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management
uniquement à ce qui doit être fait, à des processus d’information ascendante organisés
régulièrement. Pourquoi ne pas considérer la place de l’encadrement dans la communication
d’entreprise comme une pièce maîtresse d’un engrenage … à faire fonctionner dans les deux
sens ?
Un arbitre de la qualité du travail
L’entreprise est-elle seule juge de la qualité du travail ? Le gestionnaire de l’entreprise qui
possède l’évaluation du client et le prix de revient serait-il seul en capacité de juger la qualité
du travail fourni ? L’encadrement n’est-il alors chargé que de médiatiser ce jugement issu
d’aspects commerciaux et financiers auprès des professionnels ? C’est oublier que ces
derniers connaissent le travail, précisément parce qu’ils sont des professionnels.
Dans de nombreux métiers, les professionnels expérimentés portent un « jugement de
beauté » (Dejours C.) sur le travail. Ce jugement prend en compte le respect des savoir-faire
éprouvés, la qualité de réalisation apparente et réelle, le coût pour l’entreprise et pour
l’individu de cette réalisation. Il s’agit d’un jugement syncrétique du travail réalisé qui ne
s’explicite que difficilement mais qui est constructeur de savoir-faire, de coopérations au
travail et d’identité professionnelle. Seulement, face à une exigence client ou à un impératif
de coût exprimés dans un « jugement d’utilité », il est le pot de terre contre le pot de fer. Or,
personne d’autre que l’encadrement de proximité n’est en capacité de faire dialoguer
ces jugements d’utilité et de beauté, c’est-à-dire concrètement de faire expliciter l’un et
l’autre, de faire réaliser des compromis sur le niveau de qualité attendu, d’autoriser les
membres de l’équipe à être quittes de leur tâche une fois le niveau atteint. Un tel dialogue sur
le travail ne peut se faire que si l’encadrement est autorisé par sa direction à animer cette
régulation localement.
Un animateur des engagements au travail
La vision la plus répandue dans la culture managériale consiste à penser que le salarié serait à
pousser, à stimuler, à motiver par les actions de type psychologique, extérieures à la tâche
elle-même. Il conviendrait donc de développer chez les managers des savoir-faire
d’entraînement et de leur faire connaître les « ressorts de la motivation » . Une telle
connaissance est d’ailleurs la base de la plupart des formations au management. Mais cette
vision tend à nier que l’attitude première d’un salarié est celle de l’investissement dans
l’activité qu’il réalise. Le salarié est a priori partant pour le travail attendu, attentif toutefois à
ce que cela lui coûte et surtout aux marques données sur l’intérêt de sa contribution. Il s’agit
plutôt d’animer l’engagement des salariés plus que de jouer sur leur motivation. C’est en ce
sens que la connaissance fine de l’activité de travail et de ce qu’elle requiert devient vitale. Un
déclic essentiel (Ughetto P., 2007) est la reconnaissance par l’encadrement qu’il n’est pas le
seul à réaliser des arbitrages en situation de travail, pour réaliser les objectifs en fonction des
ressources à sa disposition. Si la fonction d’encadrement se caractérise justement par cette
capacité à rendre des arbitrages pour faire coïncider le réel, les moyens de travail et les
objectifs, un point crucial réside dans le fait que l’encadrement découvre et admette que tous
les salariés rendent aussi des arbitrages à leur niveau.
Une piste est alors de développer la capacité des salariés à réaliser des arbitrages
pertinents, s’assurer qu’ils ont bien des objectifs clairement hiérarchisés, consolider le
jugement en situation, etc. Cela suppose que le manager s’assure qu’on peut débattre
réellement dans le collectif de ce qu’on fait vraiment, des difficultés qu’on rencontre, au-delà
du discours de conformité. Il s’agit bien pour lui de connaître le travail, mais non pas pour le