Le Président de la République en France de 1945 à nos jours

Le Président de la République en France de 1945 à nos jours
Ce sujet est très intéressant. Il invite les candidats à croiser à la fois des notions institutionnelles, des connaissances
culturelles, des analyses sociologiques… Bref c’est un sujet extrêmement vaste qui permet de tester les
connaissances du candidat et son esprit de synthèse.
Les deux écueils majeurs consistent à faire soit un travail purement événementiel, biographique et quelque part
hagiographique du type « les présidents de la République », soit un travail totalement institutionnel du type épreuve
de droit constitutionnel.
En fait, ce sujet conduit à travailler sur les grandes évolutions du Président : que ce soit : sa figure, l’image portée, la
fonction institutionnelle, la pratique présidentielle…. Vous ne pouvez faire stricto sensu un plan chronologique mais
bien plutôt un plan chrono-thématique en comprenant les tendances lourdes et essayant d’en faire une périodisation.
Ces tendances lourdes sont en réalité fortement révélatrices de l’évolution du rapport des Français avec la politique.
Si dans les années 50, à l’aune de la guerre, les Français se politisent mais rejettent une présidence impériale (peur
du culte du chef), à partir de la fin des années 50, ils se politisent davantage (et très jeunes) et entendent peser dans
l’évolution politique du pays. L’élection présidentielle en est l’expression lorsque celle-ci devient une élection au
suffrage universel. Avec l’installation d’un chômage endémique, dans les années 80, les Français ne renoncent pas
de suite à la chose politique mais jouent les institutions pour exprimer leurs mécontentements (multiplication des
cohabitations). A partir des années 2000, on assiste à une hausse sans précédent de l’abstention (même si l’élection
présidentielle reste une des préférées des Français), à des réformes institutionnelles qui devant renforcer la fonction
présidentielle la banalise (quinquennat, alignement des élections p. et lég.), à une désacralisation de l’image et de ce
fait de la fonction ce qui pousse à se demander si d’hyperprésident le président n’est pas désormais hyperimpuissant
(poser la question et donner des éléments de réflexion est judicieux mais il faut éviter de trancher) .
Enfin, un tel sujet invite bien sûr à des citations, des anecdotes…
Petite bibliographie sommaire :
- par Corelyce vous avez accès à des ressources très utiles
- le site de l’INA !!!! indispensable !!!! vous trouvez : les débats télévisés des élections, les discours, les
phrases « cultes »
- les deux biographies de Mitterrand et De Gaulle écrites par Jean Lacouture
- les discours de De Gaulle
- le promeneur du champ de mars
I- 1945-crise de 58 : un Président de la République qui « se contente d’inaugurer les
chrysanthèmes » ?
a. Un Président pour quoi faire ?
1. la valse des Présidents du GPRF
2. les débats autour de la Constitution
b. Un Président inutile ?
1. un Président soumis à l’Assemblée et aux Partis
2. un Président reclus à l’Elysée
3. un Président incapable de résoudre les crises
c. Un Président figure tutélaire obligé
1. la théorie des deux corps du Roi peut s’appliquer aux présidents
image officielle
bon exemple : la crise algérienne
2. le père de la patrie
II- 58-1995 : Le Président de la République souverain ?
a. « Le président de la République, comme il se doit, n’a pas d’autre pouvoir que de solliciter un
autre pouvoir : il sollicite le Parlement, il sollicite le Conseil constitutionnel, il sollicite le
suffrage universel. Mais cette possibilité de solliciter est fondamentale. » M. Debré
1. le chef du pouvoir exécutif
2. un lien direct avec le peuple : élection au suffrage universel direct et référendum
3. des rapports ambigus avec le 1er ministre
b. des Présidents en action
1. les campagnes présidentielles : la rencontre entre un homme et le peuple français
2. le président maître de la politique et du jeu gouvernemental
le Président a l’initiative des grandes décisions intérieures
des rapports conflictuels avec le 1er ministre gagnés en général par le Président (De
Gaulle-Pompidou, VGE-Chirac, Mitterrand-Cresson, Mitterrand-Rocard)
3. le président maître de la vision extérieure de la France
depuis retrait du commandement intégré de l’OTAN et obtention de l’arme nucléaire, le
Président joue sa partition sur la scène internationale (y compris contre la volonté du 1er
ministre : exemple Mitterrand et Rocard, Mitterrand et Chirac)
c. « Après moi il n’y aura plus de président » F. Mitterrand
1. de De Gaulle à Mitterrand : un Verbe et une Geste
les mots des Présidents pour la postérité : discours aux qualités littéraires et rhétoriques,
citations célèbres
des Présidents de culture reflété en partie dans leurs soutiens aux artistes et à la culture
(rôle de Malraux, Lang ; création de Musées, opéras : centre Pompidou, opéra Bastille)
des Présidents voulant laisser une empreinte dans l’Histoire : la geste gaullienne (les
Mémoires et discours ; le mémorial après sa mort à Colombey les deux églises), VGE à
l’Académie française (il est donc « immortel »), Mitterrand (laisse son empreinte dans la
perspective parisienne : Arche de la Défense, Pyramide du Louvre, Opéra Bastille, BNF ;
pèlerinage socialiste à Solutré ou Jarnac)
2. un président rassembleur et au-dessus de la mêlée
présidents se montrent en rassembleur : De Gaulle hors des partis, VGE homme du centre
soutenue par la droite soutient des mesures progressistes (avortement, majorité…),
Mitterrand dans les cohabitations a la figure du sage
3. des médias respectueux
contrôle des médias de De Gaulle à 1981 : ORTF, Peyrefitte
des Présidents qui savent jouer les médias (ex. : Mitterrand)
médias qui soulèvent quelques questions (le Canard enchaîné et l’affaire des diamants de
Bokassa sous VGE, le Monde d’Edwy Plenel et l’affaire des écoutes de l’Elysée ou des
Irlandais de Vincennes) mais ne s’attaque pas à la vie privée ou certain scandales (affaire
de la fille cachée de Mitterrand)
la situation se dégrade un peu sous Mitterrand (ex. : le suicide de P. Beregovoy et « les
chiens » pour désigner les journalistes)
III- 1995-2010 : un Président de la République affaibli ?
a. la présidence Chirac : un président inexistant ?
1. très tôt rupture avec une partie du pays : grèves et manifestations de 95
2. une cohabitation longue (97-02)
dissolution : échec
grande légitimité du coup de Jospin qui gouverne et prend un grand nombre de
mesures emblématiques : Pacs, 35 h… gestion de l’euro
Chirac apparaît inexistant
3. un deuxième mandat indigent
élu à plus de 80 % en 2002 : semble fort, rassembleur
très vite apparaît vieilli, voir vieux
parole se fait rare, peu d’actions (sauf la quasi unanimité des Français derrière lui sur la
question irakienne)
b. le paradoxe de la présidence Sarkozy : hyperprésidentialisation ou hyperimpuissance ?
1. le retour du verbe et de l’action ?
discours volontariste, « premier ministre n’est qu’un collaborateur », assemblée croupion
et godillot,
président et son cabinet affiche de s’occuper de tout et en particulier de politique
intérieure
2. l’incapacité de l’action
l’importance de l’évolution européenne affaiblit la réalité du pouvoir
crise éco, régulation internationale, UE, OTAN : abandon de pouvoir
distorsion entre le Verbe et l’action : effets de manche
cet affaiblissement conduit au retour d’un vrai 1er ministre
3. distorsion entre discours et réalité induit l’intransigeance
affaire des retraites
Attention : difficile de savoir si cette tendance est une réelle évolution ou liée aux personnes et
personnalités des présidents (mais peut-on totalement détacher la fonction de l’homme ?).
difficile de savoir si l’affaiblissement de l’action rejaillit sur un affaiblissement de la
fonction
des politiques envisagent un retour au parlementarisme face à un président toujours
présent
C. la peopolisation de la présidence : désacralisation ou décrédibilisation de la fonction ?
1. des Guignols à Sarko info : un deuxième président ?
importance de l’image de Chirac ou Sarkozy dans les nouvelles émissions qui contribuent
à modifier la perception du public/citoyen
distorsion entre Président souhaité et Président réel
2. du Verbe présidentiel au verbiage
fin des grandes allocutions présidentielles : parole plus nombreuse (donc moins
significative)
allocutions moins travaillées (ce qui conduit à de graves impairs comme le discours de
Dakar sur la non rentrée dans l’Histoire de l’homme africain)
termes vulgaires « casse-toi pauvre con »
3. la mise en avant d’une nouvelle image
le président sympa (bière, tout nu à St Trop, tape sur le cul des vaches) conduit à la
normalisation du Président
le président jeune qui réussit conduit au « blingbling »
ostentation de la sphère privée et intime (mariage à Eurodisney, Fouquets) conduit au
voyeurisme
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