III. Comment évaluer l'intensité de la douleur en pratique quotidienne ?
Les informations disponibles pour évaluer l'intensité d'une douleur sont le rapport
verbal du patient (auto-évaluation) ou l'observation de son comportement (hétéro-
évaluation). Évaluer «objectivement» une plainte ou un comportement est
effectivement envisageable si l'on n'exige pas de l'évaluation des objectifs qu'elle ne
peut atteindre. Notamment, il faut clairement expliciter que les méthodes disponibles
permettent d'indiquer qu'il y a une plainte de douleur, mais elles ne peuvent en aucun
cas présumer de la cause de cette plainte et faire la part de l'organique et du
psychologique. Le problème posé est de recueillir l'information dans des conditions
le plus standardisées possible avec un instrument valide, reproductible, sensible aux
thérapeutiques. Dans l'état actuel des connaissances, contrairement aux conditions
du laboratoire, on ne dispose ni d'un moyen de mesure du stimulus responsable de
la douleur pathologique, ni d'un marqueur neurobiologique valide.
Pour la pratique courante, il convient de privilégier la rapidité de passation, ce qui fait
éliminer de nombreux instruments (questionnaires et échelles) trop longs, qui n'ont
pas de place dans ce contexte, tout au moins en routine. Il est fortement
recommandé de réaliser systématiquement une auto-évaluation des douleurs par le
patient à l'aide d'une échelle de mesure validée. Cependant, le médecin devra éviter
que l'utilisation d'un tel instrument se substitue à la communication et appauvrisse la
relation avec le patient. Nous décrirons les échelles unidimensionnelles, globales
puis des méthodes comportementales qui peuvent s'avérer indispensables chez le
malade non conscient ou lorsque la communication verbale n'est pas possible.
1. Les échelles globales
Différentes échelles se proposent d'apprécier globalement l'intensité de la douleur ou
son soulagement : échelle verbale simple (EVS), échelle numérique (EN), échelle
visuelle analogique (EVA). Elles permettent de comparer l'intensité de la douleur à
différents moments chez un même patient. En revanche, elles ne peuvent être
utilisées pour effectuer des comparaisons d'un patient à un autre.
Utilisées directement par le patient pour décrire sa douleur, ce sont des échelles
d'auto-appréciation.
L'EVS, dans sa présentation la plus usuelle, est constituée par 4 ou 5 catégories
ordonnées de descripteurs. À chaque catégorie, un score correspondant est affecté
(de 0 à 4). L'EN permet au patient de donner une note de 0 à 10 (ou 100). La note 0
est définie par « douleur absente » et la note maximale par « douleur maximale
imaginable » par exemple. Pour le soulagement, on peut évaluer la variation en
pourcentage (de 0 à 100 %) par rapport à une douleur de référence antérieure.
L'EVA dans sa forme habituelle, se présente sous la forme d'une ligne horizontale de
100 millimètres, orientée de gauche à droite. Les deux extrémités de la ligne sont
définies par exemple, par «douleur absente », « douleur maximale imaginable ». Le
patient répond en traçant une croix sur la ligne. La distance entre la position du trait
et l'extrémité « douleur absente » sert d'indice numérique pour le traitement des
données. La mesure s'effectue au millimètre près.