Mémorandum 25.2.2016 Ministère de l'environnement et de l'énergie 1. ------IND- 2016 0103 S-- FR- ------ 20160309 --- --- IMPACT Analsye d'impact concernant le projet de loi interdisant la fourniture de bancs solaires cosmétiques aux mineurs de 18 ans dans un cadre professionnel 1 Analyse des besoins et solutions alternatives Le cancer de la peau est le deuxième type de cancer le plus répandu en Suède et celui dont l'apparition augmente le plus. Chaque année, un nombre croissant de personnes sont atteintes d'un cancer de la peau et le nombre de décès dus à sa forme la plus grave, le mélanome malin, ne cesse d'augmenter, entraînant une augmentation proportionnelle des souffrances humaines et des coûts pour la société. La forte augmentation constatée ces dernières années montre clairement combien le cancer de la peau représente non seulement une question de santé très répandue, mais aussi un problème économique à ne pas prendre à la légère. La loi sur la radioprotection (1988:220) vise à protéger les individus contre les effets nocifs des radiations, ionisantes ou non. Cette loi est applicable entre autres aux appareils qui génèrent des radiations non ionisantes telles que les cabines de bronzage. Il existe un lien démontré entre l'exposition aux UV et le risque de cancer de la peau. Or, s'agissant de ce lien de corrélation, les enfants sont particulièrement exposés. La peau des enfants est en effet plus sensible que celle des adultes, si bien que l'exposition au soleil et les coups de soleil qui peuvent en résulter ont un effet particulièrement nocif pendant l'enfance et chez les jeunes. Selon le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), organe des Nations unies spécialisé dans la recherche sur le cancer, il existe un lien de corrélation clair entre usage de bancs solaires chez les 2 jeunes et cancer de la peau, en particulier sous sa forme la plus grave: le mélanome malin. En 2006, le CIRC a annoncé que toutes les études disponibles à ce jour concluaient à l'existence d'un lien de corrélation élevé entre l'utilisation de cabines de bronzage chez les jeunes et divers types de cancers de la peau. Les données collectées dans plus de vingt études épidémiologiques ont montré une augmentation de 75 % du risque de développer un mélanome malin chez les sujets ayant commencé à utiliser les bancs solaires cosmétiques avant l'âge de 30 ans. Les études et expérimentations sur l'animal confirment par ailleurs que tous les types de radiations ultraviolettes (UVA, UVB et UVC) sont cancérigènes. L'équipe de chercheurs a ainsi tiré quatre conclusions sans équivoque: les personnes utilisant des bancs solaires à l'adolescence ou avant 30 ans présentent un risque clairement plus élevé de développer un mélanome malin, l'utilisation de ces bancs solaires à l'adolescence augmente également le risque de développer un carcinome épidermique, le bronzage en cabine endommage le système immunitaire cutané et le bronzage en cabine n'apporte aucun bénéfice pour la santé. Les différents types de radiations, déjà classés par le CIRC dans la catégorie de risques la plus élevée, soit «cancérigène pour l'homme», ont fait l'objet d'une nouvelle étude en 2009, notamment dans le but de cerner d'autres mécanismes de développement du cancer. Au terme de cette étude, dont les résultats ont été divulgués par le CIRC en juillet 2009, l'utilisation de bancs solaires figure désormais dans la catégorie de risques maximale. Conformément aux conclusions du CIRC, l'Organisation mondiale de la santé a recommandé que le bronzage en cabine soit réservé aux personnes âgées de plus de 18 ans. Selon le Comité scientifique pour la sûreté des consommateurs (CSSC), organisme dépendant de l'Union européenne, les mineurs de 18 ans ne doivent pas utiliser de bancs solaires cosmétiques destinés au bronzage. Les pays suivants ont ainsi fixé une limite d'âge minimale pour l'utilisation de bancs solaires cosmétiques: Belgique, Finlande, France, Islande, Lituanie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Royaume-Uni et Allemagne. Aux États-Unis, douze États ont fixé une limite d'âge à 18 ans tandis qu'au Canada, trois provinces ont à ce jour placé une telle limite à 19 ans. Enfin, les bancs solaires sont interdits au Brésil. Mais en Suède, les jeunes disposent encore d'un grand nombre de bancs solaires cosmétiques non surveillés. L'interdiction de l'utilisation de bancs solaires cosmétiques avant un certain âge a pour but de protéger les enfants et les jeunes contre les effets nocifs d'un bronzage précoce. L'autorisation de mise à disposition de bancs solaires cosmétiques non surveillés doit ainsi être conditionnée à 3 l'emploi de dispositifs techniques permettant de vérifier efficacement l'âge des clients. Cas de l'absence de réglementation Si aucun âge minimal n'est instauré, le risque de voir les jeunes d'aujourd'hui développer un cancer de la peau à l'âge adulte augmentera. Cette augmentation du nombre de patients atteints de cancer de la peau représentera un coût supplémentaire pour la société, sous forme de coûts directs (coût des soins, etc.) et indirects (perte de productivité due au décès des malades). Cas d'une politique d'information Une solution alternative à la mise en place d'un âge minimum consisterait à multiplier les efforts d'ordre pédagogique visant à convaincre les mineurs de ne pas se faire bronzer en cabine. Dans une enquête menée en 2011, l'Autorité de radioprotection a interrogé des jeunes âgés de 16 et 17 ans sur leurs habitudes en matière de bronzage. Les résultats de l'enquête démontrent qu'une meilleure connaissance des dangers du bronzage en cabine ne réduit pas l'utilisation des bancs solaires. Les jeunes continuaient à se faire bronzer sur banc solaire cosmétique dans les mêmes proportions qu'avant. Cette solution est donc jugée inefficace. 2 Analyse économique et sociale Dans son rapport 2014:49, l'Autorité de radioprotection présente des données sur la prévalence de différents types de cancer de la peau en Suède en 2011 et sur les coûts pour la société associés à ces diagnostics. Selon le rapport, ces cancers représentent un coût annuel de l'ordre de 1,58 milliard de couronnes. Ce chiffre est en hausse de 331 millions de couronnes par rapport à 2005. Selon ces calculs, les coûts directs (c'est-à-dire ceux relatifs au traitement de la maladie) s'établissent à 909 millions de couronnes, tandis que les coûts indirects (perte de productivité) s'élèvent à 971 millions de couronnes. En la matière, le type de cancer de la peau le plus onéreux pour la société est le mélanome malin, avec un coût évalué à 830 millions de couronnes. Cela s'explique essentiellement par les frais directs qu'il engendre ainsi que par la perte de productivité liée au décès précoce des malades. Les autres types de cancer de la peau représentent toutefois le plus gros coût pour les services de santé, à savoir 348 millions de couronnes. Ceci est principalement dû au fait que ces cancers, pris dans leur ensemble, sont alors nettement plus communs que le seul mélanome malin. 3 Municipalités Le projet permettrait aux municipalités suédoises d'effectuer des achats anonymes pour contrôler le bon respect de la loi, dans le cadre 4 de leur mission de supervision du secteur des solariums. Conformément à l'article 16 a de l'ordonnance sur la radioprotection (1988:293), le conseil municipal dispose de la possibilité de lever une taxe pour financer la supervision du secteur. D'où la possibilité de compenser les éventuels coûts supplémentaires pour les organismes municipaux de protection de la santé et de l'environnement résultant de ces contrôles moyennant la mise en œuvre de cette taxe de contrôle. Le présent projet ne devrait donc entraîner aucun coût supplémentaire pour les municipalités. 4 Entreprises et individus Le présent projet de réglementation s'appliquera à l'ensemble du secteur des solariums. Pour les propriétaires de tels commerces, de nombreuses conséquences sont envisageables: obligations d'embaucher du personnel, de déménager leur établissement dans un lieu où du personnel est disponible, d'installer des dispositifs techniques permettant de vérifier efficacement l'âge des clients (dans le cas des solariums non surveillés) ou encore de cesser leur activité. Cette réglementation aura pour effet de créer des procédures de vérification de l'âge des clients et de réduire la clientèle potentielle, dès lors que les mineurs ne sont plus admis dans ces établissements. Nombre d'entreprises concernées et taille de ces entreprises À la suite d'une enquête menée par les municipalités, l'Autorité de radioprotection estime qu'en Suède, le nombre de solariums non surveillés est d'environ 700, tandis qu'il existerait environ 1 000 établissements surveillés. La plupart de ces entreprises seraient ou bien franchisées, ou bien de petites entreprises. Selon l'association suédoise des solariums, la mise à disposition de bancs solaires représenterait l'activité unique d'environ 500 entreprises. Conséquences pour les gérants de solariums Afin de garantir le respect de la limite d'âge à 18 ans, il est nécessaire de faire appel ou bien à du personnel supplémentaire, ou bien à des dispositifs techniques de contrôle de l'âge dans les établissements non surveillés. Le salaire moyen d'un réceptionniste en salle de sport âgé de 18 à 25 ans est d'environ 21 000 couronnes. Dans cette perspective, une embauche à plein temps représente un coût d'environ 300 000 couronnes par an, toutes charges patronales et assurances comprises. En moyenne, les solariums non surveillés restent typiquement ouverts de 7 heures à 23 heures, nécessitant environ 2,5 salariés à plein temps pour surveiller l'établissement durant les heures d'ouverture. Cela suppose un coût total d'environ 750 000 couronnes, sans compter les majorations pour travail en 5 horaires décalés si les heures d'ouverture sont maintenues telles quelles. Si les gérants choisissent de contrôler l'âge des clients à l'aide de dispositifs techniques, des coûts d'installation et de maintenance sont à prévoir. Il est difficile d'évaluer le coût d'installation de telles solutions et il reviendra aux gérants de solariums d'évaluer la solution la plus avantageuse pour eux. Pour les établissements déjà surveillés, aucun coût supplémentaire n'est à prévoir, mis à part une augmentation des coûts administratifs liés au temps supplémentaire requis pour la mise en place d'un programme d'autosurveillance. Conformément à l'article 16 a de l'ordonnance sur la radioprotection (1988:293), le conseil municipal est habilité à lever une taxe pour financer la supervision du secteur. Par conséquent, les éventuels coûts supplémentaires pour les organismes municipaux de protection de la santé et de l'environnement résultant du contrôle des entreprises de solariums pourront être récupérés. Dans ces circonstances, le coût repose non plus sur les municipalités, mais bien sur les gérants des solariums. Les entrepreneurs concernés devront mettre en œuvre un programme d'autosurveillance. Cela représente un certain nombre d'heures de travail supplémentaires. Cependant, l'opération n'est à effectuer qu'une seule fois. En revanche, les entreprises devront s'autocontrôler en permanence dans le cadre du programme d'autosurveillance. Cette tâche devrait prendre de moins en moins de temps à mesure qu'elle devient une habitude. Selon ce projet, l'Autorité de radioprotection pourra imposer des règles d'autosurveillance et publiera des documents visant à faciliter la mise en place du programme d'autosurveillance. Le secteur est actuellement soumis aux réglementations de l'Autorité de radioprotection (SSMFS 2012:5), selon lesquelles les gérants doivent déjà respecter un certain nombre de procédures censées garantir le respect des règles actuelles. Ceux-ci devront également informer le personnel sur la façon dont il convient de vérifier l'âge des clients, mais cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Le recrutement et la gestion administrative du personnel supplémentaire devraient également accroître la charge de travail des gérants. Le temps nécessaire est susceptible de varier significativement d'un gérant à l'autre. À noter qu'un fort taux de rotation du personnel est à prévoir, dans la mesure où il s'agit de travail non qualifié particulièrement adapté à des étudiants ou à des jeunes fraîchement entrés sur le marché du travail. 6 De fait, la majeure partie des coûts engendrés par le projet devrait être d'ordre administratif. Mais la perte de clientèle mineure entraînera également une diminution des revenus. Incidence sur la concurrence entre entreprises Les solariums déjà surveillés à l'heure actuelle atteindront plus rapidement leur clientèle et, par conséquent, bénéficieront d'un avantage concurrentiel par rapport aux établissements non surveillés. Pour ces derniers, les frais d'installation de dispositifs techniques de contrôle d'âge ou l'embauche de personnel de surveillance risquent de s'avérer élevés. Par conséquent, ils auront plus de difficultés, en particulier au début, à concurrencer les établissements déjà surveillés. Les établissements ayant déjà du personnel et proposant d'autres types de produits et de services que les seuls bancs de bronzage auront plus de facilité à continuer à assurer ce service. 5 Conséquences pour la réalisation des objectifs écologiques Les objectifs nationaux en termes de qualité environnementale et l'objectif générationnel en matière d'écologie ont été fixés par le Parlement (prop. 2009/10:155, bet. 2009/10:MJU25, rskr. 2009/10:377). La sécurité de l'environnement électromagnétique fait partie des 16 objectifs de qualité environnementale et passe par une protection de la santé humaine et de la biodiversité contre les effets nocifs des ondes. Le nombre de cancers de la peau causés par les radiations ultraviolettes est l'un des indicateurs et des critères utilisés pour jauger de l'évolution de la situation en la matière. Or, malgré d'importants progrès en matière de qualité de l'environnement, le nombre de cancers de la peau continue d'augmenter. Cela s'explique en partie par une exposition croissante aux radiations ultraviolettes, notamment liées aux bancs de bronzage. Le présent projet de réglementation vise donc à réduire la possibilité pour le public de faire usage de ces bancs de bronzage, moyennant l'instauration d'un âge minimal fixé à 18 ans. Le présent projet de réglementation devrait ainsi concourir à l'obtention d'un environnement électromagnétique sécurisé.