Chapitre IV Pyodermites Les pyodermites sont des infections de la peau avec des bactéries pyogènes. Le plus fréquemment sont impliqués les staphylocoques et les streptocoques pathogènes, mais très rarement peuvent intervenir également les bacilles cols, pyocyanique, diphtéromorphes etc. Nous précisons qu’à la surface du tégument il y a en permanence une population microbienne commensale, formée de stafilococus epidermidis, microcoques, cornybacterium, brevibacterium et propionibacterium, qui forment une biocénose avec un rôle important dans la défense anti-infectieuse locale. De l’autre côté on décrit aussi une population microbienne temporaire avec des bactéries pathogènes chez les personnes saines, installée d’habitude après une pyodermite préalable guérie. Ainsi chez environ 60% des gens sont présents temporairement des staphylocoques pathogènes dans la cavité nasale, sur le cuir chevelu, dans les zones inguinale et périanale, et chez 20% ils sont constamment présents dans les fosses nasales. Par la suite nous allons présenter les pyodermites produites par les staphylocoques dorés hémolytiques (staphylodermies) et les streptocoques β-hémolytiques de groupe A (streptodermies), car ceux-ci sont les agents étiologiques les plus souvent rencontrés dans la pratique. Le staphylocoque doré hémolytique est un coques Gram-positif, aérobie, non capsulé, sa pathogénie étant donnée d’une série de facteurs : la coagulase, l’hémolysine, la leucocidine, des entérotoxines etc. Comme les staphylocoques sont extrêmement hétérogènes du point de vue des antigènes de surface, la classification la plus utilisée est selon le type phagique, dans les pyodermites étant impliqués plus fréquemment 6 types phagiques, dont les plus virulents sont les types 80/81, D77 et 71. Les streptocoques β-hémolytiques sont des coques Gram-positifs, aérobies, non capsulés, dont la pathogénie est donnée par des facteurs comme : la protéine M et les complexes mucopolysaccharoïdiques de paroi, les lipoprotéines de membrane avec une action anti-phagocytaire, les streptolysines, O et S, la streptokinase, l’hyaluronidase etc. En plus par rapport aux staphylocoques, ils présentent un tropisme particulier pour les voies lymphatiques dermiques. Bien qu’ils soient présentés séparément comme des staphylodermies et des streptodermies, la différenciation n’est que relative. Dans beaucoup de cas (impétigos, intertrigos, ecthyma, chéilites, périonychium) l’aspect clinique de la maladie est le même, et seulement l’examen bactériologique peut mettre en évidence laquelle des deux bactéries est l’agent étiologique. Staphylodermies Les staphylodermies seront classifiées selon les structures anatomiques tégumentaires atteintes, dans l’ordre décroissant de la fréquence. Staphylodermies folliculaires Les folliculites aiguës superficielles Bockhart consistent dans l’apparition d’une réaction inflammatoire staphylococcique localisée strictement superficiellement à la surface du tégument, autour d’un orifice folliculaire. Cliniquement, la maladie se manifeste par une pustule centrée d’un poil avec un halo érythémateux autour. L’éruption cutanée peut être représentée d’une seule pustule de ce type ou de quelques dizaines ou même des centaines, mais elle n’atteint pas l’état général et guérit sans cicatrices. Topographiquement, elle se localise préférentiellement sur le cuir chevelu chez les enfants, dans la région de la barbe et de la moustache après la puberté chez les hommes, les parties pileuses des membres et les fesses chez les adultes des deux sexes, éventuellement autour de plaies infectées. Le diagnostic différentiel se fait avec des pustules des folliculites trichophytiques (le sycosis trichophytique), de l’acné vulgaire, l’acné rosacée, l’acné d’huile, l’acné chlorique, l’acné cortisonique. Les folliculites aiguës profondes sont deux : l’orgelet et la vestibulite narinaire. Les poils du vestibule narinaire et des paupières sont physiologiquement les plus gros poils de l’homme et ils possèdent le plus large orifice folliculaire. Cela permet l’extension rapide de l’infection staphylococcique initialement superficielle dans tout le sac folliculaire, devenant profonde. Dans les deux cas la manifestation clinique consiste dans l’apparition d’un nodule inflammatoire de petites dimensions (quelques millimètres) intensément érythémateux et très douloureux (en fait, les signes celsiens classiques : rubor, calor et dolor), d’habitude unique, sur l’une des paupières ou dans le vestibule des narines, et qui ulcère par l’expulsion du contenu purulent dans les jours qui suivent, en guérissant par cicatrice. Il n’atteint pas l’état général. Le sycosis staphylococcique est une folliculite profonde chronique. Dans ce cas l’infection staphylococcique gagne dès le début un grand nombre de follicules pilaires (des dizaines ou des centaines) regroupés sur une unique aire cutanée (d’habitude la région de la barbe ou de la moustache chez les adultes) ou la zone du cuir chevelu chez les enfants, situation dans laquelle il s’appelle Kerion Celsi et présente un aspect clinique pseudo tumoral. Du point de vue pathogénique, le sycosis commence également comme une folliculite aiguë superficielle, mais, s’agissant de souches staphylococciques plus intensément pathogènes, l’infection ne guérit pas spontanément, mais elle s’étend le long de quelques semaines de l’orifice folliculaire en profondeur à approximativement la moitié du sac folliculaire, où elle réalise une deuxième collection purulente (d’où l’expression d’ « abcès en bouton de chemise », utilisée dans le cas du sycosis staphylococcique). Cliniquement, on observe une formation pseudo tumorale (expression de l’œdème inflammatoire massif) de l’ordre des centimètres, érythémateuse et douloureuse, couverte de croûtes purulentes qui agglutinent les poils, avec une évolution chronique de mois ou d’années et une tendance à l’extension lente. L’adénopathie locorégionale réactive apparaît d’habitude, et parfois apparaissent également des subfébrilités. Dans certains cas, l’infection staphylococcique s’étend à tout le sac folliculaire, y compris le bulbe folliculaire qui est détruit, situation dans laquelle la guérison a lieu avec l’alopécie définitive de l’aire atteinte. Cette forme particulière de sycosis a été dénommée sycosis loupoïde. Le diagnostic différentiel se fait avec le sycosis trichophytique (les examens mycologiques et bactériologiques sont essentielles, l’aspect clinique dans les deux formes de sycosis étant identique) avec le granulome pyogène et avec des tumeurs bénignes ou malignes cutanées infectées avec des bactéries. Dans le sycosis staphylococcique s’impose l’association du traitement antibiothérapique général avec celui local et l’épilation mécanique à la pince de tous les poils atteints. Staphylodermies périfolliculaires Le furoncle Le furoncle et ses variantes cliniques sont des staphylodermies périfolliculaires, car l’infection staphylococcique, réalisée par les souches microbiennes plus intensément pathogènes réussit à dépasser la barrière représentée par le sac folliculaire et dissémine autour dans le derme, éventuellement jusque dans le tissu adipeux sous-cutané, produisant la nécrose et une importante collection purulente. Cliniquement, on constate l’apparition d’un nodule inflammatoire avec tous les signes celsiens présents, avec une petite pustule au bout. Dans quelques jours, le nodule devient fluctuant, et le bout se nécrose, devenant un « bouchon » jaunâtre appelé bourbillon. Les jours suivants le bourbillon s’élimine spontanément, suivi par l’élimination du contenu nécrotique purulent et par la constitution d’une ulcération, la douleur et les autres signes inflammatoires cèdent et guérissent d’habitude par une cicatrice vicieuse, qui déforme le plan tégumentaire. Le furoncle apparaît plus fréquemment comme une éruption unique, chez les jeunes hommes adultes, sur des régions riches en follicules pileux sébacés et soumises à la friction (bras, cuisses, fesses, région de l’anus et génitale). Le furoncle, une fois développé récidivera d’habitude, la personne en cause restant porteuse temporaire de staphylocoques pathogènes. L’état de furonculose est défini par la présence de furoncles multiples et chroniquement récidivants sur un terrain immunodéprimé (diabète sucré, alcoolisme, néoplasies, SIDA, immunodéficiences innées etc.). Le furoncle anthracoïde ( le carboncle ) est une variante clinique dans laquelle se développe en même temps un groupe de furoncles, d’habitude chez les hommes dans la région de la nuque, conflués dans une unique masse pseudo tumorale de grandes dimensions avec des signes celsiens marqués, y compris un état fébrile et adénopathie locorégionale satellite. Comme les bourbillons et l’élimination du contenu des furoncles ont lieu presque concomitamment, apparaît l’effet « d’écoulement en arrosoir », classiquement décrit. La guérison naturelle se fait par des cicatrices chéloïdiennes. Comme complications du furoncle anthracoïde peuvent apparaître la périostite et l’ostéomyélite des vertèbres de la colonne cervicale ou des septicémies au point de départ cutané. La présence d’un furoncle ou d’un carboncle impose, à côté de l’antibiothérapie générale et locale, une intervention chirurgicale obligatoire, le moment propice étant la constitution de la fluctuation et/ou du bourbillon, avec une incision large et drainage par mèches de la collection purulente. Ainsi on réduit le taux des récidives et on assure la guérison par une cicatrice normale. La staphylococcie maligne du visage (le furoncle malin du visage) consiste dans le développement d’un furoncle banal et unique, mais localisé sur la lèvre supérieure. Le tissu cellulaire sous-cutané étant particulièrement lâche au niveau de la lèvre, l’œdème inflammatoire autour du furoncle est massif et le masque, ce qui fait que du point de vue clinique on observe seulement un œdème de la lèvre et éventuellement une petite pustule à la surface. Le furoncle peut être palpé comme un nodule fluctuant dans l’épaisseur de l’œdème de la lèvre. La dénomination de « malin » provient de la possible complication redoutable de ce furoncle : comme le sang veineux du niveau de la lèvre supérieure est drainé directement vers les sinus veineux de la base de l’encéphale, apparaît la possibilité que, suite à un traumatisme du furoncle, l’infection staphylococcique dissémine à ce niveau, en produisant la thrombose septique du sinus caverneux, complication qui mène au décès dans 90% des cas. L’installation d’une thrombose septique du sinus caverneux est annoncée par les signes cliniques suivants : céphalée extrême, fièvre élevée (40-42), chémosis conjonctivale, diplopie, coma. À cause de ces raisons la staphylococcie maligne du visage est une maladie à hospitalisation obligatoire, et le traitement est strictement conservatif, par antibiothérapie générale et localement des compresses antiinflammatoires avec des solutions désinfectantes, l’intervention chirurgicale ou l’autotraumatisme du furoncle étant absolument contre-indiqués. Le diagnostic différentiel dans toutes les formes de furoncles est fait avec des kystes cutanés surinfectés, hidrosadénite et anthrax cutané, gommelles (gommes) syphilitiques ou tuberculeuses. Staphylodermies des glandes sudoripares L’hidrosadénite ( hidradenite suppurative ) Par l’hidrosadénite on comprend l’infection staphylococcique d’une glande sudoripare apocrine. Cliniquement, l’aspect et l’évolution de la forme aiguë sont identiques aux ceux d’un furoncle. La maladie apparaît seulement après la puberté, c’està-dire au moment du début de l’activité de ce type de glande sudoripare. Topographiquement, elle est localisée sur les aires cutanées qui présentent des glandes apocrines, respectivement les axiles (90%) et la zone périgénitale. Le sexe féminin est atteint de manière prédominante. En l’absence du traitement chirurgical et antibiothérapeutique général et local, la maladie devient d’habitude chronique, menant aux déformations monstrueuses de l’axile infectée. Avec le temps, l’affection peut devenir bilatérale. Abcès multiples des nourrissons L’affection est rare et elle apparaît chez les nouveau-nés, jusqu’à un an, généralement mal nourris ou avec une hygiène précaire. Elle se caractérise par de multiples nodosités érythémateuses violacées localisées sur le visage, cuir chevelu, cou, thorax et fesses, qui évoluent vers des ulcérations et cicatrices atrophiques, sans l’affection de l’état général, sauf s’il y a une évolution vers une septicémie staphylococcique avec un point de départ cutané. À la différence du furoncle et de l’hidrosadénite, les nodosités inflammatoires ne développent pas des bourbillons. Le traitement implique l’association de l’antibiothérapie générale et locale avec le développement chirurgical des collections purulentes. Staphylodermies périunguéales Périonychium C’est une infection du repli unguéal rencontrée plutôt chez les femmes, due à la manicure et au ménage. Cliniquement, l’aspect est identique dans le périonychium avec une cause staphylococcique, streptococcique et celui de la candidose. Dans tous ces cas le repli unguéal devient œdémateux, érythémateux, décollé de la lame unguéale, douloureux à la palpation et parfois apparaît une goutte purulente à la pression entre le repli et l’ongle. Initialement une lésion unique et aiguë, le périonychium non traité atteint plusieurs doigts et devient chronique. Les mains sont impliquées beaucoup plus fréquemment, mais il peut apparaître aux pieds aussi. Pour le traitement étiologique sont nécessaires des examens bactériologiques et mycologiques. Le traitement local d’élection consiste dans l’application d’un désinfectant général, comme le produit Betadine, un onguent, l’iode contenu ayant un effet antibactérien et contre la candidose. Dans les cas chroniques on constate l’apparition de déformations unguéales variées par l’affection de la racine des ongles dans le processus infectieux (l’onychyum proprement dit). Le diagnostic différentiel se fait avec des onychomycoses et les onychodistrophies du psoriasis et des eczémas localisés aux doigts. Staphylodermies de la peau glabre Par peau glabre on comprend la peau relativement dépourvue de poils, étant présent tout au plus le poil de type vellus. Les termes génériques par toute infection de la peau glabre, sans tenir compte de leurs étiologies, sont impétigo pour les zones d’extension et respectivement intertrigo pour les zones de flexion, correspondant aux grands plis cutanés (rétroauriculaire, axillaire, sousmammaire, inguinal, interfessier). Les impétigos et les intertrigos staphylococciques ont un aspect clinique difficile à distinguer de celui d’une autre étiologie. Pratiquement, dans toutes ces situations on constate l’apparition brusque d’une éruption bulleuse au contenu purulent sur un fond érythémateux diffus délimité, suivi par la déchirure spontanée des bulles avec la formation de zones érosives et de croûtes purulentes, et dans le cas d’un intertrigo, d’habitude également par l’apparition d’une fissure douloureuse sur le fond du pli atteint. Le granulome pyogène (le botryomycome) est une forme particulière d’infection staphylococcique qui se manifeste cliniquement comme une tumeur de cause inflammatoire, formée par un tissu de granulation. Pour la formation d’un granulome pyogène est nécessaire la nidation des staphylocoques directement dans le derme, par une solution de continuité représentée par un traumatisme mineur (piqûre, friction). C’est pourquoi, bien qu’il puisse apparaître n’importe où sur le tégument ou sur les muqueuses, le granulome pyogène se développe d’élection sur les doigts des mains, sur les lèvres et le bout de la langue. La petite tumeur se constitue rapidement, pendant 2-3 semaines, après quoi elle persiste chroniquement, indéfiniment. Elle a une forme hémisphérique, est érythémateuse, facilement saignante en la frappant, parfois recouverte de petites croûtes purulentes. Elle pose le problème du diagnostic différentiel avec le kératoancathome, les carcinomes baso- et spinocellulaires et le mélanome malin achrome. Le traitement est exclusivement chirurgical, par l’excision de la tumeur et la cautérisation de sa base. Le syndrome SSS (staphiloccocal scalded skin syndrome), appelé aussi syndrome Lyell, est une maladie spécifique à l’enfant en bas âge, de la naissance jusqu’à environ 4 ans et représente l’une des grandes urgences dermatologiques. L’agent pathogène est une souche particulière de staphylocoque doré de type phagique II/71, producteur d’une toxine épidermolytique responsable de manifestations cliniques graves. En partant d’un impétigo apparemment banal, des bulles immenses et flasques se développent rapidement sur toute la surface corporelle, accompagnées par l’érythrodermisation du tégument et, par le décapage spontané des bulles, d’une desquamation en lambeaux généralisée. L’enfant devient fébrile et entre rapidement en choc hypovolémique par la perte transcutanée d’eau et d’électrolytes. Il nécessite l’internement dans une section de thérapie intensive, antibiothérapie générale et rééquilibration hidro-électrolytique. La cellulite érysipéloïde staphylococcique se manifeste comme un placard érythémateux et oedémateux diffus délimité, d’habitude sur les jambes, accompagné d’état subfébrile. C’est une infection du plexus lymphatique dermique pour la constitution de laquelle est obligatoire la présence d’une porte d’entrée (plaie ou ulcère chronique de la jambe, des fissures interdigitales à cause mycosique, divers traumatismes, etc). Elle nécessite l’antibiothérapie générale et des compresses anti-inflammatoires locales et pose le problème de la différenciation d’un érysipèle produit par les streptocoques pathogènes. Streptodermies Les streptodermies seront présentées selon une classification sur des critères chronologiques, car les manifestations cliniques chez les enfants diffèrent de celles des adultes. Streptodermies de l’enfant Dans toutes ces maladies l’infection streptococcique superficiellement, au niveau de la couche cornée de l’épiderme. est localisée Le pemphigus épidémique du nouveau-né se manifeste cliniquement sous la forme d’une éruption bulleuse avec un contenu séreux citrin entourée d’un halo érythémateux qui apparaît localisée sur le thorax et les membres, en respectant les plantes et les paumes. Etant facilement contagieuse, on peut rencontrer des mini-épidémies dans les sections de néonatalogie des hôpitaux. Il pose le problème du diagnostique différentiel avec le pemphigus syphilitique du nouveau-né, manifesté aussi comme une éruption bulleuse, mais strictement localisée uniquement sur les plantes et sur les paumes. Etant une manifestation de la syphilis congénitale, la sérologie du sang récolté du cordon ombilical est positive. L’impétigo contagieux Tilbury-Fox est une streptodermie qui atteint des enfants entre 2 et 10 ans, elle apparaît d’habitude sous la forme de mini-épidémies de collectivité (crèches, maternelles, écoles) et se manifeste initialement dans la zone péribuccale sous la forme de taches érythémateuses diffuses recouvertes de croûtes mélicériques (jaunes et translucides), relativement spécifiques. À proprement parler, les croûtes sont précédées d’une éruption bulleuse passagère qui d’habitude ne s’observe plus. La maladie s’étend sur le visage et vers le cou et le thorax supérieur. L’impétigo vulgaire streptococcique a un aspect clinique analogue à celui staphylococcique et évolue avec des croûtes parfois mélicériques, parfois purulentes. L’intertrigo streptococcique de l’enfant est localisé préférentiellement dans la région rétroauriculaire et il se différencie de celui staphylococcique seulement par la présence d’habitude de croûtes mélicériques. La streptococcie squameuse du cuir chevelu est une infection streptococcique du cuir chevelu manifestée par l’apparition d’aires aux dépôts squameux soit secs soit squameux croûteux (exsudatifs) sur le cuir chevelu. Chez les enfants elle pose le problème du diagnostic différentiel avec les mycoses tondantes, particulièrement avec le favus, avec le sycosis staphylococcique ou trichophytique et avec le psoriasis infantile du cuir chevelu. Le pityriasis blanc du visage apparaît d’habitude entre 10-14 ans, et se manifeste sous la forme d’une ou de quelques taches blanches, rondes et recouvertes de squames fines, furfuracées, sur le visage. Actuellement ce n’est plus considéré comme une infection streptococcique directe du tégument, mais une eczématide streptococcique, secondaire à des foyers chroniques d’infection de l’enfant, présents dans la sphère de l’ORL (adénoïdites, amygdalites, pharyngites, sinusites ou otites chroniques), raison pour laquelle on la traite avec des dermatocorticoïdes et on résout le foyer générateur pour stopper les récidives. Streptodermies de l’adulte L’angulus streptococcique apparaît comme une fissure douloureuse, avec un discret halo érythémateux au niveau de l’orifice buccal (les commissures labiales), unilatéralement ou bilatéralement. La chéilite aiguë streptococcique signifie l’infection de la semi-muqueuse des lèvres, qui apparaissent intensément rouges (carminées), avec une desquamation furfuracée persistante et avec des fissures douloureuses des lèvres. Le périonychium streptococcique a le même tableau clinique que celui staphylococcique. D’ailleurs, les trois affections ci-dessus peuvent être aussi avec une cause staphylococcique ou du candida, avec un tableau clinique analogue. C’est pourquoi on indique le traitement local avec un désinfectant polyvalent comme le Betadine onguent ou solution. La tourniole est localisée spécifiquement à l’un des doigts des mains et elle apparaît comme une bulle à contenu clair ou hémorragique qui commence du côté latéral d’un ongle et s’étend rapidement entourant complètement l’ongle. L’ecthyma streptococcique est localisé surtout au niveau des jambes. Il apparaît comme une lésion unique, une croûte nettement purulente (précédée d’une bulle passagère, rarement observable) entourée d’un halo érythémateux large. Le diagnostic est établi après l’enlèvement mécanique de la croûte, pour l’ecthyma étant caractéristique la présence d’une ulcération superficielle et parfaitement ronde sous la croûte. L’étiologie peut être aussi staphylococcique, cas où l’ulcération présente un fond nécrotique et purulent et, d’habitude, les lésions ulcératives sont multiples. La lymphangite streptococcique et l’érysipèle sont des infections streptococciques du plexus lymphatique dermique. Les streptocoques pathogènes ont une affinité particulière pour le réseau lymphatique, mais l’infection de celui-ci se produit seulement avec la condition de la préexistence d’une porte d’entrée sur le tégument, qui permette l’accès direct aux voies lymphatiques (voies d’entrée représentées par des fissures, d’habitude interdigitales, aux pieds, suite à une épidermophytie, ou d’autres microtraumatismes). La lymphangite streptococcique se manifeste par un cordon érythémateux, dur et douloureux, disposé sur la région dorsale du pied et accompagné d’état subfébrile. L’érysipèle se manifeste par un placard intensément érythémateux et luisant, bien délimité et douloureux, avec une tendance d’extension rapide d’un jour à l’autre. La maladie est toujours accompagnée de fièvre élevée (38-40), en débutant par le frisson solennel et adénopathie réactive. La localisation topographique caractéristique est au niveau de la jambe ou au niveau du visage (périnasal ou auriculaire). Il a une tendance marquée aux récidives ultérieures même après un traitement correctement administré. Comme formes cliniques compliquées d’érysipèle nous rappelons l’érysipèle bulleux (l’apparition de quelques bulles avec du liquide séreux citrin à la surface du placard typique) et l’érysipèle gangréneux (la constitution de zones de nécrose jaunâtres dans l’épaisseur du placard typique, qui vont s’éliminer spontanément produisant des ulcérations profondes avec une guérison lente, par des cicatrices vicieuses). Le traitement des pyodermites Le traitement général est indiqué dans les formes fébriles de maladie. Dans le cas des staphylodermies est préférable l’administration d’une association de deux antibiotiques au spectre large, d’habitude une céphalosporine et un aminoglycoside ou seulement une fluoroquinolone. Dans le cas des streptodermies est suffisante la pénicilline par os ou, spécifiquement pour la lymphangite et l’érysipèle, intramusculaire ou intraveineux. Le traitement local inclut des compresses humides anti-inflammatoires avec des solutions aqueuses anti-septiques (azotate d’argent 1 :1000, chloramine 1 :1000, acide borique 3%) et des topiques avec des antibiotiques d’usage local. Les topiques usuelles contiennent de la négamycine et de la bacitracine, kanamycine, gentamycine, érythromycine. Les topiques de réserve contiennent de l’acide fucidique (Fucidine), respectivement de la mupyrocyne (Bactrobane). Pour toutes in indique d’habitude deux applications par jour. À cela on ajoute les interventions chirurgicales dans les cas spécifiés dans le texte.