Comité CGAAER-CGM-CGPC-CGTI-DGFAR-DGUHC-DIACT 1/4 5 décembre 2007
Fiche de proposition
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) :
aménagement numérique des territoires
et
développement des usages et services numériques
Pour une stratégie et un dispositif opérationnel des services de l'Etat
1. Enjeux des TIC pour la nation
Il est avéré que les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont un moteur
puissant de l'économie et de l'emploi, comme le montrent depuis longtemps les exemples des
Etats-Unis et des autres pays développés. En France, selon un rapport de la DGTPE, de l'INSEE
et de la Mission pour l'économie numérique (2006), les TIC auraient contribué pour 25% de la
croissance française entre 1995 et 2000. En même temps, comme l'ont rappelé les récents
travaux du Grenelle de l'environnement, les TIC sont aussi un outil au service de la protection de
la nature et de la prévention des risques. Enfin et surtout, elles peuvent contribuer à la lutte
contre l'effet de serre, par exemple en faisant évoluer la pratique des déplacements et en facilitant
la diminution de la consommation énergétique.
Au cœur de ces enjeux, l'aménagement numérique des territoires (ANT) mais aussi le
développement des usages et services numériques constituent un préalable indispensable pour
permettre la circulation fluide de l'information, la mise en synergie des activités qui en résulte, et
l'accroissement de la compétitivité des entreprises et des territoires. L’enjeu « TIC » comporte
deux objectifs essentiels :
l’accès à des réseaux de communications électroniques performants (haut et très haut
débit) pour les habitants et les entreprises du territoire,
le développement et la diffusion des services et usages numériques, porteurs d’efficacité,
de valeur ajoutée et d’innovation.
En matière de réseaux, la France a su rattraper aujourd'hui une grande partie du retard qu'elle
accusait par rapport à ses voisins, voici 5 ans, grâce aux technologies de l'ADSL sur le réseau
téléphonique à fil de cuivre, permettant à environ 14 millions de foyers, soit près de 50% de la
population, d'avoir accès au "haut débit" type ADSL (accès permanent à prix forfaitaire, débit
descendant supérieur ou égal à 512 kbit/s).
En revanche, l'accès au très haut débit (100 Mbit/s à 1 Gbit/s symétrique) reste très largement à
développer (il ne concerne aujourd’hui que quelques milliers de sites professionnels en France)
alors qu’il est de plus en plus nécessaire aux entreprises (notamment aux TPE-PME). Comme
pour le haut débit, son développement pourra être tiré par le marché des particuliers, pour qui les
besoins augmentent avec la néralisation de certains services en ligne très consommateurs de
débit (formation à distance, visio-conférence, télétravail, etc.). La généralisation des services
renforce par ailleurs la simultanéité des usages et il est de plus en plus fréquent que, dans un
foyer, plusieurs utilisateurs soient actifs sur la même connexion, augmentant ainsi les besoins
instantanés.
En effet on n'en est qu'au commencement de l'équipement systématique des territoires et des
immeubles en fibre optique (FFTH : Fiber to the home), reconnu comme la solution technolo-
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gique de base pour l'accès au très haut débit. C'est un enjeu considérable qui est loin d'être
maîtrisé aujourd'hui. Son coût d'investissement
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est estimé à 10 milliards € pour les zones
urbaines regroupant 40 % de la population, à près de 30 milliards pour le reste du territoire.
En matière d'usages et d'applications, un effort équivalent (mais probablement plus complexe)
est à faire pour les développer et les mettre à portée des utilisateurs, notamment ceux qui
concourent à la mise en œuvre des politiques publiques, qu'il s'agisse de développement
économique, de transports, de consommation d'énergie, de traçabilité sanitaire et environne-
mentale, de sécurité (alimentaire et autres), de tourisme, etc.
Dans ces domaines, qu'ils soient régaliens ou non, l'Etat a un rôle d'entraînement à jouer, en
développant l'action de ses propres services, voire en stimulant l'action des collectivités
territoriales, des entreprises et des autres acteurs économiques et sociaux. Sa mission essentielle
est de définir les règles (accès aux fourreaux, accès aux fréquences hertziennes, pour l’aspect
réseaux), et de faire évoluer le droit pour prendre en compte l’avènement d’une société
numérique (notamment réglementation sur la signature électronique pour permettre le
développement des services).
2. Quel rôle opérationnel pour les services de l'Etat ?
Il est proposé ici d'intensifier et de coordonner le rôle opérationnel, déjà amorcé en la matière, de
trois ministères concernés directement par l'aménagement numérique des territoires : le ministère
de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables (Medad), celui de ministère de
l'agriculture et de la pêche (MAP) et celui de l'économie, des finances et de l'emploi (Minefe). Il
va de soi que d'autres ministères sont également concernés et devront être associés dès que
possible.
Leur rôle s'inscrit dans les deux volets mentionnés précédemment :
- d'une part le soutien à l'équipement en réseaux à haut et très haut débit, en accompagnant
au niveau local les actions que peuvent conduire les collectivités territoriales (notamment en
matière de mise en place de réseaux ouverts d’initiative publique et de gestion active d’un
patrimoine d’infrastructures de réseaux) ;
- d'autre part le développement des applications "métiers" l'utilisation des TIC est un
facteur décisif d'innovation durable et/ou d'amélioration de la productivité. On trouvera dans
une fiche séparée un rappel succinct de ces applications (transports, énergie, eau, agriculture,
services et ruralité, sécurité alimentaire, prévention des risques, urbanisme, etc.) et de leurs
modalités (débat public et gouvernance, administration électronique, démocratie écologique,
etc.).
Il convient de souligner ici que, dans ces deux domaines, un enjeu majeur est le soutien au
développement des entreprises, voire à leur survie, car si les PME (notamment les sous-traitants
des grands groupes) ne sont pas puissamment connectées au "système nerveux" que constituent
les entreprises virtuelles, c'est le tissu économique tout entier qui risque d'en pâtir.
L'action des ministères a déjà démarré depuis plusieurs années, notamment depuis que l'article
1425-1 permet aux collectivités territoriales d'établir et d'exploiter des réseaux de
télécommunications électroniques (loi du 21 juin 2004 pour la confiance dans l'économie
numérique). Sous l'impulsion de la Diact et des inspections générales (CGPC, CGAAER, CGTI,
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Source : rapport IDATE pour le ministère de l'Industrie (avril 2006)
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CGMines), la formation d'agents de services déconcentrés (équipement, agriculture,
environnement, industrie et recherche) a commencé en 2005 et s'est poursuivie en 2006 et 2007.
En parallèle, le Medad a mis en place le Point d’appui national "Aménagement numérique des
territoires" (ANT) au Cete de l'Ouest, avec une équipe pluridisciplinaire de 7 experts, qui
assurent un appui global (technique, économique, administratif et juridique) aux services
déconcentrés et à leurs partenaires engagés dans l'ANT. La maîtrise d'ouvrage de cette action est
assurée par la DGUHC
2
qui a établi en 2007 un plan d'action en 5 axes :
1. informer et outiller les utilisateurs locaux
2. dégager le potentiel numérique des territoires
3. contribuer à définir une stratégie territoriale
4. accompagner les projets sur le terrain, introduire le numérique dans les projets,
5. soutenir les projets ANT des collectivités territoriales (études d'opportunité).
De son côté, le MAP a participé dès les origines au pilotage des actions de formation citées
et il s'apprête à mobiliser conjointement la DGFAR
3
et le pôle d'appui technique (PAT) du
CGAAER, pour impulser le développement des usages et services liés aux TIC d’une part au
sein des services déconcentrés et d’autres part auprès des agriculteurs, de leurs partenaires
institutionnels et économiques, des collectivités territoriales et des acteurs économiques des
territoires ruraux.
Quant au Minefe, il a lancé en 2005 le programme "TIC & PME 2010", qui vise à développer et
promouvoir les TIC dans les différentes filières de l’économie française. Conçue comme une
opération partenariale avec les fédérations professionnelles, cette opération a permis, à travers
deux appels à projets successifs en 2006 et 2007, de mobiliser une vingtaine de filières, avec un
soutien financier de l'Etat de l'ordre de 20 M€. (à compléter)
Compte tenu du rapprochement institutionnel en cours des ministères au niveau de leurs services
déconcentrés (fusion des Drire-Diren, création des DDEA), il paraît souhaitable d'instaurer une
unité d'action au niveau central (DGUHC et Cete Ouest, DGFAR et CGAAER, etc.). Cette unité
d'action serait en quelque sorte le pendant de celle des services déconcentrés en cours
d'intégration. Un dispositif ad hoc est proposé ci-dessous au niveau central et au niveau local.
3. Esquisse d'un dispositif et d'un plan d'action pour coordonner les services de l'Etat
3.1 Au vu des retours d’expériences actuelles, il s’avère que les services déconcentrés
départementaux ne semblent pas constituer le niveau le plus adéquat pour l’Etat en matière de
développement d’actions dans le domaine de l’ANT. Ce domaine d’action serait plus approprié
au niveau régional pour des raisons de moyens, de compétences et d’échelon pertinent (DRE,
DRAF ou Drire-Diren, ceci en fonction des contextes locaux). Le ou les services déconcentrés
régionaux concernés devrait alors travailler en concertation avec le chargé de mission TIC des
SGAR.
3.2 Du fait de leur proximité avec les acteurs du territoires, les directions départementales
(DDEA, DDE et DDAF) pourraient promouvoir la culture des applications TIC encore trop peu
développée, comme le montre l'exemple récent des pôles d'excellence rurale 1% seulement
des projets comportait un volet TIC apportant une valeur ajoutée. De plus, le rapprochement
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Direction générale de l'urbanisme, de l'habitat et de la construction (Medad)
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Direction générale de la forêt et des affaires rurales (MAP)
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DDAF DDE offre, tout en dégageant des synergies entre services (SI, SIG, ingénierie), une
opportunité à saisir du fait de l’élargissement du champ d'action qu'il apporte, du lien entre
territoires urbanisés et ruraux qu'il crée, et des compétences complémentaires qu'il regroupe.
Afin de dégager des priorités opérationnelles et un véritable plan d'action tant au niveau
départemental que régional, il est proposé de lancer une mission conjointe des inspections
générales sur ce sujet.
3.3 - Il est également proposé d'officialiser le comité d'orientation ANT actuel réunissant les
inspections générales (CGPC, CGAAER, CGTI, CGM) et la Diact, en y ajoutant les directions
centrales principalement concernées (DGUHC, DGFAR, DGE, DUI, etc.) et la direction
générale de la modernisation de l'Etat (DGME), enfin l'inspection générale de l'environnement.
Ce comité aurait pour tâche de proposer des orientations pour le programme d'action de l'Etat,
conduites par les directions centrales. Il veillerait également à la mise en place des financements
nécessaires et à l'évaluation périodique des résultats obtenus.
3.4 - La plate-forme Internet mise en place par le Cete de l'Ouest
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, qui réalise déjà une
information au niveau national et un lieu d'échange entre de nombreux partenaires de l'ANT,
pourrait constituer le moyen naturel d'expression de ce comité et élargir encore son audience.
Elle devrait s'accompagner d'un forum (ou d'une liste de discussion générale) susceptible de faire
bénéficier la communauté des partenaires de l'ANT des débats et des acquis de l'expérience,
contribuant ainsi à rompre l'isolement de certains territoires.
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http://extranet.ant.cete-ouest.equipement.gouv.fr
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