Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. En France,
une femme sur neuf sera atteinte d’un cancer du sein au cours de sa vie. Chaque
année dans le pays, la maladie touche environ 40 000 personnes de plus et
entraîne le décès de 10 000 autres. Des chiffres qui sont loin de rassurer les
patientes au moment de passer une mammographie. De plus, l’expression
« cancer du sein » reste souvent associée à la souffrance, à l’attente angoissée
des résultats, à des traitements lourds, comme la chimiothérapie, et parfois
même à des méthodes radicales et mutilantes, comme la mastectomie (ablation
du sein). Ces statistiques et ces angoisses, toutes très médiatisées, montrent que
le cancer du sein est devenu un problème de santé publique en France, et dans la
plupart des pays riches et industrialisés (USA notamment) : il s’agit d’un
véritable fléau qui condamne chaque année des dizaines de milliers d’individus
à travers le monde. Ainsi, à l’heure où le Bulletin du Cancer publie de nouveaux
chiffres témoignant d’une baisse historique de l’incidence en France, on peut se
demander : comment enrayer l’épidémie du cancer du sein ? Quels progrès
scientifiques ont été réalisés, et que reste-t-il à faire pour que cette maladie soit
enfin éradiquée ? Autant de questions auxquelles nous allons tenter d’apporter
des éléments de réponse dans ces TPE. Tout d’abord, nous établirons les
différents facteurs de risque du cancer du sein. En effet, des progrès récents ont
permis de mieux les identifier et donc de mettre en place une meilleure
prévention individuelle : de nombreux cancers pourraient peut-être être évités.
Ensuite, nous étudierons les moyens de dépistage utilisés et privilégiés pour le
cancer du sein. Là encore, et même s’il s’agit de trouver un cancer déjà présent,
les avancées scientifiques et techniques ont rendu possible un dépistage toujours
plus précoce, toujours plus efficace aussi, et ce afin que le cancer du sein ne tue
plus autant de femmes à l’avenir.
I La prévention passe par une meilleure connaissance
des facteurs de risque
Au cours des dix dernières années, d’énormes progrès ont été faits dans la
découverte des facteurs de risque du cancer du sein. Parmi eux, on distingue
ceux qui impliquent l’environnement, les comportements individuels,…Autant
d’éléments que l’on n’avait peut-être pas l’habitude de considérer comme des
« menaces » pour la santé. En effet, il y a quelques années encore, la plupart des
gens pensaient que le cancer n’était qu’une affaire de gènes défectueux. Mais la
génétique n’est pas la seule en cause.
Dans tous les cas, on utilise, pour quantifier le risque encouru, le Risque
Relatif (RR) : c’est un facteur multiplicateur du risque de la population
générale, qui est par définition égale à 1. Par exemple, RR=1.2 équivaut à dire
qu’il y a 20% de risque en plus pour l’individu concerné d’avoir un cancer du
sein. On peut, grâce à cet outil mathématique, identifier des groupes à risque et
prendre des mesures préventives ou de conseils, prodigués par les professionnels
de santé et largement reproduits dans les médias. Parce qu’après tout, établir les
différents facteurs de risque ne sert à rien si cette découverte n’est pas suivie
d’actes concrets visant à préserver en bonne santé le plus de gens possibles.
1) l’âge et le sexe sont déterminants
Le premier facteur de risque que l’on peut citer est bien sûr le sexe.
Cependant, la maladie n’est pas exceptionnelle chez l’homme, ce dernier
représente 1% de l’ensemble des cancers du sein. Ces cas de cancers du sein
masculins ont les mêmes caractéristiques que ceux qui concernent les femmes
(développement, traitements…). Cependant, étant donné que c’est une
pathologie inhabituelle et peu fréquente chez l’homme, la prévention et le
dépistage ne sont en aucun cas médiatisés et généralisés, donc les cas sont
souvent découverts plus tard, à un stade déjà avancé.
Ensuite, l’âge est déterminant dans l’apparition d’un cancer du sein. En effet,
les cas sont extrêmement rares avant 20 ans, c’est-à-dire chez la petite fille et
l’adolescente (les jeunes filles, au cours de la puberté, peuvent développer des
kystes bénins, ou ressentir des douleurs au niveau des seins ; elles ne doivent en
aucun cas s’inquiéter inutilement et relier ces symptômes à un cancer du sein,
même si elles doivent en informer leur mère et leur médecin). Avant 30 ans, le
cancer du sein reste rare, mais ensuite, la fréquence augmente rapidement. C’est
à l’âge de la soixantaine que le risque est le plus élevé. Il recommence à
diminuer au-delà de 69 ans. Actuellement, on ne sait pas encore vraiment
pourquoi le cancer du sein apparaît principalement chez les femmes d’un certain
âge.
2) Le climat hormonal
Le climat hormonal semble influer sur le risque de développer un cancer du sein.
En fait, il s’agit d’un ensemble de facteurs endo- ou exogènes qui modifient le
risque, en ayant un effet protecteur ou au contraire en favorisant l’apparition de
la maladie.
* Facteurs endogènes : ils correspondent à la vie hormonale et reproductive de
chaque patiente. Ainsi, une puberté précoce (premières règles avant 12 ans),
une ménopause tardive, l’absence de grossesse (ou nulliparité), une première
grossesse tardive : autant de situations où le risque de survenue du cancer du
sein est augmenté. Le risque relatif (RR) prend des valeurs supérieures à 1,2 et
parfois même à 2. A l’inverse, une ménopause précoce (avant 40 ans) naturelle
ou artificielle (ablation des ovaires), de nombreuses grossesses, une première
grossesse précoce (avant 25 ans) ou encore, pour certains, l’allaitement,
semblent « protéger » les femmes concernées d’un cancer du sein. Le risque
relatif diminue, parfois de moitié (RR=0.5). De façon générale, on pourrait
expliquer toutes ces constatations par le taux d’hormones (oestrogènes ou
progestérone) de la femme. En effet, la théorie de la « fenêtre oestrogénique »
consiste à dire que la présence prolongée d’oestrogènes (sans sécrétion de
progestérone) stimule la prolifération des cellules du sein et augmente le risque
de développer un cancer, alors que pendant la grossesse par exemple, le placenta
assure une augmentation du taux de progestérone circulant, ce qui a un effet
« protecteur ». Cette théorie, si elle a l’avantage d’être simple, reste
actuellement très controversée, elle est jugée simpliste et manichéenne. De plus,
elle a pour effet de dramatiser inutilement la situation des unes, et de rassurer,
peut-être à tort, les autres, alors que vraisemblablement, les taux d’hormones ne
sont qu’un aspect dans la survenue du cancer.
* Facteurs exogènes : Il s’agit ici d’évoquer la contraception orale (pilule), le
Traitement Hormonal Substitutif de la ménopause (THS) et leur rôle dans la
survenue du cancer. En effet, ces deux traitements font régulièrement l’objet de
critiques et de remises en question, on les accuse notamment d’augmenter le
risque d’apparition du cancer. Dans le cas de la contraception orale chez une
femme qui ne présente pas de risque personnel élevé (antécédent personnel de
cancer par exemple), de nombreuses études ont montré qu’une prise même
prolongée ne provoque pas d’augmentation du risque, ou alors l’augmentation
est si infime qu’elle ne peut en aucun cas s’opposer au premier bénéfice de la
pilule : la maîtrise de la fécondité. En revanche, le THS (actuellement on parle
aussi de THM pour Traitement Hormonal de la Ménopause) est plus
controversé. En effet, il s’agit, au départ, d’un traitement visant à prévenir ou à
atténuer les troubles liés à la ménopause : le risque osseux principalement
(ostéoporose) mais aussi cardio-vasculaire ; de plus, la prise de ces médicaments
entraînent une amélioration de la qualité de vie (régulation de problèmes parfois
très gênants qui sont liés à la ménopause comme les bouffées de chaleur, la
sécheresse vaginale, la prise de poids, les troubles psychoaffectifs). Ces
bienfaits ont été mis en évidence dans de nombreuses études. Cependant, au
cous de ces mêmes essais, on a découvert que le risque de cancer du sein semble
être augmenté par la prise de THS : les risques relatifs obtenus sont variables
mais toujours supérieurs à 1. Il y aurait également un risque de développer plus
fréquemment d’autres pathologies (embolies pulmonaires par exemple). Ainsi
on peut se demander si les bénéfices du THS restent valables devant de tels
risques. Actuellement, la conduite à tenir face aux THS est stricte : la
prescription doit être sérieusement motivée et encadrée. De plus, les femmes
qui présentent un risque personnel élevé n’ont pas accès à ce type de traitement,
en l’absence de preuves qui le rendraient tout à fait inoffensif. Ainsi, la
contraception orale reste sans risque, alors que le THS fait encore l’objet de
discussions et d’études, aux USA notamment (voir article)
Récemment, de nouveaux éléments ont fait leur apparition en France, et
viennent s’ajouter aux statistiques américaines (sources : le Bulletin du Cancer).
En effet, on observe pour la période 2005-2006 une baisse historique de
l’incidence. C’est une baisse paradoxale, compte tenu de la généralisation du
dépistage, qui aurait au contraire dû mener à une augmentation des cas
découverts. De plus, cette baisse s’expliquerait par une importante baisse dans
le recours aux traitements hormonaux de la ménopause (-60%). Les médecins
sont désormais encore plus prudents dans l’utilisation de ces hormones de
synthèse. Cette forte corrélation relance aussi la question : quelle est la part
réelle des hormones dans le cancer du sein ? Pour certains chercheurs, on peut
clairement parler d’un cancer hormonodépendant.
La chute de l'incidence de cancer du sein aux Etats-Unis serait bien liée à un moindre recours
aux THS le 22/08/07
20/08/2007 (APM Santé) - La baisse brutale de l'incidence de cancer du sein aux Etats-Unis découle
bien d'une moindre prise de traitements hormonaux de substitution (THS) par les femmes
ménopausées, et non d'un recul de la mammographie, selon une étude publiée dans le Journal of the
National Cancer Institute (JNCI).
Des données épidémiologiques présentées en décembre 2006 au San Antonio Breast Cancer
Symposium avaient montré une baisse de 7% de l'incidence de ces cancers entre 2002 et 2003, et
notamment une baisse de 12% des cancers du sein avec récepteurs aux estrogènes, chez les
femmes âgées de 50 à 69 ans.
Cette chute soudaine coïncidait avec l'interruption en juillet 2002 de l'étude Women's Health Initiative
(WHI), en raison d'un risque accru de cancer du sein avec l'association d'estrogènes et d'un
progestatif, une annonce qui s'était soldée par l'arrêt des THS chez la moitié des femmes qui en
prenaient jusqu'alors.
Demeurait toutefois un doute quant au lien réel entre les deux évènements, plusieurs études ayant
montré que la baisse d'incidence cancéreuse coïncidait également avec une baisse du recours à la
mammographie, la plus forte diminution (3,2%) étant enregistrée entre 2000 et 2003 chez les 50-69
ans.
En menant leur étude uniquement sur des femmes ayant eu une mammographie, Karla Kerlikowske
de l'University de California à San Francisco et ses collègues démontrent que la baisse d'incidence
des cancers du sein est bien liée aux THS, et non au recul du dépistage.
Leur travail, qui porte sur plus de 600.000 mammogrammes effectués entre 1997 et 2003 dans quatre
centres américains, confirme la baisse d'incidence cancéreuse, de 5% chaque année entre 2000 et
2003. De plus, stable jusqu'en 2001, le taux de cancers positifs pour HER2 enregistrait une diminution
annuelle de 13% entre 2001 et 2003.
La consommation des THS était déjà en baisse de 7% chaque année entre 2000 et 2002, ce que les
chercheurs expliquent par la publication en 2000 des premières données observationnelles suggérant
un lien entre THS et cancer. Suite à l'interruption de WHI, le déclin s'est accéléré, passant à 34%
entre 2002 et 2003.
"Nos résultats suggèrent que le déclin des THS a contribué à la baisse d'incidence de cancer du sein
aux Etats-Unis, tandis qu'il est peu probable que cette tendance nationale soit expliquée par la faible
diminution du dépistage", commentent les chercheurs.
Selon eux, le fait que le risque de cancer chez des femmes ayant pris des THS dans le passé ne
s'aligne pas immédiatement avec celui de celles jamais traitées "suggère que le risque de cancer du
sein diminue lentement (...)".
"Les femmes âgées de 50 à 69 ans qui ont besoin d'estrogènes et d'un progestatif pour apaiser les
symptômes de leur ménopause devraient être encouragées à ne prendre ce traitement que pendant
une durée minimale, afin de minimiser leur risque cancéreux", conseillent-ils./rl/ajr
Cancer du sein: la contraception orale ne semble pas affecter la mortalité le 18/12/07
17/12/2007 (APM Santé) - Selon une étude américaine, l'utilisation d'une contraception orale n'a ni
effet bénéfique ni effet délétère sur la mortalité à long terme par cancer du sein.
Deux importantes études cas-contrôles, l'une publiée en 1986 (CASH) et l'autre en 2002, ont apporté
de solides preuves que la pilule n'augmentait pas le risque de cancer du sein mais une analyse
groupée de 54 études épidémiologiques a suggéré un risque légèrement augmenté chez les
utilisatrices de la pilule, rappellent Phyllis Wingo des Centers for Disease Control and Prevention à
Atlanta (Georgie) et ses collègues.
Mais une question reste en suspens, celle de l'impact de la pilule sur la mortalité une fois que la
femme a un diagnostic de cancer du sein. Les chercheurs ont donc examiné les données de survie à
15 ans des femmes diagnostiquées avec un cancer du sein dans le cadre de l'étude Cancer and
Steroid Hormone Study (CASH).
L'analyse porte sur 4.292 femmes âgées de 20 à 54 ans au moment de leur diagnostic de cancer du
sein entre 1980 et 1982. Les auteurs ont constaté que ni la durée de l'utilisation de la contraception
orale, ni l'âge à la première utilisation, ni la formulation, n'étaient associés à la survie.
Les utilisatrices actuelles d'une contraception orale avaient un risque relatif de décès par cancer du
sein de 0,90, non significativement différent par rapport aux non-utilisatrices.
"Dans l'ensemble, cette étude n'a pas trouvé de preuve d'un effet bénéfique ou délétère d'un
antécédent d'utilisation de contraception orale sur la survie à long terme après un diagnostic de
cancer du sein".
(Obstetrics & Gynecology, vol.110 n°4, pp.793-800)
3) L’environnement et le mode de vie
L’exemple des femmes japonaises est sans doute le plus éclairant, il est
révélateur de l’influence du mode de vie dans la survenue d’un cancer du sein.
En effet, ces femmes sont peu touchées par le cancer du sein, mais si l’on
regarde les chiffres relatifs aux Japonaises ayant émigré aux Etats-Unis, on se
rend compte que les taux de cancers du sein sont très proches de ceux des
Américaines, c’est-à-dire beaucoup plus élevés. Ainsi on pourrait mettre en
cause l’alimentation américaine, déséquilibrée et riche en graisses animales, face
aux régimes nippon et crétois, jugés plus sains. En fait les graisses sont au cœur
des polémiques car elles interviennent dans la synthèse des hormones
féminines ; or les médecins mettent souvent en avant l’hormonodépendance du
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