La dette polonaise – ses origines politiques et ses conséquences

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La dette polonaise ses origines politiques et ses conséquences
Monika Karbowska
Contribution au débat du 28 juin 2011 à Paris à l’initiative du Collectif Tunisie Nouvelle –
«Campagne pour l’audit des créances de l’UE envers la Tunisie et l’abolition de la part
illégitime de celles-ci »
L’origine d’une relation inégale
La dette extérieure d’un pays est historiquement un mécanisme de domination de pays
puissants sur des pays vassaux ou colonisés. Incontestablement la Pologne, comme d’autres
pays d’Europe de l’Est, a une histoire de vassalité, de soumission politique face aux pays
d’Europe occidentale puissants (France Angleterre) et face aux Etats-Unis. La dette publique
est donc consubstantielle de cette vassalité.
Arrêtons nous sur le premier créancier historique de la Pologne, la France. Les liens entre la
Pologne et la France sont anciens, ils datent du 17 siècle au moins, mais ils sont marqués par
une relation inégalitaire : la France s’immiscait tout au long du 17 et 18 siècle dans les
affaires intérieures de la Première République nobiliaire polonaise en soutenant
financièrement et militairement des prétendant au trône électif polonais contre les candidats
proches des Habsbourg. Ce processus allait si loin qu’un des rois polonais du 18ème siècle,
Stanislaw Leszczynski, chassé par les Habsbourg de son royaume obtint de la part du roi de
France le duché de Lorraine en fief et sa fille épousa Louis XV. Lorsque la Pologne perdit son
indépendance entre 1772 et 1795, partagée entre ses voisins la Prusse, la Russie tsariste et
l’Autriche des Habsbourg, ce fut grâce aux idéaux de la Révolution Française que les Polonais
construisirent un mouvement indépendantiste moderne. L’objectif des indépendantistes
polonais fut d’emblée la construction d’une communauté politique moderne basée sur
l’égalité des citoyens devant la loi et l’abolition des ordres féodaux et du servage des paysans.
C’est ainsi que tout au long du 19ème siècle les indépendantistes polonais comptent sur le
soutien de la France républicaine et/ou bonapartiste. Le jacobin Tadeusz Kosciuszko dirige
l’insurrection de 1794, le général Jan Henryk Dabrowski, dont le nom est gravé sur l’Arc de
Triomphe, la légion polonaise de Napoléon Bonaparte. Les révolutions de 1830 et 1848 sont
accomplies en France en soutien à la Pologne victime des rois opresseurs, les intellectuels et
les chefs politique polonais trouvent massivement refuge en France après 1830 (« la Grande
Emigration »). Jaroslaw Dabrowski, chef indépendantiste de l’insurrection anti-tsariste de
1863, dirige l’armée de la Commune de Paris. Parmi les Communards, 400 sont des exilés
polonais. Non seulement des Polonais participent à la fondation de la 1ère Internationale des
Travailleurs, mais encore, c’est à Paris qu’est créé le 17-21 novembre 1892 le Parti Socialiste
Polonais ! C’est donc tout naturellement que les Polonais pensent qu’une France Républicaine
va les aider à combattre les régimes tsariste, prussien et habsbourgeois qui occupent leur pays.
Ils et elles sont bien déçu/es lorsque la 3ème République s’allie avec la Russie tsariste, dernier
empire absolutiste et liberticide en Europe pour mener avec lui la Grande Guerre contre
l’Allemagne. Mais c’est justement la guerre de 1914-1918 qui apporte l’occasion rêvée pour
l’indépendance polonaise : lorsque la Russie révolutionnaire se retire du conflit (et que Lénine
proclame la paix sans annexions ni réparations tout en répudiant la dette tsariste considérée
comme illégitime envers le peuple russe) et que l’Allemagne s’effondre en nombre 1918, les
socialistes polonais forment le premier gouvernement de la Pologne indépendante et
proclament la République.
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L’aide ou la dette
C’est à ce moment qu’intervient la question de la dette. La nouvelle Pologne est un pays
pauvre, sous-développé. Il lui faut tout construire : un appareil d‘Etat, une armée, des
institutions sociales et culturelles, des écoles, une industrie, développer les chemins de fer, les
ports, les routes. Il faut également sortir la masse des paysans des restes de la féodalité en
partageant les propriétés terriennes de l’aristocratie afin de satisfaire la « soif de la terre » de
la campagne surpeuplée. Pour cela les dirigeants polonais demandent de l’aide aux pays
puissants qui soutiennent la création de ce nouvel Etat : la France, la Grande Bretagne et les
Etat Unis d’Amérique. Ce soutien n’est pas désintéressé : particulièrement la France a besoin
des nouveaux pays de l’Est de l’Europe (Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie)
afin de faire barrage aussi bien à la revanche du nationalisme allemand qu’à l’expansion
redoutée de la Russie soviétique. Ce fut cette aide qui constitua la première dette. La
France organise et arme la nouvelle armée polonaise utilisée immédiatement contre la Russie
bolchévique en 1920. Un prêt français de 1923 de 500 milions de francs or sert à créer et à
soutenir la monnaie polonaiese. Un prêt des Etats-Unis de 1924 de 27 milions de dollars sert à
la création de la banque centrale polonaise. Les capitaux anglais, américains, mais aussi
allemands et italiens, privés et publics, investissent en Pologne qui est avant tout un pays
capitaliste participant à l’économie mondiale capitaliste en tant que pays périphérique, source
de matière premières, de produits agricoles et de main d’œuvre bon marché. En 1925, 7 ans
après la proclamation de l’indépendance, la dette publique polonaise vis-à-vis des prêteurs
étrangers s’élève à 70 milions de dollards. Elle augmente constamment depuis. Les banques
polonaises sont détenues à 33% par le capital étranger. Certains secteurs industriels clés sont
entièrement aux mains de capitalistes étrangers (charbon, sidérurgie, téléphonie, électricité,
chimie). Mais on ne peut pas dire qu’à l’époque l’Etat polonais n’a aucune marge de
manoeuvre ou qu’il dilapide l’argent des créanciers. Malgré la domination politique d’une
aristocratie conservatrice, mais animés par un idéal patriotique, les leaders politiques, les
fonctionnaires du nouvel Etat ainsi que le peuple qui croit en une amélioration de sa vie dans
un pays indépendant parviennent à de vraies réalisations en tout juste 20 ans : construction du
port de Gdynia, de la marine marchande polonaise, de nouvelles industries modernes dans les
régions défavorisés, mise sur pied d’un système scolaire général…
La guerre et la dette
C’est la guerre que l’Allemagne nazie mène contre les « races sous-hommes » qui anéantit ces
efforts. L’occupation nazie en Pologne (1939-1945) est féroce, beaucoup plus dure que
l’occupation de la France par exemple. La Pologne est ravae. Six milions de ses citoyens,
dont la totalité des citoyens polonais de confession juive, sont tués. L’armée polonaise en exil,
dirigée par le général Sikorski, fidèle à « l’accord d’amitié » pourtant si inégal, participe en
1940 à la bataille de la France et les escadrons de pilotes polonais s’illustrent dans la bataille
d’Angleterre. Les Polonais sont présents sur tous les fronts dans toutes les armées alliés, en
Afrique, lors du Débarquement….Cette précision est d’importance lorsqu’on s’aperçoit
qu’une fois la victoire sur le nazisme acquise, les « alliés » occidentaux somment sans
vergogne leur «ami » de payer sa dette…. La Pologne doit en 1939 4,5 miliards de Zlotys à
ses créanciers occidentaux, dont respectivement 2 milions de dollars/or aux Etats-Unis, 2,5
milions de Francs/or à la France, 4,5 milions de livres à la Grande Bretagne ainsi que d’autres
dettes vis-à-vis de l’ancien empire habsbourgeois pourtant aboli en 1918. Quand à l’Union
Soviétique, elle se sert sur place puisque la progression de son armée contre Hitler l’amène à
occuper la Pologne et à imposer un gouvernement polonais qu’elle contrôle : durant les
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premières années d’après-guerre l’URSS démonte ce qui reste des usines ayant appartenus à
des Allemands ou passés sous contrôle allemand pendant l’occupation. Tout au long de
l’existence du système communiste, l’URSS, en tant que premier partenaire imposé à une
Pologne vassale, achètera des matières premières polonaises non pas en devises occidentales
pouvant servir à des échanges internationaux, mais en « roubles de transfert ».
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En ce qui
concerne les alliés occidentaux (France, Grande Bretagne et Etats-Unis d’Amérique), la
« dette de sang » n’a servi à rien à la Pologne : dès 1945 la Pologne est sommée de payer sa
dette financière et le gouvernement polonais communiste accepte de le faire. A peine la paix
proclamée, la France réclame 4,2 miliards de Francs à son allié et le somme d’engager des
négociations qui se poursuivent pendant plusieurs années. Ce chiffre inclut les très anciennes
dettes datant de la création de la République en 1918, le coût de l’entretien de l’armée
polonaise en France (sic !) ainsi qu’un facteur de discorde qui devait aller en s’amplifiant au
fil des ans : le coût de nationalisation des usines de capitalistes français installés en Pologne
par la loi polonaise de 1946. Alors que la Pologne a déjà payé un lourd tribut de sang, Anglais
et Américains réclament des indemnités pour « leurs biens ». Il n’y a que l’Allemagne qui ne
peut prétendre à rien, tout le monde étant d’accord sur le fait que la saisie des biens allemands
constituait pour les pays qu’elle avait occupée des réparations de guerre. La Pologne
communiste accepte de payer, mais elle avance aussi des arguments qui équilibrent la balance
de pouvoir : la France détient toujours l’or du Trésor polonais du gouvernement en exil, de
nombreuses entreprises françaises en Pologne ont appartenus à des dignitaires vichystes
collaborateurs nazis et il est évident que les usines dont il est question sont en ruine du fait des
ravages terribles des combats armés. C’est plutôt le gouvernement polonais qui devrait être
indémnisé pour les avoir remises en marche….
Devant la perspective d’un refus de paiement, la France renonce à faire payer le
gouvernement polonais cash et accepte un accord signé le 19 mars 1948 qui lie le
remboursement de la dette à la poursuite et l’approfondissement d’une coopération
économique entre les deux pays. En effet, une somme fixe sera prélèvée sur la balance de
paiement entre les deux pays. Ainsi, l’augmentation de la somme dépendra de l’augmentation
du volume des échange commerciaux entre les deux pays. Ce système arrange parfaitement le
gouvernement communiste soumis la domination soviétique - Staline force alors la Pologne à
renoncer à l’argent du Plan Marshall alors que le pays a cruellement besoin de fonds pour se
relever des ruines, construire et équiper son industrie, réaliser les ambitieux projets éducatifs,
culturels, sociaux et économiques du nouveau système. Ainsi, le gouvernement polonais lie
son existance à la poursuite des échanges avec l’Occident et peut espérer désserrer un tant soit
peu l’étau soviétique. En effet, le charbon polonais est toujours recherché en ces temps
d’après guerre alors que la Pologne souhaite accéder aux technologies dont le capital français
est propriétaire : équipement pour l’industrie sidérurgique et navale, technologies de
construction des routes, aéroport, tunnels, centrales électriques… Certains diplomates français
voient dans cette ouverture également une aubaine : la Pologne peut devenir pays de sous-
traitance pour les industries françaises selon la vieille dialectique du pays développé
produisant à bas coûts dans un pays vassal.
La « guerre froide » - la dette contre le développement ?
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D’importantes divergences existent parmi les historiens concernant l’appréciation de la politique économique
soviétique vis-à-vis des pays du « bloc de l’Est ». Certains historiens estime que l’URSS, loin d’avoir pillé ces
pays, les a favorisé économiquement en leur achetant leur production, en fournissant du pétrole et d’autres
matières premières à bas prix ainsi qu’en transférant des technologies que ces pays n’étaient donc plus obligés
d’acheter sur le marché international dominé par les multinationales occidentales.
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L’accord ne sera cependant pas appliqué en 1948 pour cause de « guerre froide » : suite à la
montée de l’hostilité entre les Etats-Unis et l’URSS, les relations de la Pologne sont gelés
avec tous les pays occidentaux. Lorsque les relations reprennent en 1956, le gouvernement
polonais est dirigé par Wladyslaw Gomulka, porté au pouvoir par le peuple lors de la
« révolution d’octobre 1956 » contre l’avis de l’Union Sovétique. Gomulka est avant tout un
nationaliste polonais : s’il entend payer la dette, c’est pour réaliser le programme de
modernisation de la Pologne afin de sortir du sous-développement et traiter d’égal à égal avec
l’Occident. Certes, la faiblesse économique polonaise est telle que pour solder le passé,
Gomulka accepte une petite dette : en 1956 la Pologne paie les indemnités pour la
nationalisation des biens des capitalistes américains avec un prêt de 233 milions de dollars
accordé par les mêmes… Cependant, le montant de cette dette est bien risoire comparé aux
chiffres dont nous seront coutumiers 20 ans plus tard : en 1970 la dette polonaise extérieure
est de 1,7 miliard de dollars, mais en 1980 elle est de 25 miliard !
En ce qui concerne la France, les relations de la Pologne avec ce pays s’améliorent dès 1956
et plus encore avec l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle en France. La France gaulliste
pratique une politique de « détachement » en douceur de la spèhère d’influence soviétique des
pays communiste anciennement alliés et vassaux en leur accordant tout ce dont ils ont besoin
pour leur développement autonome. Certains diplomates particulèrement polonophiles
(Etienne Burin des Roziers, proche de de Gaulle et ambassadeur en Pologne dans les années
60) comparent même l’aspiration polonaise au développement et au bien être de sa population
à l’ambition largement partagée par la droite gaulliste et la gauche d’une France moderne,
urbaine, profitant de la société de consommation ! Les équipes de fonctionnaires des
différents ministères, les délégations d’enteprises, d’universitaires, de scientifiques et
d’artistes se succèdent de la France vers la Pologne et de la Pologne vers la France tout au
long des années 60
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. Les possibilités de coopération industrielle, commerciale, scientifique et
technique sont examinées et dûment fixées par des accords bilatéraux avantageux pour les
deux partenaires. La Pologne cherche à acheter auprès de la France les biens d’équipement
pour ses industries naissantes : les infrastructures ferroviaires, aéronautiques, les centrales
thermique et hydroliques, les équipement de sidérugie… La Pologne a besoin de tout cela
pour pouvoir elle-même produire, en plus du charbon, des machines outils, des voitures, des
trains, des bateaux sans parler des biens de consommation modernes dont la population
polonaise, qui vit une formidable ascension sociale par l’éducation gratuite et une
urbanisation sans précédent, est littéralement assoiffée. Les plans économiques du
gouvernement polonais incluent la création de secteurs qui n’existaient pas auparavant : la
chimie (raffinerie de pétrole, chimie fine, engrais artificiels), les médicaments, les
cosmétiques, le plastique, en plus de l’essor de la production du textile, agroalimentaire et de
la mécanisation de l’agriculture polonaise. Un tel chantier ainsi que les possibilités de
débouchés qui s’ouvrent pour les entreprises de pointe françaises enthousiasment le diplomate
français Eric de Carbonne, qui dans une note au MAE du 2 mai 1957 va jusqu’à affirmer que
la France devrait absolument soutenir ce projet de « sortie d’une économie coloniale » !
Mais la dette est pour contrecarrer ces beaux projets. Le paiement de la dette reprend selon
les modalités de l’accord de 1948 mais le résulat est mitigé, la demande en charbon
s’amenuisant dans l’économie alors que la Pologne des années 1960 n’a toujours à offrir que
cette matière première ainsi que ses produits agricoles sur les marchés internationaux. Les
fonctionnaires du ministère de l’économie et du budget français qui dirigent les nouvelles
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N’oublions pas qu’à cette époque l’Etat décide de la politique économique et contrôle le commcerce exétieur et
le contrôle de change. Toute économie est d’abord subordonnée au décisions politiques, ce qui est exactement le
contraire à notre époque ultralibérale ou l’Etat sert politiquement les mutinationales.
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négociations pour le paiement de la dette de 1957 à 1959 sont beaucoup moins gaullistes que
le Quai d’Orsay. Pour eux, seule la dette compte et son remboursement doit être prioritaire.
C’est à l’obstination de ces défenseurs du capital français que l’on peut comprendre à quel
point la dette du pays dominé à l’égard du pays dominant et créancier est consubstantielle du
capitalisme. Pour permettre à la Pologne d’acheter des biens industriels indispensables et -
naturellement de payer sa dette, on a donc recours à une nouvelle dette. En 1959 la
France accorde à la Pologne un prêt de 10 miliards de Nouveaux Francs. La Pologne s’endette
également auprès de la Grande Bretagne, de l’URSS, des USA, du Canada et de la
Tchécoslovaquie pour réaliser son programme de développement. Pour faciliter son
intégration dans la sphère d’échange capitaliste et lui permettre d’accèder aux devises
indispensables pour payer sa dette, les puissances occidentales l’associe au GATT dès 1959
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.
L’essor de la dette et la chute
Petit petit, l’industrie polonaise se construit. Si les échanges franco-polonais restent
finalement modestes dans les années 60, un ambitieux programme culturel et scientifique a
formé une nouvelle génération de cadres polonais tournés vers l’Occident qui seront au
premier plan pour les transformations majeures des années 70-90. En effet, la politique
gaulliste a aussi encouragé et financé la création de structures d’enseignement du Français en
Pologne, les échanges universitaires dans de multiples domaines (y compris l’histoire,
l’archéologie, la littérature, les sciences exactes, jusqu’à la fondation de la première faculté de
traduction et interprétariat à l’Université de Varsovie), les nombreux voyages d’étudiants
boursiers en France, les échanges artistiques qui donnent au peuple polonais l’impression de
participer à la Culture Universelle. Les années 70 voit une accélération de cette politique.
Dans l’imaginaire politique polonais (des pro-communistes comme des dissidents), ce sont les
bonnes relations du premier secrétaire du parti communiste et chef d’Etat polonais, le
francophone et ancien migrant en France Edward Gierek, qui lui ont permis l’obtention de très
nombreux crédits auprès des banques et les Etats occidentaux. Dès l’avènement de
Solidarnosc et la crise de la dette de 1980 les Polonais ont fustigé la « naïveté » de ce
dirigeant tandis que lui-même dans ses mémoires défend sa politique comme la seule
rationnelle possible pour continuer à moderniser l’industrie du pays et permettre à la société
d’accéder à un succédané de société de consommation. Ce n’est que depuis peu que la gauche
polonaise a pris conscience de l’imbrication de la Pologne communiste dans le système
économique capitaliste mondial et par conséquent du fait que les crédit accordés dans les
années 70 constituaient des pétrodollards recyclés en dette à destination des pays pauvres.
Aujourd’hui encore il n’est pas facile pour le peuple polonais de se percevoir comme un pays
pauvre et manipulé par des plus puissants, et pourtant la question de la dette nous montre
notre véritable statut au sein du système politique et économique mondial. Il est du devoir de
la gauche de démystifier le nationalisme polonais en présentant aux citoyens les véritables
origines des catastrophes de 1980-89 dont nous payons toujours les effets.
De même il serait faux de dire que les crédits à l’origine de la dette de 25 miliard de dollars en
1980 auraient été tous gaspillés. Ils ont bien servi à la modernisation de l’industrie mais
principalement à équiper les industries extractives (charbon, cuivre, souffre…) dont le produit
servit tout d’abord à payer la dette sur le marché international au détriment du développement
intérieur. La Pologne des années 70 produit certes de l’acier, des machines, des trains, des
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Lors de mes recherces en 1995 les seules archives inaccessibles malgré l’écoulement des 30 ans de carence
étaient les protocoles des négociations franco-polonaises concernant la dette. Il serait intéressant de voir si ces
documents seraient plus ouverts aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, ces précautions montrent que la question de la
dette est une question centrale et névralgique dans les relations politiques entre pays….
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