Page | 3 Brigitte Crouzet et Isabelle Audouard-Brochenin
DYSPHASIE, trouble du langage oral
Définition
Il s’agit d’un trouble structurel, inné et durable de l'apprentissage et du développement du langage oral. La dysphasie peut être plus ou
moins sévère et se présenter sous des formes diverses : paroles indistinctes, troubles de la syntaxe, expressions par mots isolés,
discours plus ou moins construit, manque de mots, compréhension partielle du langage oral...
Les difficultés observées dans les dysphasies portent soit sur la réception (c’est-à-dire de la compréhension du langage), soit sur la
programmation des sons de la langue et donc de leur production. Ces deux domaines du langage peuvent être déficitaires ou préservés
indépendamment l’un de l’autre. Le langage écrit est souvent d'acquisition problématique. De fait, les troubles ont un retentissement
constant sur les apprentissages scolaires élémentaires, puisque le langage est l'outil privilégié de la transmission du savoir à l'école.
Ces enfants parlent mal, parlent tard, ont durablement des difficultés d'expression orale. Dans d'autres domaines pourtant, ils se
développent bien, même si fréquemment les difficultés langagières s'accompagnent d'un retard psychomoteur ou/et graphique. Ils
organisent un langage qui peut suffire dans la vie quotidienne mais gardent le plus souvent des difficultés à l’âge adulte.
Difficultés de l’élève dysphasique :
Mauvaise intelligibilité,
Production de mots isolés ou ordre non respecté dans la
phrase, Production d’un mot parfois éloigné du mot
recherché,
Lexique réduit, peu d’échange, construction difficile de récit
même si bonne compréhension,
Récit parfois complexe ou peu informatif,
Manque du mot mais désir de communiquer,
Trouble de la compréhension, comprend mieux si on lui
montre, utilise des gestes pour se faire comprendre,
Dissociation automaticovolontaire, c’est à dire qu’il arrive
mieux à dire les choses spontanément que sur demande.
Difficultés associées que peuvent rencontrer les enfants
dysphasiques :
Troubles de mémorisation,
Difficultés à retenir des poésies, définitions, tables, leçons longues,
Transpositions ou omissions de lettres,
Confusion sur les constrictives : v, f , che…
Difficultés à déchiffrer les sons complexes (euil, ein/ain/in,oy, …),
Lenteur,
Grande fatigabilité,
Etre vigilant sur les couleurs, certains sont daltoniens
Mauvaise estime de soi liée souvent à un parcours scolaire difficile
(échecs dans certains apprentissages),
D’immenses difficultés dans l’apprentissage des langues étrangères.
Comment aider l’élève dysphasique ?
Placer l’enfant devant et au milieu, à côté d’un enfant calme. (canalise l’attention)
Oraliser à nouveau les consignes auprès de l’enfant si besoin et les reformuler.
Simplifier les énoncés.
Utilisation des questions à choix multiples pour les évaluations.
Lui laisser plus de temps ou réduire le nombre d’exercices.
Noter le fond plutôt que la forme. Notation formative et non normative si possible.
Distinguer les fautes de grammaire et d’orthographe des fautes de reproduction des phonèmes (fautes de « dysphasie).
Vérifier que l’enfant a bien copié ou recopié. Éviter de dicter un texte.
Accepter les ratures et les problèmes de présentation brouillonne (auto correction positive).
Laisser plus de temps dans la transcription écrite, pour une relecture.
Utiliser des photocopies aérées et non manuscrites, ne pas écrire des questions au milieu d'un texte.
Ne pas donner un mot à recopier 10 fois, cela ne sert à rien.
Pour l’apprentissage de la lecture, aider l’enfant à nommer, repérer et segmenter les phonèmes avec des codes de couleur ou des
gestes.
Aider l’enfant à mémoriser un mot de tel sorte qu’il le visualise dans sa tête
Apprendre les petits mots : et, ou, que… (création d’un répertoire)
Au démarrage de l’apprentissage, le marquage du rythme des syllabes pourra aider l’enfant dans l’expression.
Utiliser des supports visuels (géographie, histoire, sciences)
Éviter les poésies longues avec un lexique compliqué, ou ne lui donner qu’un passage.
Ne pas l’interroger devant toute la classe sauf si l’enfant est demandeur. Éviter de l’interrompre.
Accepter des changements de mots dans des définitions à apprendre par cœur (moins vaste = plus petit). Privilégier le sens.
En mathématiques, laisser les tables (+) et (x) à disposition. Certains enfants les apprendront petit à petit, d’autres n’intégrerons jamais
les tables.
Permettre à l’enfant de consulter en classe un petit cahier « aide mémoire » contenant les tables, les tableaux de conversion (poids,
mesures…), des synonymes (soustraction / enlever/ôter/moins…).
Rester patient malgré sa lenteur.
L’encourager et le valoriser dans la classe.
Donner moins de devoirs à la maison (surcharge horaire avec orthophonie et autres prises en charge) mais exiger une certaine qualité.