Economie / Crise de la dette / France / Allemagne Italie / USA Crise de la dette : Marchés sur le qui-vive avant la rencontre Sarkozy-Merkel (MFI / 16.08.11) Les places financières mondiales ont enregistré de lourdes pertes, avant de se rétablir un peu en fin de semaine dernière. Elément stabilisateur, l'annonce de la rencontre Sarkozy-Merkel, ce mardi 16 août, à l'Elysée. Les marchés attendent des décisions sur le renforcement de la gouvernance en Zone euro avant d'envisager de mettre un terme au yo-yo qui les agite. Dans la plus grande nervosité, les marchés financiers sont à l'affut de ce qui pourrait bien sortir de la rencontre entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy. Lors du sommet européen du 21 juillet dernier, les deux dirigeants des pays-locomotives de la Zone euro ont promis d'être ambitieux et volontaristes dans leur recherche de solutions pour remédier à la crise de la dette en Europe. Ils doivent avant tout rassurer pour faire baisser la tension sur les marchés boursiers, dont les brusques mouvements d'humeur enveniment une situation déjà compliquée. La marge de manœuvre de la chancelière allemande comme celle du président français n'est cependant pas large. Le Parlement allemand traîne les pieds à ratifier l'accord du 21 juillet qui étend les compétences du Fonds européen de stabilité, tandis que le ministre des Finances rejette l'idée d'une mutualisation des dettes par le biais des euroobligations. Quant à Nicolas Sarkozy il est confronté à la faiblesse de la croissance française qui va imposer plus de rigueur budgétaire en 2012 si la France veut être crédible et ce à quelques mois de l'élection présidentielle. Les divergences existent bel et bien Concernant les options évoquées en Europe, les divergences existent bel et bien entre ceux qui voudraient avancer rapidement vers plus d'intégration et ceux qui prônent le pas à pas. Et les Allemands sont de ceux-là. A propos du renforcement de la Zone euro, tous les intéressés ne parlent visiblement pas de la même chose. A deux jours de la rencontre en urgence Sarkozy-Merkel, le ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, a ainsi rappelé dans une interview à l'hebdomadaire Spiegel, ce 14 août, que pour les Allemands, cela signifie plus de discipline et un mécanisme de sanctions plus efficace à l'encontre de ceux qui ne remplissent pas les engagements du Pacte de stabilité. C'est-à-dire les pays qui dépassent les limites imposées en matière de déficit budgétaire et d'endettement. Mais cela ne signifie pas en revanche ce que de nombreux pays dans la Zone euro appellent de leur vœux : le renforcement de la solidarité entre pays membres et notamment l'instauration d'euro-obligations. Wolfgang Schäuble exclut ce dispositif. Pour lui pas question de mutualisation des dettes, dont l'Allemagne ferait au bout du compte les frais. Et pas d'aide à l'infini, seulement des mécanismes de soutien, et encore faudra-t-il qu'ils soient assortis de conditions strictes. D'ailleurs, un Allemand sur trois pense que l'euro aura disparu dans dix ans. La crise de la dette des pays européens est plus grave que la dégradation de la note américaine, estime Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale dans un entretien avec The Weekend Australian Magazine. Selon lui, l'Allemagne et la France ne pourront continuer à soutenir bien longtemps les pays faibles de la Zone euro sans se mettre eux mêmes en danger. On est donc entré dans une phase nouvelle, et plus dangereuse, de l'économie mondiale. C'est pourquoi, à écouter Robert Zoellick, des mesures plus radicales que celles qui ont déjà été tentées dans le domaine fiscal et monétaire doivent être rapidement adoptées. A plus long terme, cette crise est en train de reconfigurer les équilibres mondiaux. Sous son effet, le pouvoir économique se déplace des Etats-Unis et de l'Europe vers la Chine. Mais le président de la Banque mondiale ne pense pas que la Chine soit déjà prête à tenir ce rôle de première puissance mondiale. Pékin a en effet bien des défis à relever pour son propre compte, dont la surchauffe de son économie, la pollution galopante, l'équilibre entre secteur public et secteur privé. RFI / MFI Italie : Giulio Tremonti défend les euro-obligations et la solidarité en Europe (MFI / 16.08.11) Le ministre italien de l'Economie, Giulio Tremonti, le dit haut et fort : si les euroobligations avaient existé, la crise de la dette en Zone euro aurait pu être évitée. Cette avancée vers plus de solidarité financière en Europe rencontre cependant des oppositions. Le gouvernement italien a présenté des mesures d'austérité pour 45,5 milliards d'euros en 2012 et 2013, qui s'ajoutent aux 48 milliards d'euros d'économies déjà décidées auparavant. Et Giulio Tremonti de répéter que, s'il y avait eu des euro-obligations sur les marchés financiers, son pays n'aurait pas été contraint à une telle austérité. Tous les pays de la Zone euro bénéficieraient du même taux d'intérêt moyen pour financer leurs déficits, les mieux notés comme l'Allemagne ou la France acceptant donc de payer un peu plus pour que l'Italie et l'Espagne paient un peu moins. Et c'est bien-là que le bât blesse. La commission européenne doit publier prochainement un rapport sur la faisabilité d'un tel mécanisme mais l'Allemagne continue de s'y opposer car cela aurait pour effet d'éviter aux pays endettés de faire face à leurs responsabilités. Face à la montée des périls dans la Zone euro, l'idée d'une telle mutualisation de la dette publique compte de plus en plus de partisans. MFI / RFI Voir aussi : Site internet de la Banque mondiale (lire)