Palmade

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RENCONTRES SUR LA FORMATION ÉCONOMIQUE ET SOCIALE DANS
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ORGANISÉES PAR LES ÉDITIONS «AUTREMENT»
COMPTE RENDU DE L'INTERVENTION DU DOYEN PALMADE
réalisé par Michel KASSA avec la participation de Sophie GUILBERT
Que l'enseignement économique et social (SES) doive être dispensé en tant qu'entité
indissociable, Guy Palmade en fait l'axe principal de son exposé d'ouverture des rencontres. Au
préalable, il convenait de décrire la façon dont, une fois reconnue comme discipline nécessaire,
ayant pour objet d'attention la réalité économique et sociale, cette matière nouvelle allait être
insérée, à la fin des années 60, dans les programmes académiques du secondaire. L’accroissement
du poids de l’économie dans la vie individuelle et collective d’une part, les progrès des sciences
humaines et sociales d’autre part, lui avaient offert ses lettres de créances ; les manuels d’économie
s’étaient étoffés, et un monde séparait ceux de Nogaro et ceux de Barre ou Samuelson : fallait-il
donc intégrer la discipline ou aménager pour elle un espace entièrement vierge?
La première solution fut adoptée pour le premier cycle: une «initiation économique et
sociale », rendue possible par une réforme des programmes et la formation des professeurs, vint
s'immiscer dans les cours d'histoire/géographie. Les difficultés ne tardèrent pas à surgir à cet égard,
dans une discipline déjà «alourdie par des commandes successives» ; instruction civique, sécurité
routière. En outre, l'irruption de notions économiques et sociales articulées de façon logique et
relativement autonome rendait malaisée l'articulation. Seule la bonne adaptation des historiens a
permis d'affronter ces problèmes.
La voie de la création ex-nihilo, adoptée en 1966 pour les lycées, a connu divers
changements. Pour la seconde, les sections A, B ont bénéficié de 1966 à 1981 d'un enseignement de
quatre heures hebdomadaires en sciences économiques et sociales ; ta réforme entrée en vigueur en
1981 a élargi la base des bénéficiaires (environ 85°/o des élèves toutes sections confondues) mais
réduit l'horaire à deux heures; en outre, les secondes technico-commerciales, aux horaires d'atelier
trop chargés, ne peuvent y prétendre. Il en résulte pour l'ensemble un enseignement court, peu
cohérent, alors que ce type de formation sera le seul et dernier dans son genre pour beaucoup
d'élèves.
La section B subsiste pour les première et terminale depuis 1966. On y dispense quatre à
cinq heures par semaine d'enseignement économique et social, en partie dédoublées pour les
travaux pratiques. Là, les notions abordées au cours de la seconde font l'objet d'exposés plus
systématiques. Par ailleurs, de nouveaux programmes ont été lancés en première depuis septembre
1988, dont on devra évaluer le contenu novateur.
La forme de l'enseignement présenté dans son contexte historique, il s'agissait alors d'en
préciser l'esprit et le contenu : occasion pour Guy Palmade de souligner en détail l'importance du
« et » dans « Enseignement économique et social ». Son absence «serait un désastre», car elle
remettrait en cause le fondement même des objectifs assignés à la discipline dans le système
éducatif français : à savoir, créer un enseignement apte à faire connaître aux 16/18 ans les réalités
économiques et sociales par des voies d'accès empruntées aux disciplines appropriées : ainsi,
d'entrée, si un poids très lourd est reconnu à l'économie (la licence dans cette discipline est le
minimum pour un enseignant ou inspecteur), celle-ci ne saurait être exclusive, dans le cadre du
secondaire.
Cette conception étant posée concernant l'enseignement au lycée, Guy Palmade lui reconnaît
une position parfois en porte-à-faux par rapport à l'enseignement supérieur demandeur quant à lui
de savoirs spécialisés. Mais «on ne peut présenter les SES comme une propédeutique à
l'enseignement supérieur. C'est un simple élément de culture générale dont l'unité est didactique, et
réside dans l'enseignement, non dans l'origine scientifique ». Ainsi, le postulat est clair il ne s'agit
pas «d'enseigner valablement l'économie» comme le réclame un recteur d'académie, mais d'être
guidé par une préoccupation globale, unitaire, qui ne s'emprisonne pas dans un catéchisme des
concepts et du vocabulaire économiques. On peut alors s'interroger sur ce postulat ou sur les
problèmes de méthode, de terminologie mais pour le doyen Guy Palmade, les élèves représentant
aujourd'hui un quart des baccalauréats d'enseignement général «ne semblent pas moins intéressés
que dans les autres disciplines».
DEES n°75 / Mars 1989, page 43.
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