~ Semaine 05, page 1 ~
15 avril 2017
Semaine 05 du lundi 31 janvier au dimanche 06 février 2011
La fête à MAM (Michèle ALLIOT-MARIE)
- Comment pourrions-nous appeler cette semaine ?
Deux sujets se disputent la première place : l’Egypte et des vacances ministérielles. J’opte
pour la semaine de « la fête à MAM ». Mais je commencerai par la situation en Egypte.
Les Frères musulmans veulent former un large comité politique avec Mohamed EL-BARADEÏ
afin de nouer un dialogue avec l’armée égyptienne. Son entourage dément l’information.
Hosni MOUBARAK a formé un nouveau gouvernement. Le ministre de l’Intérieur sortant était
responsable de la répression sanglante, il est remplacé par un ancien général de la police. Les
ministres des Affaires étrangères (Ahmed Aboul GHEIT) et de la Défense (Mohamed Hussein
TANTAOUI) restent en place. Des personnalités respectées prennent en charge le ministère de
la Culture et celui des Antiquités.
L’armée promet de ne pas ouvrir le feu sur les manifestants. Elle est là pour le bien et la sécurité
des Egyptiens. (le 31 janvier)
Mohamed EL-BARADEÏ bénéficie actuellement de l’appui de la jeunesse et des classes
moyennes. Avocat de formation, il est devenu universitaire puis diplomate international. Il
utilise beaucoup le réseau Twitter pour communiquer avec les Egyptiens. Certains lui reprochent
ses séjours hors d’Egypte et une certaine proximité avec les Etats-Unis.
Il est le 17 juin 1942. Il reçut le prix Nobel de la Paix en 2005 pour l’action de l’AIEA, dont
il fut le directeur pendant trois mandats (1997-2009), contre la prolifération nucléaire. Dans son
discours de départ, il avait recommandé aux membres de l’agence de maintenir leur
« engagement à 100% pour la paix, la liberté, la justice et la dignité humaine ».
Il est rentré en Egypte pour tenter de personnifier l’opposition au « raïs » Hosni MOUBARAK.
Il est musulman laïc. Il s’est opposé publiquement à George W. BUSH sur l’invasion de l’Irak.
Hosni MOUBARAK a annoncé à la télévision qu’il ne se représenterait pas à la prochaine
élection présidentielle, et qu’il consacrerait les derniers mois de son mandat à la transition.
La « marche du million » est une réussite. Plus de 200.000 personnes dans le centre du Caire,
20.000 à Suez. Des manifestations ont aussi eu lieu à Alexandrie, Tanta, Mansoura, Mahalia et
Koubra, Ismaïlia, etc. (le 01 février)
De source médicale, les heurts dans le centre du Caire ont fait trois morts et 1.500 blessés. (le
02)
- Bonjour. La porte était ouverte et je suis entré discrètement. J’ai vu ce que tu as déjà
écrit et je me pose une question. Elle concerne Israël et les Etats-Unis. Les Israéliens
n’ont-ils pas de bonnes raisons de s’inquiéter en voyant comment les Etats-Unis
viennent de lâcher un « ami de trente ans » : Hosni MOUBARAK ?
- Thomas, ta question est intéressante, elle mérite de s’arrêter pour tenter d’y répondre.
- Merci, je peux m’asseoir et t’écouter ?
- Vas-y.
- J’y suis.
- Quelle analyse peuvent faire les Israéliens de la menace et de leurs protections ? Il n’y a
qu’un seul adversaire direct, c’est l’Iran. Quel autre Etat pourrait penser les attaquer ?
- Tu peux préciser ?
- Les Etats qui entourent Israël sont le Liban, la Syrie, la Jordanie et l’Egypte. En vois-tu un
~ Semaine 05, page 2 ~
15 avril 2017
qui mobiliserait pour attaquer Tsahal ?
- Est-ce que l’Iran pourrait attaquer directement Israël ?
- J’en doute, parce que la « claque » en retour serait rapide et particulièrement forte. Les
Etats-Unis, l’Union européenne, l’OTAN et les adversaires de l’Iran, comme l’Arabie
Saoudite « mettraient le paquet », chacun avec ses moyens propres.
Il y a un problème, c’est que le concept de « guerre préventive » utilisée par George W.
BUSH en Irak, ne pourrait pas être utilisé. Il y a donc à redouter une « première frappe »
iranienne qui toucherait de nombreux citoyens israéliens. La réponse israélienne n’aurait
lieu qu’ensuite.
- Si ce scénario ne se réalise pas, comment l’Iran peut-il agir contre Israël ?
- L’Iran possède plusieurs bras armés dans la région proche d’Israël. Au Liban, le Hezbollah
et dans la Bande Gaza, le Hamas, sont soutenus directement et indirectement par l’Iran. Sans
oublier les soutiens syrien et irakien à l’Iran.
- J’ai le sentiment que le problème est plus compliqué que ce que tu viens d’expliquer.
- Je suis d’accord, mais on reviendra sur ces points qui concernent l’Arabie Saoudite, la
Turquie et la Libye.
- Quel programme !
Un peu de géopolitique du pourtour méditerranéen
- Pour commencer, regardons une carte de la région. Descendons vers le Sud. Le Royaume-
Uni, le Danemark, la Pologne, les Etats baltes et les pays scandinaves n’y seront plus.
C’est le Maghreb, le Proche- et le Moyen-Orients que nous voyons.
- Apparaissent, à leur vraie dimension,
le Maroc (446.550 km² sans le Sahara occidental contesté, 31,7 Mio habitants),
l’Algérie (2.381.741 km², 36,1 Mio habitants),
la Tunisie (163.610 km², 10,6 Mio habitants),
la Libye (1.759.540 km², 6,2 Moi habitants),
l’Egypte (1.001.449 km², 84,5 Mio habitants),
l’Autorité palestinienne (6.225 km², 4,2 Mio habitants),
Israël (20.770 km², 7,7 Mio habitants),
le Liban (10.452 km², 4,2 Mio habitants),
la Syrie (185.180 km², 22,2 Mio habitants),
la Turquie (783.562 km², 77,8 Mio habitants).
- Sans oublier
la Jordanie (92.300 km², 6,2 Mio habitants),
l’Irak (437.072 km², 31,2 Mio habitants),
l’Iran (1.648.195 km², 76,9 Mio habitants),
l’Arabie Saoudite (2.149.690 km², 28,7 Mio habitants),
le Koweït (17.818 km², 2,6 Mio habitants),
les Emirats arabes unis (82.880 km², 4,6 Mio habitants),
le Qatar (11.437 km², 1,7 Mio habitants),
Bahreïn (665 km², 0,7 Mio habitants),
le sultanat d’Oman 309.500 km², 3,3 Mio habitants),
et le Yémen (527.970 km², 23,0 Mio habitants).
- Rappel.
La France (675.417 km², 65,8 Mio habitants).
~ Semaine 05, page 3 ~
15 avril 2017
- Qui sont les leaders actuels de cette zone, après les événements de Tunisie et d’Egypte ?
L’Iran, l’Arabie Saoudite, la Turquie et la Libye, à des titres divers.
- Quelques observations indispensables pour éviter quelques pièges.
Les Iraniens sont des Persans, les Saoudiens sont des Arabes, les Turcs sont des Ottomans, les
Libyens sont des Arabes.
Les Iraniens sont des musulmans chiites, les Saoudiens sont des wahabbites, les Turcs sont des
sunnites, les Libyens aussi.
- C’est-à-dire que si l’on veut les mettre dans des cases, il n’y en a pas deux qui iront dans la
même. D’où des rivalités que l’on peut considérer comme politiquement et religieusement
mortelles. D’où aussi des ambitions d’influence qui se manifestent.
L’Iran
Au 4ème siècle avant notre ère, les Iraniens appelaient leurs territoires Parsa du nom du
royaume de Cyrus le Grand, qui appartenait à la tribu perse, et qu’on retrouve encore
aujourd’hui sous la forme de Fars ou Pars, correspondant au nom de cette province d’Iran.
L’Iran se convertit au chiisme duodécimain (ceux des chiites qui croient aux douze imams) au
XVIe siècle. Cette conversion résulte d’une volonté de s’affirmer face à la domination des
Ottomans sunnites et de créer une identité iranienne spécifique. La conversion des sunnites est
obligatoire, sous peine de mort.
L’Arabie Saoudite
Le premier Etat saoudien trouve sa source aux alentours de 1744. Un chef tribal local,
Mohammed ben Saoud, s'associe avec Mohamed ibn Abd al-Wahhab afin de réinstituer les
dogmes de l'islam dit authentique.
L'Arabie saoudite moderne est fondée par le roi Abd al-Aziz ibn Saoud qui, souhaitant restaurer
l'ancien état de son aïeul, s'empare de Riyad, la capitale ancestrale de la dynastie des Al Saoud.
L'Arabie saoudite est fondée officiellement le 22 septembre 1932 par la fusion des provinces du
Nejd et du Hedjaz. Abd al-Aziz ibn Saoud en devient officiellement roi. Les guerres ayant
permis l'accession au pouvoir d'Ibn Saoud firent 500.000 morts entre 1901 et 1932.
- Nous allons en dire plus long sur celui qui est un grand inconnu pour beaucoup de Français.
Mohamed ibn Abd al-Wahhab est en l'an 1115 de l'hégire (1703 de notre calendrier actuel)
dans une famille de gens de religion et de science. Il apprit le Coran par cœur avant l'âge de dix
ans. Il était l'objet de l'admiration de son père, vu sa mémoire impressionnante. Jugé top radical
il fut chassé de la présidence du comité local des oulémas, puis de l'oasis elle-même et s'installa
à une cinquantaine de kilomètres de Riyad.
Il entreprit de voyager pour acquérir la science tout d'abord dans sa région, puis vers La Mecque
il étudia avec les savants ; il continua son riple vers Médine, il étudia les règles de
l'héritage. Il gagna ensuite Bassorah où il se heurta à l'hostilité des dignitaires chiites.
À la mort de son père, il commença à prêcher ouvertement l'islam à la manière des « pieux
prédécesseurs ». À cette époque, les gens de la péninsule arabique étaient revenus à toutes sortes
de pratiques idolâtres et se conformaient peu aux rituels de l'islam. Appliquant la Charia de
manière intransigeante, il condamna à mort par lapidation une parente d'un émir pour adultère.
Ce fût la première fois que cette peine était appliquée dans le Nadj. Provoquant la fureur des
notables et des oulémas, il dut fuir.
~ Semaine 05, page 4 ~
15 avril 2017
Il conclut une alliance avec le prince Mohamed ben Saoud, prince de Dariya, village de
soixante-dix maisons de torchis à une dizaine de kilomètres de Riyad. Ensemble, grâce au
prêche du cheikh et à l'autorité et à la puissance du prince, ils réalisèrent l'unité des tribus arabes
sous la bannière de l'unicité de Dieu. A sa mort, en 1792, le dogme défendu par Mohammad ibn
Abd al-Wahhab règnera dans une grande partie de la péninsule arabique.
Dès le début du XXe siècle, sa doctrine dominera pratiquement toute la zone avec la montée des
Saoud.
La Turquie
En 1299, le sultan Osman Ier conquiert la ville byzantine de Mocadène. Cet événement est
considéré comme le début de l'Empire ottoman. Dès lors, l'Empire ne va cesser d'accroître son
territoire et il atteint son apogée au XVIe siècle sous le règne de Soliman le Magnifique.
L'Empire décline à partir du XVIIIe siècle. En 1912, l'Empire ottoman perd la Tripolitaine et la
Cyrénaïque ainsi que Rhodes. Le 10 août 1920, à la fin de la première Guerre mondiale, le traité
de Sèvres partage l’Empire ottoman ; il prévoit un Kurdistan et une Arménie indépendants,
attribue la Thrace orientale et la région de la mer Egée à la Grèce et met les territoires arabes
sous contrôle de la France et de la Grande-Bretagne.
Entre 1920 et 1923, Mustafa Kemal mène la guerre républicaine destinée à récupérer une grande
partie des territoires perdus par le traité de Sèvres. Finalement, le 24 juillet 1923, le traité de
Lausanne revient sur le traité de Sèvres en attribuant toute l’Anatolie et la Thrace orientale à la
Turquie ; les minorités grecque et arménienne résiduelles sont chassées, sauf à Istanbul.
Mustafa Kemal était partisan d'un nationalisme restrictif et anticlérical. Son modèle de référence
restait ancré dans la France des Lumières. Il avait l'ambition de modeler une civilisation turque
moderne : une société unie/unique, sans lutte des classes, mais turque avant tout. Ses méthodes
restaient fondées sur le volontarisme et un populisme : « malgré le peuple, pour le peuple ».
L'armée reste un pilier de la nation ; l'école laïque est gratuite et obligatoire. Une nouvelle
capitale, Ankara, est choisie, au détriment d'Istanbul, la capitale historique deux fois impériale
(Empires romain d'Orient et ottoman). La langue est remaniée, une politique nationale est alors
appliquée par Mustafa Kemal, qui remplace par exemple l'alphabet ottoman d’origine arabe par
l’alphabet latin en 1928.
En politique étrangère, Mustafa Kemal « Atatürk » tient fermement au principe de neutralité.
En 1919, suite à de grandes manifestations, des mesures sont prises visant à faire évoluer le
statut de la femme : égalité avec les hommes reconnue dans le code civil, mariage civil
obligatoire, interdiction de la polygamie, de la répudiation, du port du voile à l'école,
scolarisation des filles, embauche de femmes dans l'administration... En 1930, elles votent et
sont éligibles aux élections locales et en 1934 aux élections nationales.
La Turquie kémaliste se veut résolument laïque. Le califat est abandonné en 1924. C'est alors
largement perçu comme un sacrilège par le monde-arabo musulman. En 1928, l'islam cesse
d'être la religion d'État, puis, en 1937, la laïcité est inscrite dans la Constitution. Le calendrier
grégorien (le nôtre) est adopté, et le dimanche devient le jour de repos hebdomadaire.
Poursuivant la laïcisation du droit, le régime kémaliste adopte, en 1926, un code civil inspiré du
code suisse, un code pénal inspiré du code italien, et un code commercial inspiré du code
allemand. Mais c'est plus qu'une laïcité, car elle est dynamique et autoritaire. L'anticléricalisme
est prononcé, mais le spiritualisme musulman n'est pas pour autant abandonné. La laïcité turque
et kémaliste se distingue de la laïcité française et jacobine par le contrôle exercé par l'État sur
les religions, et surtout la tendance majoritaire de l'islam, via la direction des Affaires
religieuses.
La religion de la population est en très large majorité l'islam, avec, en fonction des références,
70 à 85 % musulmans sunnites hanafites et entre 15 et 25 % des musulmans alévis.
~ Semaine 05, page 5 ~
15 avril 2017
Le hanafisme est la plus ancienne des quatre écoles sunnites du droit musulman ou sa
jurisprudence. Le hanafisme est assez représentatif des musulmans non arabophones .
L'école hanafite est la principale école de l'islam depuis l'époque de la dynastie des Omeyyades
(661-750). Elle est particulièrement répandue en Turquie, où l’Empire ottoman l'officialisa, dans
les régions asiatiques à l'est de l'Iran (Chine, Afghanistan, Tadjikistan, Pakistan, Inde, Bengale,
Bangladesh) mais aussi en Jordanie, en Syrie, en Irak, en Egypte, et elle conserve un reste
d'influence dans des régions dominées par l'Empire ottoman, comme la Bosnie, et dans une
moindre mesure en Tunisie et en Algérie.
Les alévis sont des membres de l'islam dits hétérodoxes. Ils revendiquent la tradition universelle
et originelle de l'islam et plus largement de toutes les religions monothéistes. Ils se distinguent
par un non-dogmatisme des dogmes religieux dits « orthodoxes » tels le sunnisme ou le
chiisme.
La Libye
Son histoire est une rie de périodes et de dates, c’est-à-dire qu’elle n’a pas une histoire
nationale développée.
1551 - Prise de Tripoli par le sultan ottoman Soliman le magnifique et annexion de la Libye à
l'Empire ottoman. La Tripolitaine et la Cyrénaïque, contrairement aux autres provinces
ottomanes d'Afrique du Nord, demeurent provinces ottomanes jusqu'en 1911.
1911 -Les Italiens qui entretiennent des relations commerciales avec la Libye depuis plus d'un
siècle déclarent la guerre à l'Empire ottoman.
1912 Avec le traité de Lausanne, l'Italie obtient la Cyrénaïque et la Tripolitaine.
1922 - Venue au pouvoir de Mussolini.
De 1922 à 1931 - Résistance armée à l'occupation italienne sous l'égide d’Omar Al Mokhtar qui
sera pendu en septembre 1931.
1939 - Début de la Deuxième Guerre mondiale.
1945 - À l'issue de la campagne de Libye, la France et la Grande-Bretagne se partagent
l'occupation du pays : Tripolitaine et Cyrénaïque sous contrôle britannique, Fezzan sous
contrôle français.
1949 - L’ONU se prononce en faveur d’un État indépendant incluant les trois provinces
libyennes.
1950 - L'émir Mohammed Idriss el-Sanoussi est désigné comme roi.
Décembre 1951 - Indépendance qui ouvre le règne d’Idriss Ier (Mohammed Idriss el-Sanoussi).
La Libye est le premier État du Maghreb à obtenir son indépendance.
01 septembre 1969 - En l'absence du roi parti pour sa cure annuelle en Turquie, un groupe
d'officiers renverse le régime et Mouammar Kadhafi proclame la République à l'âge de 27 ans.
Indépendante en 1951, la Libye passe dès 1969 sous le contrôle de Mouammar Kadhafi, un
colonel d'armée qui entend développer une politique axée sur le panarabisme et le socialisme
d’Etat. Son régime est petit à petit mis sur la sellette par la communauté internationale à cause
de sa participation à plusieurs attentats et son soutien à certains mouvements de rébellion et de
résistance de par le monde pendant les années 1980.
Les Libyens sont arabes, comme le rappelle le nom complet du pays : « Grande Jamahiriya
arabe libyenne populaire et socialiste », et 97 % de la population du pays est musulmane. Les
musulmans libyens sont sunnites.
*****
1 / 11 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !