindre ces objectifs, cette campagne a mis en œuvre les
méthodes spécifiques pour l'imagerie profonde de sa structure et de son activité sismique.
La zone de travail s’est étendue du Sud de la Martinique à 14°30' N, en passant par la Dominique, la Guadeloupe et jusqu'à
Antigua a 17° 30' N. Sur 260 km de long, 7 profils longitudinaux espacés d'une vingtaine de kilomètres ont été réalisés, ainsi
qu'une douzaine de transects allant jusqu'à 120 km des côtes. Les nœuds de cette grille de profils étaient occupés par des
capteurs-enregistreurs sismiques fond de mer OBS qui sont restés plusieurs mois au fond pour enregistrer les séismes locaux.