Évêque à Cracovie[*]
Visite de l'église de la Visitation de la Bienheureuse Vierge Marie
dans Cracovie. Carmes sur le sable - début Juin 1967, peu de
temps avant d'être créé cardinal
Le 28 septembre 1958, le pape Pie XII le nomme évêque auxiliaire
de Cracovie. À 38 ans, Karol Wojtyła est le plus jeune évêque
de la République populaire de PologneB 19. Cette nomination est
validée par le régime communiste, car Karol Wojtyła est
considéré comme une personne qui ne s'intéresse pas aux débats
politiques, contrairement au cardinal Stefan WyszyńskiA 32. Le
régime communiste voit dans le nouvel évêque un moyen de
contrer et de diviser l'épiscopat polonaisA 32.
C’est à cette époque qu’il choisit sa devise « Totus tuus » (« tout à
toi »), inspirée3 de la spiritualité de Louis-Marie Grignion de
Montfort et illustration de sa dévotion à la Vierge Marie.
En tant qu'évêque auxiliaire il est responsable de la pastorale des étudiantsB 20. Il continue alors d'enseigner la
morale à la faculté de théologieB 21. Il enseigne principalement Saint Thomas d'Aquin, Scheler, Husserl,
Heidegger, IngardenB 21. Il tente de concilier dans sa réflexion, mais aussi dans les articles qu'il publie, la
philosophie de saint Thomas avec la phénoménologie. Il considère que la phénoménologie propose des
outils mais qu'il lui manque une vision générale du monde propre au thomismeB 22.
Il continue ses activités littéraires, donnant même en 1960 une pièce de théâtre, La Boutique de l’orfèvre, dont
le sous-titre est : « Méditation sur le sacrement de mariage qui, de temps en temps, se transforme en
drame »4. Il collabore aux revues Znak et Tygodnik Powszechny, signant ses poèmes du pseudonyme
« Andrzej Jawień ».
En 1962, l'administrateur apostolique de Cracovie, Mgr Eugniusz Baziak, meurt. Karol Wojtyla est alors
nommé pour le remplacer le 13 janvier 1964, devenant ainsi le plus jeune administrateur de diocèse en
PologneB 23.
Pendant plus de 20 ans, Karol Wojtyla défend les paroissiens de la nouvelle ville Nowa Huta, une ville
communiste modèle, privée de lieu de culte. Il soutient la construction d'une église en célébrant des messes
de Noël en plein air afin de promouvoir la création d'un lieu de culte digne pour les ouvriersD 3. Paul VI lui
offre même une pierre de l'ancienne basilique de Saint PierreA 33.
Concile Vatican II[*]
Article connexe : IIe concile œcuménique du Vatican.
Peu de temps après sa nomination comme évêque, le nouveau pape Jean XXIII décide d'ouvrir le IIe concile
œcuménique du VaticanA 34. L'évêque Karol Wojtyla est alors invité à participer au concile. La phase
préparatoire se déroule du 2 janvier 1959 au 11 octobre 1962B 24. Dans la réponse au questionnaire pour le
Concile Vatican II, Karol Wojtyla demande que le concile se prononce clairement sur « l'importance de la
transcendance de la personne humaine face au matérialisme croissant de l'époque moderne »A 35. Il souhaite
que soit renforcé le rôle des laïcs dans l'Église, mais aussi le dialogue œcuménique et le célibat des prêtres
qu'il défendA 36,D 4. Même s'il n'a jamais joué un rôle fondamental au cours du Concile, sa position semble
s'être progressivement renforcée au fil du concile au sein de la délégation des évêques polonaisA 37.
La première session du concile se déroule du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1962B 24. Au cours de ce concile,
Karol Wojtyla, parlant le français, l'anglais, l'allemand, le polonais, le russe, l'espagnol, l'italien et le latin,
devient progressivement le porte-parole de la délégation polonaiseA 38. Cette délégation étant la plus
importante du monde communiste, elle jouit d'une certaine autorité sur les questions concernant la vie de
l'Église au sein du bloc de l'EstA 39. Au fil des débats, Karol Wojtyla se lie d'amitié avec des évêques
africainsB 25, qu'il sent animés d'une foi jeune, vivante, mais aussi avec les évêques allemandsA 39. Il croise
des théologiens tels que Hans Küng et Joseph RatzingerD 5. La nomination de Karol Wojtyla comme
archevêque en 1964, lui permet d'avoir une plus grande stature au sein de la délégationA 40.
Il participe de manière active au Schéma XIII du Concile Vatican II, contribuant principalement au
développement de l'exhortation sur l'Église dans le monde de ce tempsB 26. Lors du Concile Vatican II, deux
tendances s'affrontent sur la conception de l'athéisme, souvent liée à la représentation existante du
marxisme. Karol Wojtyla ne prend jamais ouvertement position pour l'une d'entre elles, mais défend sa
conception face à l'athéisme, lors d'une tribune le 21 octobre 1964 : « Nous poursuivons une quête en même
temps que nos frères humains... Évitons de faire de la morale ». Il invite l'Église à employer la méthode
heuristique, exactement « comme on aide l'élève à découvrir la vérité par lui même »A 41. Karol Wojtyla