ses diverses ramifications est exprimée avec une telle autorité, une telle perspicacité et une
telle sophistication par les chercheurs eux-mêmes dans les discussions publiées qu’il serait
fou de ma part d’espérer, en observant les choses depuis les coulisses, pouvoir dire à ceux là
même qui bataillent dans l’arène la moindre chose à laquelle ils n’aient déjà réfléchi.
Toutefois, puisque le sujet est obscur par nature et qu’il soulève des problèmes fondamentaux
et transtechniques [transtechnical], tout effort de clarification est utile, même s’il n’apporte
rien de nouveau. Même si la réflexion philosophique ne parvient qu’à réaliser que, dans la
dialectique de ce domaine, nous péchons nécessairement et tombons dans la culpabilité, il se
peut que ce sentiment ne reste pas sans profit
.
1. Les traits distinctifs de l’expérimentation humaine
L’expérimentation, à ses débuts, a été approuvée par les sciences naturelles. Dans ce contexte,
elle est menée sur des objets inanimés, et elle ne soulève aucun problème éthique. Mais dès
Pour le lecteur qui souhaiterait en savoir plus sur l’état de la réflexion éthique à propos de l’expérimentation,
voici quelques références bibliographiques en français proposées par ordre chronologique sans souci
d’exhaustivité: M.-L. Delfosse, L’expérimentation médicale sur l’être humain. Construire les normes, construire
l’éthique, Coll. «Sciences – Ethiques – Sociétés», Bruxelles, De Boeck Université, 1993; D. J. Roy et al., La
bioéthique. Ses fondements et ses controverses, Chapitre 13, «La recherche médicale et l’expérimentation sur les
sujets humains», Saint-Laurent (Québec), Erpi, 1995, pp. 338-368; Le devoir d’expérimenter. Etudes
philosophiques, éthiques et juridiques sur la recherche biomédicale, Textes réunis par J.-N. Missa, Coll.
«Sciences – Ethiques – Sociétés», Bruxelles, De Boeck Université, 1996; D. Folscheid – J.-J. Wunenburger,
«L’expérimentation en médecine», dans D. Folscheid – B. Feuillet-Le Mintier – J.-F. Mattei, Philosophie,
éthique et droit de la médecine, Coll. «Thémis Philosophie», Paris, Presses Universitaires de France, 1997, pp.
185-193; B. Hanson, «L’expérimentation humaine», dans Hippocrate à l’épreuve du temps. Médecine, éthique et
croyances (M. Libert – B. Hanson, éds.), Bruxelles, Bruylant-Academia, 2000, pp. 130-138; A. Froment,
Médecine scientifique. Médecine soignante, Paris, Editions des archives contemporaines, 2001; A. Fagot-
Largeault, «Expérimentation humaine», Nouvelle encyclopédie de bioéthique, op.cit., pp. 445-453; H. Doucet,
L’éthique de la recherche. Guide pour le chercheur en sciences de la santé, Montréal, Les Presses de
l’Université de Montréal, 2002 (n. d. t.).