La mise en œuvre de l’approche Santé Globale par des éducateurs physiques : qu’en estil des contenus et des dimensions d’apprentissage présents dans leur enseignement? Clémence Trudel, étudiante de 2e cycle en kinanthropologie Sylvain Turcotte, professeur à la faculté d’éducation physique et sportive Jean-François Desbiens, professeur à la faculté d’éducation physique et sportive Faculté d’éducation physique et sportive de l’Université de Sherbrooke Canada Au Québec, l’éducation à la santé présente en milieu scolaire peut se diviser en trois axes principaux à savoir : 1) dans les programmes de formation (MEQ, 2001; MEQ, 2003; MELS, 2007a); 2) dans certaines politiques gouvernementales (MELS, 2007b) et 3) dans les approches émergentes d’éducation à la santé. Les approches émergentes sont des approches globales d’éducation à la santé, que les milieux scolaires adoptent de manière volontaire et non obligatoire. Une de ces approches est Santé Globale, présentement en émergence dans les milieux scolaires de l’Estrie. Ses assises sont issues du curriculum scolaire et sa mise en œuvre revient principalement aux éducateurs physiques. À l’heure actuelle, la littérature est peu abondante quant aux approches émergentes d’éducation à la santé en milieu scolaire (Deschesnes et al., 2003). Il est donc tout à fait à propos de s’intéresser à cette approche afin de bonifier les connaissances acquises dans le domaine de l’éducation à la santé en milieu scolaire (Michaud, 2002; Turcotte, 2006). Cette communication a pour objectif de présenter les contenus enseignés (MEQ 2003; MELS, 2007a) et les dimensions d’apprentissage privilégiées (Turcotte et al., 2007) par certains éducateurs physiques dans l’enseignement de l’approche Santé Globale. La démarche méthodologique de cette recherche qualitative interprétative (Karsenti et Savoie-Zajc, 2004) au devis descriptif (Fortin, 2006) est l’étude de cas multiple (Yin, 2003). Deux éducateurs physiques enseignant au secondaire dans deux milieux scolaires différents proposant l’approche Santé Globale représentent les deux cas étudiés. Cette recherche repose sur l’analyse des pratiques pédagogiques observées et déclarées (Marcel et al., 2002). Ces données sont issues d’un questionnaire, d’observations et d’entrevues. Les résultats préliminaires de cette étude tendent à montrer que les éducateurs physiques enseignant l’approche Santé Globale touchent à une grande variété de contenus et abordent les dimensions de l’apprentissage de manière variée. Les enseignants ne privilégient pas uniquement le thème de la santé physiologique comme l’ont démontré certaines études (Cogérino, 2000; Turcotte, 2006) et leur enseignement tient compte de plusieurs dimensions de l’apprentissage. La mise en place de projets ou d’activités respectant les quatre dimensions de l’apprentissage accentuent le développement de l’autonomie des élèves et leur responsabilisation en matière de santé et de bien-être (Turcotte et al., 2007). L’intégration de l’approche Santé Globale en milieu scolaire semble donc provoquer un changement dans les pratiques des éducateurs physiques dans le domaine de l’éducation à la santé. Références : Cogerino, G. (2000). Curriculum en éducation physique et éducation a la santé : Debats autour d'une difficile integration. STAPS : Revue Des Sciences & Techniques Des Activites Physiques & Sportives, 21(53), 79-90. Deschesnes, M., Martin, C. et Jomphe Hill, A. (2003). Comprehensive approaches to school health promotion : how to achieve broader implementation?, Health Promotion International, 18(4), 287-396. Marcel, J., Olry, P., Rothier-Bautzer, É. et Sonntag, M. (2002). Les pratiques comme objet d'analyse. Revue Française De Pédagogie, 130(janvier-février-mars), 135-170. Turcotte, S. (2006). L’inclusion de l’éducation à la santé en éducation physique : analyse des pratiques pédagogiques d’éducateurs physiques du primaire, Thèse de doctorat non publiée, Faculté des sciences de l’éducation, Université du Québec à Montréal, Montréal. Turcotte, S., Gaudreau, L., Otis, J. (2007). Démarche de modélisation de l’intervention en éducation à la santé incluse en éducation physique. Revue STAPS, 77, p.63-78. Le réseau de collaboration : une forme de pratique favorable à une approche globale et complexe de l’éducation à la santé à l’école Caroline Bizzoni-Prévieux Professeure Université du Québec à Trois-Rivières Département des sciences de l’activité physique 3351 Boul des forges CP 500 Trois-Rivières, Québec G9A 5H7Canada Corinne Mérini Chercheure Laboratoire PAEDI IUFM d’Auvergne 36 avenue Jean Jaurès CS 20001 63 407 Chamalières Cedex France Joanne Otis Professeure Université du Québec à Montréal Chaire de Recherche du Canada en Éducation à la Santé CP 8888, Succursale Centre-ville Montréal, Québec H3C 3P8 Canada Johanne Grenier Professeure Université du Québec à Montréal Département de kinanthropologie CP 8888, Succursale Centre-ville Montréal, Québec H3C 3P8 Canada Didier Jourdan Professeur Laboratoire PAEDI IUFM d’Auvergne 36 avenue Jean Jaurès CS 20001 63 407 Chamalières Cedex France En France comme au Québec, les textes officiels (MEQ, 2001; MEN, 1998) invitent les enseignants à aborder l’éducation à la santé (ES) de manière globale et systémique et à l’inscrire près des apprentissages. Répondre à ces injonctions suppose, d’une part, que les enseignants s’approprient l’objet et d’autre part, une ouverture de la classe en interne et de l’école vers son milieu. Jusqu’à maintenant, très peu de travaux se sont penchés sur la structure des pratiques collectives qu’oblige cette ouverture. L’objectif de la présente étude est donc de décrire et de comparer divers types de pratiques collectives en ES en France et au Québec et de les mettre en relation avec la nature et la complexité des actions mises en œuvre. Pour décrire les pratiques collectives des acteurs, le cadre d’analyse du partenariat de Mérini (1999, 2006) a été utilisé. Pour Mérini, la notion de partenariat prend appui sur une action négociée et sur des modes de fonctionnement en réseau. Les réseaux d’ouverture et de collaboration (ROC) sont des structures au sein desquelles les compétences et les champs d’action s’agencent de manière à répondre au projet commun de résolution de problème. Trois types de ROC sont définis selon la forme de l’interaction entre les acteurs et selon l’enjeu, la forme d’ouverture et la durée des actions. Pour cette recherche qualitative comparative (étude de cas multiples), les actions collectives en ES mises en place dans 6 écoles primaires de France et 6 écoles primaires du Québec ont été repérées suite à l’analyse des écrits professionnels (compte-rendu de réunion, production d’élèves, projet d’école, etc.) recueillis sur deux ans. En second lieu, elles ont été qualifiées selon la nature du rapport travaillé (à soi, à l’autre, au milieu, etc.) et leur complexité. Pour chaque action, un jugement a ensuite été porté sur le type de pratiques collectives mis en place pour la réaliser : sous-traitance (ST) ou partenariat (ROC1, ROC2, ROC3). La ST caractérise 31% des actions en ES en France et 6% au Québec. En revanche, les ROC1 et ROC3 sont davantage sollicités au Québec. Dans les deux pays, les actions plus complexes (combinant divers rapports ou liant les actions les unes aux autres) sont associées à la mise en place de ROC3. Ainsi, pour travailler l’ES de façon globale et prendre en compte la complexité, il serait important de favoriser ce type de réseau de collaboration dans l’environnement scolaire. Liste bibliographique Mérini, C. (2006). Le partenariat en formation : de la modélisation à une application. Paris, France : l’Harmattan.2ème édition. Ministère de l’Éducation nationale. Gouvernement de la France. (1998). Orientations pour l’éducation à la santé à l’école et au collège. Circulaire N°: 98-237, BOEN/ n°45 du 03-12-1998. Paris, CNDP. Ministère de l’éducation, du loisir et du sport. Gouvernement du Québec. (2001). Programme de formation de l’école québécoise : Éducation préscolaire et enseignement primaire. Les publications du Québec, 350 p. Mots-clés : éducation à la santé, pratiques collectives, partenariat, analyse comparative, France/Québec Étude des pratiques professionnelles d’enseignants d’éducation physique et sportive (EPS) sensibilisés à l’éducation à la santé Sophie Jomin-Moronval, Master 2 recherche, Philippe Masson, Maître de Conférences, ER3S, EA 4110, Université Lille Nord de France. Problématique et revue de littérature Les enseignants d’EPS peuvent apporter une contribution spécifique et originale à l’éducation à la santé par une démarche d’appropriation active par les élèves d’un « habitus santé » (Mérand et Dhellemmes, 1988). Selon (Manidi M-J, Dafflon-Arvanitou, 2000), l’individu est envisagé dans une perspective systémique et il s’agit alors de lui donner les moyens d’opérer des choix. Il semble important de se servir de la discipline EPS (Perrin, 2003) pour éduquer à la santé physique, mais aussi mentale et sociale. Néanmoins, l’objectif « gérer sa vie physique » n’est que rarement opérationnalisé (Cogérino, 1999). Cadre de référence, méthodologie Nous nous situons dans une approche sociologique compréhensive. L’hypothèse principale était que les enseignants d’EPS engagés dans des Projets Santé développent des organisations, des conceptions et des savoirs spécifiques. Des entretiens ont été réalisés auprès de quatorze d’entre eux spécifiquement formés et désignés comme experts de l’éducation à la santé par l’Inspection académique. Résultats Les enseignants observés qui se préoccupent de l’éducation à la santé sont nouvellement formés et ont une pratique personnelle à orientation sportive. Ils mettent en place une organisation spécifique tant sur le plan individuel que celui de l’équipe pédagogique afin d’augmenter le temps de pratique. Ils semblent animés par une conception de l’éducation à la santé pour ici/aujourd’hui et ailleurs/demain où l’individu est envisagé dans sa globalité en faisant le choix de s’adresser à la santé physique dans l’espoir de jouer également sur la santé mentale et sociale. Enfin, ils ont développé des savoirs relatifs à la connaissance du jeune et de la santé repérables dans la formulation de contenus d’enseignements spécifiques. Discussion Deux tendances fortes ayant pour but d’inciter les élèves à pratiquer de manière plus éclairée pour maintenant et dans l’avenir sont repérées : - Une valorisation du plaisir ressenti immédiat et différée en le liant aux progrès, à la réussite et en espérant ainsi préserver, voire améliorer, l’estime et la confiance en soi; - La volonté de transmettre des connaissances et contenus d’enseignements précis et spécifiques en lien direct avec la pratique et les ressentis (qui sont verbalisés). Les élèves sont ainsi amenés à faire des choix, à prendre des décisions sur leur propre pratique physique. Conclusion Cette première tentative pour analyser les pratiques des enseignants d’EPS reconnus comme experts pour éduquer à la santé mériterait d’être approfondie, mais semble déjà constituer une base de réflexion pour ceux qui désireraient mettre en œuvre cet objectif. Mots clefs santé, bien-être, pratique physique, enseignant, formation Biliographie Cogérino G (1999). Apprendre à gérer sa vie physique. Paris : Puf. Manidi M-J, Dafflon-Arvanitou (2000) Activité physique et santé : apport des sciences humaines et sociales. Éducation à la santé par l’activité physique. Paris : Masson. Mérand R, Dhellemmes R (1988) Éducation à la santé. Endurance aérobie, contribution de l’EPS. Paris : INRP Motta D. (1998). Éducation pour la santé et didactiques disciplinaires : propositions pour l’enseignement, la formation et la recherche, cédérom de la 4e Biennale de l’Éducation et de la Formation, Paris, A.P.R.I.E.F. Perrin C (2003). Éducation physique et éducation pour la santé : un pont à consolider. La santé de l’homme, N°364, mars-avril 2003.