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Cette voie marquerait la fin du Protocole de Kyoto dans sa composante « engagements de réduction des
émissions » car sans obligation d’atteinte d’objectifs, ce qui aurait pour conséquence une chute de la
valeur du carbone faute d’un marché suffisant d’achat. Toute dotation financière du Fonds Vert pour le
climat rattachée à la finance carbone deviendrait dès lors difficile. Et devrait donc être compensée par
des dotations budgétaires des Etats développés, ce qui, étant donné la crise financière qui les touche, est
hautement improbable. Cette voie ne pouvait donc en réalité fonctionner que si les Etats-Unis obtenaient
une application stricte de règles MRV sur les pays bénéficiaires de financements, condition sine qua non
à leur contribution financière au Fonds vert.
S’engager dans cette voie signifiait un durcissement des positions et un creusement des écarts entre les
pays :
Elle marquerait un nouveau recul pour l’Union Européenne ;
Elle placerait les pays émergents au même niveau d’engagements que les pays développés,
ce qui est inacceptable pour eux ;
Elle ne serait pas acceptable pour les pays en développement car elle marque l’abandon du
seul canal de financement spécifique issu de la négociation climat, et ce d’autant plus que les
dotations additionnelles du financement précoce sont faibles ; la perte des financements
actuels structurés autour du Protocole de Kyoto sans mise en place immédiate et tangible de
financements nouveaux et en accroissement serait inacceptable.
o La voie opérationnelle
Confrontée à l’échec d’un accord sur les engagements, cette voie s’est focalisée sur la mise en œuvre
opérationnelle, c'est-à-dire une constitution crédible des financements précoces et du Fonds Vert pour le
climat pour permettre la mise en œuvre des propositions d’action qui bénéficient déjà d’un large accord :
la REDD+, les NAMAs, l’adaptation,…
Elle consiste donc à mettre en place des engagements volontaires souscrits par les pays, sans cadre
juridique international. Cette option, poussée par le Japon, va de pair avec une dotation budgétaire forte
pour la mise en œuvre d’actions. Elle bute néanmoins sur l’incapacité de la majorité des pays de
débloquer des fonds importants (exception faite du Japon –qui assure 47% de la dotation des
financements précoces-, de la Norvège et de l’Allemagne). Cette voie avait peu de chance d’être suivie
par les Etats-Unis car risquant d’être bloquée au Congrès. Elle correspond à une radicalisation des pays
en développement face à la position américaine. Mais, en fait, il est difficile que des contributions
financières rattrapent un échec sur le plan des engagements de réduction.
o La voie intermédiaire adoptée à Cancún
Aucune des 3 voies qui précèdent n’a donc été suivie dans son intégralité à Cancún. Mais, de manière
implicite, le processus est entré dans une nouvelle phase : éminemment politique, stratégique, et
pragmatique, l’Accord de Cancún a eu pour objectif premier de garder les Etats-Unis dans le jeu, tout en
conservant vivant le Protocole de Kyoto, notamment ses mécanismes de flexibilité. La CdP 16 marque un
glissement de la voie du Protocole vers la voie LCA, et a reporté à plus tard la mise en place d’un cadre
juridiquement contraignant.
Zoom sur : La difficulté de fixer des contraintes en droit international
Fixer des contraintes en droit international est difficile du fait du principe de souveraineté attaché au
principal acteur du droit international : l’Etat. Si un traité international a souvent une vocation
universelle, il ne s’applique qu’aux Parties qui l’ont signé. Ainsi les Etats-Unis, n’ayant pas ratifié le
Protocole de Kyoto, ne sont aucunement liés par cet accord ayant pourtant pour but de réunir les
pays développés, principaux émetteurs de GES. C’est donc la volonté et le degré d’engagement de
chaque Etat qui, finalement, détermine ses obligations internationales.
Les mécanismes de sanction en droit international
Il y a une forme basique de sanction liée au non-respect d’un engagement international
commune à chaque traité international : c’est la sanction morale, le jugement de la
communauté internationale sur une Partie qui ne tiendrait pas ou violerait ses
engagements. C’est ce jugement de la communauté internationale sur le non-respect par
un Etat de ses engagements qui pousse, par exemple, le Japon a refusé une seconde
période d’engagement. Le pays sait que son dérapage est trop important pour prendre