II – Histoire et évolution de la psychologie clinique

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Chapitre : La psychologie clinique dans le champ des sciences
humaines
Est-ce qu’une science peut être humaine dans le sens où une autre serait
inhumaine ?
Michel Foucault a dit dans Les mots & les choses que « les sciences humaines
ne sont pas analyses de ce que l’humain est par nature mais plutôt l’analyse qui
s’étend entre ce qu’est l’Homme en sa positivité (être vivant, travaillant,
parlant,…) et ce qui permet à ce même être de savoir ou de chercher à savoir ce
qu’est la vie, en quoi consiste l’essence du travail et ses lois et de quelle manière
il peut parler… ». En d’autre terme, l’humain par nature désigne l’humain
biologique qui n’est donc pas ce que la science humaine étudie. Elle s’étendra et
cherchera à faire le lien entre l’humain dans sa positivité et l’humain qui se
questionne.
Lacan a dit que « il n’est pas de science humaine ou de science de l’Homme,
parce que l’Homme de la science n’existe pas, mais seulement son sujet ». On a
l’habitude de dire qu’une science a un objet d’étude. La question de la science
humaine est de savoir si il y en a une spécifique à l’étude de l’humain. La
science humaine est une notion idéologique car aucune science ne peut se passer
d’un moment idéologique (et la science humaine est + sujette que d’autre au
débat idéologique de par la question de l’objectivité). On se rend compte dans
les sciences humaines, avec certaines orientations, on étudie l’humain du côté de
ses manques.
1) La pluridisciplinarité et la transdisciplinarité
Aucune science ne peut avoir la prétention de pouvoir tout dire sur l’être
humain, il y a donc une reconnaissance des autres sciences, ce qui occasionne
des discours contradictoires et l’émergence de science faisant des passerelles.
L’interdisciplinarité fait des passerelles.
La transdisciplinarité pense qu’il y a un lien qui les relieraient.
Si la science a toujours à voir avec l’idéologique, l’idéologie à avoir aux sujets
(culturel,…). Une science vient donc répondre à différents problèmes pour tenter
d’en donner un savoir.
2) L’être humain entre biologie/anthropologie/psychologie
L’anthropologie n’a pas besoin de la biologie (chromosomes,…) pour définir un
humain, la culture vient faire ombrage pour dire ce qu’est un homme par
exemple. Pourtant le cas de la transexualité vient montrer le besoin de la
psychologie.
L’être humain est multiple.
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3) L’actualité des problématiques identitaires
En France, la commission de l’éthique vient faire opposition entre ce qu’étudie
la science et l’éthique (clonage, euthanasie,…) et donc est sujet à évoluer au
cour du temps.
Est-ce que la demande va trop vite ou la demande sociale qui la pousse ?
Qu’est ce qu’être parent ? (question sur les enfants nés sous X,
l’homoparentalité,…)
Les pathologies sexuels (pédophilie) considérés comme curable maintenant alors
que avant non.
Les problématiques autour de la mémoire (part de l’histoire collective dans nos
histoires singulières).
4) Le psychologue et son statut
Dimension législative du psychologue peu de texte dans le passé avant 1991
où l’on définissait le psychologue comme un auxiliaire médicale (paramédicale
comme un infirmier).
Depuis 1991, on a définit :
- les critères pour porte ce titre (bac +5)
- les droits (appartenance à la fonction publique catégorie A avec une
légitimité de son travail et de ses outils (Rorschach & co))
- les devoirs (code de déontologie)
Il y a actuellement un débat sur le statut de psychothérapeute, les médecins et
psychologues auront le droit automatique de l’afficher tandis que d’autres
professions devront prouver leurs capacités.
Freud disait « la science n’est pas une révélation, il lui manque encore après ses
débuts l’incertitude, l’immutabilité, l’infaillibilité dont la pensée humaine est si
avide ».
Paulitzer (années 70) disait lui « les psychologues sont scientifiques comme les
sauvages évangélisés sont chrétiens…dans 50 ans la psychologie
authentiquement officielle d’aujourd’hui apparaîtra comme nous apparaissent
maintenant l’alchimie et les fabulations verbales de la physique
péripatéticienne ».
II Histoire et évolution de la psychologie clinique
La psychologie clinique fait partie de la psychologie tout court. D’une certaine
manière c’est la psychologie clinique qui fut la première et les autres qui ont
suivies.
(biblio : Winfried Hubert, La psychologie clinique aujourd’hui, Mardada)
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1) Les fondateurs
Le premier mouvement fut un psychiatrique, Philippe Pinel est le + connu
investigateur en France. En 1793 il demande et obtient qu’on enlève les chaînes
aux malades mentaux et qu’on les traite comme des être humains malades. Il
prône à la place de ces chaînes le traitement moral, c’est à dire que l’attitude des
soignants envers ces malades doivent être + soignante que leurs liens de fer.
Un deuxième personnage important est Benjamin Rush, en 1813 il fut le premier
qui a tenté de classifier et systématiser les maladies mentales.
Le deuxième mouvement est celui humaniste. En Angleterre, on a William Duke
qui a York crée la première maison de retraite.
Un deuxième nom est l’américaine Dorothy Dix (1802 – 1887) qui fut
importante dans le fait d’informer, de sensibiliser sur les pathologies mentales.
Le troisième mouvement est celui philosophique.
La phénoménologie a apporter à la clinique le fait de s’intéresser ce que le
patient a vécu (l’historique du sujet), le caractère d’immédiateté des choses, le
caractère structural. Quelques noms connus sont Sartre (avec l’existentialisme,
l’existence précède les sens).
Ces 3 mouvements sont différents mais ils sont interdépendants.
Cela prépare le terrain pour l’arriver de nouvelles sciences. L’humanisme aura
inspiré beaucoup dans le fait qu’on parle de la conduite humaine, concrète, de
l’être humain en situation, on parlera aussi de l’étude en profondeur de
l’individu. Du coté psychiatrique on verra apparaître la psychopathologie
comme une branche de la psychologie + que de la psychiatrie.
La psychologie clinique sera confronté à un problème central, celle du normal et
de la pathologie. Vient aussi le structuralisme qui met en perspective les
fonctionnements communs et spécifiques des individus, ça parle aussi des
processus (tout est en mouvement et en évolution).
2) Domaines d’exercices et disciplines voisines
Psychologue/Psychiatre/Psychothérapeute/Psychanalyste :
Dans les points communs, l’un des premiers est la clinique via la proximité du
patient, ils ont aussi le côté de la problématique normal/pathologique, ils sont
tous confrontés au psychisme humain, un élément important est la place occupé
par l’affectivité (libido, pulsion, sexualité, sentiments, souffrance,…), les cadres
de travail sont souvent communs aussi (hôpitaux généraux, institution
psychiatrique, hôpitaux de jour, hospitalisation à domicile, cabinets privés,…).
Dans les points de différences et les divergences, on a la différence au niveau
des formations, des démarches, des instruments utilisés, des objectifs. Le
psychologue est bac +5, utilise des outils et entretien principalement, a pour
objectif l’évaluation et la prise de conscience. Le psychiatre est un médecin qui
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a fait une spécialité dans les maladies mentales, ces démarches sont explicatives
et compréhensives, ils utilisent la parole au niveau des entretiens et les
médicaments, son objectif comme tout médecin est la guérison. Le
psychothérapeute n’a pas de pré requis universitaire, niveau démarche pour être
psychothérapie il faut passer par une psychothérapie personnelle, il utilise
comme outil la parole (si on utilise que les entretiens) et le corps (relaxation,
hypnose,…), ses objectifs étant la prise de conscience, la guérison également. Le
psychanalyste lui n’a pas besoin non plu de pré requis universitaire, il doit suivre
une psychanalyse personnelle sous supervision et utilise des démarches
interprétatives (trouver du sens), il utilise comme outil la parole ainsi que
beaucoup + que d’autre le transfert dans sa relation avec le patient, les objectifs
n’est pas la guérison mais essentiellement la prise de conscience et les
remaniements psychiques.
3) La psychologie clinique en France
Daniel Lagache apparaît en France comme le maître de la psychologie clinique
et qui a été le premier a insisté sur l’unité de la psychologie malgré ces
différences.
L’unité de la psychologie est appelé la psychologie générale, c’est à dire tout les
fondement par lesquels tous psychologue clinique doit passer avant de se
spécialiser. On a à côté la psychologie sociale qui s’oriente sur les phénomènes
groupaux/collectif. On a aussi la psychologie du travail.
Lagache définissait la psychologie comme la « science de la conduite humaine
fondée principalement sur l’observation et l’analyse approfondie des cas
individuels aussi bien normaux que pathologiques et pouvant s’étendre à celle
des groupes ».
André Rey dit que « la psychologie clinique est avant tout le soucis d’observer
toutes les caractéristiques du sujet, de les comprendre comme les manifestations
d’un tout organisé. La clinique s’oppose au laboratoire qui travaille toujours sur
une préparation ou un champ délimité, en clinique on ne perd pas de vue qu’une
particularité coexiste toujours avec d’autres au sein d’un ensemble et que tout
les éléments que l’analyse peut distinguer sont nécessairement en interrelation,
dynamique, au sein de l’ensemble. » (exemple de l’état émotionnel du patient
qui peut influencer sur ses résultats à un test de QI).
Juliette Favez-Boutonier a dit que « la psychologie clinique a pour objet l’être
en tant qu’il existe et se sent exister comme un être unique ayant une histoire
personnelle vivant dans une situation qui ne peut être assimilée à aucune autre ».
C’est à partir de position comme celle là qu’on insiste sur la singularité de
l’individu en psychologie clinique et c’est aussi pour ça qu’on ne peut pas tirer
des conclusions généralisables car il faut toujours tenir compte de cette
singularité qui tient donc à des conditions uniques.
Dans Naissance de la clinique, Foucault dit que « la clinique n’est pas un
instrument pour découvrir une vérité encore inconnue, c’est une certaine
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manière de disposer une vérité déjà acquise et de la présenter pour qu’elle se
dévoile systématiquement…».
4) Quelques définitions
1985 : 20 000 professionnels
1995 : 30 000
2005 : 35 000 15/18 000 dans le sanitaire et sociale (hôpitaux, DASS,…) /
8/10 000 dans l’éducation nationale / 5/7 000 dans le secteur de la psychologie
sociale et du travail / 3/4000 dans l’enseignement supérieur
Environ 10 000 psychiatres ainsi que 10 000 psychanalystes et autre thérapeutes
de tout bord.
D’une certaine manière ont voit qu’il y a une forte demande de psys dans la
société française mais qu’il n’y a pas nécessairement la place pour eux en
fonction de la demande sociale.
III - La psychologie clinique entre investigation et intervention
1) Investigation et/ou intervention
Grossièrement on a l’habitude de présenter en clinique qu’on a des outils qui
sont utilisé dans l’investigation et l’autre dans l’intervention.
L’entretien par exemple pour l’investigation et les psychothérapies pour
l’intervention.
Ce partage a du sens mais pas énorme, quelqu’un qui vient se faire diagnostiquer
présente déjà un désir de changement (donc ça commence dès l’investigation). Il
y a donc déjà une modification du sujet après la consultation par rapport à avant.
Le patient vient donc avec une demande.
Dans les deux cas, ils faut prendre soin du patient.
2) outils cliniques et conflits théoriques
a) la question de l’identité des psychologues
Il s’agit de la manière dont il se situe et se définit lui même et qui va le rendre
acteur de telle ou telle manière que se soit quand il investit ou quand il est en
psychothérapie.
Il y a 3 paramètres pour définir. A ces débuts le psychologue était vu comme un
psychotechnicien (il faisait passé des tests, essentiellement mentaux), puis ils se
sont penchés sur l’écoute de l’autre qui les amena dans un champ différent.
Un autre temps important a été l’arrivée des tests projectifs, de personnalité. On
passait du domaine de mesuré l’intelligence du sujet à celle de sa personnalité,
de son affectivité. C’est a posteriori que les psychologues se sont aperçus que les
chiffres ne répondaient pas du tout à ce qu’un test devait donner un sujet (le QI
évaluant le sujet dans une situation particulière et non pas son intelligence en
général).
La question de l’identité du psychologue est présente quand il se demande quelle
démarche il va utiliser (type de test, imposer ou pas,…). Il y a également le
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