PARTIE 2 3ème partie (I - 3 du programme officiel ) STABILITE ET VARIABILITE DES GENOMES ET EVOLUTION chapitre I : Les innovations génétiques Les individus d’une même espèce ont en commun les mêmes gènes. Ils commandent l’expression de leurs protéines, à l’origine de leur phénotype. Il existe pourtant un polymorphisme phénotypique au sein d’une même espèce. Nous verrons comment peuvent apparaître plusieurs versions d’un gène ( ou allèles ) Au cours du temps, on assiste à une complexification du génome des êtres vivants . On expliquera comment les gènes ont pu se multiplier au cours du temps en entraînant l’apparition de fonctions nouvelles . I LE GENOME D’UNE ESPECE PRESENTE UN POLYMORPHISME . Le génome de chaque être vivant est constitué d’une molécule d’ADN portant un certain nombre de gènes. Au sein d’une population, de nombreux gènes existent sous plusieurs versions, ses allèles qui différent par leur séquence de nucléotides. L’existence de ces différents allèles constituent le polyallélisme*. Les allèles d’un même gène occupent toujours le même emplacement, appelé locus, sur un chromosome . II LES MUTATIONS GENIQUES CREENT DE NOUVEAUX ALLELES . Les différentes mutations Un allèle provient d’une modification de la séquence nucléotidique du gène, appelée mutation*. Les mutations peuvent être ponctuelles* (n’affectant qu’un seul nucléotide) ou plus étendues. Les mutations ponctuelles sont de trois types : - substitution* : changement d’un nucléotide par un autre (présentant une base différente), - addition* : insertion d’un nucléotide supplémentaire, - délétion* : perte d’un nucléotide. Conséquences des mutations Les modifications subies par l’ADN peuvent ou non affecter les polypeptides synthétisés. Une substitution n’entraînant pas de modification de la séquence peptidique, du fait de la redondance du code génétique, est une mutation silencieuse*. Une substitution entraînant le changement d’un codon sens par un autre codon sens, qui conduit au remplacement d’un acide aminé par un autre est : - une mutation neutre* si elle ne modifie pas la fonction de la protéine synthétisée, - une mutation faux-sens* si la fonction de la protéine est modifiée ou altérée. Une mutation entraînant le changement d’un codon sens en un codon non-sens est une mutation non-sens*. Elle introduit un arrêt prématuré de la traduction et donne une chaîne polypeptidique incomplète. Enfin, des additions ou délétions d’un nombre de nucléotides non multiple de 3 constituent des mutations décalantes* qui modifient le cadre de lecture et donc l’ensemble de la séquence polypeptidique à partir de la mutation. III LES DUPLICATIONS GENIQUES CREENT DE NOUVEAUX GENES Les familles multigéniques L’évolution s’est traduite par une augmentation de la taille des génomes, en particulier du nombre de gènes. Un des mécanismes créateurs de gènes nouveaux a été révélé par l’étude des familles multigéniques*. Il s’agit d’un ensemble de gènes homologues, présents dans le génome d’une même espèce et présentant de grandes similitudes. Ces gènes multiples, qui ne sont pas des allèles (ils n’occupent pas le même locus), sont interprétés comme le résultat de duplications* de gènes ancestraux. Les copies du gène issu de duplications peuvent être transposées en un autre point du génôme. L’innovation génétique liée aux duplications L’évolution ultérieure des copies de gènes est autonome., chaque copie subissant des mutations ponctuelles indépendamment des autres . Il se formera alors des gènes différents codant pour des protéines différentes dont les fonctions pourront donc être également différentes. Il y a ainsi un enrichissement du génome avec apparition de nouvelles caractéristiques phénotypiques . IV LES INNOVATIONS GENETIQUES SONT RARES ET ALEATOIRES. Les mutations sont des accidents qui se produisent spontanément au cours de la réplication de l’ADN qui précède la division cellulaire. Il s’agit cependant d’évènements relativement rares puisque leur fréquence au niveau d’un gène est de l’ordre de moins d’une erreur pour un million de copies. Toute mutation est automatiquement transmise aux cellules-filles descendant de la cellule mutée. Chez les organismes se reproduisant par reproduction sexuée, seules les mutations affectant les cellules de la lignée germinale* (aboutissant à la formation des gamètes) peuvent être transmises à la descendance. En revanche, les mutations affectant les cellules somatiques* (toutes les autres cellules du corps) ne sont pas transmissibles à la descendance. La fréquence des mutations est considérablement augmentée par certains facteurs de l’environnement (agents mutagènes*) : rayons ultraviolets, rayons X, radiations nucléaires, produits chimiques... Lexique addition : insertion d’un ou plusieurs nucléotides dans la séquence de l’ADN. agent mutagène : facteur de l’environnement (rayonnement, produit chimique...) augmentant la fréquence des mutations. allèles : différentes formes d’un même gène, occupant le même site ou locus sur le chromosome, présentant entre eux des variations dans la séquence nucléotidique. cellule somatique : cellule de l’organisme autre que les cellules reproductrices. délétion : perte d’une partie du matériel génétique pouvant aller d’un nucléotide à plusieurs gènes. duplication de gènes : phénomène conduisant, au niveau d’un chromosome, à la présence en double exemplaire d’un fragment chromosomique englobant un gène. espèce : unité de base de la classification, regroupant les individus présentant certains caractères de ressemblance et interféconds (les produits de cette fécondation étant eux-mêmes fertiles). famille multigénique : ensemble de gènes homologues, présents dans le génome d’une même espèce et présentant de grandes similitudes. Ils dérivent d’un gène ancestral unique par des mécanismes de duplication. gène : segment d’ADN codant pour un polypeptide précis, représentant une unité d’information génétique. génome : ensemble des gènes d’une cellule, d’un individu ou d’une espèce. génotype : combinaison des allèles que possède un organisme pour un ou plusieurs gènes donnés. lignée germinale : ensemble des cellules à l’origine des gamètes. mutation : modification rare, brutale et imprévisible de la séquence nucléotidique de l’ADN, au cours de la réplication, aboutissant à la création de nouveaux allèles. mutation décalante : mutation provoquée par une délétion ou une addition d’un nombre de nucléotides non multiple de trois, ce qui change le cadre de lecture à partir de la mutation. mutation faux-sens : substitution d’un nucléotide par un autre dans la séquence nucléotidique d’un gène conduisant au changement d’un acide aminé par un autre dans la séquence peptidique, ce qui modifie la fonction de la protéine synthétisée. mutation neutre : substitution d’un nucléotide par un autre dans la séquence nucléotidique d’un gène conduisant au changement d’un acide aminé par un autre dans la séquence peptidique, sans que la fonction de la protéine synthétisée soit modifiée. mutation non-sens : mutation entraînant le changement d’un codon sens en un codon non-sens, introduisant un arrêt prématuré de la traduction et aboutissant à une chaîne peptidique incomplète. mutation ponctuelle : mutation portant sur un seul nucléotide mutation silencieuse : mutation qui ne provoque aucune modification apparente du produit du gène. phénotype : expression du génotype au niveau moléculaire (protéine synthétisée) ou au niveau de l’organisme (caractère observable). polyallélie : existence de plusieurs allèles d’un gène donné. polymorphisme génique: multiplicité des différentes formes (allèles) des gènes constituant le génome d'une espèce. Un gène est dit polymorphe quand il présente au moins 2 allèles dont le plus rare est présent dans plus de 1% de la population. polymorphisme génotypique : diversité des combinaisons d’allèles constituant les divers génotypes des individus d’une espèce donnée. polymorphisme phénotypique : diversité des caractères présentés par les individus d’une même espèce. substitution : remplacement d’un nucléotide par un autre dans la séquence de l’ADN. Chapitre II – Méiose et fécondation participent à la stabilité de l’espèce Chaque espèce est caractérisée par son bagage chromosomique ou caryotype*. Une anomalie du caryotype a généralement de graves conséquences. La stabilité de ce caryotype doit donc être assurée, notamment lors du passage d’une génération à la suivante. Or, la reproduction sexuée est une reproduction biparentale : la cellule-œuf à l’origine du nouvel individu provient de la fusion de deux cellules parentales. La fécondation*, qui double le nombre de chromosomes doit être compensée par un mécanisme, nommé méiose*, qui divise par deux le nombre de chromosomes d’une cellule. I. L’alternance d’une phase haploïde et d’une phase diploïde au cours du cycle biologique A – Cellules haploïdes et cellules diploïdes La réalisation d’un caryotype* consiste à classer les chromosomes d’une cellule. On détermine ainsi un nombre de chromosomes de types différents, que l’on note « n ». Dans certaines cellules, on compte un seul exemplaire de chaque type chromosomique : ces cellules sont dites haploïdes* (à n chromosomes). Dans d’autres cellules, les chromosomes peuvent être regroupés par paires de chromosomes de même type : les chromosomes sont homologues* deux à deux. Ces cellules sont qualifiées de diploïdes* (à 2n chromosomes). B – Le cycle biologique d’un mammifère Chez les mammifères, comme dans beaucoup d’espèces, les sexes sont séparés. Les testicules du mâle produisent des spermatozoïdes, les ovaires de la femelle des ovules. Spermatozoïdes et ovules, appelés gamètes*, sont haploïdes : ils sont formés à la suite de la méiose*. La fécondation*, par union de deux gamètes haploïdes, forme une cellule- œuf ou zygote* diploïde. Les cellules obtenues à partir du zygote par mitoses successives s’agenceront pour former un nouvel individu. Dans ce cycle, la méiose intervient juste avant la fécondation. La phase diploïde domine ; la phase haploïde est réduite aux gamètes. C – Le cycle biologique d’un champignon ascomycète L’appareil végétatif des champignons se compose de filaments constitués de files de cellules haploïdes : le mycélium*. La rencontre de deux filaments mycéliens aboutit à la création d’un petit organe globuleux et creux, le périthèce*, constitué de cellules contenant deux noyaux haploïdes. A l’intérieur de certaines cellules du périthèce, les deux noyaux haploïdes fusionnent : cette fécondation donne naissance à des cellules-œufs diploïdes. Chaque cellule-œuf subit immédiatement la méiose, suivie d’une mitose, qui aboutit à la formation de 8 cellules haploïdes (spores) enfermées dans un sac allongé, l’asque. L’éclatement du périthèce libère les ascospores qui peuvent alors germer en formant par mitoses un nouveau filament mycélien. Dans ce cycle, la méiose intervient immédiatement après la fécondation. La phase haploïde domine ; la phase diploïde est réduite à la celluleœuf. Tout cycle biologique* ou cycle de développement est donc marqué par l’alternance d’une phase haploïde et d’une phase diploïde, d’importances inégales suivant les espèces. La méiose permet le passage de l’état diploïde à l’état haploïde. La fécondation rétablit la diploïdie. Méiose et fécondation sont les évènements fondamentaux et complémentaires de toute reproduction sexuée, permettant la stabilité du caryotype de l’espèce. II. Les modalités de la méiose et de la fécondation A – La méiose : passage à l’haploïdie La méiose est une suite de deux divisions, précédée d’une seule réplication de l'ADN, au cours de laquelle on passe d’une cellule-mère diploïde (à 2n chromosomes à 2 chromatides) à 4 cellules-filles haploïdes (à n chromosomes à 1 chromatide). La première division, dite réductionnelle, donne deux cellules à n chromosomes à 2 chromatides. En prophase I, l’appariement des chromosomes homologues favorise des enjambements entre les chromatides étroitement accolées. A la métaphase I, les chromosomes toujours appariés se regroupent en plaque équatoriale. A l’anaphase I, les chromosomes homologues de chaque paire se disjoignent et migrent en sens opposés vers les pôles de la cellule. La deuxième division, dite équationnelle, donne quatre cellules à n chromosomes à 1 chromatide. Elle est comparable à une mitose. A l’anaphase II, les centromères se clivent et les chromatides de chaque chromosome se séparent et migrent en sens inverse vers les pôles de la cellule. B – La fécondation : passage à la diploïdie Chez les espèces diploïdes, comme les mammifères, la fécondation se traduit par l’union de deux gamètes mâle et femelle haploïdes. Après fusion des membranes plasmiques des deux gamètes et mise en commun du contenu cytoplasmique (cytogamie), les deux noyaux haploïdes gonflent pour former les pronucleus mâle et femelle. La fusion des deux pronucleus (caryogamie*) aboutit à la formation de la cellule-œuf à noyau diploïde. Différents mécanismes, comme la formation d’une membrane de fécondation, empêchent la pénétration d’autres spermatozoïdes dans l’ovocyte. Chez les espèces haploïdes, comme les champignons ascomycètes, il n’y a généralement pas de gamètes différenciés. Ce sont deux cellules haploïdes de filaments mycéliens différents qui fusionnent (cytogamie). La véritable fécondation a lieu au moment de la fusion des noyaux haploïdes (caryogamie) aboutissant à la formation de la cellule-œuf. III. Des anomalies de la répartition des chromosomes lors de la méiose Dans l’espèce humaine, on connaît des caryotypes présentant des anomalies du nombre de chromosomes. La plus fréquente est la trisomie 21 (présence de 3 chromosomes 21 au lieu de 2), qui est associée à une série de signes cliniques répertoriés sous le nom de syndrome de Down. On connaît quelques autres exemples de trisomies* (trisomie 13, 18, XXX, XXY, XYY) et un seul type de monosomie* (X). Ces anomalies ont pour origine une mauvaise répartition des chromosomes lors de la formation des gamètes : non-disjonction des chromosomes homologues lors de la première division de méiose ou des chromatides lors de la deuxième division de méiose. Les gamètes formés auront donc un nombre anormal de chromosomes : (n + 1) ou (n – 1). La fécondation de ces gamètes par des gamètes normaux conduit respectivement à des cellules-œufs à (2n + 1) chromosomes (trisomie) ou (2n – 1) chromosomes (monosomie). De tels accidents sont fréquents et affectent toutes les paires de chromosomes, mais la plupart de ces anomalies sont éliminées (avortement spontané). Lexique Caryogamie : fusion de deux noyaux (ou pronucleus) à l’intérieur d’une cellule. Caryotype : ensemble des chromosomes d’une cellule. Chromosomes homologues : se dit des deux chromosomes d’une même paire. Ils possèdent les mêmes gènes, mais pas forcément les mêmes allèles. Cycle biologique (ou cycle de développement) : succession des évènements qui permettent à partir de la rencontre de deux individus sexuellement mûrs de redonner un individu ayant les mêmes caractéristiques que ses géniteurs (en particulier le caryotype). Le cycle biologique est marqué par l’alternance d’une phase haploïde et d’une phase diploïde séparées par deux évènements majeurs : la méiose et la fécondation. Diploïde : se dit d’une cellule ou d’un organisme dont les cellules possèdent chaque type de chromosomes en deux exemplaires (noté 2n). Fécondation : union de deux gamètes (ou cellules faisant office de gamètes) haploïdes permettant le rétablissement de l’état diploïde par réunion à l’intérieur de la cellule-oeuf des n chromosomes d’origine paternelle et des n chromosomes d’origine maternelle. Gamète : cellule reproductrice mâle (spermatozoïde) ou femelle (ovocyte) haploïde. Haploïde : se dit d’une cellule ou d’un organisme dont les cellules possèdent chaque type de chromosome en un seul exemplaire (noté n). Méiose : suite de deux divisions précédée d’une seule réplication de l’ADN, aboutissant à la formation de quatre cellules haploïdes. Monosomie : présence dans le caryotype d’un seul chromosome à la place d’une paire d’homologues. Mycélium : cellules disposées en files pour former des filaments qui constituent l’appareil végétatif des champignons. Périthèce : organe reproducteur des champignons ascomycètes dans lequel se forment les spores. Trisomie : présence dans le caryotype d’un troisième chromosome associé à une paire d’homologues. Zygote : cellule-œuf diploïde, résultat de l’union de deux gamètes mâle et femelle (ou de cellules haploïdes).