marxisme…), l’espace de diffusion des langues européennes hors de leurs frontières
nationales était soumis à des conflits d’influence qui avaient pour objectif la promotion
de systèmes de valeurs politiquement orientés. La construction d’une identité
européenne, objectif politique affiché pour tous les pays européens, repose sur un
principe fondateur : celui de valeurs partagées, qui ont un socle commun, constitué par
les valeurs démocratiques. Le Comité des ministres du Conseil de l’Europe reconnaît
en ces termes cet espace commun : « par son élargissement à de nouveaux États
membres qui ont rejoint la famille des démocrates pluralistes, fondée sur l’État de droit
et le respect des droits de l’homme, le Conseil de l’Europe s’est fermement engagé
dans la dimension paneuropéenne »
. Comment se recompose la tradition didactique,
dès lors qu’un principe de solidarité idéologique se met en place entre pays autrefois
concurrents ? Comment peut se traduire cette volonté politique commune au niveau des
valeurs véhiculées dans l’enseignement et l’apprentissage des langues ?
La notion de transfert, abordée d’abord dans le cadre large de la didactique des langues
en général, dans le cadre plus spécifique du questionnement interculturel ensuite, est ici
envisagée comme un instrument permettant la reconnaissance d’une communauté
d’intérêts, espace commun où s’échangent et sont validées des compétences construites
dans des contextes culturels différents, complémentaires les unes des autres. Leur mise
en relation coordonnée contribue à la construction d’une « identité démocratique »
commune. Dans le prolongement de la construction économique et politique de
l’Europe, placée sous le signe d’une « identité européenne » commune, les
interrogations qui se lisent sous le terme d’ « identité démocratique » peuvent être
interprétées comme le besoin d’approfondir un débat qui se place désormais sous le
signe du partage de valeurs culturelles communes.
1.2. Espace politique européen et socle de valeurs communes
Dans les principes fondateurs de l’Union Européenne, la volonté de construire un
espace de valeurs communes est un des principes fondateurs du Traité de Maastricht
(1992) et de la Charte des droits fondamentaux de l’Union (2000). Ainsi, dans cette
dernière : « Les peuples de l’Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus
étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes ».
Selon le programme d’action du Comité de l’éducation du Conseil de l’Europe (1997-
2000), la mise en place d’un socle de valeurs communes européennes passe par le
développement de l’individu, thématisé en termes de « sécurité démocratique », de
« cohésion sociale », de « mobilité personnelle » accrue et d’« échanges » intensifiés
.
Dans le cadre du projet langues vivantes, cette thématique nouvelle s’articule avec le
Cadre européen commun de référence et le Portfolio Européen des Langues. La
recherche d’une définition commune des compétences et les outils permettant leur
reconnaissance transfrontalière sont centraux dans la conception de ces deux outils de
référence. Cependant dans les deux documents, les compétences liées à la dimension
interculturelle n’ont qu’une visibilité réduite.
Sur la stratégie culturelle du Conseil de l’Europe. 1995 Résolution (95) 38, adoptée par le Comité des
ministres du 7 décembre , lors de la 551e réunion des Délégués des Ministres.
Une stratégie pour l’action : les priorités du CDCC pour 1997-1999. 1997 Strasbourg, Conseil de la
Coopération Culturelle, janvier CDCC (97) 2. p. 11.