Introduction
Selon la définition du Petit Robert le Mystère est un genre théâtral médiéval mettant en
scène des sujets religieux. Le Mystère raconte toute la vie des grandes figures bibliques,
du Christ et traite la vie des saints. Le théâtre religieux nait au sein de l’Eglise au X siècle
afin d’embellir et éclaircir la Messe. Ce qui commence par un embellissement, se
développe comme un théâtre poussé avec des acteurs et une représentation théâtrale.
Dès le XIVe les Mystères ont été représentés, mais c’est au XVe siècle qu’on peut
apercevoir une véritable efflorescence des représentations des Mystères. D’un point de
vue moderne le Mystère chemine entre le drame liturgique et le drame profane. Il se
rattache au drame liturgique en gardant des traits liturgiques, au profane en admettant
des scènes profanes. Le Mystère de Saint Martin (1492) ajoute à la représentation du
Mystère une farce qu’on jugerait tout à fait profane ce qui pose la question comment le
profane se réfère au caractère religieux. C’est la relation entre le profane et le sacré qui
nous intéresse.
Par la première génération des historiens du théâtre la perspective a été imposée que le
Mystère serait égal au théâtre du rire. Les Mystères seraient partis des hauteurs du rite
pour devenir un spectacle forain avant de s’effondrer aux bruits des éclats de rire.
Selon
cette perspective l’influence populaire serait à l’origine d’éloignement du Mystère de la
fonction liturgique. Plusieurs auteurs
voient le développement du drame liturgique au
Mystère comme une rupture profonde. Les nouvelles structures sociales et les nouveaux
cadres intellectuels seraient cause de ce changement.
Une telle rupture suggère un
changement de caractère et un changement de sa fonction religieuse. Le Mystère obtient
un caractère profane en opposition du drame liturgique. Ce raisonnement est
radicalement opposé à l’idée que le Mystère fonctionne comme une acte et une
affirmation de la foi.
En considérant le contenu des Mystères la critique que le Mystère est profane d’emblée
est compréhensible. Les scènes scatologiques, vulgaires et comiques présentes dans les
Mystères sont en décalage avec le caractère religieux du Mystère. Pourtant il ne faut pas
comprendre les scènes profanes comme une expression contradictoire au caractère
religieux. La présence du réalisme – des éléments profanes - ne contredit pas l’histoire
chrétienne.
Toute l’histoire s’inscrit dans l’histoire religieuse de la Création au Jour du
Jugement. Le Mystère se déroule dans le cadre fixe de la Création au Jour du dernier
M. Accarie, Le théâtre sacré de la fin du moyen âge. Étude sur le sens moral de la Passion de Jean Michel
Genève, Librairie Droz,1979, 2.
E. Konigson, L’espace théâtral médiéval, Paris , Cenre Nationale de la recherche scientifique 1975, 8 et
Accarie, Le théâtre sacré de la fin du moyen âge. 12. Ce ne sont pas les traits comiques ou réalistes qui font du
Mystère une œuvre profane mais le cadre dans lequel il se joue, les conditions qui entourent sa création, le
public auquel il est destiné, le lieu où il est représenté.
Ce ne sont pas les traits comiques ou réalistes qui font du Mystère une œuvre profane mais le cadre dans
lequel il se joue, les conditions qui entourent sa création, le public auquel il est destiné, le lieu où il est
représenté.
Raisonnement de Henry Rey-Flaud dans : Henri Rey-Flaud, Le Cercle magique. Essai sur le théâtre en rond à
la fin du Moyen Age, Paris, Gallimard, 1973. Contredit par Accarie : les manifestations cultuelles qu’Henry-
Flaud cite à l’appui de son jugement, tout cela semble un peu rapporté comme si l’on cherchait à sacraliser
l’espace théâtral, le texte et la représentation.
E.Auerbach, Mimesis, Princeton, Princeton University Press, 1953, 230 .