N° 552 Mai 2015 REVUE MENSUELLE (10 N°) fondée en 1959 par L’ASSOCIATION NATIONALE DE LA PRESSE MUTUALISTE 255, rue de Vaugirard – 75719 PARIS CEDEX 15 – Tél. : 01 40 43 61 27 Abonnement : Le numéro ..................................................................................................... 10 numéros par an (pour 1 abonnement) .............................. 68,00 € 680,00 € Vente et abonnement à nos bureaux. Directeur de la publication : Gérard Quittard Coordination éditoriale : Laurence Hamon Rédactrice en chef : Sylvie Irissou Secrétaire de rédaction : Jérémie Echard Secrétariat : Christine Jorez Contact technique : Cyril Dehay – Tél. : 01 44 49 61 00 Ont collaboré à ce numéro : Réalisé par la CIEM 67, rue Blomet 75015 Paris Numéro de CPPAP : 0518 G 83108 Numéro ISSN : 0015 – 9670 Dépôt légal : mai 2015 Catherine Chausseray, Michel Coladon, Isabelle Coston, Delphine Delarue, Vanessa Pageot-Françoise, Aliisa Waltari SOMMAIRE PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » ...................................................... 3 SYSTÈME DE SOINS Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? (Catherine Chausseray) ............ 5 Solidaire et responsable, votre contrat santé (Vanessa Pageot-Françoise) Brèves ................... 7 ................................................................................................................................................................................................................................... 9 MÉDECINE L’incontinence par urgenturie : ça se soigne (Isabelle Coston) ............................................................ 12 ................................................................................................ 15 ................................................................................................... 17 ............................................................................................................................................................................................................................... 19 PRÉVENTION Bronzage artificiel : halte à l’intox ! (Aliisa Waltari) Eviter les petits maux en avion (Michel Coladon) SANTÉ Brèves ENVIRONNEMENT Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte (Delphine Delarue) .............. 21 Les articles de ce numéro peuvent être repris dans le cadre des 50 % de la surface imprimée des revues mutualistes obligatoirement consacrés à l ’information générale. Mai 2015 – N° 552 – 2 PRESSE Les 50 derniers articles ou dossiers de « France-Mutualité » Afin de vous aider dans l’élaboration du sommaire de votre revue, « France-Mutualité » publie chaque mois la liste de ses cinquante derniers articles ou dossiers, brèves comprises. Vous pouvez télécharger ces articles sur Mutweb, l’Extranet fédéral : à partir de l’onglet « Réseaux », « Presse mutualiste », et « Collection “France-Mutualité” ». Titre Numéro 551 – Avril 2015 Quand le patient refuse les soins Brèves et filets (5) Rubrique Nombre de signes Système de soins Système de soins 6 449 4 821 Médecine Médecine Prévention Prévention Santé Vie pratique 6 497 6 678 4 189 6 967 5 437 6 655 Système de soins Système de soins 5 441 5 563 Santé mentale : comment soutenir les jeunes en souffrance ? Santé Brèves et filets (6) Santé Concilier grossesse et maladie chronique Médecine Herpès labial : un virus présent pour la vie Médecine Contraception : une méthode pour chaque femme Prévention La tétine : pour ou contre ? Education Emprunter après un cancer : le droit à l’oubli enfin reconnu Vie pratique Numéro 549 – Février 2015 Centres, maisons et pôles de santé : quelles différences ? Système de soins Prise de rendez-vous en ligne : où en est-on ? Système de soins 6 198 6 544 5 614 6 991 7 755 5 844 4 448 Brèves et filets (5) Brèves et filets (5) Apnées du sommeil : ces malades qui s’ignorent Alimentation et activité physique : les bases du bien-être et de la santé Vrai-faux : les pieds, ces malmenés Parler de sexualité à son adolescent Numéro 548 – Janvier 2015 Se soigner la nuit et le week-end Les relations entre nutrition et santé passées au crible Naissance d’un médicament : du labo au patient L’arthrose, une maladie rhumatismale fréquente Maux de tête chez l’enfant : faut-il s’inquiéter ? Système de soins Santé Médecine Prévention 5 391 4 866 7 353 5 457 Forme Education 6 481 6 265 Système de soins Médecine Médecine Santé Santé 7 296 5 524 6 995 5 686 6 756 Infarctus du myocarde : les femmes aussi DMLA, une maladie de plus en plus répandue Fruits et légumes : halte aux idées reçues Déjouer le piège des sucres cachés Brèves et filets (5) Conduire à tout âge, c’est possible Numéro 550 – Mars 2015 Complémentaire santé obligatoire : ce qui va changer Brèves et filets (6) 5 075 6 709 Mai 2015 – N° 552 – 3 Titre Rubrique Brèves et filets (6) Santé Seniors : quand la digestion et le transit ralentissent Bien-être Numéro 547 – Décembre 2014 Rémunération des médecins : un système à rénover Protection sociale Brèves et filets (6) Protection sociale Bien suivre son traitement pour éviter les complications Santé Cancer du sein : un risque multiplié par deux pour les filles Santé du Distilbène Violences contre les femmes : « On ne voit souvent Santé que la partie émergée de l’iceberg » Brèves et filets (6) Santé Numéro 547 – Décembre 2014 Futures mamans, préservez la beauté de vos jambes Prévention Hyperacousie : une maladie qui fait de plus en plus de bruit Prévention Acrophobie : en finir avec la peur de l’altitude Bien-être Proche d’un malade psychique, ne restez pas seul Bien-être Troubles des apprentissages : une scolarité « dys-fficile » Bien-être Numéro 546 – Septembre 2014 Education thérapeutique du patient : Santé apprendre à vivre avec sa maladie Internet et pornographie : Famille quel impact sur la sexualité des ados ? Droits et devoirs des familles monoparentales Famille Daniel, la vie en vert Environnement Numéro 545 – Juin-juillet 2014 De nouvelles règles pour les mutuelles en 2015 Protection sociale Economie sociale et solidaire : Economie sociale une pépinière pour « entreprendre autrement » Octobre rose : dix années de mobilisation Santé pour vaincre le cancer du sein Nombre de signes 7 118 4 457 7 340 5 400 6 570 5 550 9 450 4 930 4 930 4 690 5 830 5 080 6 160 10 800 5 600 7 450 5 370 7 700 7 600 6 400 Mai 2015 – N° 552 – 4 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 249 signes Encadré : 304 signes Comment est-on remboursé de ses soins à l’étranger ? 2 visuels : 01_SoinsALEtranger Vous partez à l’étranger pour des vacances ou y résidez plus longtemps. Comment serez-vous remboursé si vous devez recevoir des soins médicaux sur place ? Pour éviter les mauvaises surprises, mieux vaut se renseigner avant de passer la frontière. Pour faire valoir vos droits à la protection sociale dans tous les pays de l’Union européenne (UE), mais aussi en Islande, en Norvège, au Liechtenstein et en Suisse, la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) est indispensable. Nominative, gratuite et valable deux ans, c’est le sésame pour bénéficier dans le pays de séjour de la prise en charge des soins médicaux selon la législation française en vigueur. Faites-en la demande quinze jours au moins avant votre départ auprès de l’organisme de Sécurité sociale (pour les affiliés CPAM) ou dans les points d’accueil RSI de votre mutuelle (pour les artisans et les commerçants). Court séjour dans l’Union européenne « Seuls les soins imprévus et médicalement nécessaires sont couverts (par exemple consultation d’un médecin ou hospitalisation en urgence suite à un accident…). Il s’agit des traitements qui évitent à l’assuré de rentrer en France pour se faire soigner et lui permettent de terminer son séjour dans des conditions médicales sûres », est-il précisé sur Servicepublic.fr, le site de l’Administration française. Si vous programmez des soins (chirurgie esthétique ou prothèses dentaires, par exemple), il faudra demander une autorisation préalable à votre caisse d’assurance maladie. Ceux qui ne possèdent pas la CEAM doivent régler la totalité des frais médicaux et conserver les prescriptions et les factures, pour les adresser ensuite à leur organisme d’assurance maladie, accompagné du formulaire « soins reçus à l’étranger », afin de se faire rembourser à leur retour en France. Séjour temporaire en dehors de l’Europe Si vous rencontrez un problème de santé lors d’un voyage hors de l’UE, contactez les autorités consulaires françaises pour connaître les médecins agréés et parlant français dans le pays. Il faut savoir que seuls les frais de santé considérés comme urgents seront – éventuellement après examen Mai 2015 – N° 552 – 5 des factures – pris en charge par l’Assurance maladie et qu’il vous faudra de toute façon les avancer. De plus, le remboursement se fait dans la limite des tarifs en vigueur en France. Or, dans certains pays comme les Etats-Unis ou le Japon, le montant des soins peut être exorbitant. Il peut même arriver que l’on vous « confisque » votre carte de crédit pour être sûr que vous allez bien payer et que vous en avez les moyens ! Pour ne pas être pris au dépourvu en cas de pépin, consultez la fiche du pays que vous comptez visiter sur le site du ministère des Affaires étrangères et prenez une assurance voyage spécifique, car l’Assurance maladie ne prend pas en charge le rapatriement sanitaire, même en cas d’urgence (cela vaut aussi pour les séjours dans l’Union européenne). Les agences de voyages, les compagnies d’assurances et les mutuelles proposent ce type de garantie. Soyez très vigilant sur les termes du contrat d’assurance ou d’assistance et repérez les « exclusions » qui pourraient s’y glisser, par exemple certaines dépenses liées aux maladies chroniques. Long séjour à l’étranger Vous partez à l’étranger pour une durée de plus de trois mois, pour y travailler, étudier, chercher un emploi, vivre votre retraite… Les différentes modalités de remboursement sont très variées, notamment en fonction du pays concerné. Tant que vous restez au sein de l’Union européenne, la CEAM vous garantit la prise en charge de vos soins médicaux, aux mêmes conditions que pour un court séjour. En dehors de l’UE, vous n’avez en général plus droit aux prestations françaises, car la couverture par l’assurance maladie obligatoire est conditionnée au travail ou à la résidence en France. Mais les règles particulières sont nombreuses : selon les prestations, la durée, les statuts (salarié du privé, fonctionnaire détaché, travailleur indépendant…). Pensez à bien informer de votre départ les organismes gestionnaires de votre assurance maladie et de votre complémentaire santé, ainsi que vos caisses de retraite et de retraite complémentaire. Catherine Chausseray Encadré Pour en savoir plus • Assurance maladie : Ameli.fr. • Régime social des indépendants : Rsi.fr. • Mutualité sociale agricole : Msa.fr. • Droits et démarches : Service-Public.fr. • Ministère des Affaires étrangères : Diplomatie.gouv.fr. • Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale : Cleiss.fr. Mai 2015 – N° 552 – 6 SYSTÈME DE SOINS Calibrage Texte principal : 4 047 signes Encadré 1 : 540 signes Encadré 2 : 465 signes Solidaire et responsable, votre contrat santé Le contrat responsable englobe tous les acteurs : l’assuré n’est plus un simple « consommateur de soins », les mutuelles respectent les plafonds de prise en charge et les professionnels de santé sont encouragés à modérer leurs tarifs. 2 visuels : 02_ContratSolidaire Responsable Il est âgé d’à peine 11 ans et il est déjà responsable : c’est votre contrat santé. Le contrat « solidaire et responsable », né en août 2004 avec la loi relative à l’Assurance maladie, a pour ambition de limiter le déficit de la Sécurité sociale. Comment ? En incitant les patients à suivre un parcours de soins coordonnés *, autrement dit à choisir un médecin traitant et à passer par son cabinet avant toute consultation d’un spécialiste, sous « peine » de ne pas être totalement remboursé. L’assuré est ainsi responsabilisé en même temps que son contrat. Quant aux complémentaires santé qui jouent le jeu, elles gagnent un avantage fiscal, ces contrats étant taxés par le gouvernement à 7 % au lieu de 14. Et le bilan est positif, puisque 94 % des contrats, individuels comme collectifs, sont solidaires et responsables en 2011, selon les chiffres de Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM), et 85 % des Français respectent le parcours de soins. Spirale inflationniste de l’optique Le gouvernement enclenche la vitesse supérieure en 2012 au congrès de la Mutualité, où le président de la République annonce que ces contrats devront respecter des planchers de prise en charge. Il faudra attendre le 1 er avril 2015 pour que la mesure soit effective. C’est du côté de l’optique que les nouvelles modalités de remboursement bousculent le plus le système. Pour le ministère de la Santé, l’objectif est de « casser une spirale inflationniste, certains distributeurs (opticiens, NDLR) calant leurs prix sur la couverture des frais par les complémentaires ». En clair, les complémentaires santé ne rembourseront plus les lunettes dont le prix dépasse les maxima de prise en charge : entre 50 et 470 euros pour des verres simples et entre 100 et 850 euros pour des verres complexes, monture comprise dans les deux cas. Des prises en charge timides L’adhérent, lui, est gagnant du côté de l’hospitalisation, avec la prise en charge intégrale, sans limitation de durée ni de niveau de garantie, du forfait hospitalier, ce qui n’était pas le cas auparavant. Celui-ci est de Mai 2015 – N° 552 – 7 18 euros par jour pour une hospitalisation supérieure à vingt-quatre heures et couvre les frais d’hôtellerie et de restauration. Pour les soins de ville, pas de grand chamboulement : le ticket modérateur (ce qui reste à la charge de l’assuré après l’intervention de la Sécurité sociale) est certes pris en charge, mais il ne concerne toujours pas les médicaments remboursés à 15 ou 30 %, l’homéopathie, les soins non reconnus par l’Assurance maladie, comme l’acupuncture ou l’ostéopathie, ou encore les cures thermales. Et dans la logique de la « responsabilité », l’assuré doit participer à ses frais de santé. Restent ainsi à charge : • 1 euro de participation forfaitaire sur les actes, les consultations, les examens radiologiques et biologiques ; • 0,50 euro de franchise médicale par boîte de médicament ou par acte paramédical ; • 2 euros par transport sanitaire hors urgence. Des dépassements d’honoraires modérés Le contrat responsable vise aussi les professionnels de santé, et plus précisément les médecins qui pratiquent des dépassements d’honoraires, « invités » à s’aligner sur le contrat d’accès aux soins (CAS). Celui-ci impose aux signataires de ne pas pratiquer de dépassements pour les bénéficiaires de l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS) et de les limiter pour les autres assurés. Mais dans les faits, les médecins sont libres de fixer leurs honoraires « avec tact et mesure ». C’est donc – toujours – à l’assuré d’être vigilant, en comparant les tarifs et les devis des professionnels de santé. Vanessa Pageot-Françoise * Le parcours de soins coordonnés ne concerne pas les mineurs ni les consultations en gynécologie, en ophtalmologie, en neurologie et en psychiatrie. Encadré 1 Un contrat collectif forcément responsable Les contrats collectifs responsables et solidaires sont assortis d’exonérations sociales et de déductions fiscales des cotisations tant pour la part « employeur » que pour la part « salarié ». Au 1er janvier 2016, la plupart des salariés du privé auront une mutuelle collective obligatoire. Tous les contrats santé d’entreprise seront responsables et solidaires, sauf ceux qui sont soumis à une convention collective nationale, pour lesquels une renégociation des accords de branche est nécessaire. Encadré 2 La Mutualité française reste vigilante Si la Mutualité française salue « la volonté des pouvoirs publics de freiner la hausse des tarifs en optique et des dépassements d’honoraires », elle estime que les plafonds sont trop élevés. Pour réduire le reste à charge des patients, elle souhaite aujourd’hui aller plus loin, en développant notamment les réseaux de soins en optique et en dentaire et en rénovant le système conventionnel avec les professionnels de santé. Mai 2015 – N° 552 – 8 SYSTÈME DE SOINS (brèves) Calibrage : 928 signes 031_CMUC CMUC : 5,2 millions de bénéficiaires Selon le dernier rapport d’activité du fonds CMU, publié le 6 mai, le nombre de bénéficiaires de la couverture maladie universelle complémentaire (CMUC) est estimé à 5,2 millions de personnes tous régimes confondus (soit une progression de 6,5 % sur l’année), dont près de 4,7 millions pour le régime général. Des bénéficiaires qui, d’ici à cet été, devront, selon Le Parisien, se soumettre à la vérification de leurs ressources et des mouvements présents sur leurs comptes bancaires par la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Chaque année, 10 % des assurés seront ainsi contrôlés. Jusque-là, ils ne pouvaient l’être que par le Trésor public, les douanes, Tracfin, les caisses de retraite et la Caisse d’allocations familiales (CAF). La décision a été prise par Nicolas Revel, directeur de la Cnam, après le constat d’anomalies sur les comptes d’un millier de bénéficiaires contrôlés à titre expérimental. 032_Femmes 3Generations Calibrage : 1 133 signes 033_Depistage Prenatal Calibrage : 1 001 signes Santé : les femmes moins bien loties que les hommes Selon une étude menée par Carenity.com, le premier réseau social de patients en ligne, les femmes sont moins bien loties que les hommes en matière de santé. Parmi les inégalités dénoncées : une exposition plus importante aux maladies. Elles déclarent en moyenne plus de pathologies chroniques que les hommes, soit 39 % contre 35 % pour ces derniers en 2009 selon l’Insee. D’après le Baromètre santé 2010, elles sont en outre deux fois plus sujettes à la dépression. Et ce n’est pas tout. Accouchements, ménopause, règles, cancer du sang, contraception, IVG… : « Une femme subit trois fois plus d’interventions et de bouleversements physiques qu’un homme au cours de sa vie », indique l’étude. Autre élément souligné : le fait que les médicaments soient plus adaptés au métabolisme masculin, tout simplement parce que les essais cliniques sont en grande majorité réalisés sur des hommes. Carenity.com explique aussi que les coûts médicaux, qui sont les mêmes pour les deux sexes, sont plus défavorables aux femmes, puisque leur salaire est en moyenne 20 % inférieur à celui des hommes. Dépistage prénatal et néonatal : la France en retard Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l’Institut de veille sanitaire (INVS) a récemment déploré le fait que les dépistages prénatals obligatoires ou vivement recommandés sont loin d’être systématiquement pratiqués par les professionnels de santé. Ils permettent pourtant de détecter certaines maladies infectieuses qui peuvent être transmises Mai 2015 – N° 552 – 9 de la mère à l’enfant, comme la toxoplasmose, le VIH, l’hépatite B et la syphilis. Cette absence de dépistage est plus fréquente lorsque les futures mères sont suivies par un professionnel de santé autre qu’une sage-femme et lorsque le nombre de visites prénatales est faible. Le BEH rappelle en outre qu’en France, en ce qui concerne le dépistage néonatal, seules cinq maladies sont prises en compte (la phénylcétonurie, l’hypothyroïdie congénitale, la drépanocytose, l’hyperplasie congénitale des surrénales et la mucoviscidose), alors que la plupart des autres pays en dépistent vingt-neuf. Calibrage : 1 165 signes 034_Depassements Honoraires 035_Pressing Dépassements d’honoraires : le montant total continue d’augmenter Alors que le gouvernement et l’Assurance maladie semblent satisfaits de la mise en place du contrat d’accès aux soins (CAS) et que le taux moyen de dépassement d’honoraires a diminué d’un point l’an passé (54,1 % du tarif de base de la Sécurité sociale), l’Observatoire citoyen du reste à charge rappelle que le montant total de ces dépassements continue d’augmenter. Celui-ci atteindrait en effet 2,8 milliards d’euros en deux ans, soit une progression de 6,6 %. Selon l’observatoire, les médecins de secteur 2 qui ont appliqué des dépassements d’honoraires en 2012 (41,1 %) sont plus nombreux en 2014 (43 %). De plus, le CAS aurait généré des « effets d’aubaine » pour certains signataires de secteur 1, notamment ceux qui disposent du titre d’assistant d’hôpitaux ou d’ancien chef de clinique : ils sont désormais autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires, alors qu’ils appliquaient jusque-là les tarifs de l’Assurance maladie. « De nombreux radiologues et anesthésistes ont ainsi pu augmenter leurs honoraires, déjà élevés, grâce au contrat d’accès aux soins », indique l’observatoire. Calibrage : 902 signes Pressings : attention à la qualité de l’air des logements voisins Le ministère de l’Ecologie vient de lancer une campagne de mesure de la qualité de l’air dans les logements situés à proximité des pressings. L’objectif sera d’évaluer précisément les concentrations en perchloréthylène, ce solvant cancérigène appelé à disparaître progressivement des commerces de nettoyage à sec installés près des immeubles d’habitation ou des centres commerciaux d’ici à 2022, mais encore utilisé par près de la moitié de ces établissements. Les riverains devraient très bientôt recevoir des plaquettes d’information leur indiquant la marche à suivre pour bénéficier de ces diagnostics gratuits. Si les mesures révèlent la présence de perchloréthylène dans les logements contrôlés, le préfet pourra contraindre l’exploitant du pressing à respecter les valeurs guides préconisées par le Haut Conseil à la santé publique. Delphine Delarue Mai 2015 – N° 552 – 10 MÉDECINE Calibrage Texte principal : 6 005 signes Encadré : 535 signes L’incontinence par urgenturie : ça se soigne L’urgenturie, anciennement appelée impériosité urinaire, se définit par un besoin urgent et irrépressible d’uriner. Deux à trois millions de personnes sont concernées en France. Lorsque les fuites sont inévitables, on parle d’incontinence par urgenturie. Un trouble pour le moins handicapant, mais qui peut être traité avec efficacité. 2 visuels : 04_Incontinence Urgenturie L’incontinence par urgenturie, caractérisée par une exacerbation de la sensibilité de la vessie, est le plus souvent associée à une pollakiurie, c’est-à-dire une augmentation de la fréquence mictionnelle. Normalement, on compte six ou sept mictions par vingt-quatre heures, nuit incluse. Une personne souffrant d’urgenturie peut uriner jusqu’à 25 ou 30 fois et être contrainte de porter des protections. « L’incontinence par urgenturie est certainement la forme la plus handicapante, affirme Emmanuel Chartier-Kastler, professeur d’urologie à l’hôpital universitaire de la Pitié-Salpêtrière (Paris), chargé du programme d’urologie fonctionnnelle. Elle peut entraîner une désocialisation de la personne qui en est atteinte et qui, par peur de ne pas trouver de toilettes à proximité, préfère rester chez elle. » « On a peu de statistiques, mais on peut considérer que 15 à 20 % de la population est concernée par l’urgenturie, et les deux tiers sont des femmes, indique le docteur Adrien Vidart, urologue à l’hôpital Foch (Hautsde-Seine) et membre du comité d’urologie de la femme de l’Association française d’urologie (AFU). Tous les âges sont touchés, mais les femmes en période post-ménopausique le sont plus particulièrement. » Ce que confirme le professeur Chartier-Kastler : « C’est un symptôme normal du vieillissement de la vessie. Pour des raisons physiologiques, l’homme résiste en général mieux aux besoins pressants. Mais je vous laisse imaginer les difficultés rencontrées par les personnes qui souffrent d’une autre maladie pouvant gêner la marche, comme parkinson, et qui n’ont pas la vélocité nécessaire pour atteindre les toilettes à temps. Ceux-là sont doublement handicapés. » Le « syndrome du paillasson » ou « de la clé dans la serrure » On contrôle pendant un certain temps son besoin d’uriner, et il suffit que l’on arrive devant sa porte pour que cette envie s’exacerbe encore. A peine la clé introduite dans la serrure, voilà que les sphincters demandent à lâcher… Ces exemples illustrent le rôle du facteur psychogène dans Mai 2015 – N° 552 – 11 l’incontinence par urgenturie. « Il faut apprendre à différer le besoin », recommande le professeur Chartier-Kastler. Et le docteur Vidart d’ajouter : « La peur de la fuite pousse certaines femmes à uriner très fréquemment, un mécanisme psychologique s’installe, c’est un cercle vicieux. » Cette forme d’incontinence urinaire peut être permanente ou intermittente. Très fréquemment, elle va de pair avec une incontinence d’effort, provoquée, comme son nom l’indique, par un effort (toux, activité physique…). On parle alors d’incontinence mixte. Le généraliste ou le gynécologue, en première ligne dans le dépistage, adresseront le patient à l’urologue, spécialiste de l’appareil urinaire, qui établira un diagnostic précis et prescrira le traitement le mieux adapté. Identifier la cause L’urgenturie peut survenir pour différentes raisons. « Le plus souvent, c’est un symptôme d’infection urinaire, explique le professeur Chartier-Kastler. Cela peut aussi révéler la présence d’un calcul ou d’un polype de la vessie. Un examen d’urine et une échographie permettront d’éliminer les causes bénignes. Plus rare : une apparition progressive et installée de l’urgenturie peut signaler une anomalie neurologique, par exemple parkinson chez les 70-75 ans, sclérose en plaques… Parfois, elle est consécutive à une opération chirurgicale ; dans ce cas, elle est temporaire. » Si aucune cause n’est trouvée, on parle d’incontinence urinaire par urgenturie idiopathique. Le diagnostic s’établit grâce un interrogatoire, à des examens simples et à un catalogue mictionnel (lire l’encadré). Chez l’homme, l’hyperplasie bénigne de la prostate est un déclencheur fréquent d’incontinence urinaire par urgenturie. Des traitements variés « Traiter le plus tôt possible est très important, insiste le professeur Chartier-Kastler. On obtient une bien meilleure réponse de l’organisme. Si l’on traîne, des anomalies peuvent s’installer dans le muscle de la vessie, de manière irréversible. » La rééducation du périnée par un kinésithérapeute spécialisé, en complément de la prise d’anticholinergiques par voie orale, est préconisée chez les femmes. Ces médicaments, également efficaces pour soigner l’hyperactivité vésicale chez les hommes, sont pourtant abandonnés à moyen terme par la moitié des patients en raison d’effets secondaires. « Ils sont cause de sécheresses oculaire et buccale, de constipation », observe le docteur Adrien Vidart. Les spécialistes tablent sur l’arrivée d’un nouveau traitement, déjà prescrit avec succès ailleurs en Europe, mais qui attend une autorisation de la Haute Autorité de santé (HAS) pour être utilisé en France. Autre méthode qui a fait ses preuves : la neurostimulation du nerf tibial postérieur, qui consiste à poser une électrode sur la cheville pour envoyer des messages en direction du cortex cérébral et rééquilibrer ainsi le réflexe neurologique vésical. Eprouvée depuis plus de vingt ans Mai 2015 – N° 552 – 12 par les urologues, la neuromodulation sacrée, appelée « pacemaker de la vessie », est également une solution efficace. Ce traitement présente l’avantage d’être réversible et adaptable. Les injections de toxine botulique, à renouveler tous les six à neuf mois, donnent elles aussi de bons résultats. En dernier recours, mais rarement et seulement chez des patients qui n’ont pas de maladie neurologique avérée, l’agrandissement chirurgical de la vessie peut être envisagé. Isabelle Coston Source : « Urgences urinaires : ne courez plus, des solutions existent », 7-12 avril 2014, semaine nationale de la continence, dossier de presse de l’Association française d’urologie. Encadré Le calendrier mictionnel Pour affiner son diagnostic, l’urologue demande au patient de tenir un calendrier mictionnel sur lequel il notera les horaires des mictions, leur volume, si elles sont spontanées ou dues à un effort, les fuites urinaires, etc. Il l’interroge également sur la quantité et le type des boissons absorbées. Les échelles de valeurs sont très différentes selon les personnes. Ce calendrier permet de vérifier qu’il n’y a pas de troubles du comportement, de dresser un bilan et de donner des conseils d’hygiène de vie. Mai 2015 – N° 552 – 13 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 553 signes Encadré 1 : 821 signes Encadré 2 : 858 signes Bronzage artificiel : halte à l’intox ! 2 visuels : 05_Bronzage Artificiel Les messages contradictoires en matière de cabines UV persistent malgré les mises en garde des autorités sanitaires. D’après certains professionnels du bronzage artificiel, ces appareils permettraient de préparer la peau au soleil, de lutter contre l’ostéoporose ou encore de prévenir la dépression saisonnière… Petite mise au point pour démêler le vrai du faux et préserver sa peau. Les UV artificiels sont cancérigènes. Vrai. Les ultraviolets (UV) diffusés dans les cabines de bronzage ont été classés comme cancérigènes avérés pour l’homme (au même titre que le tabac) en 2009 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), l’agence spécialisée sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Si l’on respecte les consignes de sécurité et les temps d’exposition recommandés dans les centres de bronzage, c’est sans danger pour la peau. Faux. Les appareils de bronzage artificiel produisent des UVA à haute dose qui pénètrent profondément dans le derme et l’épiderme et peuvent ainsi provoquer des cancers de la peau. « Les dispositions réglementaires visent à limiter l’exposition et les risques d’accident sans pour autant éliminer le risque de cancer induit par cette pratique », précise la Direction générale de la santé (DGS). L’Institut national de veille sanitaire (INVS) estime que 350 cas de mélanome et 76 décès pourraient être attribués chaque année en France aux UV artificiels. D’ici trente ans, si les pratiques ne changent pas, 500 à 2 000 personnes pourraient décéder suite à l’usage des cabines de bronzage. Leur utilisation régulière provoque en outre une accélération du vieillissement de la peau et accroît les risques d’érythème, d’inflammation de la cornée, voire de lésions cutanées et oculaires en cas de prise de médicaments photosensibilisants, comme les antidépresseurs ou les somnifères. Le bronzage en cabine prépare la peau au soleil. Vrai et faux. Le rayonnement UV des cabines limite théoriquement les risques de coups de soleil. Les ultraviolets diffusés par ces appareils sont essentiellement des UVA et c’est surtout ce type d’UV qui va stimuler Mai 2015 – N° 552 – 14 la fabrication de mélanine et donner le hâle protecteur, autrement dit le bronzage. « Le problème, c’est que ces personnes déjà hâlées vont se sentir totalement protégées, souligne le professeur Jean-Luc Schmutz, chef du département de dermatologie aux hôpitaux de Brabois à Vandœuvre-lès-Nancy. En vacances, elles auront tendance à s’exposer beaucoup trop longtemps sans protection adéquate dès le premier jour et risqueront ainsi, finalement, de véritables brûlures. » Des brûlures qui pourront être à l’origine d’un mélanome, vingt ans plus tard. Mais c’est aussi l’accumulation des ultraviolets qui pose souci, les UV reçus en cabine s’additionnant à ceux reçus du soleil. « Nous avons tous un capital solaire en fonction de notre type de peau, explique le professeur Schmutz. Plus vous accumulez du rayonnement UV au cours de votre vie, plus vous grignotez ce capital et plus vous risquez de développer un carcinome autour de 50 ans. » C’est d’autant plus vrai si vous avez la peau claire et si vous avez commencé à vous exposer jeune sans être protégé. Bronzer en institut est moins dangereux que bronzer à la mer ou à la montagne. Faux. L’intensité de l’exposition au rayonnement solaire dépend de la localisation géographique, de la latitude, de la période de l’année, de l’heure de la journée et de la couverture nuageuse. Il y a donc plusieurs paramètres à prendre en compte. « A titre de comparaison, l’intensité du rayonnement émis par les cabines correspond à un soleil subtropical au zénith sans utilisation de filtre UV de type crème solaire », indique le ministère de la Santé sur son site Internet. En partant du principe que, d’une manière générale, on utilise la protection adéquate lorsque l’on se trouve à la mer ou à la montagne, le rayonnement en cabine est donc plus agressif. Le bronzage artificiel aide à prévenir l’ostéoporose et la dépression saisonnière. Faux. Les cabines de bronzage émettent surtout des UVA, or ce sont les UVB qui permettent la synthèse de la vitamine D par l’organisme, puis la bonne absorption du calcium par les os. « Les cabines UV sont même plutôt nocives en ce qui concerne l’ostéoporose, ajoute le professeur Schmutz. Avec les UVA, vous allez fabriquer du bronzage, et celui-ci limitera l’action des UVB. » De même, le bronzage artificiel n’a aucun effet sur la dépression saisonnière : seule la luminothérapie peut donner des résultats. Aliisa Waltari Encadré 1 Le « tanning » : une alternative au bronzage artificiel Bronzer sans UV et sans danger, c’est désormais possible grâce au tanning. Cette douche autobronzante venue des Etats-Unis, qui se pratique en institut, consiste à pulvériser des produits autobronzants sur tout le corps afin d’obtenir un hâle homogène. Le principe actif utilisé, Mai 2015 – N° 552 – 15 la dihydroxyacétone (DHA), permet à la kératine de la peau de se colorer et ne représente pas de danger pour la santé. La séance en cabine automatisée ou effectuée par l’esthéticienne grâce à un aérographe utilisé coûte environ 10 euros pour le visage et une trentaine d’euros pour le corps. Mais attention, la teinte s’estompe rapidement (en cinq à sept jours) et, surtout, elle ne protège pas du soleil. L’application d’une crème solaire avant toute exposition demeure donc indispensable. Encadré 2 Centres de bronzage : la réglementation se durcit Dans le cadre de l’examen du projet de santé, les députés ont confirmé, le 3 avril dernier, l’interdiction des cabines UV aux mineurs. La publicité des appareils de bronzage sera également proscrite, tout comme leur vente ou leur cession, même gratuite, pour un usage personnel. Enfin, les professionnels des centres de bronzage devront obligatoirement être formés aux risques de l’exposition aux UV sur la santé. Les députés ont aussi prévu la possibilité de soumettre ces établissements à un régime d’autorisation préalable, alors que, aujourd’hui, une simple déclaration suffit. En février dernier, l’Académie de médecine s’était une nouvelle fois prononcée pour l’interdiction pure et simple des salons de bronzage, comme c’est déjà le cas au Brésil depuis 2009 et en Australie depuis le 1 er janvier 2015. Mai 2015 – N° 552 – 16 PRÉVENTION Calibrage Texte principal : 4 292 signes Encadré : 748 signes Eviter les petits maux en avion Estomac retourné par les turbulences, bourdonnements d’oreille, jambes lourdes : l’avion réserve son lot de petits maux dont on peut, pourtant, se préserver. 3 visuels : 06_MauxAvion Comme les roulis du bateau, les turbulences aériennes ravivent le mal des transports, aussi appelé cinétose. Trois millions de Français en souffrent. Les premiers symptômes du mal de l’air sont les maux de tête, les nausées, les sueurs et les vertiges. Si vous y êtes sujet, demandez, à la réservation, une place au centre de l’avion, plus stable. Evitez de prendre un repas trop copieux et limitez votre consommation d’alcool et de boissons gazeuses, qui favorisent les ballonnements intestinaux, amplifiés par le changement de pression dans la cabine. Gardez la tête droite Pour chasser les nausées, il y a deux écoles : fermer les yeux et se concentrer sur sa respiration profonde et lente, ou s’occuper l’esprit en regardant un film ou en écoutant de la musique. Quoi qu’il en soit, il faut garder la tête le plus immobile possible et éviter la lecture et l’écriture (comme en voiture). A savoir : les personnes anxieuses et souffrant de mal de l’air peuvent être nauséeuses avant même que l’avion n’ait décollé. Si tel est votre cas, parlez-en à votre médecin, qui pourra éventuellement vous prescrire un traitement préventif (anti-histaminique), à prendre une heure avant le décollage. Echappez à l’ankylose Mal de dos, cervicales tendues, jambes lourdes… : la pressurisation de la cabine, cumulée à la position assise plusieurs heures de suite, favorise les tensions et l’engourdissement. Le voyage est de longue durée ? Apportez un appui-tête pour vos cervicales. Si vous voulez soulager vos lombaires, vous pouvez aussi intercaler une écharpe ou un petit coussin entre le dossier et le bas du dos. Le meilleur remède reste encore de bouger, de s’étirer et de se dégourdir les jambes. La classe économique n’étant pas conçue comme un espace de gym, il s’agit surtout de marcher dans l’allée centrale et de faire des petits mouvements de chevilles en flexion-extension, une quinzaine toutes les deux heures. Vous réactivez ainsi la « pompe musculaire » de vos jambes et favorisez le retour veineux. Mai 2015 – N° 552 – 17 Prévenez la thrombose veineuse Casser l’immobilité du voyage est tout aussi important pour prévenir la thrombose veineuse – la formation d’un caillot dans les veines. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le risque est multiplié par deux après quatre heures de voyage. Un voyageur sur 6 000 en souffre, les facteurs aggravants étant l’obésité, les troubles sanguins héréditaires, les contraceptifs oraux et la taille (plus de 1,90 mètre ou moins de 1,60 mètre). Soyez prévoyant en portant des vêtements amples, décroisez les jambes, retirez vos chaussures et, si vous faites partie des personnes à risque, portez des bas de contention. Il faut bien penser à s’hydrater, toutes les heures environ, l’air de la cabine étant généralement très sec. Pour cette raison, mieux vaut ne pas porter des lentilles oculaires ; emportez un collyre ou des « larmes artificielles ». Préservez vos oreilles Le voyage tire à sa fin, les aérodromophobes (phobiques de l’avion) sont rassurés. Pourtant, l’atterrissage n’est pas anodin, car, en descente, la pression de l’air dans l’oreille devient inférieure à la pression extérieure. Cette différence de pression crée un vide, repoussant le tympan vers l’intérieur, d’où la sensation d’oreilles bouchées. Les plus petits, qui ne savent pas encore déglutir « sur commande », sont les plus gênés. L’allaitement, le biberon ou un simple verre d’eau les aide. Pour les plus grands, bâiller, avaler sa salive ou mâcher un chewing-gum suffit. Si la gêne ne passe pas et s’amplifie avec des douleurs dans les sinus puis dans les oreilles, c’est le signe d’une sinusite ou d’une otite : consultez un médecin dès votre arrivée. Les porteurs de prothèses auditives, quant à eux, doivent être vigilants et penser à les débrancher au décollage comme à l’atterrissage pour ces mêmes questions de variations de pression. Et si vous êtes enrhumé à la sortie de l’avion alors que vous n’aviez aucun symptôme à l’embarquement, c’est peut-être un « cadeau » de votre voisin qui n’a pas cessé d’éternuer, la promiscuité de l’avion et le système de ventilation aidant… Michel Coladon Encadré L’avion n’est pas pour eux Vous aurez peu de chance de croiser, dans la cabine de l’avion, une femme enceinte de plus de huit mois – le voyage ne lui est pas strictement interdit, mais (fortement) déconseillé. Les nourrissons de moins de 7 jours, trop fragiles, doivent eux aussi patienter. Quant aux amateurs de plongée, il est important qu’ils respectent un délai entre la fin de la dernière plongée et le retour en avion : douze heures pour une plongée de moins de deux heures, vingt-quatre heures au-delà. Enfin, les personnes récemment opérées doivent être prudentes et attendre plusieurs jours avant de prendre l’avion, notamment en cas de chirurgie gastro-intestinale ou oculaire, d’intervention neurochirurgicale ou de traumatisme abdominal. Mai 2015 – N° 552 – 18 SANTÉ (brèves) Calibrage : 804 signes 071_Vitaros Une crème contre les troubles de l’érection Seulement quinze minutes après son application, l’homme retrouve toute sa vigueur : depuis le 1er juin, la crème Vitaros est disponible dans les pharmacies, sur ordonnance. Appliquée sur la muqueuse de l’extrémité du pénis, elle dilate les vaisseaux sanguins grâce à ses principes actifs, ce qui déclenche l’érection. Contrairement à certains traitements déjà connus, elle n’a pas d’effets indésirables (ni crampes, ni maux de tête, ni problèmes de vision) et n’est pas incompatible avec la nourriture, l’alcool ou d’autres médicaments. La boîte contient quatre doses. Facturée 10 euros, elle est remboursée à 15 % par l’Assurance maladie et à 100 % pour les personnes opérées d’un cancer de la prostate, paraplégiques ou souffrant d’un certain type de diabète. Calibrage : 964 signes 072_Metier Sedentaire 073_Pilule Votre métier vous rend-il sédentaire ? Qui, du juriste ou du journaliste, est le plus « vissé » à son siège ? Le juriste, répond l’Institut de santé connectée Withings, à partir de données collectées auprès de 3 500 personnes, toutes professions confondues et dans toute la France. Parmi les juristes, 28 % sont ainsi sédentaires, autant que les chauffeurs de taxi ou de camion, alors que, chez les journalistes, ils ne sont que 9 %. Les chargés de clientèle (26 %), les employés de bureau et les assistants (25 %) sont aussi les professions considérées comme les plus « fixes ». A l’opposé, les métiers les plus actifs sont les cuisiniers (6 %) et les ouvriers du bâtiment (8 %). Ces conclusions se fondent sur le nombre de pas comptabilisés chaque jour. Sont considérées comme sédentaires les personnes qui effectuent moins de 4 000 pas quotidiens, la moyenne française se situant à 7 000, alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en recommande 10 000. Calibrage : 1 183 signes Pilules de troisième et quatrième générations : des risques accrus de thrombose confirmés Les pilules contraceptives de troisième et quatrième générations, surveillées de près depuis 2012, avaient déjà créé la polémique. Leur rôle dans l’augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral (AVC), d’embolie pulmonaire et de thrombose vient malheureusement d’être confirmé par une étude britannique, menée sur la base de plus de 10 000 cas de thromboembolie veineuse chez des femmes âgées de 15 à 49 ans et publiée dans la revue The BMJ Today. Le risque est quatre fois plus important pour les femmes prenant une pilule de troisième ou Mai 2015 – N° 552 – 19 quatrième génération par rapport à celles qui ne prennent pas de contraceptif. La formation de caillots sanguins dans les membres inférieurs peut entraîner une thrombose veineuse ou une phlébite, voire une embolie pulmonaire s’ils se logent dans les poumons. Les anciennes pilules ne multiplient ce risque que par deux et sont donc moins dangereuses. En 2013, l’Agence européenne du médicament (EMA), à la suite d’une réévaluation, avait indiqué que les bénéfices des pilules de troisième et quatrième générations restaient supérieurs aux risques. Calibrage : 849 signes 074_Cannabis 075_SEP La consommation de cannabis chez les jeunes est repartie à la hausse Plus d’un jeune sur deux aurait expérimenté le cannabis avant l’âge de 17 ans et plus d’un sur dix en consomme régulièrement, selon la dernière étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Cette pratique, qui augmente de façon inquiétante, touche tous les milieux. En plus des effets néfastes, déjà connus, sur le cerveau, l’usage du cannabis avant l’âge de la puberté aurait aussi un impact important sur la croissance des ados. C’est ce que révèle une étude de l’université de Rawalpindi (Pakistan), publiée par le quotidien britannique The Telegraph, menée auprès de 437 jeunes garçons fumeurs occasionnels ou réguliers de cannabis. Ces derniers montraient un retard de croissance (10 centimètres) et de poids (4,6 kilos) par rapport aux non-fumeurs. Calibrage : 487 signes Le chiffre Plus de 99 000 personnes en France sont atteintes d’une sclérose en plaques (SEP), et 4 000 à 6 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année, dont deux tiers chez les femmes. Les premiers symptômes de SEP apparaissent entre 25 et 35 ans. L’âge moyen lors du diagnostic est de 30 ans, mais la maladie peut également toucher les enfants, et même les nourrissons, ou au contraire se déclarer à un âge très avancé. Ni contagieuse ni mortelle, elle évolue vers un handicap croissant. Mai 2015 – N° 552 – 20 ENVIRONNEMENT Calibrage Texte principal : 4 166 signes Encadré 1 : 801 signes Encadré 2 : 1 026 signes Fruits et légumes : la chasse aux pesticides est ouverte 3 visuels : 08_Pesticides Comme vient de le rappeler Greenpeace dans une synthèse d’études scientifiques publiée récemment, les pesticides, particulièrement présents dans les fruits et les légumes, ont une influence sur la santé des êtres humains. Risques accrus de troubles de développement chez l’enfant, conséquences sur la fertilité masculine, cancers… : la liste est longue. Sachant que ces denrées sont indispensables à l’équilibre alimentaire, comment faire pour continuer à les consommer sans se mettre en danger ? « Personne n’échappe à l’exposition aux pesticides. » C’est la triste conclusion d’un rapport présenté en mai par Greenpeace. Dans ce document, l’ONG analyse les résultats de 160 études publiées entre 2007 et 2014 dans des revues scientifiques de référence et alerte une nouvelle fois sur les dangers de ces substances toxiques pour la santé humaine. Les produits phytosanitaires, en particulier les organophosphorés, seraient très présents dans les fruits et les légumes issus de l’agriculture conventionnelle. « De nombreuses études […] suggèrent que les légumes, notamment à feuilles vertes, et les fruits, tels que les pommes et les raisins, sont généralement les aliments qui contiennent les niveaux de résidus de pesticides les plus élevés », indiquent les auteurs du rapport. Bien que la plupart des Etats aient mis en place des limites maximales de résidus (LMR) pour chaque produit, « certaines preuves conséquentes indiquent que ces substances sont régulièrement présentes sous formes de mélanges de nombreux résidus, et, dans de nombreux cas, à des niveaux supérieurs aux LMR définies dans certains pays ». Effet cocktail Et quand bien même, lorsque les seuils tolérés ne sont pas dépassés, c’est plutôt l’accumulation de différents produits sur un même aliment qui pose problème. « Les effets toxiques de ces cocktails sont particulièrement mal compris, souligne Greenpeace, même s’il est reconnu que certaines substances peuvent agir en synergie et créer ensemble un effet plus important que celui de chaque composant pris individuellement. » Mai 2015 – N° 552 – 21 Consommer des fruits et des légumes issus de l’agriculture conventionnelle est donc loin d’être sans conséquences sur la santé, en particulier chez les jeunes enfants, très vulnérables aux effets des produits toxiques, et chez les femmes enceintes, certains pesticides étant connus pour passer la barrière du placenta. Concrètement, l’exposition induit des « risques accrus de troubles du développement et du comportement, de détérioration des fonctions neurologiques, de déficience immunitaire, voire de certains cancers », explique le rapport. Parmi les produits incriminés, on trouve notamment le chlorpyrifos ou le malathion, deux organophosphorés actuellement autorisés en Europe, mais interdits aux Etats-Unis pour les particuliers. Autre conséquence : la baisse de la fertilité masculine. Celle-ci a été constatée par l’Institut de veille sanitaire (INVS), à l’occasion d’une étude publiée en 2014, dans les régions viticoles où l’on utilise des produits phytosanitaires contenant des perturbateurs endocriniens. Seule solution : l’agriculture bio Sachant que les fruits et légumes sont indispensables à l’équilibre alimentaire, comment limiter ces risques ? Pour Greenpeace, les choses sont claires : « L’agriculture biologique est la seule solution moderne efficace pour l’agriculture de demain, car elle exclut l’utilisation de produits chimiques toxiques et garantit aux populations une alimentation saine et sûre. » La littérature nous montre en effet que l’urine des enfants nourris avec des aliments bio présente des niveaux de résidus de pesticides considérablement plus bas que celle des enfants consommateurs de produits conventionnels. Autre option : laver minutieusement les fruits et légumes à l’eau froide (ne pas les faire tremper) ou, encore mieux, les éplucher, puisque c’est dans la peau que se concentre l’essentiel des résidus. Malheureusement, c’est aussi là que l’on retrouve les antioxydants, les fibres et les vitamines qui font tout l’intérêt de ces aliments. Dans l’idéal, vous l’aurez compris, il vaut donc mieux manger bio, de saison et de proximité. Delphine Delarue Encadré 1 Quels sont les fruits et légumes les plus pollués ? Difficile de nos jours de trouver des fruits et légumes vierges de résidus de pesticides… à moins de les cultiver soi-même ou de se tourner vers les produits bio (et encore, la présence de traces – en très faible quantité – demeure possible). Selon une étude publiée en 2012 par l’association Pan Europe (Pesticide Action Network) et basée sur des données de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les fruits et légumes les plus contaminés sont aussi ceux que l’on consomme le plus : la laitue, les tomates, le concombre, les pommes, les poireaux, les épinards, les pêches, les fraises, les poires ou encore le raisin. A l’inverse, parmi les moins pollués, on trouve l’ananas, l’asperge, les aubergines, les champignons ou l’avocat. Mai 2015 – N° 552 – 22 Encadré 2 Cultiver son petit jardin potager bio « Faire un jardin potager, c’est très simple et ça permet d’avoir des produits de qualité, sains et bons pour la santé », explique François Letourneux, président de la Fête de la nature, dont l’édition 2015 vient tout juste d’avoir lieu. Que vous réalisiez votre potager en jardin partagé, privé ou sur votre balcon, pas besoin de connaissances particulières : du terreau, des graines, des plants, un peu de chance et le tour est joué ! Epinards, mâche, carottes, radis, herbes aromatiques (persil, ciboulette, basilic), tomates-cerises, cassis ou groseilles… : on peut faire pousser beaucoup de choses sur une petite surface. Et sans pesticides, évidemment. « Quand ils utilisent des produits chimiques, les jardiniers amateurs ont tendance à avoir la main lourde, précise François Letourneux. Or, il n’y a aucun intérêt à cultiver soi-même si c’est pour obtenir des légumes pollués ! Et puis, sans pesticides, on garde aussi une part de surprise et on peut vraiment observer la nature. » Mai 2015 – N° 552 – 23