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en librairie. On peut également citer Antoine de Montchrestien dont la conception de la tragédie lui
est très proche et qui oriente ses thèmes vers l'édification morale et religieuse dont le chœur se fait le
porteur. Nous savons aussi qu'il moura deux ans plus tard suite a une crise cardiaque ou a un
empoisonement. Personne ne le sut.
La comédie
La comédie quant à elle, qui voulut rompre avec le tradition médiévale, ne s'imposa pas, on n'en
compte guère plus d'une vingtaine. Elle résulte également de l'imitation des pièces de l'antiquité et
essentiellement du comique latin Térence, un des auteurs les plus lus du XVIe, les grecs étant très
peu connus et traduits. Elle emprunta également à la Comedia erudita, comédie italienne florissante
dans la première partie du XVIe elle-même issue de la comédie antique de Plaute et de Térence,
représentée en Europe et à la cour de France.
Tout comme la tragédie, la comédie se veut reflet, miroir de la société. Elle raconte comme chez les
latins les amours contrariés de jeunes filles et gens mais on y trouve des allusions historiques à
l'actualité française telles les guerres de l'époque, les lieux sont parfois familiers du public, certaines
pièces se déroulent à Paris, le cadre permet de peindre le milieu bourgeois à travers l'intrigue. Les
français, comme les italiens ont adapté leur théâtre aux mœurs de leur temps. en susan
On peut distinguer deux périodes dans cette production théâtrale, la génération de la pléiade (Grévin,
La taille, Belleau...) qui illustre une approche nouvelle de la Comédie et en ouvre la voie ; on y
trouve une intention militante et polémique avec une satire des conditions, des gens d'église etc, puis
la seconde génération, à partir des années 1570 qui ne cherche plus à révolutionner le genre (Larivey,
Turnèbe...) mais qui impose la comédie à l'italienne dont l'influence reste très discrète chez les
premiers.
On peut également évoquer la commedia dell'arte, terme inventé par Goldoni pour désigner cette
forme de dramaturgie en 1750, fit son apparition en France et diffusa son théâtre qui connut un grand
succès et certains acteurs une notoriété. À partir de canevas ou sogetto esquissés sommairement, on
improvise des spectacles, le travail de l'acteur étant un travail de composition et de jeu qui met en
relief son talent et où les rôles se répartissent en types . Chaque type se reconnaît par ailleurs au
masque qu'il peut porter, certains personnages en étant dépourvus. Quant à l'amour, il est l'unique
enjeu de la pièce.
Mais, un siècle avant Goldoni, un dramaturge vénitien du XVIe siècle, Angelo Beolco, dit
Ruzzante, inventait une nouvelle forme de théâtre. Dario Fo, qui a une admiration sans bornes pour
celui qu'il considère comme son « plus grand maître avec Molière », lui rendit un hommage appuyé
dans le discours qu'il prononça à Stockholm, en 1997, pour la réception du Prix Nobel de
littérature. Pour lui, Ruzzante est « un extraordinaire homme de théâtre de ma terre, peu connu ...
même en Italie. Mais qui est sans aucun doute le plus grand auteur de théâtre que l'Europe ait
connu pendant la Renaissance avant l'arrivée de Shakespeare1. » Il insista sur la qualité du théâtre
de Ruzzante, qu'il considère comme « le vrai père de la Commedia dell'arte, qui inventa un langage
original, un langage de et pour le théâtre, basé sur une variété de langues : les dialectes de la Vallée
du Pô, des expressions en latin, en espagnol, même en allemand, le tout mélangé avec des
onomatopées de sa propre invention2. »
Les troupes