Avec la Renaissance (du XIVe au XVIe siècle), les artistes redécouvrent l’art classique
(grec et romain) et le réalisme redevient une préoccupation centrale. C’est ainsi que les
artistes, qui sont en même temps des érudits et des savants, découvrent la perspective.
Léonard de Vinci invente le sfumato, qu’il utilise pour peindre la Joconde : ce procédé
consiste à laisser floues certaines parties du visage (notamment les commissures des lèvres et
des yeux) pour lui donner davantage de mobilité et de vie.
L’impressionnisme. Comme à la Renaissance, les peintres renoncent à la rigoureuse
exactitude afin de mieux restituer les impressions visuelles. Il ne s’agit pas d’être vrai, mais
de faire vrai. Et il faut parfois être moins vrai pour faire plus vrai, comme le remarque
Maupassant en littérature. Claude Monet, bientôt rejoint par Edouard Manet, est un des
premiers à remettre en cause l’exactitude formelle afin de mieux suggérer l’impression réelle.
On peut donc dire que du début du XIVe siècle à la fin du XIXe siècle l’art a été structuré par
le principe de l’imitation de la nature. L’impressionnisme donne rapidement naissance à trois
mouvements principaux qui marquent une véritable révolution en mettant fin à ces six siècles
de réalisme.
Plutôt que de restituer les impressions réelles, Van Gogh préfère exprimer la manière
subjective dont il perçoit les choses. Il cherche constamment à aller au-delà des simples
apparences pour faire apparaître l’« être » profond des choses : la vie et les convulsions de la
nature, le caractère sordide et fou d’un café populaire, etc. L’expressionnisme de Van Gogh
et de Munch donnera lieu au mouvement de la « nouvelle objectivité » dans les années 1920,
puis à l’« expressionnisme abstrait » qui apparaît dans les années 1950 avec l’action painting
de Jackson Pollock, pratique consistant à projeter la peinture sur la toile sans toucher celle-ci
du pinceau (dripping).
Cézanne était séduit par les avancées de l’impressionnisme mais insatisfait par l’aspect
instable et fragile de ces peintures. Il voulait donner à l’impressionnisme un équilibre et une
stabilité digne des plus grands chefs-d’œuvre du passé. Aussi renonça-t-il progressivement au
réalisme, se dirigeant vers une recherche purement formelle d’harmonie et d’équilibre qui fait
de lui le précurseur du cubisme et de l’art abstrait. Cette voie féconde sera poursuivie par
Kandinsky, Malevitch, Picasso, Rothko, Soulages…
Gauguin, quant à lui, s’est principalement intéressé aux couleurs et aux cultures primitives,
mû par le désir de revenir à une forme de pureté originelle et enfantine. Ses recherches sont à
l’origine du fauvisme (dont Henri Matisse est un grand représentant) qui donnera ensuite
naissance au primitivisme (mouvement Cobra, art brut, art naïf, etc.).
En architecture, la fin du XIXe siècle est marquée par l’art nouveau qui, de l’Espagne à la
Belgique, tente d’introduire des formes radicalement nouvelles, souples et oniriques, dans des
constructions utilisant des matériaux modernes (métal, verre). Ex : les constructions
d’Antonio Gaudi en Espagne, les édicules du métro parisien dessinés par Hector Guimard.
Avec son urinoir (Fountain) de 1917, Marcel Duchamp inaugure le ready-made : un objet
industriel auquel l’artiste se contente d’apposer sa signature. Le mouvement de la contestation
de l’art et de l’exploration de ses limites est engagé. Il durera tout au long du XXe siècle.
Mentionnons par exemple l’art aléatoire (Morellet en peinture, John Cage en musique).
Le surréalisme, né dans les années 1920, est issu du dadaïsme et de la découverte de
l’inconscient par Freud. Les peintres surréalistes (Salvador Dalí et René Magritte pour ne citer
que les plus connus) cherchent à exprimer le monde onirique par leurs représentations souvent
étonnantes. Le surréalisme, héritier du dadaïsme, se veut révolutionnaire, y compris dans le
champ politique par son alliance (temporaire) avec les mouvements révolutionnaires
communistes. Il donnera ensuite naissance au lettrisme, à l’Oulipo et enfin au situationnisme.
Le situationnisme, mouvement artistique le plus radical, veut mettre fin à l’art séparé,
l’art des œuvres d’art et des artistes, en faveur d’un art de la vie. Il s’agit de faire de sa vie une
œuvre d’art, de « construire des situations » dans la vie quotidienne.
La suppression des temps morts (Kundera)
La suppression des temps morts dans l’œuvre d’art : en musique (de Beethoven à Chopin),
en philosophie (de Hegel à Nietzsche), en littérature (de Dostoïevski à Breton). Les musiciens
classiques reliaient leurs idées musicales par des transitions longues et laborieuses ; Chopin
met fin à cela en limitant son morceau à sa pure intuition, utilisant souvent une forme courte
(nocturne, étude). Hegel et les philosophes classiques ressentaient un besoin d’ordre et
d’exhaustivité, et écrivaient de longs, laborieux et ennuyeux ouvrages ; Nietzsche adopte la
forme de l’aphorisme qui lui permet d’écrire directement sa pensée dans toute sa pureté et sa