Cyclisme et préparation mentale Dr Jean-Christophe Seznec Psychiatre et médecin du sport Service de psychiatrie, hôpital Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc 94275 Le Kremlin-Bicêtre Cedex. Tel: 01.45.21.25.24 Introduction Le cerveau et le psychisme fascinent, s'ils peuvent, pour certains, paraître très mystérieux, magiques et parfois même faire peur, de nombreux cyclistes se doutent qu’il s’y passe quelque chose qui interfère avec leur performance et qui pourrait leur être utile dans leur pratique sportive. Malgré ce sentiment, ils ne suivent pas souvent leur intuition en essayant de comprendre et d'appréhender cette dimension de leur personne. Réticents à s’en approcher de trop près, trop crédules, ils laissent la voie libre à tous les charlatans et les gourous qui savent en jouer pour leur revendre sous un aspect plus "digeste" à travers des potions magiques et des poudres de perlimpinpin. A l'encontre de cette culture du magique, à l'origine d'une addiction médicamenteuse, véritable fléau du cyclisme, cette présentation se propose de se rapprocher d'une certaine réalité, probablement aussi efficace et meilleure pour la santé, où se trouve la source d'une énergie méconnue: l'activité cérébrale. Le cerveau est un organe qui possède une activité permanente comme tout autre organe du corps (foie, coeur, muscle). Cette activité peut influencer l’activité motrice puisque celle-ci trouve sa source dans l’activité cérébrale. Le tout est de savoir comment faire pour que cette activité soit congruente à l’activité physique et, si possible, pour la potentialiser. L’avantage de cet organe par rapport à d’autres, est que l’on perçoit une partie de son activité, c’est la conscience. Donc, comme tout organe du corps qui travaille, on peut organiser l’activité psychique et entraîner le cerveau. C’est ce que l’on appelle le training mental, je vous propose d’en exposer les principes. Objectifs principaux d'une préparation mentale. Reconnaître et prévenir les stresseurs: Certaines situations ou éléments sont susceptibles d'engendrer une anxiété. On les appelle des stresseurs. Ils peuvent être exogènes, c'est-à-dire qu'ils prennent leur source de l'extérieur des individus tel un public hostile, ou être endogène, ils prennent alors leur source de l'intérieur, telle une pensée flash négative ou une palpitation. Ils existent de nombreux stresseurs: - Des stresseurs liés à la communication: Recevoir deux ordres contradictoires, ne pas savoir quels sont les objectifs, avoir des objectifs inconciliables ou opposés, ne pas avoir de hiérarchisation de ses objectifs, avoir des objectifs différents entre le comité de région , le club et la sélection, ne pas avoir d'organisation, de cohérence et d'unité au sein de l'équipe de coureurs, des membres de l'encadrement dont la fonction et la hiérarchie restent floues, etc. - Stresseurs liés à l'environnement Environnement inconnu, non maîtrisable, trop hostile, imprévisible, des conditions climatiques difficiles, etc. - Stresseurs liés aux relations: Surinvestissement de la famille, de l’entraîneur, du comité ou de tout autre individu sur le coureur. Organigramme de l'encadrement mal défini. Etc. - Stresseurs liés au matériel Matériel inadéquat, trop neuf ou trop ancien, préparé par une personne autre que le coureur et/ou n'ayant pas la confiance de celui-ci. Mauvaise organisation de la préparation du matériel avant la course, mauvaise organisation et préparation des réparations en courses, problème de confiance ou relationnel avec les mécaniciens, etc. - Stresseurs endogène Pensées flash négatives, schéma psychomoteur dysfonctionnement, dysfonctionnement cognitif, etc. La prévention consiste à repérer ces stresseurs et, dans la mesure du possible, de les faire disparaître. A défaut de les faire disparaître, on peut les anticiper par un entraînement spécifique: exemple faire le parcours de la course dans les conditions de la course dans les jours précédents l'épreuve afin de s'approprier l'environnement et de repérer les points névralgiques pour le coureur mais aussi pour l'encadrement, réfléchir sur le rôle, le discours et la fonction de chaque membre de l'organigramme. Apprendre à gérer le stress avec des techniques de gestion de soi Le stress est souvent à tord la "bête noire" des athlètes probablement à cause d'une méconnaissance de sa fonction et de son utilité. Il est un élément incontournable de la physiologie humaine car il permet d'adapter l'organisme aux variations du biotope dans lequel celui-ci devra s'exprimer pour une performance. La trop grande importance que représente le stress pour l'athlète et ses conséquences plus ou moins fâcheuses sont souvent dues à une mauvaise gestion de soi qui voudrait éluder ou en tous cas faire l'économie de se paramètre. Bien que le corps soit un tout dont on ne peut forclore le cerveau avec ses émotions et ses cognitions, la plupart des athlètes vont entraîner la force musculaire, les capacités psychomoteurs par le travail technique, le système cardiopulmonaire par une préparation physique, etc., et vont omettre la préparation mentale. De ce fait, ils vont s'exposer à une activité psychique obligatoire, chaotique et sauvage qui va casser tout le fruit d'une préparation longue et assidue au cours d'une compétition par un stress inadapté. Le stress Le stress est une réponse comportementale physiologique utile à l'athlète. Il faut bien différencier le stress de l'anxiété qui est sa conséquence cognitive en cas d'excès de stress non gérer. L'athlète peut se trouver dans les trois situations suivantes: - 1. Un état de stress trop élevé source d'une anxiété handicapante qui se manifeste par différents freins corporels. On est ainsi moins lucide, on gère moins bien les informations au niveau thalamique du fait des interférences des émotions, les gestes sont moins précis du fait des tensions musculaires. Les techniques de gestion de soi comme la relaxation vont permettre de faire baisser le stress d'un cran pour se trouver à l'état 2 qui suit. - 2. On se situe dans un état de stress optimum qui permet d'éveiller notre cerveau, l'ensemble de nos sens et de nos réflexes afin de pouvoir réagir le plus rapidement et de la manière la plus adaptée. La fréquence cardiaque s'est accélérée et provoque une augmentation préparatoire de notre VO2max, les muscles sont tendus sans être noués. Le stress est nécessaire à la performance, il va doper le cycliste sans l'handicaper par des manifestations diverses; il se situe dans l'état mental optimal. L'échauffement doit amener l'athlète à ce stade afin que l'organisme soit immédiatement prêt à affronter l'épreuve. Certains athlètes, à la sortie des vestiaires, ont déjà le niveau de pulsations cardiaques idéal pour commencer l'effort. - 3. L'état de stress est insuffisant. On n'a aucune anxiété. Notre corps, nos muscles et notre cerveau sont insuffisamment éveillés. la motivation est insuffisante. il faudra faire une activation tonique de notre organisme et un échauffement dynamique afin d'ancrer le maximum de ressources. Le stress n'est pas l'ennemi de l'athlète. Au contraire, bien gérer, il est un allié précieux dans la compétition. D'ailleurs, de nombreux produits dopants comme les corticoïdes cherchent à mimer les effets physiologiques du stress... Les moteurs à la performance L'athlète peut être à la fois son pire ennemi et son meilleur allié. On a tous remarqué que dans certaines circonstances, nous pouvions surpasser nos capacités. Certains malades mentaux en situation de crise développent des forces colossales et insoupçonnables malgré un physique chétif. Trouver ses moteurs à la performance consiste à trouver en soi quels sont les leviers et les points d'appuis qui peuvent permettre de faire jaillir l'ensemble des ressources que l'on possède. Exemple: En rugby, l’Irlande est connu pour ne pas avoir un niveau de jeu et une technique très bonne; mais par contre ils sont célèbres pour leur “fighting spirit”. A une époque, ils avaient un capitaine talonneur qui, lorsqu'un joueur se blessait, allait lui dire une petite phrase extrêmement personnelle dans l'oreille. A la suite de cela le joueur partait “regonflé”, encore plus combattant qu'au départ. Dans ce cas là, le capitaine a su mobiliser en son joueur les ressources nécessaires à se surpasser. D'autre part, de nombreux boxeurs s'appuient sur leur "négritude" afin de trouver l'agressivité nécessaire au combat. On possède ainsi tous des blessures, des colères, un orgueil qui peuvent générer une énergie utile mobilisable pour la performance. Une fois reconnue, on peut apprendre à la dompter et la faire s'exprimer au service de soi. En se parlant, en faisant se dérouler un film mental ou par le biais d'un stimulus externe comme de la musique, la parole de l'entraîneur ou n'importe quel stimulus de l'environnement qui doit venir alimenter cette dynamique au lieu de n'être qu'un stresseur, ont peut faire jaillir de soi une force physique et mentale extraordinaire. L’entraîneur peut lui aussi apprendre à percevoir les réserves d'énergie des membres de son équipe afin de les mobiliser judicieusement au moment voulu. Les objectifs secondaires Appropriation de son activité physique L'une des origines majeures du stress est l'inconnue. En effet, lorsque l'on ne sait pas pourquoi on a telle sensation, comment va se dérouler une épreuve, quelles vont être les conséquences de tel ou tel événement, le sportif comme tout être humain se met à échafauder un scénario à l'origine d'une anxiété, il se laisse envahir par des pensées flashs qui s'impose à lui qui le font entrer des schéma psychomoteurs l'amenant au doute et à l'angoisse tout en le confortant dans ses dysfonctionnements cognitifs. Aussi, l'athlète doit posséder une connaissance suffisante du fonctionnement de son corps, de son anatomie, de sa physiologie et de ses capacités à la performance afin de développer des techniques de gestion de soi. De plus, il devra bien maîtriser et comprendre les programmes d'entraînement qu'on lui propose afin de bien adhérer aux divers objectifs qui seront décider avec lui. Le sportif professionnel doit pouvoir être sont propre entraîneur, mais aussi pouvoir juger et choisir les compétences de son encadrement utile à la réalisation de ses objectifs. Prévention de diverses pathologies Tous les conflits psychiques et physiques dus à une mauvaise gestion de soi sont potentiellement sources de pathologies. Le stress psychique peut provoquer un stress physique en parasitant les schémas psychomoteurs. Préparation à la gestion de sa carrière par l'athlète L’athlète professionnel est entraîné pour passer des compétitions sportives mais n'est pas préparé à être une star, à gérer les médias, la pression de l'entourage, les phénomènes d'identification par le public, l'argent, à se projeter dans l'avenir, que cela soit pour les saisons à venir que pour sa reconversion, à négocier des contrats, etc. Il est vrai que tous ces éléments dépendent fortement des divers résultats et sont imprévisibles. Pour ces raisons, il faut aider l'athlète dans "la résolution de problèmes", à "anticiper" (selon le terme du docteur Sutter) et à inscrire chaque événement de vie (entraînements, épreuves sportives, repos, blessures, conférence de presse, etc.) dans une continuité structurée par des objectifs à court, moyen et long terme et non au jour le jour. Car si l'on peut monter rapidement, on tombe de plus en plus haut, la réception n'est pas acquise et on ne peut pas prévoir dans quelle direction on va rebondir. Trop de sportifs de haut-niveau ont raté des carrières et des reconversions mais aussi ont été confronté à des souffrances psychiques par une mauvaise gestion de leur carrière. L'apprentissage de cette gestion est un travail quotidien à faire dès le premier jour avec le sportif grâce au support de la fédération. Préparation à la reconversion et à la retraite De même, la reconversion et la retraite doivent se préparer dès le premier jour avec un souci de continuité. Le sportif doit être capable de se projeter dans l'avenir et d'anticiper les échéances futures. En parallèle de sa préparation sportive, il faut encourager l'athlète à poursuivre une formation (professeur de sport, kinésithérapeute, etc.) ou des études pour les plus jeunes dans des structures adaptées. Ainsi, une blessure ou la retraite ne sera plus une rupture insupportable et frustrante mais le passage naturel à une autre activité sous-jacente pendant la carrière sportive. Ce d'autant qu'il existe de nombreux métiers autour du sport ou l'expérience d'une carrière sportive est une valeur ajoutée. La lutte contre le dopage La lutte contre le dopage est un challenge majeur pour tous les sportifs en cette époque. Il existe probablement de nombreux facteurs à celui-ci. Parmi ceux-ci, il est important de mettre en valeurs certains d'entre eux: - Un athlète qui subit une pression excessive ou inadaptée. - Des objectifs inadaptés (avoir comme seul objectif la victoire, sous-entendu coûte que coûte) ou contradictoires. - Une mauvaise connaissance de ce qui peut lui arriver. - Une mauvaise gestion de soi. - Une connaissance insuffisante des mécanismes physiologiques à la performance. - Une mauvaise gestion du stress. - Un environnement non structurant, non rassurant, pas assez maternant ou de mauvais conseils. - etc. Tous ces facteurs peuvent entraîner dans une culture orale comme la nôtre, l'absorption, l'injection ou l'usage de produits dopants dans divers buts comme celui de chercher de la réassurance, de faire baisser le niveau de tension issu de divers conflits, de combler un vide, etc. La préparation mentale et l'apprentissage d'une gestion de soi hors des croyances, des potions magiques et des gourous peuvent permettre la lutte contre le dopage. Il faut éduquer les athlètes et les responsabiliser. Les techniques de gestion de soi Si il existe de nombreuses techniques de gestion de soi, il n’existe par contre pas de formule miracle: A chaque athlète à chaque circonstance sa préparation mentale. Les techniques psychocorporelles Si l'activité mentale peut modifier l'activité corporelle en générant des tensions musculaires, le corps peut être une voie d'entrée pour influer sur l'activité mentale. En effet, en relaxant les muscles par divers techniques, en apprenant à respirer, on peut apprendre à abaisser le niveau d'un stress psychique handicapant. - La relaxation Il existe deux techniques: la méthode de Jacobson et Schultz. - La prise de conscience du corps à travers une conscience du tonus musculaire. De nombreuses personnes ont des dystonies inconscientes au niveau de certains muscles comme ceux des mâchoires ou des crispations qui vont parasiter un geste technique. - Apprendre à respirer et à placer sa respiration en fonction du geste technique et de l'effort. - Le sauna et les massages sont des outils de relaxation et de récupération afin de retrouver un bienêtre corporel et mental. Les méthodes induisant des états modifiés de conscience - La vision mentale permet l'apprentissage plus facile de technique et d'anticiper des situations hostiles. Elle est très utile dans la préparation à des compétitions que cela soit pour les activités individuelles (se représenter un départ de course contre la montre, les différents segments de routes, etc.) ou pour les activités collectives (sa position dans le peloton, en cas d’attaque d’un adversaire ou d’un coéquipier). Les psychologues soviétiques ont beaucoup utilisés cette technique qu'ils appelaient la "pensée tactique". On l'utilise avant la compétition pour se préparer, après la compétition que cela soit en cas de victoire comme renforcement positif ou en cas de défaite pour apporter les corrections nécessaires, après l'entraînement afin de réviser un apprentissage et lors d'un arrêt prolongé de l'entraînement suite à des blessures ce qui permet de conserver les schémas nerveux moteurs et limiter l'atrophie musculaire. - La désensibilisation est une technique qui utilise à la fois la vision mentale pour se représenter une situation anxiogène et la relaxation afin d'atténuer son intensité. Elle permet de traiter notamment la phobie sociale qui engendre une anxiété quand l'individu doit effectuer une tâche devant des témoins (préparation de course, présence des parents). On l'utilise pour aider des athlètes qui doivent passer devant un jury (danse, gymnastique, etc.) ou participer à des compétitions devant un large public (jeux olympiques, etc.) ou un censeur potentiel afin de lever la réponse inhibitrice à l'anxiété. - La sophrologie est une technique hybride de plusieurs techniques comportementales et cognitives associée à une approche philosophique ou métaphysique afin de retrouver ce qui est appelé excessivement "l'harmonie de l'esprit". Cette technique a beaucoup de succès chez les athlètes du fait de son aspect "gourou" mais il faut en écarter les aspects ésotériques et pseudoscientifiques qui l'encombre pour qu'elle soit véritablement utile. - Par l'isolation sensorielle, on peut amener une personne à se relaxer physiquement et psychologiquement et à faire baisser tous les marqueurs de stress. - L'hypnose travaille sur les cognitions afin de lever par la suggestion des blocages psychologiques à l'épanouissement. - Le rêve lucide est utilisé dans l'optimisation et l'apprentissage d'un geste par certains psychologues qui suivent des athlètes. Il est basé sur la répétition en transe des différentes séquences d'une activité sportive. Quant à la programmation neurolinguistique, elle est directement issue des thérapies cognitives. Par une pensée active préparatrice, on modifie les comportements, on contrôle les émotions et on gère les cognitions que l'on peut rencontrer dans l'activité physique. Toutes ces techniques sont basées sur l'apprentissage ou la modification de comportements par un training mental afin d'optimiser les gestes de l'athlète. Elles sont toutes plus ou moins applicables dans le monde du sport en favorisant la gestion du stress et en optimisant les facteurs mentaux de la réussite sportive. Les techniques comportementales Le contrat permet de formaliser et de responsabiliser à des niveaux équivalents l’encadrement et l’athlète. Il permet de définir, autour d’un statut, les devoirs et les responsabilités de chacun. Sur des bases claires, il permet d’organiser le programme d'entraînement et des compétitions de chacun tout en évitant les discussions, les non-dit et les ambiguïtés. Ce contrat consiste à lister le règlement interne du groupe, les devoirs et les engagements de chacun et une clause de rupture en cas de non respect de celui-ci par l'un des signataires. Il doit être signer par l'athlète, l'entraîneur et le dirigeant représentant de l'encadrement. Chaque signataire doit en posséder un exemplaire. La mise en place des objectifs: Tout athlète doit se fixer lui-même des objectifs et les hiérarchiser avec l’aide ou non de son entourage. D’ailleurs, ses objectifs peuvent être totalement différents de ceux de son encadrement mais un compromis peut s’organiser autour d’un contrat de saison. Ces objectifs sont des repères qui cadrent le sportif autour d'une réalité dans le temps, qui le guident dans sa progression et qui lui permettent de s'auto-évaluer. On définit ainsi des objectifs à court terme, à moyen terme et à long terme. Ces objectifs se feront à partir d'une analyse de la situation et de ses capacités propres. Ils doivent être clairs, simples et réalisables. Leurs réalisations ne doivent pas se faire sur un mode du “ tout ou rien ” qui ne peut que générer du stress mais autour d’un pourcentage de réalisation (objectifs réaliser à 50%, à 30%). C’est pour cela que gagner ne peut pas être un objectif, mais seulement, si l'on peut dire, la cerise sur le gâteau qui arrivent lorsque les objectifs sont réalisés. Avant chaque compétition, chaque entraînement ou chaque saison, il faut définir des objectifs pour les évaluer avec son encadrement une fois l'événement passé. Les objectifs doivent être hiérarchiser en un objectif principal et en des objectifs secondaires. Expérience équipe de France junior de vélo sur route Médecin du sport mais surtout chef de clinique dans le service de psychiatrie de l’hôpital Bicêtre, on m’a demandé en octobre dernier d’être le médecin de l’équipe de France junior sur route afin de faire le travail médical habituel d’une équipe mais aussi de développer sa préparation mentale autour d’un objectif final initial d’une durée de 3 ans. Après quelques entretiens avec l’encadrement, j’ai proposé une manière de travailler que j’ai formaliser par écrit. Ce document consiste en un programme de suivi médical qui a été remis en début de la saison, à chaque membre de l’encadrement. Il a consisté à mettre en place un contrat entre les coureurs et l'entraîneur afin de les responsabiliser autour de l’existence d’un groupe équipe de France d’où sera ensuite sélectionner les représentants pour les diverses compétitions. La difficulté étant que la composition de l’équipe de France est très modulable au cours de la saison en fonction des résultats de chacun aux différentes compétitions nationales. Dans le cadre de se programme, la saison devait être divisée en deux parties, une première partie allant du stage d’avril 98 au stage d'août et une deuxième se poursuivant jusqu’au championnat du monde. Les objectifs de la première partie consistait: - Sensibiliser les coureurs à la préparation mentale, à l’importance de la diététique, au danger de tous traitements intempestifs (piqûre de fer, de vitamines, produits chinois et j’en passe des meilleurs) en leur expliquant les fondements médicaux. - Sensibiliser l’encadrement sur les bienfaits de cette approche. - repérer les stresseurs individuels et collectifs. - Pour ma part, cela me permettait de comprendre le vélo puisque ce fut une nouveauté pour moi. - Pour la partie médicale, jugeant que je ne connaissais pas assez le vélo et que je ne pouvais pas voir assez régulièrement les coureurs, je les ai tous inciter à avoir un médecin du sport personnel à coté de leurs lieux d’habitation, ce qui participe à leur responsabilisation. La deuxième partie devait être une mise en place plus active des différentes techniques après cette première partie d’observation et d’évaluation. Ce programme n’a pas pu être appliquer car, en juin, de façon très surprenante et imprévisible, je n’ai plus eu de contact avec aucun membre de l’encadrement sans aucune explication. Paradoxalement, en début d’année, l’équipe de France, c’est mis à gagner presque toutes les courses alors que d’après l'entraîneur, il n’y avait eu de victoire ces dernières années. Bien entendu, ce n’est pas grâce à mon intervention mais ces succès aurait pu renforcer un changement de politique. Ce passage à l'acte fort surprenant de la part de l'entraîneur de l'équipe de France montre bien les difficultés à évoluer vers de nouvelles approches qui font l'économie des vitamines magiques tant demandées pour une gestion plus globale de l'athlète. Par méconnaissance du cyclisme, j'ai probablement balayé trop vite une culture des forçats de la route qui nécessitent la prise de poudre de perlimpinpin. De plus, je n'ai probablement pas été assez démonstratif pour convaincre les membres de l'équipe. En outre, j’ai certainement mal évaluer le fossé qu’il existe entre le monde du cyclisme et mon éthique médicale que je n'étais pas prêt à franchir. Conclusion - L'activité cérébrale se travaille. - L'athlète doit être son propre entraîneur. - Il est indispensable d'instituer dans un plan d'entraînement un programme de training mental. Pour cela, pour s'écarter du poids de la tradition, il nécessite une véritable volonté politique de la part de la fédération. Bibliographie Missoum G: Guide du training mental. Ed Retz, 1991. Seznec J-C: Economie de l'effort, manuel pratique de physiologie à l'usage des professionnels du sport, de la danse et du cirque. Ed DésIris, 1996. Van Rillaer J: La gestion de soi. Ed Mardaga, 1992.