Communiqué de l`AG lilloise des professeurs de philosophie

Communiqué de l’AG lilloise des professeurs de philosophie, relativement à l’expérimentation d’un
enseignement de la philosophie « avant la classe terminale ».
Rappel du contenu de la circulaire n° 2011 adressée en mars dernier aux recteurs, à l’inspection et à nos
lycées par Jean-Michel Blanquer (directeur général de l’enseignement scolaire).
Il s’agit d’une expérimentation initiée par le ministère, présentée officiellement comme indépendante de la
réforme du lycée et ayant pour triple objectif : 1) « l’autonomie » (et donc « l’orientation », « la
construction d’un projet professionnel ») des élèves, 2) « donner plus de sens au parcours scolaire » en
montrant « les liens » entre « les savoirs » (via « l’interdisciplinarité ») et 3) « familiariser les lycéens avec
la pratique de la philosophie » (encourageant éventuellement « l’orientation vers la série littéraire »).
L’expérimentation porte sur l’intervention de professeurs de philo « dans les cours d’autres disciplines »,
financée en HSE (sur fonds académiques), dans le cadre d’un projet interdisciplinaire n’excédant pas 12
heures (une classe ne pouvant recevoir plus de 36 heures dans une même année, soit par exemple 3 projets
de 12h dans trois interdisciplinarités différentes…). La circulaire incite les collègues de philosophie à
s’investir par ailleurs dans l’accompagnement personnalisé (en 2de et 1ère générale) et dans les TPE de 1ère.
Les élèves sont censés être « évalués » sans qu’il soit question d’une « notation ». Les équipes pédagogiques
sont également censées « évaluer » et faire le « bilan » du dispositif mis en place dans le cadre d’un « projet
d’établissement », le tout étant recueilli et analysé par les services académiques et l’inspection avant mai
2012 !
Notre position :
- Nous sommes favorables à un désenclavement de l’enseignement de la philosophie, tant en amont
qu’en aval de la classe terminale. Mais pas à n’importe quel prix.
- Un enseignement de la philosophie avant la terminale ne serait acceptable que sous la double
condition sine qua non : 1) du maintien des dédoublements en classe terminale (dans les séries S et
technologiques) et 2) d’un enseignement de la philosophie en 2de et 1ère assuré en HSA (inscrit dans notre
temps de service). Ne pas tenir sur ces deux positions, reviendrait de notre point de vue à « accompagner »
la réforme du lycée, en acceptant de « lâcher beaucoup » en terminale, pour « récupérer un peu» en 2de et
1ère.
- Reste que nous appelons à une extrême vigilance compte-tenu du contexte général dans lequel s’inscrit
cette expérimentation (suppressions massives de postes, alourdissement tous-azimuts de nos tâches,
annualisation de notre temps de service…). On ne peut par ailleurs totalement exclure que cette
expérimentation ne porte pas seulement sur nos élèves, mais mesure au passage notre docilité à entrer dans
« la culture du projet et de l’évaluation»(évaluation par "compétences" en lieu et place d'une réelle
évaluation de la culture de l'élève) , à l’heure des « conseils pédagogiques », de « l’autonomie des lycées »
et des financements par « contrats d’objectifs et de moyens » (les COM).
Lille, le 6 avril 2011.
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