homogamie Couple : moins d'homogamie Alternatives Economiques n° 339 - octobre 2014 Nous choisissons de moins en moins notre conjoint parmi nos semblables, selon une étude du sociologue Milan Bouchet-Valat [1]. Analysant l'évolution de l'homogamie en France entre 1969 et 2011, il montre que celle-ci a diminué quel que soit le critère retenu (diplôme, classe ou origine sociales). Les transformations structurelles de la société française (massification scolaire, emploi féminin, déclin des agriculteurs…) expliquent en partie cette évolution. Seule exception : les diplômés des grandes écoles, dont l'endogamie s'est renforcée. Le chercheur y voit une possible traduction sur le plan conjugal du "séparatisme social" qui caractérise actuellement les classes supérieures. Alternatives Economiques n° 339 - octobre 2014 Qui épouse qui ? Alternatives Economiques Hors-série n° 102 - octobre 2014 On ne se marie pas au hasard. En 2011, 83 % des ouvriers ont épousé soit une ouvrière, soit une employée. L'amour est en partie commandé par le milieu social dans lequel on évolue. L'homogamie (le fait de se marier entre semblables) est un élément majeur de la reproduction sociale. Répartition des hommes en couple selon leur groupe social et celui de leur conjointe, en % Encadré issu de l'article La famille toujours plus recomposée Alternatives Economiques Hors-série n° 102 - octobre 2014 Qui se ressemble s'assemble Alternatives Economiques n° 320 - janvier 2013 L'âme soeur n'est pas une personne croisée au hasard. Certes, aujourd'hui, la formation des couples n'est plus censée être guidée par des considérations sociales. Il est loin le temps où les familles s'immisçaient dans le choix du partenaire avec des arrière-pensées patrimoniales ou simplement sociales. La vie en couple repose principalement sur le sentiment amoureux. Pourtant, malgré cette évolution culturelle, l'homogamie sociale (*) est toujours forte. En 2011, près d'un couple sur deux est constitué de deux personnes ayant le même niveau de diplôme [1]. Si cette tendance se remarque à tous les niveaux de qualification, l'homogamie est plus forte aux deux extrêmes de l'échelle sociale : ce sont les moins et les plus diplômés qui s'unissent le plus entre eux. Les filières d'études sont aussi un facteur d'union : ce sont les diplômés dans les sciences humaines et la santé qui ont le plus tendance à se mettre en couple avec leurs homologues. Enfin, un couple sur quatre est constitué de conjoints appartenant à la même catégorie socioprofessionnelle. Les plus homogames en la matière étant les agriculteurs. Par conséquent, la famille reste un facteur important de reproduction sociale. Les cadres restent entre eux, les ouvriers aussi. Cette concordance des situations sociales entre conjoints se retrouve aussi sur les questions d'emploi et donc de chômage. Ainsi, en 2011, si les couples de chômeurs ne représentent "que" 1 % des unions, ils sont en revanche 2,3 fois plus fréquents dans la population qu'ils ne le seraient si les couples se formaient au hasard. C'est ce que l'on appelle "l'indice d'homogamie". Preuve que les situations difficiles se concentrent surtout au sein de certaines familles. * Homogamie sociale : union de deux personnes appartenant à la même catégorie sociale. Encadré issu de l'article La famille se conjugue au pluriel Alternatives Economiques n° 320 - janvier 2013 Notes (1) Voir France, portrait social, Insee Références, édition 2012, novembre 2012. Qui se marie avec qui ? Louis Maurin Alternatives Economiques n° 269 - mai 2008 La décision de former un couple relève de préférences et de sentiments personnels depuis que le mariage a échappé aux conventions sociales anciennes. Ces sentiments paraissent cependant en partie guidés par le milieu auquel on appartient. Plus les milieux sont proches, plus on a tendance à s'aimer… Les sociologues appellent ce phénomène l'homogamie (*) . Les travaux de référence demeurent ceux du démographe Alain Girard, réalisés en France à la fin des années 60 (1). En 1999, sur 100 femmes cadres supérieures, près de la moitié étaient mariées avec des cadres supérieurs (2) et 25% avec des cadres moyens (professions intermédiaires). On mesure l'ampleur du poids de l'origine sociale: si ces femmes se mariaient "au hasard", sans tenir compte du milieu social, 13% seulement auraient un mari cadre supérieur. Certes, l'origine ne fait pas tout - on compte 8,5% de femmes cadres supérieures mariées avec un ouvrier (ceux-ci constituent 36% des hommes), mais elle joue un rôle considérable. On ne rencontre jamais que les gens que l'on fréquente: à l'école, à l'université, au travail, dans les bars ou même sur Internet, on se retrouve entre personnes de même milieu. Au moment des rencontres, le physique semble jouer un rôle marginal par rapport au partage de valeurs ou de pratiques communes, qui sont en partie socialement définies. Cependant, les inégalités de position sociales entre hommes et femmes sont reproduites par les stratégies matrimoniales des uns et des autres. Les femmes se marient ainsi plus souvent avec des hommes de catégories sociales plus élevées, et inversement. Cet écart tend à se réduire avec la diminution des inégalités hommes-femmes, mais il a tout de même pour conséquence que le "marché matrimonial" est moins étendu pour les femmes très qualifiées et les hommes peu qualifiés. (1) Voir "Le choix du conjoint", par Alain Girard, Travaux et documents, Cahiers n° 70, Ined. (2) Voir "Position sociale et choix du conjoint", par Mélanie Vanderschelden, Données sociales 2006, Insee. [1] Voir "Position sociale et choix du conjoint", par Mélanie Vanderschelden, Données sociales 2006, Insee.