Prise de position de plusieurs organisations et institutions d’accompagnement
relative à la situation pénible du peuple haïtien suite aux cyclones Fay, Gustav,
Hanna et Ike.
Nous, les organisations et les institutions signataires de cette note, saluons la mémoire de
toutes les victimes des quatre cyclones successifs qui ont dévasté les dix départements
géographiques du pays. Nous apportons notre solidarité aux familles des personnes
décédées et à toute la population affectée par ces intempéries.
Quelle est la situation actuellement ?
Haïti vit depuis quelque temps, des moments de grande désolation et de désespoir, une
situation qui a empiré de nos jours avec la saison cyclonique de l’année 2008. Jusqu’à
présent, nous continuons de compter des cadavres, des personnes déplacées et disparues,
des enfants orphelins. Une évaluation exhaustive du déficit économique réel qui en
découle, reste encore à faire.
A travers tous les coins et recoins du pays, il y a : de grandes superficies de terre sous les
eaux, des mornes qui ont déboulé, des tonnes de terre emportées à la mer, des arbres
déracinés, la plupart des jardins dévastés, des maisons soit inondées soit littéralement
emportées par des eaux en furie ainsi qu’une partie importante du cheptel paysan. Des
ponts se sont effondrés ou ont totalement disparu, ce qui a isolé davantage les communes
et les sections communales les unes des autres.
Conséquemment à tout cela, des familles se sont trouvées dans une situation pire que
dans celle qu’elles connaissaient avant. La situation socio- économique de la majorité
populaire s’est aggravée car l’économie du pays se portait déjà mal à cause de
l’application par l’État haïtien des mesures politiques néolibérales imposées par le Fonds
Monétaire International (FMI), la Banque Mondiale (BM), la Banque Interaméricaine de
Développement (BID), l’Organisation du Commerce (OMC), l’Agence Américaine de
Développement International (USAID) etc. Ces politiques de « médecine de cheval »
comme on les surnomme et celles antinationales et antipopulaires des différents
gouvernements haïtiens depuis presque trois décennies, ont contribué à alourdir les
conséquences de ces catastrophes. Le pouvoir actuel a atteint un niveau de désarticulation
tel, qu’il a perdu toute son autorité et qu’il ne lui est plus possible d’administrer l’espace
territorial tant en situation régulière qu’en celle d’urgence. Il ne s’est doté d’aucun outil
ni pour gérer, ni pour organiser, ni pour prévoir. Il s’est même montré inapte à utiliser à
bon escient les ressources nationales.
La dégradation de l’environnement fait partie des causes qui ont facilité tant de dégâts à
travers le pays. Cette dégradation résulte du choix économique, social, culturel et
politique des classes dominantes, un choix qui a permis une mauvaise répartition de nos
richesses au profit d’une petite minorité et le gaspillage de nos ressources. Les paysannes