Staphylodermies
Les staphylodermies seront classifiées selon les structures anatomiques
tégumentaires atteintes, dans l’ordre décroissant de la fréquence.
Staphylodermies folliculaires
Les folliculites aiguës superficielles Bockhart consistent dans l’apparition d’une
réaction inflammatoire staphylococcique localisée strictement superficiellement à la
surface du tégument, autour d’un orifice folliculaire. Cliniquement, la maladie se
manifeste par une pustule centrée d’un poil avec un halo érythémateux autour. L’éruption
cutanée peut être représentée d’une seule pustule de ce type ou de quelques dizaines ou
même des centaines, mais elle n’atteint pas l’état général et guérit sans cicatrices.
Topographiquement, elle se localise préférentiellement sur le cuir chevelu chez les
enfants, dans la région de la barbe et de la moustache après la puberté chez les hommes,
les parties pileuses des membres et les fesses chez les adultes des deux sexes,
éventuellement autour de plaies infectées. Le diagnostic différentiel se fait avec des
pustules des folliculites trichophytiques (le sycosis trichophytique), de l’acné vulgaire,
l’acné rosacée, l’acné d’huile, l’acné chlorique, l’acné cortisonique.
Les folliculites aiguës profondes sont deux : l’orgelet et la vestibulite narinaire.
Les poils du vestibule narinaire et des paupières sont physiologiquement les plus gros
poils de l’homme et ils possèdent le plus large orifice folliculaire. Cela permet
l’extension rapide de l’infection staphylococcique initialement superficielle dans tout le
sac folliculaire, devenant profonde. Dans les deux cas la manifestation clinique consiste
dans l’apparition d’un nodule inflammatoire de petites dimensions (quelques millimètres)
intensément érythémateux et très douloureux (en fait, les signes celsiens classiques :
rubor, calor et dolor), d’habitude unique, sur l’une des paupières ou dans le vestibule des
narines, et qui ulcère par l’expulsion du contenu purulent dans les jours qui suivent, en
guérissant par cicatrice. Il n’atteint pas l’état général.
Le sycosis staphylococcique est une folliculite profonde chronique. Dans ce cas
l’infection staphylococcique gagne dès le début un grand nombre de follicules pilaires
(des dizaines ou des centaines) regroupés sur une unique aire cutanée (d’habitude la
région de la barbe ou de la moustache chez les adultes) ou la zone du cuir chevelu chez
les enfants, situation dans laquelle il s’appelle Kerion Celsi et présente un aspect clinique
pseudo tumoral. Du point de vue pathogénique, le sycosis commence également comme
une folliculite aiguë superficielle, mais, s’agissant de souches staphylococciques plus
intensément pathogènes, l’infection ne guérit pas spontanément, mais elle s’étend le long
de quelques semaines de l’orifice folliculaire en profondeur à approximativement la
moitié du sac folliculaire, où elle réalise une deuxième collection purulente (d’où
l’expression d’ « abcès en bouton de chemise », utilisée dans le cas du sycosis
staphylococcique).
Cliniquement, on observe une formation pseudo tumorale (expression de l’œdème
inflammatoire massif) de l’ordre des centimètres, érythémateuse et douloureuse, couverte
de croûtes purulentes qui agglutinent les poils, avec une évolution chronique de mois ou
d’années et une tendance à l’extension lente. L’adénopathie locorégionale réactive
apparaît d’habitude, et parfois apparaissent également des subfébrilités. Dans certains cas,