Vie politique sous la V° République
D’avantage une Histoire des élections présidentielles sous la V°.
On a souvent dit à plusieurs reprises que l’élection présidentielle fonde la vie politique. On
doit relativiser ce propos avec l’importance des législatives en cas de cohabitation.
Il y a en réalité 8 élections présidentielles, si l’on compte la première élection du Général De
Gaulle en décembre 1958. La France a compté sept Présidents de la République : Charles De
Gaulle (1959-1969), Alain Poher (28 avril au 16 juin 1969 et 2 avril au 24 mai 1974),
Georges Pompidou (1969 2 avril 1974), Valery Giscard d’Estaing (1974 1981), François
Mitterrand (1981 1995), Jacques Chirac (1995 2007), Nicolas Sarkozy (2007 -)
La première fois qu’Alain Poher est Président de la République, il est perçu comme le
« meurtrier » de De Gaulle. Lors du premier Conseil des Ministres, il est insulté par Malraux,
Debré, etc. On oublie de lui donner le code nucléaire. Alain Poher est présenté lors de sa
première allocution comme « Président du Sénat, assurant provisoirement l’intérim de la
Présidence de la République ». Il réalise une très mauvaise campagne électorale.
La deuxième fois, il n’est pas candidat. Il ratifie la Convention Européenne des Droits de
l’Homme.
Chapitre 1 : l’élection présidentielle des 5 et 19 décembre 1965
Les médias jouent dès 1965 un rôle extrêmement important. Les deux chaînes de télévisions
en noir et blanc vont commencer à s’impliquer dans la campagne politique.
De plus, l’élection présidentielle a un aspect dramatique, voire théâtrale.
Le candidat élu demeure celui qui a fait la meilleure campagne : c’est sans doute la seule
élection politique la campagne électorale a un impact. Celui qui fait une mauvaise
campagne est battue.
Section 1 : le contexte politique
Paragraphe 1 : La fin du consensus de 1958
Le contexte est marqué par un phénomène : la fin du consensus politique issu
de la crise de 1958. Ce consensus s’était formé autour du Général de Gaulle
dans la peur ‘un coup d’Etat militaire avec l’idée sous-jacente que toutes les
recettes ayant échoué, il apparaît comme l’homme providentiel. Il apparaît en
effet comme un recours utile et comme un rempart contre le coup d’Etat.
Le consensus dure plus ou moins jusqu’en 1962. Sa fin s’explique par la fin de
la guerre d’Algérie. En mars 1962, les accords d’Evian sont signés et
aboutissent à l’indépendance de l’Algérie. Ainsi, le recours au Général a reposé
sur une méprise, beaucoup espérant une Algérie toujours française, bien que
l’autre partie l’appelant pour mettre fin à cette situation. (le 5 juin 1958, De
Gaulle déclame « vive l’Algérie Française ») Maintenant que la guerre
d’Algérie est finie, que De Gaulle « a fait le sale boulot », les partis politiques
souhaitent s’en débarrasser, le mettre à la retraite (« on a plus besoin de lui »).
L’événement déclencheur est la crise institutionnelle relative à l’instauration de
l’élection du Président de la République au suffrage universel. Se déroule une
bataille politico juridique sans précédent, puis parlementaire (la seule qui ait
aboutit depuis 1958) et se tiennent deux consultations (un referendum et des
élections législatives après dissolution).
Se constitue à ce moment-là le cartel des « non », conglomérat des partis
politiques qui s’opposent au projet de Général de Gaulle et au général lui-
même. C’est le premier ministre qui suggère au Président l’usage de l’article
11. Cet homme est Georges Pompidou. Le 5 octobre 1962, l’Assemblée
Nationale vote une motion de censure ; le premier ministre est démis de ses
fonctions. Le Président de la République prend acte de la démission du premier
ministre et prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale. Les élections
auront lieu en novembre, alors que le referendum est prévu pour le 28 octobre.
Le referendum est pour De Gaulle un moyen de ressourcer sa légitimité. Ainsi,
si le cartel des « non » voit une possibilité de destituer De Gaulle. Celui-ci
annonce qu’il lui faut une marge suffisante pour demeurer Président.
Le oui l’emporte par 62%, alors que tous les partis, à l’exception des gaullistes
et de certains indépendants en devenir, appellent à voter non. Les 18 et 25
novembre, le parti gaulliste est placé largement en tête, le président de la
République est conforté à son poste. L’UNR obtient 233 sièges sur 482, mais
35 députés de droite ralliés à VGE font l’appoint. Le parti gaulliste devient le
parti dominant français.
De Gaulle est le vainqueur absolu de ce combat de 1962. On estime à cause de
cela que la V° République ne commence que politiquement en 1962.
Paragraphe 2 : l’évolution des forces politiques
Le 7 décembre 1962, Pompidou est renommé Premier ministre. L’opposition a
tout perdu.
1. La majorité
La majorité est complètement nouvelle et inédite. Elle est composée des
gaullistes. En 1958, De Gaulle avait accepté la création d’un parti
gaulliste, l’UNR, ainsi que l’UDT, gaullistes de gauche, la plupart du
temps anciens résistants fidèles au général. A ce noyau s’agrège tout
d’abord un petit groupe : les républicains indépendants.
Le groupe des républicains indépendants est fondé en 1962 par Valéry
Giscard d’Estaing. Ce groupe est issu d’une scission du parti d’Antoine
Pinay, le CNIP (Centre National des Indépendants et Paysans). En
1962, ce groupe intègre le cartel des « non ». VGE va lui opter pour la
solution inverse et soutient Pompidou, appelant à voter oui au
referendum de 1962. 35 députés rejoignent ce groupe autour de VGE et
constitue avec les gaullistes la majorité parlementaire.
2. L’opposition
Le problème majeur de l’opposition parlementaire en 1962, c’est
qu’elle est plurielle. L’unité est artificielle, n’étant unifiée qu’autour du
non au referendum, s’unissant à ce moment-là contre De Gaulle.
Dans le schéma politique, il y a peu de possibilités pour s’unir. La
gauche est composée des communistes et des socialistes (SFIO). Le
PCF n’est par contre pas un parti de gouvernement.
Au centre se trouve le MRP (Mouvement des Républicains Populaires),
version française des démocrates chrétiens.
A l’extrême droite, on trouve une multitude de partis politiques, terreau
de l’OAS.
Ainsi, soit se dessine une coalition centre & gauche, soit toute la
gauche. Mais les socialistes sont violemment anticommunistes.
En 1963 débute une opération dite « Monsieur X », opération de
communication. L’Express, alors dirigé par JJSS et François Giroux,
publie une silhouette, celle de « Monsieur X ». L’opposition ne pourra
gagner en 1965 qu’à condition qu’elle s’unisse autour d’un candidat
crédible. Ce candidat, L’Express prétend en déterminer le portrait-
robot : jeune, avec une expérience ministérielle, maire d’une grande
ville, avoir l’habitude de gouverner avec les centristes. Derrière cette
image, on peut lire les traits de Gaston Deferre.
Toute la fin de l’année 1963 et le début de l’année 1964 va être la
recherche d’une coalition. Très rapidement, les choses prennent une
mauvaise tournure. On se bat sur un détail. Les socialistes veulent D et
S (démocratique et socialiste), les centristes D et S (démocratique et
social). On se bat aussi sur la laïcité : dans le programme électoral de
cette fédération, les socialistes veulent inscrire le respect de la laïcité.
En 1964, les négociations échouent ; Gaston Deferre annonce qu’il
renonce à se présenter.
Il faut donc se tourner vers l’autre coalition. Guy Mollet, secrétaire
général de la SFIO, ne peut pas négocier avec le PCF. Les socialistes
ont une solution : une petite fédération regroupant radicaux, socialistes
et clubs politiques (dont la convention des institutions républicaines
dirigée par François Mitterrand). Elle prend le nom de la
FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste) : elle se
donne comme patron François Mitterrand, qui n’est pas membre de la
SFIO. Il devient l’interlocuteur présentable aux communistes.
L’opposition est en pleine tourmente mais commence à s’organiser. Se
profile déjà un schéma politique : une gauche unie avec des
communistes, schéma qui se perpétuera jusqu’en 1984
Section 2 : les candidats
- Charles De Gaulle : héros militaire et stratégique des deux guerres, envoyé à Londres
par Paul Reynaud, il est là-bas quand Pétain prend la tête du gouvernement. Héros de
la Résistance, il revient à la Libération. Incapable de faire l’unanimité au sein des
partis, il quitte le gouvernement en janvier 1946. Il connaît la traversée du désert. En
1958, il fait l’unanimité. Premier Président de la République, il a surmonté la crise
de 1962. Il a alors une forte popularité à l’approche des élections, même si en 1963, sa
côte de popularité est extrêmement affectée par une longue et dure grève des mineurs.
Elle conduit le Président a signé un décret de réquisition. La France a un franc
nouveau, et connaît une croissance forte, à tel point que l’on a peur que tout aille trop
vite. De Gaulle joue une petite comédie : il ne dit pas tout de suite s’il est candidat ou
pas. Il faut attendre novembre pour que De Gaulle donne sa réponse. Enregistré à
l’Elysée, l’annonce de sa candidature doit restée secrète, et l’équipe de production est
donc enfermé au palais. De Gaulle fait campagne sur le thème de « moi ou le chaos ».
- François Mitterrand : en 1916, il fait des études de droit et de sciences politiques.
Avocat de formation, il va commencer sa vie publique en 1940… Il suit un parcours
un peu sinueux, qui part d’un camp de prisonnier pour aller à Vichy et terminer à Paris
dans la Résistance. A Vichy, il occupe le poste de commissaire aux prisonniers de
guerre. Il entre dans un service de presse où il signe quelques papiers douteux. Il finit à
Paris. Il tente de nouer un lien avec le général de Gaulle, qui le reçoit très mal à
Londres. De Gaulle refuse à tout moment de parler du passé vichyste de Mitterrand, de
peur que cela affaiblisse la fonction présidentielle si ce dernier était élu. Mitterrand
entre à l’UDSR à la libération. Ce parti est très divers. Petit, il sert de charnière, un
parti de coalition. François Mitterrand est 11 fois ministre en 12 ans. En 1965, il y a
comme une odeur de souffre autour de François Mitterrand. Il a été au centre de
nombreux scandales, dont le scandale des fuites : on l’accuse de laisser filer des
informations vers les combattants du Vietminh. D’autre part, il y a le scandale de
l’Observatoire. François Mitterrand se dit victime d’un attentat : il est dans sa voiture
près du jardin de l’Observatoire. Des individus lui tirent dessus, il saute la haie du
jardin et échappe à l’attentat. Mais ces individus, arrêtés par la suite, déclarent que
François Mitterrand leur a demandé de faire cet attentat.
Mais Mitterrand incarne surtout l’anti - De Gaulle : il n’a jamais soutenu le retour du
Général. Il combat la publique et déclare « cette constitution était mauvaise
avant moi, elle le redeviendra après moi ». Dans Le Coup d’Etat permanent, François
Mitterrand continue sa critique du régime. Mitterrand apparaît comme l’alternative
possible, l’alliance avec la gauche. Les communistes savent son profil
anticommuniste, mais remarquent l’absence d’hypocrisie caractéristique de la SFIO.
Les communistes ne sentent pas cette élection et préfère soutenir Mitterrand. C’est la
préfiguration de l’union de la gauche qui perpétue jusqu’en 1974 voire 1981.
- Jean Lecanuet : centriste de service, il est membre du MRP et vient d’être élu à la
tête du parti ; il a un certain pouvoir de séduction sur les femmes (« le Kennedy
français ») ; il incarne un centrisme moderne par opposition à De Gaulle ; il représente
une alternative aux électeurs de droite indécis : 15,6%,
- Jean-Louis Tixier-Vignancour (extrême droite, directeur de campagne : Jean-Marie
Lepen),
- Pierre Marcilhacy (« Marcildebout »),
- Marcel Barbu (le « brave couillon » surnommé ainsi par De Gaulle pleure lors de
son premier passage à la télévision)
Section 3 : la campagne et les résultats
La campagne de 1965 apporte un certain nombre de nouveautés : les médias prennent
un poids beaucoup plus important. La campagne se fait surtout à la télévision. Une
grande majorité de Français ont un poste de télévision. La campagne se fait autour du
principe d’égalité des candidats. C’est l’occasion pour les Français de découvrir qu’il y
a en France des opposants à De Gaulle. La télévision et la radio n’accordent quasiment
aucune place à l’opposition – c’est de bonne guerre, mais ce n’en est pas moins
antidémocratique. En 1965, il y a des opposants à De Gaulle, et même une opposition
crédible. Par ailleurs les sondages électoraux apparaissent en France, alors qu’ils
existent aux Etats-Unis depuis les années 40.
Paragraphe 1 : le premier tour
La campagne du premier tour est marquée par un événement inattendu : De
Gaulle renonce à son temps de parole. A partir du moment il ne parle pas,
les seules personnes que les Français vont entendre sont des opposants au
Général. C’est un désastre ! L’entourage de De Gaulle voit la côte électorale de
De Gaulle chuter, jusqu’au jour la barre des 50% est très proche. On supplie
De Gaulle d’intervenir. Celui-ci intervient une fois en fin de campagne.
Jean Lecanuet fait lui une très bonne campagne, en mettant en avant son image.
François Mitterrand fait une campagne moyenne : il prend le ton d’avocat
qu’est le sien. Il a néanmoins un discours politique très consistant, avec toute la
symbolique et l’héritage de la gauche.
De Gaulle est mis en ballotage :
- Barbu : 1,1% (280 000 voix sur 29 millions)
- Marcilhacy : 1,7%
- T-V : 5,2%
- Lecanuet : 15,6%
- Mitterrand : 31,7% (avec le PCF pour environ 10%)
- De Gaulle : 44,6%
Beaucoup d’électeurs de gauche votent pour De Gaulle, notamment étant
donnée sa position envers les Etats-Unis, perçue à tort comme un
rapprochement vers l’URSS. De plus, l’anticommunisme mitterrandien en
dégoute plus d’un. Lecanuet, de centre droit, permet de sanctionner De Gaulle,
sans pour autant aller jusqu’à voter Mitterrand. C’est Lecanuet qui met en
ballotage De Gaulle. Le score de De Gaulle est très bon, seul contre 5. Mais De
Gaulle annonce que, désavoué, il ne reviendra pas à Paris. Il semble qu’il
attende seulement un geste d’appel au secours. On dénonce l’image qu’il aurait
s’il se retirait.
Paragraphe 2 : le second tour
Les soutiens ralliés à Mitterrand sont « tous sauf De Gaulle ». Barbu cherche à
se rallier à De Gaulle en le rencontrant, mais ce dernier refus. Les autres se
rallient à Mitterrand, Lecanuet demandant simplement que l’on ne vote pas De
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