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C. Les opioïdes sont des molécules toxicomanogènes
1. Ils provoquent des symptômes physiques et psychiques
Au niveau du système nerveux central la morphine produit : (1) une altération
de l’humeur, (2) une analgésie, (3) des nausées et vomissements, (4) une
dépression respiratoire cause des décès par surdose et (5) un myosis
(resserrement permanent de la pupille). Ces effets sont fonction de la dose
administrée et de l’état de la personne.
À faible dose (5 à 10 mg), on observe, chez des volontaires normaux, un état de
somnolence, des difficultés de concentration, des nausées. Chez des patients affectés de
douleurs, on observe à ces mêmes doses, une analgésie efficace.
À dose plus élevée (15 à 20 mg), selon les individus, on observe un état d’euphorie ou
de dysphorie (labilité d’humeur). Les effets indésirables sont plus accentués.
Chez le toxicomane qui s’administre la morphine ou l’héroïne par voie intra-veineuse,
ces effets indésirables sont connus et non dissuasifs car ils préludent à l’effet de "rush"
ou de "flash" (= sensation agréable de chaleur au niveau abdominal, suivie d’un état
d’euphorie et de bien-être).
La dépression respiratoire est la cause principale des décès par surdose (= overdose).
La morphine agit en réduisant la sensibilité des centres respiratoires situés dans le tronc
cérébral aux diminution du taux de dioxygène et à l’augmentation du taux de CO2
circulants. Le réflexe de toux est également inhibé par une action au niveau du " centre
de la toux " du bulbe rachidien.
Au niveau du système cardiovasculaire la morphine produit une dilatation des
vaisseaux. D’où, l’hypotension observable chez les patients sous morphine.
On observe aussi :
- une vasodilatation cutanée responsable de rougeurs, avec prurit (démangeaisons) et
suées au niveau du tronc et de la face ;
- une baisse des taux d’hormone hypophysaire LH et FSH expliquant l’aménorrhée et la
stérilité passagère et réversible observable chez les femmes toxicomanes a l’héroïne.
L’intoxication chronique entraîne une anorexie suivie d’une anémie et d’un
amaigrissement pouvant devenir très important.
2. Ils entraînent surtout tolérance et dépendance
La morphine fixée de manière chronique sur les récepteurs opioïdes (=
morphiniques) à la place des enképhalines entraîne deux réactions
compensatrices de la part de l’organisme.
Une diminution de la synthèse d’enképhalines associée à une diminution du
nombre de récepteurs opioïdes. L’inhibition liée à l’enképhaline ou à la morphine
est alors de moins en moins efficace. Il y a obligation d’augmenter les doses de
drogue pour conserver les mêmes effets, c’est la tolérance
(pharmacodynamique).
À cette tolérance pharmacodynamique s’ajoute la tolérance pharmacocinétique qui
liée à un accroissement de vitesse de dégradation de la drogue par l’organisme.
À la suite d’un arrêt de prise de drogue, la synthèse les enképhalines nécessite
une quinzaine de jours pour reprendre normalement. Pendant ce délai elles
n’exercent plus leur rôle modérateur, ni dans la moelle épinière où le message
douloureux est exacerbé, ni dans le cerveau où la diminution brutale de la
production de dopamine entraîne de nombreux troubles : diarrhée, sudation,
larmoiement, tremblements, agitation (dans le cas d’une abstinence
morphinique). C’est la dépendance physiologique ou physique à laquelle
s’ajoute la dépendance psychologique ou psychique (irritabilité, angoisse,
dépression etc.) liée à la recherche du plaisir provoqué par la drogue et qui
caractérise l’état de manque (qui augmente au fur et à mesure de la prise des