diagnostic, je demande l’avis de mon chef. Il vient examiner Léa et pense à une polyarthrite juvénile
idiopathique.
Nous réalisons une biologie et des examens radiologiques pour éliminer une cause septique. Le
bilan retrouve : globules blanc 7 G/l, CRP < 1, mais une VS à 40, plaquettes 225G/l. Les radiographies
sont normales.
Il décide de mettre en route un traitement antalgique et un traitement par anti-inflammatoire
non stéroïdien. Nous prévoyons également une consultation avec un pédiatre à distance de l’épisode
aigu, pour compléter le bilan et surveiller l’évolution. Une consultation ophtalmologique à la recherche
d’une uvéite antérieure. Ainsi qu’une consultation orthopédique pour enlever le plâtre.
Il y a beaucoup d’attente aux urgences à ce moment là, je fais donc ce qu’il me conseille sans
pouvoir vérifier dans la littérature pourquoi devons-nous rechercher une uvéite antérieure, et quel bilan
sera réalisé avec le pédiatre.
J’informe la famille de l’évolution en général spontanément favorable de cette pathologie, mais
de la nécessité de revenir en consultation pour faire le point.
4 jours plus tard, je suis de garde cette fois ci. Léa revient avec son papa pour l’apparition de
nouveaux symptômes : Elle présente cette fois ci une éruption cutanée déclive au niveau des deux
membres inférieurs, douloureuses, évoluant depuis 24 heures. Sur le plan articulaire, il y a une
persistance de quelques douleurs mais disparition de l’œdème.
L’examen retrouve un purpura vasculaire (infiltré, palpable, ecchymotique) au niveau des
membres inférieurs. Le reste de l’examen est par ailleurs normal : elle n’a pas de fièvre, la tension est
correcte. L’examen neurologique et abdominal est normal. Elle ne présente pas de manifestations
hémorragiques.
Il s’agissait d’un purpura rhumatoïde, mais passé inaperçu car débutant sous sa forme articulaire.
J’explique donc au papa que le diagnostic fait initialement n’était pas le bon, que nous n’avions pas
d’argument pour cette pathologie. Mais devant ce purpura le diagnostic est sur.
Nous contrôlons la biologie, qui est semblable à la première, avec notamment absence de
thrombopénie (ce qui nous permet d’éliminer un purpura thrombopénique). La fonction rénale est
normale. La bandelette urinaire ne trouve pas de protéinurie, ce qui nous permet d’éliminer une atteinte
rénale.
Après discussion avec le chef de garde, nous décidons de la laisser rentrer à la maison. Nous
arrêtons les anti-inflammatoires. Nous prescrivons des bandelettes urinaires à réaliser à la maison pour
la surveillance rénale : 2 fois par semaines les 2 premières semaines, puis toutes les semaines pendant 3
mois, le suivi sera poursuivi pendant 6 mois.
Nous gardons la consultation avec un pédiatre du service, déjà prévue, dans une semaine.
J’informe les parents sur les caractéristiques de cette maladie, sur l’évolution spontanément
favorable dans 50 à 80 % des cas, en 2 à 6 semaines, avec une guérison sans séquelles le plus souvent. Je
leur dis également le risque de complications et les signes devant faire reconsulter (douleurs
abdominales, manifestations neurologiques, protéinurie à la bandelette).