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Homélie du jour de Pâques, messe de 10h00
Saint-François LLN 27 mars 2016 Jn 20,1-9
P. Yannick FERRARO
Osons le dire ! Nous célébrons aujourd’hui l’événement qui a changé toute la conception que l’homme
pouvait se faire du monde, de sa vie en ce monde, et de sa vie après ce monde. Sans l’événement de
Pâques, notre aspiration à l’éternité, à voir au-delà de ce monde fini, et à vivre dans une réalité meilleure
que celle que nous propose ce monde, n’aurait trouvé d’issue que dans une croyance héritée du passé.
Tandis qu’avec la résurrection du Christ, notre aspiration à l’éternité est définitivement vissée à une
personne vivante.
Vous le savez, beaucoup de personnes refusent de croire en Dieu et en une vie éternelle avec Lui,
prétextant que personne n’est jamais revenu de la mort pour nous l’attester. Et bien si ! Jésus l’a fait.
Certes, il n’est plus présent avec son corps ressuscité pour nous en parler, mais il l’a fait et il est resté 40
jours sur cette terre, se montrant régulièrement à ses disciples, marchant avec eux, mangeant avec eux
et leur disant : Voyez, c’est bien moi !
Saint Paul dit aux Corinthiens : « Si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi ! » (1Co 15,14).
Que c’est vrai ! Si Jésus n’est pas ressuscité, il ne nous sauve de rien, notre vie reste limitée à ce que la
matière nous donne à voir et à vivre, qui ne satisfait qu’un temps, et puis un jour ça s’arrête, et plus
rien...
Si le Christ n’est pas ressuscité, vous (Julianna-Prisca, Amadéo et Thibaut), vous avez perdu votre
temps à venir le samedi matin vous préparer au Baptême. Et l’eau que vous recevrez sur le front dans un
instant n’aura pas plus d’effet qu’un emplâtre sur une jambe bois !
Or, ce n’est pas le cas. Parce que Jésus a traversé la mort et en est sorti vivant, il est désormais capable
de nous entraîner avec Lui dans une vie nouvelle.
Autrefois, on plongeait entièrement les baptisés dans un bassin d’eau (un baptistère), signe qu’ils
mourraient avec Jésus, puisque dans l’eau on ne peut pas respirer et donc pas vivre. Mais ils n’y
restaient pas, évidemment. Une fois que l’eau les avait totalement recouvert, ils ressortaient du bassin,
signe de leur retour à la vie, une vie nouvelle, une vie de ressuscité avec le Christ.
Aujourd’hui, pour des raisons pratiques, on n’installe plus de bassin dans les églises, et on a simplifié le
geste à de l’eau versée sur le front. Mais la réalité que ce geste exprime reste la même : le baptême
consiste à mourir et à ressusciter avec Jésus.
Pourtant, me direz-vous, un jour nous mourrons quand même. C’est bien gentil votre symbolique de
bain de jouvence qui donne la vie éternelle, mais concrètement, croyants ou pas, baptisés ou pas, on
finira tous entre quatre planches, ou dans une urne…
On ne peut comprendre la résurrection et notre vie éternelle avec le Christ que si nous comprenons que
nous avons une âme spirituelle et immortelle.
Hélas, de nos jours, on n’aime plus beaucoup parler de l’âme, y compris dans l’Église…
Nous aurons bientôt une nouvelle traduction en français du missel romain (le livre qui sert à dire la
messe) et on verra ce qu’il en est… Mais dans la traduction actuelle, la phrase que nous disons avant la
communion dit dans version officielle en latin :
« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dit seulement une parole
et sanábitur ánima mea (et mon âme sera guérie) ».
Mais la traduction en français a réduit à :
« et JE serait guéri ».
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Exit l’âme ! Quelque linguiste distingué aura pensé que ce mot, par trop abstrait, n’était plus
nécessaire… Pourtant, si on peut sortir l’âme des textes liturgiques, on ne peut pas l’extraire de notre
personne. Elle est unie à notre corps depuis l’instant de notre conception, depuis cet instant où, à la
matière embryonnaire fournie par nos géniteurs, Dieu adjoignit notre âme pour qu’elle soit, au centre de
notre être, un dynamisme de vie qui assure l’unité et l’intégrité de notre personne et nous soutienne dans
l’existence.
Ainsi, au moment de fermer les yeux à ce monde, au moment la mort vient séparer le corps de
l’âme :
Le corps, n’ayant plus rien pour assurer son maintient dans l’être et son unité se corrompt et se
décompose.
Tandis que l’âme retourne à son Créateur et, soumise à la Miséricorde divine, entre dans la vie
éternelle, grande ouverte depuis la résurrection du Christ.
Vous le voyez : c’est notre foi en l’âme qui ouvre dans nos cœurs une espérance incroyable ! La mort
n’est plus une voie sans issue, une destruction sans retour, un gouffre d’où personne ne revient... Elle est
l’irruption, dans notre vie mortelle, de la vie éternelle promise à notre âme depuis l’instant de notre
conception.
Mais notons enfin (et je terminerai par là), que cette réalité de notre résurrection n’est pas uniquement à
attendre pour plus tard… Elle est à vivre dès ici-bas. Puisque le Ciel qui nous est promis consiste en une
relation vivante et personnelle avec Dieu, alors, il est déjà commencé dans notre l’âme, ici et maintenant,
alors, nous portons en nous notre Résurrection, et nous pouvons déjà goûter quelque chose de la joie
éternelle.
Alors chers enfants, bonne entrée dans la vie avec Jésus ! Et que votre Baptême aujourd’hui au milieu
de nous, et en pit des drames récents qui nous inquiètent, veille en nous tous cette certitude de
Job (19,25) : Je sais, moi, que mon défenseur est vivant. Et qu’il fasse nous unisse au cri du psalmiste
(118,17) : Non ne je mourrai pas, je vivrai ! AMEN, ALÉLUIA !
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