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I- Bref aperçu des impacts de la crise sur l’économie béninoise
Les effets de la crise à travers les systèmes bancaire et financier du Bénin
sont globalement faibles en raison du peu d’intégration du pays au marché financier
mondial. A contrario, le secteur réel est sévèrement touché avec l’entrée de
l’économie mondiale en récession, la contraction des échanges commerciaux, la
chute concomitante des cours des matières premières, le recul des transferts des
migrants et la réduction des investissements étrangers. Le recul du commerce
mondial a impacté l’économie béninoise selon le mécanisme du « multiplicateur du
commerce extérieur ». Au Bénin, l’agriculture, notamment le secteur du coton
représentant 30% des exportations est atteint. La baisse des cours du pétrole dont
on attend la réduction de la facture énergétique pour les entreprises et les ménages
a eu des effets mitigés pour le Bénin puisque le Nigéria, grand importateur des
produits béninois (50% des exportations béninoises) est sévèrement touché. La
réduction du transfert des migrants est préjudiciable au secteur BTP et à la relance
de la demande des ménages. La réduction des aides publiques au développement
(APD) représentant 15% des recettes de l’Etat est effective à cause des coûts élevés
des plans de relance économique mis en place dans les pays donateurs.
En termes d’évaluation des conséquences de la crise financière mondiale sur
la croissance économique, celle-ci a induit en 2009 pour le Bénin une perte de
croissance de 2,3%. Ces effets ont été plus prononcés en 2010. La crise financière
mondiale a entrainé une diminution des recettes totales de l’Etat d’environ 48
milliards de FCFA en 2009 et 86 milliards de FCFA en 2010 causée notamment par
la réduction du volume des exportations en direction du Nigéria et des pays de
l’hinterland. Au total, le déficit budgétaire s’est dégradé d’environ 1,4 point de
pourcentage du PIB en 2009 et de 2,2 points de pourcentage du PIB en 2010.
Dans cet environnement, plusieurs entreprises ont dû fermer, ce qui a induit
une augmentation du taux de chômage. Cette situation a impacté négativement la
question de l’emploi qui était d’ailleurs très préoccupante. Les ressources
s’amenuisant, l’Etat n’arrivait plus à satisfaire les revendications salariales des
fonctionnaires, d’où la densification des tensions sociales.