Vie politique sous la V° République

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Vie politique sous la V° République
D’avantage une Histoire des élections présidentielles sous la V°.
On a souvent dit à plusieurs reprises que l’élection présidentielle fonde la vie politique. On
doit relativiser ce propos avec l’importance des législatives en cas de cohabitation.
Il y a en réalité 8 élections présidentielles, si l’on compte la première élection du Général De
Gaulle en décembre 1958. La France a compté sept Présidents de la République : Charles De
Gaulle (1959-1969), Alain Poher (28 avril au 16 juin 1969 et 2 avril au 24 mai 1974),
Georges Pompidou (1969 – 2 avril 1974), Valery Giscard d’Estaing (1974 – 1981), François
Mitterrand (1981 – 1995), Jacques Chirac (1995 – 2007), Nicolas Sarkozy (2007 -)
La première fois qu’Alain Poher est Président de la République, il est perçu comme le
« meurtrier » de De Gaulle. Lors du premier Conseil des Ministres, il est insulté par Malraux,
Debré, etc. On oublie de lui donner le code nucléaire. Alain Poher est présenté lors de sa
première allocution comme « Président du Sénat, assurant provisoirement l’intérim de la
Présidence de la République ». Il réalise une très mauvaise campagne électorale.
La deuxième fois, il n’est pas candidat. Il ratifie la Convention Européenne des Droits de
l’Homme.
Chapitre 1 : l’élection présidentielle des 5 et 19 décembre 1965
Les médias jouent dès 1965 un rôle extrêmement important. Les deux chaînes de télévisions
en noir et blanc vont commencer à s’impliquer dans la campagne politique.
De plus, l’élection présidentielle a un aspect dramatique, voire théâtrale.
Le candidat élu demeure celui qui a fait la meilleure campagne : c’est sans doute la seule
élection politique où la campagne électorale a un impact. Celui qui fait une mauvaise
campagne est battue.
Section 1 : le contexte politique
Paragraphe 1 : La fin du consensus de 1958
Le contexte est marqué par un phénomène : la fin du consensus politique issu
de la crise de 1958. Ce consensus s’était formé autour du Général de Gaulle
dans la peur ‘un coup d’Etat militaire avec l’idée sous-jacente que toutes les
recettes ayant échoué, il apparaît comme l’homme providentiel. Il apparaît en
effet comme un recours utile et comme un rempart contre le coup d’Etat.
Le consensus dure plus ou moins jusqu’en 1962. Sa fin s’explique par la fin de
la guerre d’Algérie. En mars 1962, les accords d’Evian sont signés et
aboutissent à l’indépendance de l’Algérie. Ainsi, le recours au Général a reposé
sur une méprise, beaucoup espérant une Algérie toujours française, bien que
l’autre partie l’appelant pour mettre fin à cette situation. (le 5 juin 1958, De
Gaulle déclame « vive l’Algérie Française ») Maintenant que la guerre
d’Algérie est finie, que De Gaulle « a fait le sale boulot », les partis politiques
souhaitent s’en débarrasser, le mettre à la retraite (« on a plus besoin de lui »).
L’événement déclencheur est la crise institutionnelle relative à l’instauration de
l’élection du Président de la République au suffrage universel. Se déroule une
bataille politico juridique sans précédent, puis parlementaire (la seule qui ait
aboutit depuis 1958) et se tiennent deux consultations (un referendum et des
élections législatives après dissolution).
Se constitue à ce moment-là le cartel des « non », conglomérat des partis
politiques qui s’opposent au projet de Général de Gaulle et au général luimême. C’est le premier ministre qui suggère au Président l’usage de l’article
11. Cet homme est Georges Pompidou. Le 5 octobre 1962, l’Assemblée
Nationale vote une motion de censure ; le premier ministre est démis de ses
fonctions. Le Président de la République prend acte de la démission du premier
ministre et prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale. Les élections
auront lieu en novembre, alors que le referendum est prévu pour le 28 octobre.
Le referendum est pour De Gaulle un moyen de ressourcer sa légitimité. Ainsi,
si le cartel des « non » voit là une possibilité de destituer De Gaulle. Celui-ci
annonce qu’il lui faut une marge suffisante pour demeurer Président.
Le oui l’emporte par 62%, alors que tous les partis, à l’exception des gaullistes
et de certains indépendants en devenir, appellent à voter non. Les 18 et 25
novembre, le parti gaulliste est placé largement en tête, le président de la
République est conforté à son poste. L’UNR obtient 233 sièges sur 482, mais
35 députés de droite ralliés à VGE font l’appoint. Le parti gaulliste devient le
parti dominant français.
De Gaulle est le vainqueur absolu de ce combat de 1962. On estime à cause de
cela que la V° République ne commence que politiquement en 1962.
Paragraphe 2 : l’évolution des forces politiques
Le 7 décembre 1962, Pompidou est renommé Premier ministre. L’opposition a
tout perdu.
1. La majorité
La majorité est complètement nouvelle et inédite. Elle est composée des
gaullistes. En 1958, De Gaulle avait accepté la création d’un parti
gaulliste, l’UNR, ainsi que l’UDT, gaullistes de gauche, la plupart du
temps anciens résistants fidèles au général. A ce noyau s’agrège tout
d’abord un petit groupe : les républicains indépendants.
Le groupe des républicains indépendants est fondé en 1962 par Valéry
Giscard d’Estaing. Ce groupe est issu d’une scission du parti d’Antoine
Pinay, le CNIP (Centre National des Indépendants et Paysans). En
1962, ce groupe intègre le cartel des « non ». VGE va lui opter pour la
solution inverse et soutient Pompidou, appelant à voter oui au
referendum de 1962. 35 députés rejoignent ce groupe autour de VGE et
constitue avec les gaullistes la majorité parlementaire.
2. L’opposition
Le problème majeur de l’opposition parlementaire en 1962, c’est
qu’elle est plurielle. L’unité est artificielle, n’étant unifiée qu’autour du
non au referendum, s’unissant à ce moment-là contre De Gaulle.
Dans le schéma politique, il y a là peu de possibilités pour s’unir. La
gauche est composée des communistes et des socialistes (SFIO). Le
PCF n’est par contre pas un parti de gouvernement.
Au centre se trouve le MRP (Mouvement des Républicains Populaires),
version française des démocrates chrétiens.
A l’extrême droite, on trouve une multitude de partis politiques, terreau
de l’OAS.
Ainsi, soit se dessine une coalition centre & gauche, soit toute la
gauche. Mais les socialistes sont violemment anticommunistes.
En 1963 débute une opération dite « Monsieur X », opération de
communication. L’Express, alors dirigé par JJSS et François Giroux,
publie une silhouette, celle de « Monsieur X ». L’opposition ne pourra
gagner en 1965 qu’à condition qu’elle s’unisse autour d’un candidat
crédible. Ce candidat, L’Express prétend en déterminer le portraitrobot : jeune, avec une expérience ministérielle, maire d’une grande
ville, avoir l’habitude de gouverner avec les centristes. Derrière cette
image, on peut lire les traits de Gaston Deferre.
Toute la fin de l’année 1963 et le début de l’année 1964 va être la
recherche d’une coalition. Très rapidement, les choses prennent une
mauvaise tournure. On se bat sur un détail. Les socialistes veulent D et
S (démocratique et socialiste), les centristes D et S (démocratique et
social). On se bat aussi sur la laïcité : dans le programme électoral de
cette fédération, les socialistes veulent inscrire le respect de la laïcité.
En 1964, les négociations échouent ; Gaston Deferre annonce qu’il
renonce à se présenter.
Il faut donc se tourner vers l’autre coalition. Guy Mollet, secrétaire
général de la SFIO, ne peut pas négocier avec le PCF. Les socialistes
ont une solution : une petite fédération regroupant radicaux, socialistes
et clubs politiques (dont la convention des institutions républicaines
dirigée par François Mitterrand). Elle prend le nom de la
FGDS (Fédération de la Gauche Démocrate et Socialiste) : elle se
donne comme patron François Mitterrand, qui n’est pas membre de la
SFIO. Il devient l’interlocuteur présentable aux communistes.
L’opposition est en pleine tourmente mais commence à s’organiser. Se
profile déjà un schéma politique : une gauche unie avec des
communistes, schéma qui se perpétuera jusqu’en 1984
Section 2 : les candidats
- Charles De Gaulle : héros militaire et stratégique des deux guerres, envoyé à Londres
par Paul Reynaud, il est là-bas quand Pétain prend la tête du gouvernement. Héros de
la Résistance, il revient à la Libération. Incapable de faire l’unanimité au sein des
partis, il quitte le gouvernement en janvier 1946. Il connaît la traversée du désert. En
1958, il fait l’unanimité. Premier Président de la V° République, il a surmonté la crise
de 1962. Il a alors une forte popularité à l’approche des élections, même si en 1963, sa
côte de popularité est extrêmement affectée par une longue et dure grève des mineurs.
Elle conduit le Président a signé un décret de réquisition. La France a un franc
nouveau, et connaît une croissance forte, à tel point que l’on a peur que tout aille trop
vite. De Gaulle joue une petite comédie : il ne dit pas tout de suite s’il est candidat ou
pas. Il faut attendre novembre pour que De Gaulle donne sa réponse. Enregistré à
l’Elysée, l’annonce de sa candidature doit restée secrète, et l’équipe de production est
donc enfermé au palais. De Gaulle fait campagne sur le thème de « moi ou le chaos ».
- François Mitterrand : né en 1916, il fait des études de droit et de sciences politiques.
Avocat de formation, il va commencer sa vie publique en 1940… Il suit un parcours
un peu sinueux, qui part d’un camp de prisonnier pour aller à Vichy et terminer à Paris
dans la Résistance. A Vichy, il occupe le poste de commissaire aux prisonniers de
guerre. Il entre dans un service de presse où il signe quelques papiers douteux. Il finit à
Paris. Il tente de nouer un lien avec le général de Gaulle, qui le reçoit très mal à
Londres. De Gaulle refuse à tout moment de parler du passé vichyste de Mitterrand, de
peur que cela affaiblisse la fonction présidentielle si ce dernier était élu. Mitterrand
entre à l’UDSR à la libération. Ce parti est très divers. Petit, il sert de charnière, un
parti de coalition. François Mitterrand est 11 fois ministre en 12 ans. En 1965, il y a
comme une odeur de souffre autour de François Mitterrand. Il a été au centre de
nombreux scandales, dont le scandale des fuites : on l’accuse de laisser filer des
informations vers les combattants du Vietminh. D’autre part, il y a le scandale de
l’Observatoire. François Mitterrand se dit victime d’un attentat : il est dans sa voiture
près du jardin de l’Observatoire. Des individus lui tirent dessus, il saute la haie du
jardin et échappe à l’attentat. Mais ces individus, arrêtés par la suite, déclarent que
François Mitterrand leur a demandé de faire cet attentat.
Mais Mitterrand incarne surtout l’anti - De Gaulle : il n’a jamais soutenu le retour du
Général. Il combat la V° République et déclare « cette constitution était mauvaise
avant moi, elle le redeviendra après moi ». Dans Le Coup d’Etat permanent, François
Mitterrand continue sa critique du régime. Mitterrand apparaît comme l’alternative
possible, l’alliance avec la gauche. Les communistes savent son profil
anticommuniste, mais remarquent l’absence d’hypocrisie caractéristique de la SFIO.
Les communistes ne sentent pas cette élection et préfère soutenir Mitterrand. C’est la
préfiguration de l’union de la gauche qui perpétue jusqu’en 1974 voire 1981.
- Jean Lecanuet : centriste de service, il est membre du MRP et vient d’être élu à la
tête du parti ; il a un certain pouvoir de séduction sur les femmes (« le Kennedy
français ») ; il incarne un centrisme moderne par opposition à De Gaulle ; il représente
une alternative aux électeurs de droite indécis : 15,6%,
- Jean-Louis Tixier-Vignancour (extrême droite, directeur de campagne : Jean-Marie
Lepen),
- Pierre Marcilhacy (« Marcildebout »),
- Marcel Barbu (le « brave couillon » surnommé ainsi par De Gaulle – pleure lors de
son premier passage à la télévision)
Section 3 : la campagne et les résultats
La campagne de 1965 apporte un certain nombre de nouveautés : les médias prennent
un poids beaucoup plus important. La campagne se fait surtout à la télévision. Une
grande majorité de Français ont un poste de télévision. La campagne se fait autour du
principe d’égalité des candidats. C’est l’occasion pour les Français de découvrir qu’il y
a en France des opposants à De Gaulle. La télévision et la radio n’accordent quasiment
aucune place à l’opposition – c’est de bonne guerre, mais ce n’en est pas moins
antidémocratique. En 1965, il y a des opposants à De Gaulle, et même une opposition
crédible. Par ailleurs les sondages électoraux apparaissent en France, alors qu’ils
existent aux Etats-Unis depuis les années 40.
Paragraphe 1 : le premier tour
La campagne du premier tour est marquée par un événement inattendu : De
Gaulle renonce à son temps de parole. A partir du moment où il ne parle pas,
les seules personnes que les Français vont entendre sont des opposants au
Général. C’est un désastre ! L’entourage de De Gaulle voit la côte électorale de
De Gaulle chuter, jusqu’au jour où la barre des 50% est très proche. On supplie
De Gaulle d’intervenir. Celui-ci intervient une fois en fin de campagne.
Jean Lecanuet fait lui une très bonne campagne, en mettant en avant son image.
François Mitterrand fait une campagne moyenne : il prend le ton d’avocat
qu’est le sien. Il a néanmoins un discours politique très consistant, avec toute la
symbolique et l’héritage de la gauche.
De Gaulle est mis en ballotage :
- Barbu : 1,1% (280 000 voix sur 29 millions)
- Marcilhacy : 1,7%
- T-V : 5,2%
- Lecanuet : 15,6%
- Mitterrand : 31,7% (avec le PCF pour environ 10%)
- De Gaulle : 44,6%
Beaucoup d’électeurs de gauche votent pour De Gaulle, notamment étant
donnée sa position envers les Etats-Unis, perçue à tort comme un
rapprochement vers l’URSS. De plus, l’anticommunisme mitterrandien en
dégoute plus d’un. Lecanuet, de centre droit, permet de sanctionner De Gaulle,
sans pour autant aller jusqu’à voter Mitterrand. C’est Lecanuet qui met en
ballotage De Gaulle. Le score de De Gaulle est très bon, seul contre 5. Mais De
Gaulle annonce que, désavoué, il ne reviendra pas à Paris. Il semble qu’il
attende seulement un geste d’appel au secours. On dénonce l’image qu’il aurait
s’il se retirait.
Paragraphe 2 : le second tour
Les soutiens ralliés à Mitterrand sont « tous sauf De Gaulle ». Barbu cherche à
se rallier à De Gaulle en le rencontrant, mais ce dernier refus. Les autres se
rallient à Mitterrand, Lecanuet demandant simplement que l’on ne vote pas De
Gaulle. François Mitterrand se définit que le « candidat de tous les
républicains ».
La campagne du deuxième tour voit une sorte d’inversion des rôles :
Mitterrand se met dans une posture présidentielle, tandis que De Gaulle se
comporte comme un challenger. De Gaulle décide d’utiliser tout son temps de
parole. Sa première intervention étonne : il est interviewé par un journaliste,
certes proche de De Gaulle. Le Président se prononce sur le quotidien des
Français et des Françaises. Il décrit la vie de la ménagère de 1965. De Gaulle
fustige « ces hommes politiques qui sautent sur leur chaise comme des cabris
en criant : Europe… Europe… Europe ! ».
De Gaulle obtient 55,2% des voix, Mitterrand 44,8%. Il y a 15,8%
d’abstention.
Section 4 : les conséquences
Paragraphe 1 : la majorité
La majorité est constituée des gaullistes (l’UNR) et les indépendants
giscardiens (RI). Les giscardiens sont représentés au gouvernement par VGE,
ministre de l’Economie et des Finances.
De Gaulle a très mal vécu l’humiliation du premier tour. Pour lui, c’est donc la
faute au gouvernement Pompidou, et entre autres de VGE. Il faudra s’en
débarrasser plus tard en mars 1967. Giscard d’Estaing est le coupable idéal, à
cause de son plan de stabilisation. L’économie française, emballée un peu trop
vite, est calmée par VGE. Il semble évident que De Gaulle et Pompidou
avaient donné leur accord, mais VGE est tenu pour seul responsable. Il est viré
du gouvernement, au profit de Michel Debré, nouveau ministre de l’Economie
et des Finances.
VGE refuse le ministère de l’Equipement. Il entre dans un processus de
contestation interne de la majorité. Il emploie la politique du « oui mais ». Les
giscardiens préparent peu à peu l’accession de VGE à l’Elysée.
Paragraphe 2 : l’opposition
La gauche semble avoir fait une bonne affaire. La candidature de François
Mitterrand est considérée comme ayant été porteuse de succès. L’Union de la
Gauche qui semble se dessiner implique une structuration de la gauche noncommuniste (SFIO, radicaux, clubs). C’est la mise en place progressive de la
fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS). La gauche veut
prendre sa revanche lors des élections législatives. François Mitterrand affirme
son leadership sur la gauche non-communiste.
Le centre trouve une nouvelle jeunesse, et le résultat de l’élection présidentielle
tendrait à prouver qu’il existe un espace politique pour le centre, si la gauche
s’allie aux communistes. Cet espace, de 15% environ, semble suffisant pour les
élections législatives. Lecanuet prend la tête d’un nouveau parti centriste : le
Centre Démocrate.
Ainsi, le paysage politique repose désormais sur trois pieds, même si des
radicaux gravitent autour de ces trois noyaux. En 1965, c’est la situation qui se
dégage, même si elle va vite évoluer. Il n’y a pas d’extrême droite. Elle est
complètement éclatée, dispersée, et n’évoluera pas avant les années 70 et
l’élément fédérateur : Jean-Marie Lepen.
Chapitre 2 : l’élection présidentielle des 1 et 15 juin 1969
Section 1 : le contexte politique
Paragraphe 1 : le clivage général, l’état des forces politiques
1. La majorité
La majorité a quelques ratés « dans son moteur » : le ballotage de 1965
et les législatives de mars 1967, considérées par certains comme le
troisième tour de la présidentielle. Cette élection laisse un souvenir
marquant : c’est une configuration particulière : le parti qui gagne de
manière très large au premier tour glisse au second tour.
La majorité gaullo-giscardienne remporte un très bon score : 37% des
voix au premier tour. Toutes les projections lui donne une majorité très
confortable. Ses leaders clament haut et fort leur victoire. Les électeurs,
découragés, se démobilisent.
Au deuxième tour, on attend presque l’outre-mer pour savoir que la
majorité n’a qu’un siège de majorité.
L’élection de 1967 complique la donne pour De Gaulle. Il a choisit le
successeur de Pompidou : Couve de Murville, ministre des Affaires
Etrangères depuis 1958. Candidat dans le XVI, Couve de Murville
semble bien placé pour remporter ces élections. Le candidat Dupont,
qui lui fait face, mobilise notamment les concierges ( !) et réussit à
remporter le siège.
De Gaulle renomme donc Pompidou après les élections législatives.
Après ce coup dur, De Gaulle affronte de nouveaux éléments : mai 68.
Commencés en mars, sous l’impulsion de Daniel Cohn-Bendit, elle
perturbe De Gaulle qui ne comprend pas cette crise. C’est une révolte
de luxe : on consomme trop, et on se réfugie dans la drogue et dans le
sexe. Arrive ensuite la crise sociale, avec l’occupation des usines. Enfin
la crise politique : 10 ans ça suffit. De Gaulle, le 24 mai, s’adresse aux
Français par la radio et à la télévision et veut rassurer les Français en
annonçant qu’il a trouvé la solution… un referendum sur la
participation. Il engage sa responsabilité, de façon à parachever son plus
mauvais discours. François Mitterrand se fait piéger dans une
conférence de presse : alors que tout brûle à l’extérieur, il se présente
candidat à l’hypothétique élection présidentielle et annonce, comme
premier ministre, PMF. Les gaullistes dénoncent une tentative de coup
d’Etat. Les communistes sont écœurés par PMF, qu’ils perçoivent
comme un allié des gauchistes. Nous sommes le 28 mai. La crise
semble sans issue.
Le 30 mai, De Gaulle a disparu. C’est le blocage complet. Les accords
de Grenelle ont finalement échoué. Le 30 mai 1968, la situation
politique et sociale est entièrement bloquée. De Gaulle annonce qu’il
part se ressourcer à Colombey-les-Deux-Églises. Mais l’hélicoptère
présidentiel disparaît. Pompidou est très inquiet. Il réserve un créneau
pour passer à la télévision à vingt heures. La situation se débloque
quelques heures après la disparition : De Gaulle est arrivé à BadenBaden, là où la première armée du Général Massu est stationnée. De
Gaulle revient à Colombey et appelle Pompidou, en lui disant qu’il
déclarera le lendemain ce qu’il va faire.
Le lendemain, Pompidou remet sa démission, que De Gaulle refuse.
Celui-ci veut faire un referendum ; Pompidou demande plutôt une
dissolution. De Gaulle s’adresse aux Français dans l’après-midi et
dissout l’Assemblée Nationale. Une manifestation de soutien à De
Gaulle se déroule : on estime qu’un million de personnes ont défilé sur
les Champs-Elysées. Le parti gaulliste remporte la majorité à
l’Assemblée Nationale. Mais ce scrutin n’a pas réellement de sens :
c’est le scrutin de la peur. De Gaulle l’a compris : le vainqueur de cette
période est Georges Pompidou, dont De Gaulle accepte la démission en
juillet 1968, et qu’il remplace par Couve de Murville.
La majorité est aussi traversée par des conflits internes. Depuis le départ
de VGE du gouvernement, VGE emploie la tactique du « oui, mais… ».
VGE devient de plus en plus critique, notamment en 1967. Lors de la
visite de De Gaulle au Québec, il termine son discours par « Vive le
Québec Libre » (c’est un accident diplomatique majeur). Lors de la
Guerre des 6 jours, la France prend position contre Israël. De Gaulle
parle du « peuple juif, sûr de lui et dominateur ». VGE dénonce la
pratique personnelle du pouvoir.
Le conflit entre De Gaulle et Pompidou se reflète notamment dans
l’affaire Markovic. On retrouve Stefan Markovic, l’ancien garde du
corps d’Alain Delon, assassiné, dans une décharge publique. Les
Pompidou ont fréquenté les Delon. Une rumeur apparaît, selon laquelle
la mort de Markovic serait liée à ses relations avec des truands, mais
aussi à cause de soirées libertines passées avec notamment, le dit la
rumeur, Claude Pompidou. Le couple Pompidou reçoit un jour une
convocation comme témoin. Georges Pompidou voit venir l’attaque de
René Capitant, le Garde des Sceaux, qui a déclaré « j’avalerai la
couleuvre Pompidou ». Pompidou voit derrière Capitant, Couve de
Murville, voire le Général de Gaulle.
Le 17 janvier 1969, Pompidou est en visite privée à Rome. Il répond
informellement à des questions posées par des journalistes sur place. Il
se déclare candidat à une élection présidentielle, quand elle aura lieu.
De Gaulle entre en fureur 4 jours après et fait passer ce message : « J’ai
le devoir et l’intention d’accomplir ce mandat jusqu’à son terme. »
Pompidou le 14 février : « J’ai un passé politique. J’aurai peut-être un
destin politique. » Ainsi, Pompidou rassure les électeurs en cas de
départ de De Gaulle.
L’année 69 est marquée par une crise profonde de la majorité, surtout à
travers ce conflit entre De Gaulle et Pompidou.
2. L’opposition
La gauche est complètement en lambeaux : l’Union de Gauche n’existe
plus. François Mitterrand a été complètement discrédité en 1968.
Les communistes sont confrontés à l’invasion de la Tchécoslovaquie
par les troupes du pacte de Varsovie en août 1968 (Printemps de
Prague). Waldeck Rochet vit tellement mal cette période qu’il va être
atteint d’une maladie psychique grave qui aboutit à son remplacement
par Georges Marchais.
Le centre se déchire lui aussi : un certain nombre de centristes
commencent à se dire que gouverner est plein intéressant que s’opposer.
Les deux tiers du groupe restent dans l’opposition avec Jean Lecanuet.
Un petit tiers se rapproche des gaullistes, avec à leur tête Jacques
Duhamel.
Paragraphe 2 : le referendum du 27 avril 1969
En 1968, De Gaulle a du renoncer à un referendum. Il cherche donc un
referendum sur un thème convenable. Il annonce qu’il va faire un referendum
sur le statut des régions et la réforme du Sénat. Ce referendum marquera « le
renouveau de la France », et se fera donc au printemps.
Ce referendum a deux objets ! La réforme du statut des régions rentre dans le
cadre de l’article 11, mais pas la réforme du Sénat. La réforme du Sénat ferait
du Sénat une chambre consultative, avec des élus et des représentants des
différentes CSP. Seule l’Assemblée Nationale votera la loi. Le Président du
Sénat n’assurera plus l’intérim.
La gauche profite de l’occasion pour appeler à voter « non », d’autant plus
facilement que De Gaulle lie son propre destin au résultat du referendum. Dans
la majorité, Pompidou n’a pas du tout envie de faire campagne et ne dit rien. Il
finit par passer à la télévision en appelant à voter « oui » sans conviction. VGE
annoncera qu’il votera non, « avec regret mais avec détermination ». Alain
Poher, calme et conciliant, appelle aussi à voter non. Les gaullistes supplient
De Gaulle de ne pas lier son destin au referendum. De Gaulle maintient que sa
décision était irrévocable, « quelque soit l’armée et le nombre qui me
soutiennent ». Le 27 avril au soir, le non l’emporte avec 53%. Un peu après
minuit, De Gaulle publie un communiqué : « Je cesse d’être Président de la
République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi. »
Alors qu’Alain Poher assure l’intérim, de nouvelles élections se préparent dans
un contexte déstructuré.
Section 2 : Les candidats
Les candidats sont sept :
-
Georges Pompidou (44,5%) : nommé en 1962, il est alors inconnu. « Poète,
banquier, juriste… ah, c’est le Premier ministre aussi ? », écrit le directeur
du Monde. Pompidou est un agrégé de lettres. Né en 1911, il nait dans le
Cantal ; fils d’instituteur, il fait Normal Sup’ à 20 ans. Il rencontre
Senghor. Il enseigne à Marseille, puis est muté à Paris. Il vit la guerre sans
collaborer ni résister. En 1944, De Gaulle demande à avoir sous sa tutelle
« un agrégé sachant écrire ». Pompidou quitte le cabinet de De Gaulle en
1946 et rejoint la Banque Rothschild comme fondé de pouvoir, puis
retourne en politique. Lorsque De Gaulle est élu Président de la
République, Pompidou retourne à la banque. Il revient en 1962 et est
nommé Premier ministre. Pompidou a été un des négociateurs secrets.
-
Alain Poher (23,3%) : sous-secrétaire d’Etat sous la IV, il est centriste. Elu
Président du Sénat en septembre 1968, ce personnage est « inodore,
incolore et sans saveur »
-
Jacques Duclos (21,3%) : le plus stalinien des communistes, le « Beria »
français. Il fait une très bonne campagne. Sectaire, il reste ouvert sur le
plan de la communication.
-
Gaston Deferre (5,01%) : il est candidat parce que Mitterrand ne l’est pas.
En 1969, les deux hommes se haïssent. Deferre qui voulait être candidat en
1965. En 1969, il ne bénéficie que du soutien de la SFIO, ou tout du moins
d’une partie.
-
Michel Rocard (3,6%) : classé à l’extrême-gauche. Il est pour l’autogestion
à la yougoslave.
-
Louis Ducatel (1,3%) : il fait sa publicité gratuitement.
-
Alain Krivine (1,1%) : patron de la ligue communiste, mouvance trotskiste.
C’est le reflet des éléments de mai 68. L’extrême gauche a été à ce
moment-là très active.
Section 3 : la campagne et les résultats
Paragraphe 1. La campagne
Krivine réalise un discours militant contre le capitalisme et la société de
consommation. Il n’a pas le talent de son successeur, Laguiller
Michel Rocard est difficile à suivre. Il a une pensée culturelle tellement riche
qu’il n’arrive pas à la condenser.
Gaston Deferre, avocat, n’est pas un brillant orateur. Ensuite, il y a l’affaire
PMF. Il le présente comme son futur premier ministre. Une déclaration de
guerre pour les communistes.
Duclos fait une campagne sans faute. C’est un « gentil monsieur âgé ». Il
conquit un électorat inattendu.
Poher fait une très mauvaise campagne. Pourtant, la Poher-mania bat son plein
après le referendum de 1969. A la suite de la démission de De Gaulle, Poher lui
succède. Dans l’esprit de pas mal de Français, il s’imposte comme un
successeur logique. Poher est l’anti-De Gaulle : il est reposant. Les hebdos en
font leur « une ». Les sondages pour le deuxième tour donnent Poher devant
Pompidou. Mais les conditions politiques ne vont pas être favorables à Poher.
Il obtient le soutien de Lecanuet. VGE est dans une situation difficile, mais
s’estime trop jeune pour se présenter. Il envisage de soutenir Pinay. Entre
Poher et Pompidou, il voit que Poher est mauvais et décide de supporter
Pompidou. Europe 1 organise un grand débat entre Pompidou et Duhamel, ce
dernier devant annoncer son soutien à la fin du débat. C’est la première fois
qu’une partie des centristes se rallie à la majorité gaulliste. Poher n’a pas le
soutien de toute sa famille politique. Il réalise une campagne présidentielle
désastreuse et perd 4-5 points à chaque passage à la télévision. Poher relance
l’affaire Markovic.
Pompidou fait la meilleure campagne, à l’américaine. Très dynamique, il paraît
en bonne forme, malgré sa maladie. Il prône « le changement dans la
continuité ». Il élargit la majorité présidentielle aux centristes. Le résultat du
premier tour est sans appel.
Paragraphe 2. Les résultats
-
-
Georges Pompidou (44,5%)
Alain Poher (23,3%)
Jacques Duclos (21,3%) : Réponse : « blanc bonnet, bonnet blanc » et
soutient donc Pompidou indirectement. On apprend que l’ambassadeur de
l’URSS rend visite à Pompidou.
Gaston Deferre (5,01%) : victime du vote utile ; appelle à voter Poher
Michel Rocard (3,6%) : Pas de consigne
Louis Ducatel (1,3%) : appelle à voter Poher.
Alain Krivine (1,1%) : Pas de consigne
Au second tour, Georges Pompidou remporte 55,8% des voix avec 31%
d’abstention et 4,5% de bulletins blancs ou nuls.
Section 4 : les conséquences
La première conséquence est que le gaullisme a survécu au départ de son
fondateur, même si, pour les gaullistes les plus à gauche, ils retournent au parti
socialiste, tandis que les ultra-gaullistes sont insatisfaits, vu l’attitude de Pompidou
pendant le referendum.
Le premier acte de la présidence Pompidou est le choix d’un Premier ministre :
Jacques Chaban-Delmas est nommé Premier ministre à la tête d’un gouvernement
d’ouverture. En 1969, il y a effectivement une nécessité d’ouvrir vers le centre, ou en
tout cas vers une partie du centre : les centristes qui ont suivi Duhamel. Lorsque
Chaban arrive à Matignon, il est maire de Bordeaux et président de l’Asemblée
Nationale. Chaban-Delmas a une carrière politique à la suite de son action dans la
résistance. Il est nommé général de brigade à moins de 30 ans. Chaban-Delmas est en
première ligne lors de la libération de Paris. Aussitôt la guerre terminée, il entame une
carrière politique, au parti radical, ce qui lui permettra d’être membre d’un
gouvernement de la IV°. Il est une figure emblématique du gaullisme par son action
dans la résistance, mais il est radical-gaulliste. Sa dimension gaulliste est nécessaire en
1969, et son côté radical témoigne de l’esprit d’ouverture. Le gouvernement qu’il
préside est marqué par cette volonté d’ouverture. Debré est n° 2 de ce gouvernement.
On y retrouve VGE (Economie et Finances), Jacques Duhamel ou Joseph Fontaney.
Si Chaban-Delmas correspond à la bonne équation politique, il se heurte très
vite à une difficulté majeure : il va par son comportement irriter le Président de la
République et complètement désarçonner les gaullistes.
1. La majorité
On élargit la majorité au centre, même si ce n’est pas tout le centre. Cela a un
impact, l’ouverture sur l’Europe, une avancée tant géographie que sur le plan
matériel et institutionnel.
Mais cette ouverture déstabilise des gaullistes, notamment des gaullistes « purs
et durs », prétendument les détenteurs « des tables sacrés ». Quand Pompidou
arrive au pouvoir, De Gaulle est toujours là. Discret pendant la campagne, il
s’exprime par un communiqué : « pour toutes raisons politiques et personnels,
je soutiens la candidature de Georges Pompidou ».
2. L’opposition
L’opposition regroupe une partie du centre et la gauche. La partie du centre qui
reste dans l’opposition est le centre démocrate de Jean Lecanuet. Celui-ci a du
mal à se situer, le verrou européen ayant sauté.
A gauche, le choc de 1969 où aucun candidat de gauche n’a été présent au
second tour est un électrochoc, notamment du côté de la gauche non
communiste (socialiste et radicale). L’onde de choc bouleverse tout le paysage
politique de la gauche non communiste.
Cette période dure moins de cinq ans. L’élection de 1969 a assez durablement
bouleversé toutes les lignes politiques.
Chapitre 3 : élections des 5 et 19 mai 1974
Section 1 : le contexte politique
Le contexte politique est d’abord les circonstances de cette élection anticipée, fait qui
arrive déjà pour la deuxième fois
Paragraphe 1 : les causes de cette élection anticipée
Le 2 avril 1974, Georges Pompidou décède. Sa santé est assez rapidement
devenu un problème politique majeur. Il est malade peut-être depuis 1968,
atteint de la maladie de Kahler, normalement à évolution très lente. En 1969,
Pompidou connaît le diagnostic, mais on lui a dit qu’il pourrait largement avoir
le temps de finir son mandat.
Fin 1972 et début 1973, le Président a visiblement un problème : fatigué, il
grossit énormément à cause de son traitement. Rapidement, dans les rédactions
se répand la rumeur que le Président est sans doute malade. On scrute toute
intervention du Président.
La guerre de succession va très vite se manifester. Le duel Chaban-Delmas Giscard devient un duel « à mort ».
C’est un calvaire pour Georges Pompidou, Il manque de chuter en public. On
annule fréquemment des manifestations, comme les vœux de 1974. Lors d’un
diner avec le corps diplomatique, on annonce qu’il « souffre d’hémorroïdes »,
ce qui annonce que la cortisone ne pourra plus faire son effet.
Le 2 avril 1974, on le transporte dans son domicile parisien où il meurt.
Paragraphe 2 : l’état des forces politiques
1. La majorité
La majorité est dans un état de conflit et de désagrégation avancé. Elle
est secouée par un triple conflit : entre Pompidou et Chaban-Delmas,
entre Pompidou et les gaullistes, entre Giscard et Chaban-Delmas.
a) Le conflit Pompidou - Chaban-Delmas
Ce conflit se cristallise en septembre 1969, avec la
présentation par Chaban-Delmas du programme du
gouvernement. Il souhaite tirer de manière assez radicale les
conséquences de 1968.
Le conflit s’oppose entre Balladur pour Pompidou, et Delors
pour Chaban-Delmas. Ce conflit se cristallise autour de la
nouvelle société. En septembre 1969, Chaban-Delmas prononce
un magnifique discours, « pour refonder la société française et
aller vers la nouvelle société qui tient compte de 1968 ».
Chaban-Delmas oublie de faire parvenir son discours à l’Elysée.
Quand le Président finit par découvrir le discours, il a un vrai
choc, le discours étant d’avantage présidentiel que ministériel.
Le discours heurte les plus conservateurs, c’est-à-dire une
majorité à l’Assemblée, tandis que l’opposition apprécie.
Mitterrand : « votre discours ne correspond pas à votre
majorité ».
Pompidou pense à virer Chaban-Delmas, mais, par coutume,
il doit attendre. Le conflit sera visible de manière presque
publique.
b) Le conflit Pompidou – gaullistes
Certains gaullistes considèrent Pompidou comme l’assassin
du père. Parce qu’il n’a pas voulu s’engager dans la campagne
du referendum, Pompidou a entrainé De Gaulle à sa perte.
D’un côté, il y a une ouverture qu’on a voulu effectuer pour
changer la donne. D’autre part, le Premier ministre incarnant
l’ouverture est critiqué de part et d’autre. C’est une période
quasi-burlesque.
c) Le conflit Giscard - Chaban-Delmas
Les deux prétendent succéder à Pompidou. Giscard, cela va
de soi, il semble y être destiné; Chaban-Delmas se place en
successeur légitime. Mais Chaban-Delmas a une vie
sentimentale très agitée. Sa femme meurt dans un accident de
voiture, et Chaban-Delmas se remarie quelques mois plus tard.
En 1971, Le Canard Enchaîné publie la feuille d’imposition
du Premier ministre. Total à payer : 0 FF. Mais Chaban-Delmas
n’a pas fraudé : il a utilisé la technique de l’avoir fiscal. ChabanDelmas demande à ce que VGE explique aux Français l’avoir
fiscal, et ainsi la légalité de l’avoir fiscal. Il embrouille plus
qu’il n’éclaire, et Chaban-Delmas est encore plus compromis.
Pendant ce temps, tous les soirs à l’Elysée se retrouvent Pierre Juillet,
Marie-France Garrot et Jacques Chirac pour dire du mal de ChabanDelmas. Jacques Chirac avouera par la suite qu’il aura tout fait pour que
Chaban-Delmas ne devienne pas Président.
VGE et Chaban-Delmas se retrouvent dans une station de ski « Bonjour mon cher Jacques ! – Bonjour mon cher Valery ». Les deux
personnages apparaissent réconciliés aux yeux des Français.
Georges Pompidou doit sortir de ce piège.
Il annonce d’abord qu’il a l’intention de soumettre à referendum le
traité portant à l’élargissement du Marché Commun, notamment au
Royaume-Uni. Le Monde titre « Bien Joué ! ». Pour satisfaire les
centristes, les gaullistes et mettre à mal la gauche, c’est le coup parfait.
Le referendum a lieu en avril 1972. Le principe de referendum plait aux
gaullistes. Les centristes, de la majorité comme de l’opposition, sont
tournés vers l’Europe. Alors que les communistes et les socialistes
préparent un projet de gouvernement, ceux-ci n’arrivent pas à se mettre
d’accord sur la politique internationale (les socialistes approuvent
l’Europe, pas les communistes). Néanmoins, le referendum de
Pompidou n’est pas un referendum gaulliste : sur l’Europe et
n’engageant pas la responsabilité présidentielle.
Tous les centristes votent oui. Les socialistes prônent l’abstention. Le
PS, le soir du 23 avril, revendique toutes les abstentions, même si
évidemment tous les abstentionnistes ne sont pas socialistes. Le oui
l’emporte, avec 40% d’abstention.
Le changement de premier ministre devient urgent. Les élections
approchent à grand pas. En 1972, il change de premier ministre. Pour la
campagne du referendum de 1971, Chaban-Delmas est resté très discret.
Par ailleurs, Chaban-Delmas a le sentiment que Pompidou veut le faire
partir, mais pense que sa survie ne dépend que de la majorité
parlementaire. Dans le régime parlementaire, le premier ministre
dépend de la majorité parlementaire, mais en période de coexistence de
majorités, la volonté du chef de l’Etat compte également. ChabanDelmas fait de la provocation. En mai 1972, il demande au conseil des
ministres l’autorisation de poser une question de confiance au
Parlement. « Le Parlement autorise le Premier ministre, s’il le désire, à
prendre parole devant l’Assemblée Nationale et à poser une question de
confiance. » Chaban-Delmas la pose et obtient la plus large majorité
jamais obtenu par un gouvernement.
Le 5 juillet 1972, Chaban-Delmas démissionne. Pompidou a reçu
Chaban-Delmas, lui a expliqué qu’il fallait partir. « Vous m’avez fait
par de votre intention de changer de premier ministre, j’ai donc
l’honneur de vous présenter ma démission ». Il est remplacé par Pierre
Messmer.
Gaulliste pur et dur, il a été ministre de la Défense sous De Gaulle.
Messmer a été avec d’autres l’un des signataires d’une sorte de motion
pour el retour aux valeurs du gaullisme et contre les méthodes du
gouvernement Chaban-Delmas. Cette fois-ci, c’est bien joué. Pompidou
rassemble sa « famille », et solutionne le problème Chaban-Delmas. Les
élections s’annoncent bonnes
2. La gauche
En 1969, c’est le désastre pour les socialistes : Gaston Deferre 5%.
François Mitterrand a démissionné. Le constat est simple : la SFIO est
morte. Il faut donc rénover, réformer le mouvement socialiste. Il faut en
plus donner aux socialistes une ligne de conduite nette, notamment en
terme d’alliances. Dès 1969, les socialistes tentent de se reconstruire en
changeant de sigle. Il se donne d’abord comme leader Alain Savary,
puis revient à la flamboyance en 1971 : François Mitterrand.
En juin 1971 s’ouvre à Epinay le congrès des socialistes. Ce congrès
mythique est le Congrès fondateur du PS. Lorsque François Mitterrand
arrive au congrès, il n’a pas sa carte au parti ; lorsqu’il en sort, il est
secrétaire général.
François Mitterrand trouve une alliance avec les grosses fédérations, et
compte sur l’appui des Chevènementistes. Jean-Pierre Chevènement
rallie François Mitterrand. La ligne directrice du PS est l’Union de la
gauche. François Mitterrand attaque l’argent et, revendiquant une
société socialiste, s’affirme à gauche et entrevoit l’Union de la gauche.
Sur l’Union de la gauche, Mitterrand explique qu’il la veut pour
détruire le parti communiste. Celui-ci est convaincu que ce n’est pas
possible. Le PS attire dès lors les jeunes cadres. Le centre de gravité du
parti se déplace.
Cette prise du pouvoir et cette refondation aboutissent à l’élaboration
d’un programme commun de gouvernement avec les communistes.
Cette idée ne s’est jamais concrétisée. On y ajoute les radicaux de
gauche. Le programme est signé en juin 1972 entre communistes,
socialistes et radicaux de gauche. Pompidou prend conscience de ce
danger ; lors d’une conférence de presse, il tourne le PS en dérision…
3. Le centre
Au centre, Lecanuet est seul, avec ses radicaux de droite : les
« valoisiens » (siège à Paris, Place de Valoix). JJSS, directeur de
l’Express où il forme un tandem avec Françoise Giroux, fait un succès
extraordinaire avec Manifeste pour la Réforme en 1970 : ni
conservateur, ni révolutionnaire : c’est la troisième voie.
JJSS devient président du parti radical. C’est une période très faste pour
lui. En 1970, à Nancy, il y a une élection législative partielle, à laquelle
il est élu dès le premier tour. Il envisage qu’on le surnomme « Duc de
Nancy ». Quelques mois plus tard, le suppléant de Chaban-Delmas
meurt dans un accident de voiture. Chaban-Delmas est obligé de se
représenter, mais est élu dès le premier tour à Bordeaux, face à un JJSS
ambitieux et sûr de lui.
Le parti radical se divise en deux, entre les soutiens de JJSS, et les
partisans de l’Union de gauche.
Lecanuet décide de créer un mouvement qui fédérera le centre : le
Mouvement Réformateur : les centristes de Lecanuet et les radicaux de
JJSS.
On tente un petit mouvement vers la majorité.
En mars 1973, les élections législatives tant redoutées par la droite. Le
premier tour n’est pas mauvais pour la majorité. Mais le candidat du
centre de l’opposition a un nombre suffisant pour se maintenir au
second tour : c’est le problème des triangulaires. Si les centristes
maintiennent leur candidat, la gauche peut remporter la majorité. Si les
centristes retirent leur candidat, la droite peut remporter la majorité.
Europe 1 organise la nuit des désistements. Les centristes ne déposent
pas leur candidature.
Pierre Messmer a reçu très discrètement Jean Lecanuet et lui a proposé
un poste de ministre. Lecanuet accepte tout en refusant le poste de
premier ministre. Il veut simplement que le phénomène apparaisse
comme une loi anti-gauche. Progressivement, le centre d’opposition
glisse vers la majorité, pour y tomber lors de la mort de Pompidou.
Section 2 : les candidats
-
-
François Mitterrand : c’est le candidat unique de la gauche. Sa candidature
repose sur un accord politique entre communistes, socialistes, radicaux.
43,2%
Valery Giscard d’Estaing : majorité sortante : 32,6%
Jacques Chaban-Delmas : majorité sortante : 15,1%
Jean Royer (homme qui lutte contre la pornographie) : majorité sortante
Arlette Laguiller : extrême gauche : 2,3%
René Dumont
Jean-Marie Le Pen : 0,74%
Emile Müller
Alain Krivine : extrême gauche 0,4%
Bertrand Renouvin (monarchiste)
-
Jean-Claude Sébage (0,0016%)
Guy Hérault
Si la division était allée jusqu’à son terme, il aurait pu y avoir 5 candidats de la
majorité sortante (Christian Fouchet et Edgar Faure)
Dans le camp des Pompidoliens, on fait tout pour éviter l’élection de ChabanDelmas. Quelque temps avec de mourir, Georges Pompidou met en place un
gouvernement Messmer très resserré. Il y a un signe qui ne trompe pas les
observateurs : Jacques Chirac est nommé Ministre de l’Intérieur, en charge des
élections. Après la mort de Pompidou, Jacques Chirac suggère la date la plus
tardive pour les élections. Chirac est persuadé que Chaban-Delmas ne tiendra
pas la course si la course est longue.
Le 4 avril à 15 heures, l’Assemblée Nationale rend un hommage solennel au
Président défunt. A 16h09, une dépêche de l’AFP annonce la candidature de
Chaban-Delmas, alors que la cérémonie est encore en cours. VGE condamne
ce manque de savoir-vivre.
Le 9 avril, on fait dire à Pierre Messmer qu’il se sacrifie comme candidat de
toute la majorité. Tous les candidats annoncent leur retrait. VGE dit qu’il se
retire si tous les autres le font. Chaban-Delmas, comme prévu, ne se retire pas.
VGE confirme sa candidature depuis son village en Auvergne.
Section 3 : la campagne et les candidats
Royer a fait une campagne très conservatrice et est surnommé le « prophète solennel
des boutiquiers et des dames de piété ». Il fait 3,2%.
François Mitterrand a la gauche entière derrière lui. Des communistes placardent des
affiches François Mitterrand ! Il appelle à la société nouvelle. Seulement, il estime
faire le plein de ses voix au premier tour. Il déclare : si je fais plus de 45%, je remporte
l’élection ; si je fais moins, je la perds ». Il fait 43,2%
Chaban-Delmas est convaincu qu’il va gagner son duel face à VGE. Les premiers
sondages sont optimistes. Mais il rate sa campagne. De plus VGE oriente sa campagne
sur l’opposition face à Mitterrand au second tour. Chaban-Delmas n’arrive pas à
conserver le même personnage pendant toute la campagne. Chaban-Delmas invite
Malraux dans un débat télévisé, mais celui-ci est malade et déclame un discours
visionnaire pessimiste.
VGE fustige le non-respect des morts de Chaban-Delmas. VGE se distingue comme
l’homme de la Famille. Jeune, il a un profil politique dans l’air du temps. Il s’est
opposé à De Gaulle. Il apparaît comme un homme libre, car il a réussi à prendre ses
distances avec la majorité à laquelle il appartenait.
Avec les résultats, Mitterrand sent qu’il va perdre, sauf si des électeurs de ChabanDelmas votent en représailles. Mitterrand ne peut pas en vouloir aux communistes qui
ont été exemplaires.
VGE fait un score énorme : c’est le seul Président de la République élu qui n’a pas le
soutien d’un grand parti. Il regroupe le centre démocrate de Lecanuet et les
Républicains Indépendants.
Chaban-Delmas, héritier du Général, chute à 15,1%. La campagne et l’attitude d’un
certain nombre de gaullistes ont eu raison de lui. Chirac fait campagne pour VGE. La
défaite de Chaban-Delmas est extrêmement sévère. C’est considéré comme la
première défaite du gaullisme.
Au second tour, il reste face à face VGE et Mitterrand. Les sondages montrent très vite
que le duel sera extrêmement serré. A la fin, on est à 50-50. Ce qui va être décisif sera
le fameux débat de l’entre-deux-tours. On va organiser un débat Mitterrand - Giscard,
qui va être considéré ensuite comme le petit coup de pouce qui permettre l’élection de
VGE. Le moment fort du débat : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ». Alain
Poher convoque à l’Elysée le directeur du Figaro où va paraître le dernier sondage le
samedi avant l’élection. Il demande qu’il ne publie pas le sondage, pour que l’opinion
puisse choisir en toute liberté. A 20 heures, le dimanche, sur Europe 1, le journaliste
annonce qu’il n’est pas en mesure d’annoncer la victoire de l’un ou de l’autre. Une
trentaine de minutes plus tard, la victoire de VGE est annoncé : 400 000 voix séparent
les deux hommes.
Section 4 : les conséquences des élections de 1974
Cette élection impose un style nouveau. C’est par exemple le cas de la photo
présidentielle. Il arrive aussi à pied à l’Elysée le jour de l’intronisation. Il veut revoir le
rythme de la Marseillaise. Il invite des éboueurs à déjeuner.
Pour la première fois sous la V°, on assiste à une petite alternance. L’Elysée n’est pas
occupée par un gaulliste. Les gaullistes ne sont pas exclus de l’exécutif : Jacques
Chirac, membre de l’UDR, est nommé Premier ministre.
Par ailleurs, la majorité s’ouvre complètement vers le centre. Pompidou avait déjà
rallié une partie du centre autour de Jacques Duhamel. Une autre partie du centre est
restée à l’extérieur de la majorité. Jean Lecanuet franchit en effet le pas en soutenant
dès le premier tour VGE. En plus des centristes de Jean Lecanuet, c’est out le
mouvement réformateur qui rejoint la majorité. JJSS rejoint donc la majorité. Au
premier tour, il ne soutient personne. Au deuxième tour, il se rallie in extremis à VGE
et devient ensuite ministre du gouvernement Chirac pour 15 jours.
Les gaullistes se divisent, notamment parce qu’une partie d’entre eux n’acceptent pas
que VGE qui a trahi De Gaulle et aurait provoqué sa perte devienne Président de la
République. Ils vont cependant se mobiliser quand Chirac devient Premier ministre :
les gaullistes se liguent contre Chirac. Il y a une vraie fracture entre ceux qui sont
derrière Chirac et Giscard, et les autres. La fracture évolue dans le temps. Quand
Chirac et Giscard se « séparent », il y a une double fracture !
L’union de la gauche montre également ses limites. Même lorsque l’union de la
gauche fonctionne « à plein », elle ne parvient pas à représenter celui qui la représente
au pouvoir. Les conflits ancestraux entre « moscoutaires » et « sociotraitres »
renaissent. Le PCF a besoin de se sentir fort. Entre les deux tours, l’ambassadeur russe
a demandé à être reçu par… VGE ! L’Union de la Gauche vole en éclat en trois ans.
Chapitre 4 : L’élection des 26 avril et 10 mai 1981
Section 1 : le contexte politique
1. La majorité
Le premier choc au sein de la majorité est la séparation du couple VGE-Chirac.
En décembre 1974, alors que VGE est en voyage, Chirac en a marre d’être
embêté par les gaullistes. Il se fait élire secrétaire général de l’UDR.
Les premières disputes éclatent en 1975. Chirac supporte de moins en moins
les instructions de Giscard. Chirac n’a qu’une obsession, les élections de 1978,
et demande donc à VGE de dissoudre l’Assemblée. VGE refuse. Chirac y a
tellement cru qu’il avait fait imprimer les affiches.
Les élections cantonales de 1976 sont une défaite cuisante pour la majorité. Le
lundi qui suit le dimanche du deuxième tour, à 20 heures, VGE fait une
allocution solennelle, habillé de façon sombre. Il demande à Jacques Chirac de
coordonner la majorité parlementaire.
Le 25 juillet 1976, Jacques Chirac annonce qu’il souhaite démissionner. VGE
accepte mais demande à Chirac de différer cette annonce de démission d’un
mois, après une visite officielle au Japon. Il la présente officiellement le 25
août. « Je ne dispose pas des moyens que j’estime aujourd’hui nécessaires
pour assumer efficacement mes fonctions de Premier ministre. Dans ces
conditions, j’ai décidé d’y mettre fin. » Il exprime en public ce qui le sépare du
Président. VGE essaie de réécrire l’Histoire en insistant qu’il a poussé Chirac
dehors.
En 1977, la majorité fait face à la première « bataille de Paris ». Lorsque
Chirac quitte Matignon en août 1976, il a conscience qu’il doit renforcer son
emprise sur l’appareil gaulliste. En décembre 1976, il crée le RPR dont il
devient le Président. Il lui faut par ailleurs une tribune, une fonction : le maire
de Paris.
Raymond Barre devient Premier ministre. Inconnu en politique, ancien
ministre du commerce extérieur, c’est la première fois sous la V° qu’un nongaulliste accède à Matignon. En novembre 1968, l’économie française connaît
une crise majeure. Les conseillers de De Gaulle lui conseillent de dévaluer le
franc. Mais pour De Gaulle c’est comme dévaluer la France. De Gaulle peut se
permettre de ne pas dévaluer grâce aux explications d’un économiste
reconnu… Raymond Barre. Il n’empêche que les gaullistes sont face à une
situation inédite : ils ont perdu l’Elysée, et maintenant Matignon.
Depuis 1976, la ville de Paris acquière la possibilité d’avoir un maire. Jusque
là, le pouvoir central a l’impression que celui qui est maire de Paris risque de
pouvoir concurrencer le pouvoir central. Désormais, Paris aura donc un maire.
Jacques Chirac ne semble pas dans un premier temps intéressé par le poste de
maire. Une maladresse de VGE déclenche à la fois la colère et la volonté de
Jacques Chirac de devenir maire de Paris. VGE se demande pourquoi le maire
de Paris serait toujours un gaulliste, et propose un giscardien. Il choisit comme
candidat à la maire de Paris Michel D’Ornano. A la sortie de l’Elysée, Michel
d’Ornano annonce qu’à la demande du Président, il sera candidat à la Mairie de
Paris. Investiture présidentielle ? Jacques Chirac critique mais demande
d’abord à Simone Veil de prendre la tête d’une liste dissidente. Après son
refus, il comprend que, pour rebondir, il doit être candidat. S’engage un
combat « fratricide » entre D’Ornano et Chirac. C’est un triomphe pour
Jacques Chirac en mars 1977. Il devient le premier maire de Paris. Dans le
reste du pays, la majorité subit des revers très spectaculaire. Une série de
grandes villes basculent à gauche.
La compétition se déclenche entre VGE et Chirac : c’est la prébataille avant les
présidentielles.
En 1978, des élections législatives ont lieu. Elles sont perdues d’avance par la
majorité. VGE se lance dans la bataille, Barre et Chirac aussi. La majorité
semble se ressouder même si elle se recompose, puisqu’en 1978, pour
équilibrer le poids du RPR et des gaullistes, VGE crée l’UDF. L’UDF est une
constellation, voire une galaxie, où l’on trouve les giscardiens, les centristes et
les radicaux. L’élection est perdue, mais l’UDF se bat pour limiter les dégâts.
La gauche fait gagner la majorité. La gauche vit l’épisode le plus suicidaire de
toute son histoire politique. La majorité finit par gagner avec une centaine de
sièges d’avance, mais les tensions ressurgissent, avant tout sur l’Europe. Il y a
un enjeu idéologique et stratégique.
Sur le plan idéologique, si la majorité est bipolaire, il faut expliquer ce clivage.
La meilleure explication est l’Europe. L’UDF est partisan d’une Europe
élargie, approfondie. Ce sont les descendants des démocrates-chrétiens. Du
côté gaulliste et du RPR, on a une vision beaucoup plus suspicieuse. Le combat
pour l’Europe peut devenir décisif entre les deux. Depuis 1976, les députés
européens sont élus au suffrage universel direct. Il y a en 1979 la première
élection européenne de notre histoire. Chirac « ouvre le feu ». Tout commence
en hiver 1978, sur une route verglacée de Corrèze. La voiture de Chirac dérape
sur une plaque de verglas et se retrouve une jambe dans le plâtre, à l’hôpital
Cochin. Il réalise l’appel de Cochin : « Il est des heures graves dans l’Histoire
d’un peuple où sa sauvegarde tient toute dans sa capacité de discerner les
menaces qu’on lui cache. Tout nous conduit à penser que dans le masque des
mots et le jargon des technocrates, on prépare l’inféodation de la France. On
consent à l’idée de son abaissement. » « Comme toujours, quand il s’agit de
l’abaissement de la France, le parti de l’étranger est à l’œuvre avec sa voix
paisible et rassurante. Français ne l’écoutez pas. C’est l’engourdissement qui
précède la paix de la mort ! »
Les élections européennes ont lieu en juin 1979. L’UDF est représentée par
Simone Veil (28%), les socialistes par Mitterrand (23%), les communistes par
Marchais (20,5%), les gaullistes par Chirac (16,3%).
Après 1979, on comprend que Chirac va affronter VGE.
2. L’opposition
La situation à droite pourrait laisser croire que la gauche va en profiter, mais la
situation est aussi catastrophique.
A gauche, rien ne va.
L’Union de la Gauche repose sur un programme commun élaboré en 1972 dans
la perspective des élections législatives de 1973. La gauche a eu des gains
importants. La gauche doit donc conserver un programme commun. Mais la
situation économique de 1978 a changé, après le choc pétrolier de 1973, et la
crise économique mondiale. Les calculs des experts des partis de gauche sont
désormais obsolètes. En 1977, on se dit que dans la perspective des élections
de 1978 que la gauche doit/va gagner. Il faut cependant réactualiser le
programme commun de la gauche. On commence après les municipales. Les
communistes veulent plus de socialisation, tandis que les socialistes revoient
leurs mesures à la baisse. Pour les communistes, si on continue comme cela, le
PCF est mort. Pour ne pas être mangé par les socialistes, il faut perdre les
élections pour conserver une certaine indépendance. Pour perdre, il faut donc
rompre l’Union, en expliquant que c’est la faute de l’autre. Marchais prend la
direction des opérations, Mitterrand lui tient tête. Les leaders s’opposent. En
septembre, on décide une réunion au sommet. Le 21 septembre se tient la
réunion au siège du PCF. La réunion dure jusqu’à 20 heures 05. Brutalement,
la négociation est interrompue : Robert Fabre sort de la salle furieux se dirige
vers les micros de la télévision. Georges Marchais le bouscule et prend la
parole : il déclare que rien ne va. Marchais démontre de manière physique une
bagarre à gauche.
Une nouvelle réunion est organisée Rue de Solferino, mais tout est perdu. Il
n’y a plus d’union de la Gauche. On est à quelques mois des élections. Georges
Marchais ne cesse de passer devant les journalistes (Taisez-vous Elkabbach !).
Il se rend à Moscou et déclare l’expérience soviétique globalement positive.
Les Français ont donc en 1978 des scrupules à voter pour l’Union de la
Gauche. Il déclare qu’il n’est pas sûr d’appliquer le report des voix, selon le
score atteint, mais il n’annonce pas un pourcentage recherché.
Lorsque le premier tour a lieu, la majorité est en passe de l’emporter. Le
Comité Central du PCF intervient alors, et appelle au report des voix avec un
enthousiasme… décourageant.
Dès lors, le PS entre en crise. Au deuxième tour des législatives de 1978, après
20 heures, sur les plateaux de télévision, Rocard déclare, furieux, « voilà,
encore une élection perdue pour la gauche ! ». « Sans doute un certain style
politique, un certain archaïsme sont condamnés. Il nous faut parler plus vrai. »
A partir de là, cela va être une sorte de déchirement. La réélection de VGE ne
semble alors faire aucun doute, surtout si Mitterrand est candidat. L’idée
d’écarter Mitterrand commence à poindre, d’autant que les sondages le donnent
perdant. Rocard lui est donné à jeu égal avec VGE.
Lors du Congrès de Metz, c’est Mitterrand contre Rocard. Mitterrand
l’emporte grâce à une alliance avec Defferre et Chevènement. Mais Rocard ne
renonce pas pour autant. On assiste à une grande opération anti-Mitterrand. On
lui demande de prendre sa retraite. Mitterrand laisse dire, car il connaît Michel
Rocard, mauvais en communication et pas assez volontariste pour aller
jusqu’au bout. Rocard réalise l’appel de Conflans Sainte Honorine, erreur
complète de communication. Enregistré en direct un dimanche soir d’octobre,
le bruit des voitures couvre le discours. Il se tourne vers la mauvaise caméra,
celle qui ne filme pas. Il dit qu’il sera candidat, sauf si François Mitterrand se
présente. Il passe de l’égal de Mitterrand au rang de subalterne.
François Mitterrand passe à l’attaque ; Rocard s’efface et deviendra, en guise
de « récompense », ministre d’Etat au Plan.
C’est dans ce climat que se déroule la campagne présidentielle. Elle tourne
autour des duels VGE-Chirac et Mitterrand-Marchais.
Section 2 : les candidats
Il y a 10 candidats. On applique la loi de 1976 sur les parrainages.
Huguette Bouchardeau fait 1,1% des voix. Représentante du PSU, avatar du PSA, elle
dirige une formation qui regroupe les « plus à gauche » de la SFIO. Le patron du PSU
sera un temps Michel Rocard. Elle n’est pas gâtée par la nature. Elle subit un relooking
complet. Aujourd’hui, elle écrit des comptes pour les enfants.
Marie-France Garaud fait 1,3%. Elle est anti-européenne. Le but est de détourner
l’électorat giscardien conservateur.
Michel Debré fait 1,7%. Que fait-il dans cette galère ? Michel Debré n’aime pas
Chirac. VGE aurait soutenu sa candidature.
Michel Crépeau fait 2,2%. Il est maire de La Rochelle. Crépeau estime qu’il faut se
déplacer à vélo. Il est réputé comme ouvert sur l’environnement.
Arlette Laguiller fait 2,3%.
Brice Lalonde fait 3,88%. Ecolo, il est difficile à situer. Tantôt à gauche, il finit à
droite.
Georges Marchais fait 15,3%.
Jacques Chirac (18%) engage une bataille en tant qu’ancien Premier ministre contre
son Président, alors que tous les deux appartiennent à la même majorité.
François Mitterrand (25,8%) réalise sa troisième élection présidentielle.
VGE (28,3%)
Dans cette campagne, on ne sait pas contre qui on se bat. VGE et Chirac sont censés se
battre contre la gauche, mais ils se battent entre eux. De même entre Marchais et
Mitterrand.
Jacques Chirac rêve que la guerre fratricide à gauche le conduise au second tour contre
VGE.
VGE fait la campagne suivante : « il faut un Président à la France », « je me bats pour
la paix ». Il déclare qu’il sera tantôt Président, tantôt candidat. Il dit qu’il va demander
à des membres du gouvernement de démissionner pour rejoindre l’Etat-major de
campagne de VGE. Il n’y a aucune organisation dans ce staff. Quand il reçoit le
Chancelier allemand, il signe un traité avec lui dans son état-major de campagne. La
campagne est un désastre. La campagne est difficile : il est entouré de courtisans, et la
fin du septennat est marquée par une série de scandales (notamment l’affaire des
diamants). Toute la campagne est marquée par cette affaire, sans qu’on ne l’évoque
clairement. Le Canard Enchainé dévoile que l’Empereur Bokassa a offert à VGE des
diamants. VGE ne répond pas, tandis que l’affaire est exploitée par l’opposition. Un
jour, il répond : il passe à la télévision avec à ses côtés son épouse Anémone, et fait un
bide.
Mitterrand fait une très bonne campagne, de même que Chirac et, certes avec plus de
faiblesses, Georges Marchais. Mais Marchais, s’il est une bête de scène, il vénère la
gauche tout en critiquant Mitterrand. Le seul susceptible de l’emporter et de faire le
changement apparaît être Mitterrand. Chirac rencontre à peu près le même problème
que Marchais, mais concernant VGE. La seule personne qui semble pouvoir
l’emporter contre Mitterrand, c’est VGE.
Les résultats du premier tour sont une véritable bombe politique. On annonce une
énorme surprise : la chute du PCF. Georges Marchais obtient 15,3% des voix : c’est le
chiffre qui donne la clef du scrutin. Pendant toute la campagne électorale, F.
Mitterrand a été confronté au problème de désunion et de bataille interne au sein de la
gauche. Une critique faite à Mitterrand est qu’il ne pourrait être élu que grâce aux voix
communistes, contre qui il se bat. François Mitterrand devait sortir de ce piège. Il en
sort facilement pendant la campagne en disant que pour lui le problème ne se posait
pas : la participation des communistes à la majorité comme au gouvernement ne serait
qu’une modalité à étudier après les élections.
Il y a ainsi presque 11 points de différence entre Mitterrand et Marchais. Mitterrand est
désormais en position de force. Les communistes doivent venir vers lui, qui ne sera
pas l’otage de ces premiers. Mitterrand, vainqueur du PCF, peut désormais paraître
attrayant pour des personnes plus modérés.
Les communistes se rallient ainsi de leur propre chef à Mitterrand, sans qu’aucun
accord gouvernemental soit signé.
Ce soutien du PCF est totalement hypocrite. Juquin, ministrable du PCF à l’époque,
explique ce qu’il s’est passé. Les communistes savent que la pire des choses serait la
victoire de Mitterrand. Il faut faire tomber Mitterrand. Les communistes utilisent alors
la formule du vote révolutionnaire : le vote Giscard. La politique conservatrice de
Giscard permettra d’énerver les masses populaires qui déclencheront la révolution.
Le deuxième point majeur concerne l’attitude de Jacques Chirac. La droite dispose au
premier tour d’un potentiel de voix supérieur à 50%. Chirac n’a guère de marge de
manœuvre mais est dans la même position que le PCF. Si VGE est réélu, Chirac est
politiquement mort. « Que chacun de vous vote selon sa conscience. Pour ma part, et
à titre personnel, je voterai pour VGE. » Les sondages montrent que la majorité des
chiraquiens voteront pour Mitterrand.
Durant la campagne du second tour, VGE continue sa mauvaise campagne. Au débat
de l’entre-deux tours, Mitterrand prend l’avantage, grâce à la chance et à la maladresse
de VGE. VGE part du postulat qu’il est le meilleur.
Au second tour, 14% d’abstention. 51,76% pour Mitterrand.
VGE est président pour quelques jours. La veille de la passation des pouvoirs, il
s’adresse une dernière fois aux Français. Mitterrand entre à l’Elysée le 21 mai. La
cérémonie de passation des pouvoirs est très curieuse. Alors que VGE part sous les
crachats, Mitterrand se rend pendant la journée au Panthéon. Pierre Mauroy devient
Premier ministre. Le lendemain, Mitterrand dissout l’Assemblée
Section 4 : les conséquences
C’est la grande alternance. Le premier gouvernement de Pierre Mauroy ne comprend
pas de communistes, mais un ministre qui va surprendre : Michel Jobert (Ministre
d’Etat et du Commerce Extérieur), proche de Georges Pompidou. Le Ministère des
Affaires Etrangères devient le Ministre des relations extérieures. On a un ministre du
Temps libre, avec un ministre délégué du temps libre. Jack Lang fait son entrée au
ministère de la Culture. Michel Rocard est ministre du Plan. Gaston Deferre est à
l’Intérieur. Chevènement à la Défense. Ce gouvernement est la transposition du PS au
niveau national.
On attend le résultat des élections du 14 et 21 juin. La droite s’unit entre l’UDF (sans
VGE) et le RPR de Chirac. La droite peut espérer être majoritaire. Mais il y a 30%
d’abstention. Le PS obtient 38%, les communistes 16%. Au deuxième tour, le PS
obtient la majorité absolue à lui tout seul (seul le parti gaulliste avait fait mieux en
1968).
Le gouvernement Mauroy II comprend quatre ministres communistes, dont un ministre
d’Etat, Charles Fiterman aux Transports. Anicet Lepors à la Fonction publique, Jack
Ralite à la Santé, Marcel Rigout à la Formation professionnelle. Ces ministères sont
relativement importants, même s’ils n’obtiennent pas la Défense.
Les Etats-Unis s’inquiètent et envoient Bush senior pour obtenir des informations.
Chirac a obtenu ce qu’il voulait des élections et n’est donc pas perdant. L’opposition
doit se mettre en place, dans une position qu’elle ne connaît plus depuis 1958. Quel
angle d’attaque adopter ? La politique du gouvernement va leur offrir le « bon ».
Chapitre 5 : l’élection présidentielle des 24 avril et 8 mai 1988
Section 1 : le contexte
Paragraphe 1 : la majorité
Euphorie générale qui conduit à une politique monétaire euphorique : la
relance par la consommation.
La situation économique est initialement mauvaise. En janvier 1982, il y a
quatre élections législatives partielles. Dès le premier tour, les quatre candidats
de l’opposition sont élus !
La situation économique se dégrade, les indicatifs sont dans le rouge. La droite
sort la tête de l’eau. Aux cantonales, elle est majoritaire.
Le plus douloureux est la politique de rigueur. En juin 1982 se tient à
Versailles le sommet du G7, premier sommet diplomatique majeur pour
Mitterrand. C’est un cérémonial monarchique que met en place la France pour
recevoir et épater les hôtes. On annonce que tout va bien, mais trois jours plus
tard, on change la politique : il y a un carnet de change, les salaires sont
bloquées. C’est la désillusion complète. Discrètement au départ puis
ouvertement, les communistes s’en prennent aux socialistes.
En octobre 1981, c’est le congrès de Vienne à Valence. On prône le renvoi de
tous les alliés hostiles. « Congrès des coupeurs de tête ».
En 1983, il y a des élections municipales : c’est un désastre pour la gauche,
après la victoire des municipales de 1977. Elle sauve in extremis Marseille, au
second tour, après un premier tour de mauvais augure pour la gauche. Une
voiture explose, où l’on déclare avoir trouver des affiches de Gaudin dedans.
Mauroy démissionne au lendemain des élections municipales.
Beaucoup de conseillers déclarent que les échecs économiques sont dus à
l’Europe : il faut donc provisoirement rompre avec l’Europe. Mais Mitterrand
est embarrassé : il est pro-européen et vient de proposer à Jacques Delors d’être
Premier ministre. Mauroy convainc Mitterrand de rester dans l’Europe.
Mitterrand décide de garder Mauroy premier ministre. Le Franc est dévalué.
Il faut remobiliser la gauche. La laïcité peut faire l’unanimité. En 1981,
beaucoup de socialistes ont regretté un service public de l’enseignement unique
et laïc : suppression de l’enseignement privé, ou en tout cas non-subvention de
l’enseignement privé. Mitterrand désapprouve cette mesure, mais ce thème
peut le sauver du désastre qui semble l’attendre en 1986. Alain Savary prépare
un projet dans ce sens là, mais ce thème mobilise une masse invraisemblable
de citoyens : de janvier à juin 1984, 500 000 personnes défilent à Versailles, 1
million à Paris (manifestation la plus importante depuis la libération). Que
faire ? Dans tous les cas, Mitterrand risque l’humiliation.
Le 14 juillet, le Président de la République, dans son allocution traditionnelle, a
une idée. Chavas lui a proposé un référendum sur la loi sur l’enseignement
privé, mais il faut avant tout réformer la Constitution. Mais il s’embrouille
dans son explication. Le 15 juillet, François Mitterrand demande brutalement
au gouvernement de retirer son texte. Le 17, Savary démissionne. Quelques
heures plus tard, Mauroy démissionne, et Laurent Fabius démissionne (« le
plus jeune premier ministre que j’ai donné à la France »).
Le problème, c’est les communistes. La cohabitation avec Fabius n’est pas
garantie. Il apparaît en effet comme l’aile droite du PS. Libéral, il risque
d’accentuer la politique de rigueur. Vers 4 heures du matin, les communistes
annoncent leur refus de se joindre au gouvernement, en assurant néanmoins
leur soutien.
L’Affaire du Rainbow Warrior plombe le bilan de Fabius. Le journal Le Monde
publie les preuves de l’implication des services secrets français (DGSE).
Fabius avoue tout, en s’arrêtant à la responsabilité du ministre de la Défense.
La catastrophe électorale semble se profiler en 1986. Les conseillers de
Mitterrand lui suggèrent de changer de régime électoral. Mitterrand n’est pas
favorable mais cela semble une bonne solution, d’autant plus que le scrutin à la
proportionnelle faisait partie des 110 propositions. Rocard démissionne quand
cette mesure est votée.
Les élections de 1986 sont malgré tout perdues par la gauche. Le PS obtient
32% et conservent un grand nombre de députés. Mais le RPR et l’UDF dispose
de la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, à un ou deux sièges prêts. Ils
remportent suffisamment de sièges pour ne pas avoir à s’allier au FN. C’est la
première cohabitation.
Paragraphe 2 : l’opposition / la nouvelle majorité
Elle aurait pu s'effondrer. Mais cela n'arrive pas, car dès janvier 1982,
l'opposition va constater qu’elle est majoritaire dans le pays (élections de 1982
et 1983). Si elle a perdu les élections en 1981, c’est un accident de l'Histoire,
car sans François Mitterrand, la gauche n'a pu gagner aucune élection.
La droite, dans les élections nationales, part toujours avec un avantage.
Exemple : Législatives de 1997 : erreurs de campagne de la droite, bonne
image de Jospin, mais aussi la centaine de triangulaires avec le FN.
Si la droite ne s'effondre pas, cela ne doit pas masquer les difficultés qu'elle
connait en interne. La droite et le centre se déchire: querelles entre le RPR et
l'UDF.
Ces querelles vont se multiplier, et vont avoir des conséquences pour l'élection
de 1988 puisque l’UDF et le RPR vont avoir chacun leur candidat.
L’UDF a un problème de leadership. Et c'est Raymond Barre qui va combler le
vide. Électron libre, il va focaliser au sein de l'UDF tous ceux qui s'opposent au
RPR. On se prépare au duel de 1988 : Chirac Barre. Il y a tout de même un
enjeu stratégique. Barre, après avoir prôné la concertation, va changer d'avis et
être opposé à la cohabitation. Très tôt, Barre dit que si la droite gagne, elle doit
demander la démission de la gauche ; Chirac, lui, ne voit pas comment on
pourrait expliquer aux électeurs qu'on ne va pas gouverner.
Ce clivage n'est pas un clivage aux frontières très fixes.
La droite va connaitre un obstacle majeur, qui ne sera levé qu’en 2007, mais
qui va littéralement empoisonné la droite : c'est le FN.
Cette percée du FN va être inattendue. En 1974, il ne fait que 0,74%.
La gauche va être un facteur d'émergence du FN et du déplacement de
l'électorat de la droite vers le FN. Le PC va peu à peu perdre pied dans ses
bastions traditionnelles : banlieues, cités. Il y a un transfert (le PC a perdu son
statut d'opposant car il a commencé à gouverner). C’est le jeu de François
Mitterrand : il a parfaitement compris que si on met le FN dans les pattes de la
droite, alors la droite n'est pas prête de revenir au pouvoir. Le Pen écrit à
François Mitterrand, qui accepte que le premier passe désormais à la TV (ce
n'était pas possible sous VGE). Le FN va devenir le troublion de la droite en
juin 1984 aux élections européennes. C'est un véritable coup de tonnerre. La
liste présenté par le PC et celle présentée par le FN font autant : environ 11%.
C’est dans ce contexte que va intervenir la cohabitation. Cela va être une
chance pour la droite mais aussi un handicap (aura du Président de la
République). Cette expérience de cohabitation va être amère pour la droite.
En 1985, la loi électorale sur la représentation proportionnelle ne va pas
fonctionner. Chirac devient Premier Ministre et la thèse de Barre s’effondre.
La cohabitation est un combat. Or Chirac ne l'a pas bien compris. Il va arriver
au pouvoir dans de bonnes conditions. Il a en effet réussi à reconstruire son
image. Il devient plus accessible et plus naturel. Cela s'explique entre autres
par un petit événement. Fabius alors Premier Ministre demande un débat avec
Chirac. Il doit accepter. Mais ce qui se passe sera stupéfiant. Le débat a lieu,
alors que Fabius rentre d'outre-mer. Ce débat va changer la conception qu'ont
les Français de Fabius et Chirac. Pour une fois Chirac est tranquille, alors que
Fabius lui dit "arrêtez de vous énerver". Chirac finira par lui répondre "arrêtez
de vous comportez comme un roquet". Et Fabius lui réplique qu'il est Premier
Ministre. Les Français ne vont pas aimer. C'est un désastre, Fabius veut
démissionner.
Mais François Mitterrand a compris qu'il n'osera pas aller jusqu'au bout. Il
attaque le 14 juillet 1986. La veille, on a présenté au Président de la
République des ordonnances. Il va refuser de les signer. Ou Chirac réagit
brutalement (je démissionne, vous devez dissoudre... pression) ou Chirac
proteste pour la forme dans une allocution télévisée, et annonce qu'il va
contourner l’attitude présidentielle en faisant des lois.
Les choses vont s'enchaîner, qui vont dégrader l'image de Chirac. En 1988, il y
a de très grosses manifestations étudiantes. François Mitterrand s'en sert pour
instrumentaliser le gouvernement
Cette cohabitation, qui aurait dû être une porte ultime sur l'Elysée, va devenir
un calvaire pour Chirac.
Cela va aboutir à un duel inédit : un Président de la République sortant face à
son Premier Ministre sortant.
Section 2 : les candidats
Il y a 9 candidats.
Mitterrand
Chirac
Barre
Le Pen
Lajoinie : PC
Waechter : Verts (plutôt à droite).
Juquin (PSU et ligue communiste révolutionnaire} Arlette
Boussel (Mouvement pour un parti des travailleurs)
Il y a deux duels, le grand et le petit (c’est habituel).
La campagne de 1988 de François Mitterrand est presque un chef d'œuvre. Aussitôt
réélu, il va cependant se retrouver de nouveau dans la tempête.
Section 3 : la campagne
François Mitterrand fait la meilleure campagne. Il a conscience qu'il y a un manque
d'électorat à gauche. On ne peut plus parler de nationalisations, de l'argent qui
corrompt. Il va donc se déplacer vers le centre pour remobiliser les masses. Il laisse
tout d'abord planer le doute sur sa candidature. Il attend le mois de mars pour annoncer
sa candidature. Ceux de gauche sont assez embarrassés à propos des affiches, car ils ne
savent pas quoi faire. Rocard est l'éternel candidat, qui annonce sa candidature. Il
renoncera suite à l'accord de pouvoir être Premier Ministre. Jacques Séguéla trouve un
bon slogan "génération Mitterrand". Son annonce est un chef-d'œuvre. Le 4 mars
(deux mois avant l'élection), au 20 heures, Mitterrand donne l'impression qu'il est
encore dubitatif. Il va aller en crescendo. Il annonce qu'il n'a pas le choix : en face de
lui, il y a une bande qui veut s'emparer de la République. La campagne va être
étonnante. Plus question de roses, de références au socialisme. Son slogan sera "la
France unie". Il veut travailler avec les bons. Son idée c'est que le PC n'a aucun espoir
à gauche, il n'y aura plus d'alliance avec le PC, il n'y a plus que le centre qui compte.
Sa cible c'est le RPR et Chirac. Barre est un tendre. Il cherche à faire une nouvelle
majorité (style IV°). Cela a failli marcher. Le clip de François Mitterrand fait
l'historicité de la France jusqu'à Mitterrand. Le programme est celui de ni-ni.
Comment l'expliquer aux Français? Par une lettre. Il la transmet par les journaux, mais
pas par tous. Cela passe bien.
Chirac réalise des meetings avec arrivée tonitruante. Sa campagne n'est pas mauvaise,
mais pas meilleure.
Barre ne sait pas faire de campagne. Il a un très mauvais sens de la communication. À
Lyon, il crève des ballons. Il est toujours en retard. Donc il passe au journal de 23
heures.
Avec Le Pen, les thèmes sont récurrents. La campagne est populiste ; la mise en scène,
importante.
François Mitterrand : 34,11%
Jacques Chirac : 19,9%
Raymond Barre : 16,5%
Jean-Marie Le Pen : 14,4%
Pour François Mitterrand, c'est un bon score. Il a reconstitué le potentiel des voix de
1981. Il n'y a pas beaucoup de suspens au deuxième tour.
Des otages au Liban seront libérer dans l’entre-deux tours.
En Nouvelle-Calédonie, les temps sont durs. Chirac a donné l'ordre de donner l'assaut
sur un commissariat, avec l'accord du Président de la République certes, mais c’est
Chirac qui sera exposé. Lors du débat de l'entre-deux tours, le moment très fort est
celui où on évoque le cas d'un diplomate iranien retenu en France. On évoque le
laxisme. Chirac accuse François Mitterrand qui lui rétorque à propos de l'affaire Gorgy
(Chirac, après avoir dit qu'il était un terroriste, l'a libéré). Chirac lui demande de
confirmer les yeux dans les yeux… et François Mitterrand confirme. On ne sait pas
qui ment.
54% pour François Mitterrand au second tour. C'est une simple formalité. On pense
que Chirac est mort politiquement.
Section 4 : les conséquences
Elles sont peu étonnantes.
Le deuxième septennat commence difficilement pour François Mitterrand, qui va être
obligé de nommer Rocard. Pour lui, c'est horrible. On pense qu'en 6 mois, il sera
grillé.
Les centristes demandent également comme Premier Ministre Rocard. Ainsi François
Mitterrand en prend acte. Mais l'UDF conditionne son entrée dans la majorité
nouvelle. Ils ne veulent pas que la majorité élu en 1986 RPR-UDF soit remise en
cause. Ils voteront les textes important et ne voteront pas de motion de censure.
Laissez nous quelques mois, ne dissolvez pas, puis, après 5-6 mois nous vous
rejoindrons dans la majorité.
On a donc le sentiment que la dissolution n'aura pas lieu.
Le premier gouvernement Rocard est plus ou moins ouvert. Les ministres UDF ne sont
pas des ténors. Mais le 14 mai, François Mitterrand signe le décret de dissolution.
L'accord n'étant pas respecté, l'UDF annonce qu'il n'y aura pas de ralliement de l'UDF
avec le PS. Il y a donc des élections législatives en juin. Dans une déclaration, il ne
réclame qu'une majorité simple. En réalité il y a un problème entre lui et les
socialistes. Il va perdre pieds du côté des socialistes.
Le premier tour semble favorable à la gauche. Les prévisions donnent la majorité
absolue au PS. Mais au second tour, il s'en faut de peu que la droite retrouve la
majorité. Sur 575 : les socialistes ont 270 sièges.
On va nommer un gouvernement Rocard TI. Encore des seconds couteaux de l'UDF.
C'est comme une continuité. On n'a pas le sentiment que beaucoup des choses aient
changé.
Chapitre 6 : les élections de 1995
Section 1 : le contexte
ATTENTION CETTE SECTION EST SANS DOUTE INCOMPLETE. MERCI
DE ME FAIRE PARVENIR LES COURS SI IL MANQUE LE DEBUT DE
CETTE SECTION. NOUS NE SERONS CEPENDANT PAS INTERROGES
SUR LES ELECTIONS DE 2002, ET LE PROFESSEUR AVAIT LAISSE
ENTENDRE QUE NOUS NE SERIONS PAS NON PLUS INTERROGES SUR
L’ELECTION DE 1995, MAIS LA RIEN N’EST MOINS SÛR…
Nous sommes dans la deuxième cohabitation, la conséquence des élections législatives
de 1993, où le PS ressort avec moins de 55 députés. Contrairement à la cohabitation de
1986, personne n’imagine un seul instant François Mitterrand de nouveau candidat.
Le président de la République n’est pas dans une préparation de compétition électorale
à venir. Mitterrand a toujours dit que son successeur serait issu du RPR.
La gauche, après l’échec de 1993, est à la recherche d’un leadership : Laurent Fabius
écarté, Michel Rocard apparait comme le candidat unique. Mais en 1994, on lui
propose de conduire la liste européenne des socialistes. Inconscient du danger d’un
échec, il subit un revers : 14,5%, alors que Tapis obtient 12%. Rocard est remplacé par
Henri Emmanuelli. La gauche n’est pas du tout en ordre de marche. Le parti socialiste
n’a pas de candidat. Il peut rester Jacques Delors, mais cet homme qui a beaucoup
souffert du PS va se venger.
Personne en 1995 n’imagine un seul instant la victoire de la gauche. La compétition
est à droite, mais elle n’aurait pas du avoir lieu. En 1993, le candidat prévu est Jacques
Chirac : s’il n’est pas premier Ministre, Edouard Balladur a en plus développé une
théorie comme quoi un premier Ministre dans l’exercice de ses fonctions ne peut pas
se présenter comme candidat à la présidentielle. C’est la règle qui semble fixée en
1993 : Edouard Balladur rappelle à la télévision qu’il n’a pas à être candidat : « quel
homme serais-je si je trahissais ce serment ? »
Mais Balladur est prédentialisé : les sondages sont flatteurs, Le Monde fait une
campagne affichée pour Balladur et titre après quelques mois « Sans faute ».
En 1994, on comprend que Balladur sera candidat à la présidentielle. Balladur est
soutenu par Charles Pasqua (qui considère Jacques Chirac comme dépassé), Nicolas
Sarkozy, etc. Alain Juppé (alors ministre des Affaires Etrangères) hésite mais finit par
basculer du côté de Jacques Chirac. Balladur devient le candidat de l’UDF.
Le climat à l’Elysée est très triste, d’une fin de règne à une fin de vie. A gauche, le
Président souffre ; à droite les divisions internes se déchainent.
Section 2 : Les candidatures
A droite, il y aura deux candidats. On annonce Balladur vainqueur.
Philippe De Villiers obtient in extremis sa candidature
Jean-Marie Le Pen
A gauche, après la « disparition » de Rocard, on s’attend à la candidature de Jacques
Delors, seul homme pouvant avoir une chance. En décembre 1994, Jacques Delors met
un terme à sa réflexion. Il donne sa réponse lors d’une émission de télévision. La
veille, tous les ténors du PS supplient Jacques Delors qu’il soit candidat. Après avoir
déclaré qu’il donnerait sa réponse à la fin. Il fait durer le suspens et finit par refuser, en
annonçant qu’il doute de ses soutiens politiques.
Le premier candidat à la candidature est Jack Lang. On lui fait comprendre que non,
qu’il n’a pas le profil de la fonction. Deux noms finissent par se dégager : Emmanuelli
et Jospin. Jospin est inattendu : il a été battu aux élections législatives de 1993 et a
annoncé qu’il quitterait la politique.
On sollicite les militants. En février 1995, 66% des suffrages désignent Lionel Jospin
candidat.
Robert Hue
Arlette Laguiller
Dominique Voynet
Cheminade
Section 3 : La campagne
C’est sans doute la seule campagne qui ait un véritable impact sur les résultats.
François Mitterrand ne veut pas de Lionel Jospin et ne l’appellera que vers la fin.
Jospin a invoqué un droit d’inventaire : le bilan de la gauche ne serait pas si bon que
ça, et Jospin souhaite faire un inventaire des deux mandats Mitterrand. Mitterrand
préfère soutenir Chirac. Il se prend d’affection pour Chirac, qui prend des nouvelles de
sa santé, alors que Balladur multiplie les « vacheries ». En janvier 1995, lors de la
cérémonie des vœux, avant que cela ne commence, Danièle Mitterrand va chercher
Chirac et l’emmène dans un bureau où il discute avec Mitterrand.
Mais les sondages sont très défavorables à Chirac, jusqu’au mois de février. Pour Le
Monde Balladur sera élu et titre « Tout est joué ». Philippe Séguin, soutien de Jacques
Chirac, joue sur ce titre. Jacques Chirac rebondit en réagissant de manière inattendue :
brutalement, il se calme et laisse passer l’orage. Il surprend avec son discours sur la
fracture sociale.
Balladur ne sait lui pas faire de campagne. Ses meetings sont ennuyeux. Il commet des
erreurs de campagne. Parti en campagne en voiture, il tombe en panne et fait du stop.
Une dame le prend en stop. Mais cette dame est la cousine d’un conseiller de
Matignon…
En février, on assiste donc à un croisement des courbes de Chirac et Balladur. Balladur
devient largement distancé par Jacques Chirac, qui obtiendrait jusqu’à 30% des voix
au premier tour.
Pour Jospin, c’est une bonne surprise : le PS retrouve l’espoir.
Les résultats
Ils sont surprenants : Jospin est en tête du premier tour. L’écart entre Balladur et
Chirac est très faible. Selon les sondages, en début d’après-midi, une première
estimation donne Chirac largement devant Balladur. Les premiers résultats tombent
vers 18h30 : on ne sait plus qui est en tête entre Balladur et Chirac. Vers 20h30, on est
enfin certain que Chirac arrive en deuxième position. Chirac 20,8%. Balladur 18,6%.
Le Pen fait 15%.
La première place de Jospin est un trompe-l’œil, deux voire trois (De Villiers) se
partagent les voix de la majorité. Jospin comprend qu’il ne sera pas élu au deuxième
tour. Le Pen franchit un pas nouveau et déclare que Chirac est pire que Jospin.
Entre les deux tours, le débat a lieu. Ce débat est extraordinaire (« gentil comme
tout »). Jospin anticipe une probable cohabitation. Il n’y a pas de réel duel.
Le 7 mai, à 20 heures, Chirac obtient 52% des voix. La gauche à 48%, n’est pas
ridicule. Mitterrand est très satisfait. Le 8, il préside la cérémonie avec le président élu
comme annoncé. Quand Mitterrand meurt en janvier 1996, Jacques Chirac réalise un
discours court mais émouvant.
Juppé devient premier ministre. Le mandat commence bien mais les promesses
électorales sont difficilement tenables. Il s’installe un climat de protestation difficile.
Les grèves mettent dans l’embarras le gouvernement Juppé. Chirac décide en 1997 de
dissoudre l’Assemblée.
Chapitre 7 : les élections des 21 avril et 5 mai 2002
Cette élection va marquer : c’est comme un coup de tonnerre. Lionel Jospin, donné largement
vainqueur avant l’élection, échoue et ne passe pas le premier tour. Au mois de février, un
sondage commandé par Libération déclare que tout est joué. De plus, Le Pen est au deuxième
tour
A droite, les deux années 1996-1997, on ne s’est pas remis des blessures de 1995. Chirac n’a
pas tendu la main aux balladuriens. Aussitôt entré en fonction, il écarte les balladuriens et ne
conservent que ses fidèles autour d’Alain Juppé. De 1995 à 1997, Chirac a une majorité qui
n’est pas la sienne : elle est dominée par les balladuriens. La cohabitation est une sorte de
libération ! En 1997, Chirac est affaibli, vaincu par sa propre manœuvre. Une série d’affaires
revient au goût du jour : financement des emplois du RPR à la mairie de Paris. Chirac doit le
début de son retour à la coupe du Monde de 1998.
A gauche c’est la résurrection. On parle de majorité plurielle (PC, PS, Verts, Radicaux,
Chevènementistes). Le gouvernement connaît un vrai succès : c’est la dream team
gouvernementale. Puis il y a un dérèglement. DSK doit démissionner. Fabius et Lang
reviennent au gouvernement.
Le Pen entretient un insoutenable suspens : on fait tout pour l’empêcher d’être candidat.
Jospin s’en émeut et déclare qu’au nom de la démocratie, on ne peut pas l’empêcher d’être
candidat.
Un jour où Jospin fait un calcul, il voit le calendrier électoral initial : en avril 2002 élections
législatives puis l’élection présidentielle. C’est un problème. Jospin réfléchit et se demande ce
qui se passera si la gauche perd les législatives : il ne pourrait pas être candidat à la
présidentielle, alors que c’est le meilleur candidat pour la gauche. Il faut alors inverser le
calendrier « par respect de l’esprit gaullien des institutions ».
On finit par oublier qu’il y a un premier tour. On laisse tout le monde se présenter. Chirac
comprend que Jospin se tire une balle dans le pied. Lionel Jospin fait une campagne électorale
catastrophique : les affiches finissent par être tirées en marron ; le slogan, « présider
autrement », est vague et ne répond pas aux attentes des Français. Lionel Jospin veut que tous
les Français puissent lire sa lettre : son fils envoie sa lettre par fax à l’AFP.
Jacques Chirac fait son annonce de candidature à Avignon sur un ton improvisé. Il rentre à
Paris en TGV et passe sur la Une. Mais là, il rate l’explication de sa candidature.
Au fil de sa campagne, Jospin perd des voix. Il insulte Jacques Chirac dans un avion. Jacques
Chirac passe le soir même à la télé et est brillant : il dénonce le délit de faciès.
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