moment. La plus grande partie du monde politique et intellectuel (à l'exception
notable des communistes), l'essentiel de l'opinion publique, l'école, les groupes
de pression favorables aux colons également, continuent de défendre une vision
idéalisée de l'œuvre civilisatrice de la France dans le monde colonial.
Les revendications d'indépendance sont cependant de plus en plus fortes. Une
élite indigène, formée dans les universités françaises ou dans la hiérarchie
militaire et les FFL, structure le discours nationaliste en s'appuyant sur les
principes démocratiques (la charte de l'ONU rappelle, en 1945, le droit à
l'autodétermination des peuples), ou sur une analyse marxiste de la domination
coloniale (Hô Chi Minh en Indochine).
2. Les réponses de la France aux revendications natiionalistes
Les premiers actes venant en réponse à l'agitation nationaliste demeurent
identiques à ceux d'avant la guerre : refus du dialogue et recours à la répression.
Les soulèvements algériens à Sétif et dans le Constantinois en 1945 sont matés
avec brutalité. À Madagascar, le recours à la force fait environ 100 000 morts.
Mais c'est en Indochine que l'intransigeance s'affirme avec la plus grande netteté.
En 1946, Hô Chi Minh avait accepté l'intégration de l'Indochine dans la “
Communauté ”, prévue par la Constitution, moyennant la reconnaissance d'une
république démocratique du Viêt-nam. La position dominante de la France n'en
demeurait pas moins intacte. La poussée nationaliste croissante, fortement
soutenue par le mouvement populaire, l'activisme du Viêt-minh (Ligue pour
l'indépendance du Viêt-nam), l'intransigeance des colons et de l'administration
française, entraînent la région dans un conflit de plus en plus violent et qui se
trouve marqué par le climat de guerre froide où Américains et États communistes
soutiennent chacun leur camp. Malgré l'envoi constant de renforts métropolitains,
le désastre français de Diên Biên Phû, en mai 1954, confirme l'impasse militaire.
Pierre Mendès France, investi pour ce faire, négocie la paix à Genève en juillet
1954. L'Indochine devient indépendante, partagée désormais entre le Laos, le
Cambodge et le Viêt-nam, lui même coupé en deux le long du 17e parallèle.
La défaite militaire, couronnement d'une décolonisation manquée, a jeté la
consternation dans le monde politique, l'opinion et l'armée. Elle ouvre la voie
également à un changement d'attitude à l'égard des revendications nationalistes.
II - Le temps des négociations (1954-1962)