la_decolonisation_et_consequences

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Chapitre 2 : la décolonisation et ses conséquences
Introduction
Obtenue progressivement et souvent dans le sang et les larmes, les indépendances des colonies (= décolonisation) vont
transformer le monde en faisant émerger, à coté des Occidentaux et du monde communiste, un 3° monde qui va vouloir
jouer un rôle internationale mais va surtout devoir affronter une situation sociale et économique difficile, voire dramatique.
1. Un nouveau contexte après 1945
Des métropoles affaiblies ; des nationalistes renforcés et disposant d’une nouvelle tribune, l’ONU ; des Américains et des
Russes anticolonialistes… voilà les nouvelles conditions qui vont permettre l’enclenchement du processus de décolonisation.
A. Des métropoles affaiblies face à des nationalistes renforcés
Affiche 1 page 158
Q1 : présentation (origine ; contexte)
Q2 : interprétation
Q3 : impact sur le colonialisme ?
La guerre a affaibli les métropoles
L’affaiblissement est économique (destructions de la guerre) ; il est aussi politique pour les métropoles battues par l’Axe en
1940 (France, Belgique, Hollande…) ; il est enfin idéologique puisque le mythe de la supériorité de l’homme blanc s’est
effondré du fait des horreurs de la guerre (la Shoah) et du fait des victoires et de l’intense propagande du Japon en Asie.
Les nationalistes sont renforcés
Les colonies ont eu un rôle important dans les victoires finales des Alliés contre les forces de l’Axe (par leur fidélité et par
l’apport de leurs soldats et de leurs richesses) : les nationalistes estiment que les métropoles ont une dette vis à vis des
colonisés. D’autant que le combat mené contre les nazis l’a été au nom de la liberté et du droit des peuples à disposer
librement d’eux-mêmes (Charte de l’Atlantique en 1941). D’ailleurs certains leaders indépendantistes d’Asie n’avaient pas
hésité à proclamer l’indépendance de leur pays durant la guerre (ex. Sukarno en Indonésie ou Ho Chi Minh au Vietnam).
B. Un contexte favorable
Le rôle des 2 puissances de l’après-guerre
Pour des raisons différentes, les Etats-Unis et l’URSS affirment une position anticolonialiste forte :
- pour les EU se mêlent à la fois le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la volonté de libéraliser les
marchés (lutte contre la préférence impériale) ;
- pour l’URSS cela relève de la lutte contre le système capitaliste dont le colonialisme est une composante
intégrale mais aussi de la lutte contre l’influence de l’occident libéral sur le monde
Mais il est à noter que l’hostilité grandissante entre les blocs de l’ouest et de l’est (Guerre Froide : 1947) va parfois faire
passer la lutte anticolonial après la lutte idéologique (exemple : les EU appuieront les français en Indochine pour contrer la
poussée communiste en Asie).
Texte 5 page 157
Q1 : qu’est-ce qu’une Charte ? Celle-ci ?
Q2 : résumer la position de l’ONU sur la colonisation
Q3 : est-elle très claire ?
Le rôle de l’ONU
Fondée le 26 juin 1945, l’Organisation des Nations Unies devient rapidement une tribune pour les revendications
anticolonialistes.
2. Des indépendances conquises et rarement données
A. La phase asiatique (1945 – 1955)
La décolonisation débute en Asie. Elle va voir s’opposer 2 conceptions, celle de l’Angleterre et celle de la France.
Carte page 154
La chronologie
1945 – 1954 : guerre d’Indochine.
1947 : indépendance et partition de l’Empire des Indes (Inde – Pakistan)
1949 : indépendance de l’Indonésie avec Sukarno (Hollande)
1948 : création de l’état d’Israël par David Ben Gourion (début de la question Israëlo-arabe et Israëlo-Palestinienne)
Entre 1947 et 1958 : indépendances de Ceylan ; Birmanie ; Malaisie ; Singapour
Le cas anglais : l’indépendance de l’Inde (1947)
Dossier pages 160 – 161
La méthode du « partir pour mieux rester » (ou le « pragmatisme » anglais) : accorder l’indépendance étant inéluctable il faut
préserver les relations (économiques, politiques et culturelles) avec les anciennes colonies.
L’indépendance de l’Inde c’est :
- une négociation tripartite : Lord Mountbatten ; Jinnah ; Nehru
- une indépendance dans le calme
- mais de terribles affrontements ethniques et religieux (Gandhi assassiné en 1948)
Le cas français : la guerre d’Indochine (1945 – 1954)
La France s’accroche à son empire, unique garant de sa ‘future’ puissance. Elle est prête à des réformes qui favoriseront
l’autonomie, mais pas à l’indépendance (texte de la conférence de Brazzaville en janvier 1944).
Cette position mais aussi le fait que le leader indépendantiste du Vietnam est communiste (Ho Chi Minh) pousse la France
dans une guerre à la fois coloniale et de guerre froide ! Après 9 ans de guerre les troupes françaises sont battues à Dien
Bien Phu le 7 mai 1954. Le nouveau président du conseil, Pierre Mendès France négocie la fin des combat et
l’indépendance du Vietnam à Genève en juillet 1954. Celui-ci est partagé en 2, le Nord devenant communiste.
B. La phase africaine
Les états nouvellement indépendants d’Asie se sont retrouvés à la conférence de Bandoung en 1955 pour, entre autre,
affirmer leur solidarité avec l’Afrique. C’est le point de départ de la phase africaine.
La chronologie
1957 à 1963 : indépendance des colonies anglaises dont le Ghana, le Kenya, le Nigéria…
1956 : indépendances du Maroc et de la Tunisie.
er
1954 (1 novembre) – 1962 (19 mars) : guerre d’Algérie.
1960 : indépendance des états d’Afrique Noire française et du Congo Belge.
1975 : indépendance de l’Angola et du Mozambique (Portugal)
1994 : l’Afrique du Sud abandonne sa politique d’Apartheid [définition page 64] (Nelson Mendela président)
Souvent, après l’indépendance, des heurts ethniques et religieux surviennent dans les états nouveaux d’Afrique Noire
(exemple, le Congo entre en guerre civile)
Le cas de l’Algérie
Dossier page 164 – 165
L’Algérie symbolise à la fois l’attachement de la France à une colonie « particulière » puis le progressif et douloureux
glissement vers l’acceptation de son indépendance.
La guerre d’Algérie : synthèse chronologique
1er temps : 1945 à 1958, le refus l’Algérie doit rester française
1945 : les émeutes de Sétif sont très durement réprimées. Persuadés que toute réforme leur serait fatale, les
Pieds-Noirs refusent toute évolution ; de leur coté les nationalistes se radicalisent peu à peu.
er
1954 (1 novembre) : début de l’insurrection la guerre débute : elles opposent l’armée française aux combattants du
FLN
Algériens. Elles sera dure et marquée d’atrocités des 2 cotés. La France est internationalement isolée.
1956 : le gouvernement obtient les pouvoirs spéciaux et envoie le contingent (les appelés) en Algérie
1958 (13 mai) : une crise à Alger précipite la fin de la IV° république et permet le retour du général de Gaulle au
pouvoir
(naissance de la V° république) ; il amorce un changement de politique en Algérie.
2nd temps : vers l’autodétermination (les habitants de l’Algérie doivent choisir eux-mêmes).
1959 : de Gaulle se prononce pour l’autodétermination.
1960 : les Pieds-noirs se soulèvent contre le gouvernement, c’est la semaine des barricades.
1961 (avril) : 4 généraux tentent un putsch (coup d’état) contre la république. Ils échouent.
1962 : l’OAS (Organisation Armée Secrète, favorable à l’Algérie Française) tentent d’assassiner de Gaulle au
Petit Clamart en août 1962 et perpétue de nombreux attentats.
: le 18 mars les accords d’Evian terminent la guerre : l’Algérie choisit l’indépendance le 3 juillet
(les français approuvent par 90% de « oui » ; les Pieds-noirs rentrent en France
3. Du Tiers Monde aux tiers monde
A. Quel rôle politique pour le Tiers Monde ?
Doc 2 page 168
En 1952, le démographe français Alfred Sauvy crée, par analogie aux Tiers Etat d’avant la Révolution, l’expression Tiers
Monde pour désigner les nouveaux pays indépendants : il les caractérise comme démographiquement dynamique, mais
pauvres et sans aucun rôle politique réel (14 août 1952, l’Observateur, article « 3 monde, 1 planète »).
L’affirmation du Tiers Monde : Bandoung, 1955
Doc 4 page 169 + 3 page 173
En 1955, à Bandung, en Indonésie, 29 chefs d’état de ce Tiers Monde (dont Nehru, Nasser, Sukarno ou Chou En Laï) se
réunissent et affirment leur opposition au colonialisme, à la guerre, et à le guerre froide. Ces pays sont divisés mais la voie
ère
du neutralisme [définition page 74] l’emporte. C’est la 1 manifestation de l’existence politique du Tiers Monde… même si
l’impact réel de la conférence sera très limité. Dès 1956, le général Nasser mettra cette volonté d’émancipation en œuvre en
décidant de nationaliser le canal de Suez, contre l’avis des anglais et des français qui ne pourront rien faire pour l’en
empêcher.
Le non-alignement et ses difficultés
Après Bandung, à Belgrade en 1961, les pays du Tiers Monde réunis proclament leur volonté de non-alignement. Mais ces
pays n’arriveront pas à créer véritablement un contrepoids aux 2 Supergrands ni à faire exister politiquement le Tiers Monde
du fait :
- de leur extrême dépendance vis à vis des puissances du Nord
- de leur grande diversité politique
- des tensions et des difficultés internes qui les affaiblissent : guerres civiles, instabilité politique…
Certains pays du Tiers Monde tentent de s’associer régionalement, sans grand succès (OUA en 1963 ou ASEAN en 1967).
B. Sortir de la pauvreté
Doc 1 page 170
Pauvreté et dépendance
Les pays nouvellement indépendants doivent affronter une situation de grande pauvreté dont une des clefs est l’inégal
répartition des richesses : au Sud les produits bruts ; au Nord les produits manufacturés et la maîtrise des échanges. On
parle d’ « échange inégal » que l’ONU tente de rééquilibrer dès 1964 par des Conférences des Nations Unies pour le
Commerce Et le Développement (CNUCED).
Le Tiers Monde dénonce une nouvelle forme de domination des puissances du Nord, le néocolonialisme.
Les voies de développement
Les pays du Tiers Monde ont suivi des voies de développement variées :
- certains ont pu prendre le contrôle de l’exploitation de leur richesse : c’est le cas (quasi unique) des pays
er
Exportateurs de pétrole (OPEP) 1973 1 choc pétrolier ;
- certains ont suivi une voie socialiste fondée sur le contrôle de l’économie par l’état ; dans la même ligne certains
pays ont espéré en une véritable révolution, sur le modèle Cubain (1959), mais ce fut partout des échecs
- d’autres ont choisis l’ouverture vers le monde et les pays riches par des produits agricoles d’exportation ou par
des productions industrielles à bas prix
Le Tiers Monde éclaté
Après la crise de 1973 le fossé se creusent entre les pays du Tiers Monde, entre ceux qui s’industrialisent (NPI) en profitant
aussi des délocalisations industrielles ; ceux qui émergent progressivement de la pauvreté ; ceux enfin, qui restent très en
retard, les PMA, essentiellement en Afrique Noire.
Conclusion
Les pays du Tiers Monde exigent depuis 1974 un Nouvel Ordre Economique Internationale (NOEI), qu’ils entendent faire
avancer surtout par l’ONU où ils sont majoritaires. Mais ce qui est aujourd’hui le plus marquant est l’éclatement du Tiers
Monde.
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