MEHIER Clément, OLIVIERI Marine 20/04/2011 Psycho, Dr Millet Les questions ne porteront pas sur les modèles théoriques. (questions types: différences entre anxiété normale et pathologique, comment l’anxiété devient-elle pathologique, les différents niveau de la peur...) Anxiété normale et pathologique Introduction Comte-Sponville, 1995 (Philosophe contemporain) - “Quoi de plus angoissant que vivre?” - “Que serait l’Homme sans angoisse?” - “Que serait l’art sans l’angoisse?” - “Que serait la pensé sans l’angoisse?” - Il n’existe pas de vie sans risque ni sans souffrance. I - Historique de l’anxiété - Introduit par Kirkegaard (philosophe) en 1844 - Freud: “la névrose d’angoisse : refoulement de la libido”. L’angoisse serait liée à l’incapacité d’exprimer une sexualité refoulée. - Etat anxieux dans les maladies mentales, introduit en 1905, lors du congrès des neurologues et psychiatres de France. C’est un état d’incertitude, de troubles et d’agitation avec sentiment de gêne et de resserrement dans la région précordiale. - 1913 : Angoisse sans objet et peur dirigée vers quelque chose (Jasper) - 1964 : Angoisse paroxistique. Sidération par l’angoisse. (Klein) II - Définitions 1- Anxiété et angoisse - Peur : défense par rapport à une situation déterminée. Notion de danger réel. - Angoisse : dangers imaginaires, voire sans objet. 2- Angoisse et espoir - Spinoza : “il n’y a pas d’espoir sans crainte et pas de crainte sans espoir”. - Espoir, insatisfaction, appréhension et angoisse sont des notions intimement liés. - Exple : en situation de détresse, nous sommes soumis à une tension intense qui disparaît a posteriori (sensation de “libération”). 3- Anxiété normale et anxiété pathologique - Marks, 1987 : L’anxiété est une sensation éprouvée par tous les humains, c’est un sentiment désagréable d’appréhension avec des symptômes neurorovégétatifs (maux de tête, palpitations, douleurs ou gênes dans l’estomac, boule dans la gorge, tremblements, incapacité à rester en place, envie d’uriner...) L’anxiété est caractérisée par une composante psychologique et somatique. Attention : anxiété et crainte sont deux notions différentes. L’anxiété est une sensation normale devenant pathologique lorsqu’elle devient permanente. On parle d’état d’hypervigilance accentuée. Anxiété normale : elle permet d’être plus performant, de “booster les gens”. C’est un signal d’alerte contre un dommage corporel, la douleur, le sentiment d’impuissance. Anxiété pathologique : quand l’anxiété perd son rôle adaptatif. 4- Angoisse psychotique et anxiété névrotique L’angoisse psychotique est une angoisse moyenne que ressent quelqu’un. Elle est plus visible sur la personne que descriptible par la personne elle même. (vidéo de Gisèle) - intense et massive perçu par l’observateur comme intolérable. - hermétique, non verbalisée. - traduction psychique prédominante avec peu de somatisation. - retentissement psychomoteur : agitation / sidération. III - Dimension psycho-pathologique de l’anxiété On entre dans la pathologie lorsque l’anxiété cesse de jouer son rôle adaptatif, quand la personne ne s’adapte plus à son environnement. 1- Trouble anxieux généralisé : GAD (General Anxiety Disorder) - Vulnérabilité biologique et psychologique aux événements de la vie négatifs. La personne est programmée pour être plus sensible aux événements négatifs que positifs. - Capacité de focalisation sur les dangers potentiels. - Incapable de contrôler cet état. - Développement de schémas cognitifs des dangers perçus stockés dans la mémoire à long terme (hippocampe). Ces schémas étant renforcés par des facteurs sociaux. 2- Trouble panique avec agoraphobie. Le diagnostic se pose lorsqu’il y a plus de 4 crises par an. Crise de type épileptique. 3- Phobies sociales Difficulté à prendre la parole en publique. Les liens sociaux sont très difficiles. 4- Etat de stress post-traumatique Les victimes sont souvent des femmes violées, des victimes d’agression extrêmement violente. Il y a un retentissement social important. 5- TOC Association d’idées obsédantes et mouvements parasites. Les formes aigues de toutes ces pathologies sont souvent accompagnées d’une symptomatologie dépressive. 6- Epidémiologie des troubles anxieux Les taux sont considérables dans la population en générale. Trouble anxieux généralisé : 13% IV - Les modèles théoriques A- Modèles animaux de l’anxiété 1- Anxiété innée On exploite une situation entraînant un stress chez l’animal : - stress aigu : exposition du rat à la lumière par exemple, stress chronique moyen : ici on va modifier les paramètres de la cage (par exemple litière changer que tous les 2 jours au lieu de tous les jours), cela entraîne des troubles anxieux généralisés, des symptômes anxieux et de la tristesse. 2- Anxiété conditionnée -Conditionnement appétitif : Le stimulus conditionnant = cloche Le stimulus appétitif = viande, laquelle provoque la salivation Quand on associe les 2 après un certain temps de conditionnement, la cloche suffit à provoquer la salivation. - Conditionnement aversif : Stimulus conditionnant = cloche Stimulus aversif = décharge électrique Après un certain temps de conditionnement la cloche suffit à provoquer l’anxiété et donc la fuite. B- Théorie de l’attachement Née dans les années 80. Idée préconçue : le bébé s’attache à la personne qui lui donne à manger, lien fait par la nourriture. Bolby à montrer que l’attachement primaire, qui se fait de manière innée ne passe pas uniquement par l’intermédiaire de la nourriture, mais que le bébé s’attache surtout à la figure qui lui donne les soins. Il y est obligé car si l’interaction n’a pas lieu il meurt ! Le comportement d’attachement par le bébé est déclenché par une situation d’alarme (bébé à faim mais le parent s’éloigne). Il pleure, l’anxiété = comportement d’attachement. 2 cas de figure : - soit il pleure et la figure d’attachement est disponible et donc le bébé se calme - soit la figure d’attachement est indisponible, le bébé est angoissé. Si cela se prolonge, il va y avoir anticipation de cette angoisse. C’est cela qui conditionne en partie l’angoisse de séparation (enfants et adultes). C- Phobies simples Il y a un modèle à 2 temps pour expliquer comment se mettent en place et se maintiennent les phobies : 1) Conditionnement classique type pavlovien : apprentissage de la peur d’un stimulus neutre (cf. supra pour le conditionnement aversif) 2) Conditionnement opérant. L’apprentissage se fait par l’action, laquelle entraîne un renforcement négatif par évitement. Phénomène de sensibilisation : une seule stimulation suffit pour avoir peur, la réponse sera de plus en plus importante sans nouveau conditionnement. Phénomène d’habituation : c’est l’inverse, à force d’être soumis à un stimulus de manière quasi continue, on s’y habitue. Le modèle des 2 conditionnements est largement insuffisant pour expliquer les phobies simples car : - on peut développer une phobie sans exposition à l’objet de la phobie. Par l’observation d’un modèle, on peut avoir la même phobie que le modèle (même peur des araignées que la grand-mère) -face à un même objet dangereux tout le monde ne va pas développer une phobie. Apparaissent ici les notions de vulnérabilité génétique (plus ou moins enclin à développer une phobie) et d’efficacité personnelle (capacité de chacun à gérer le stress). D- Attaque de panique avec agoraphobie Conditionnement intéroceptif : Dans une attaque de panique, la personne assimile les manifestations somatiques (augmentation de la fréquence cardiaque et polypnée par exemple) à un stress. Elles sont ressenties de manière exagérée et assimilées à une crise d’angoisse, l’attaque de panique se déclenche, la personne sent qu’elle va mourir. Cela apparaît dans un contexte précis, à un moment précis. La répétition des crises entraîne une généralisation des situations phobogènes (agoraphobie par exemple) E- ESPT (état de stress post traumatique) Exemple : accident de voiture. Le choc juste après est normal. Au bout de quelques semaines l’ESPT se déclare avec comme manifestations : - reviviscence de l’événement flashback humeur triste irritabilité hypervigilance évitement de la situation, comme ne plus prendre sa voiture ou éviter le lieu de l’accident stratégie de réassurance : rentrer accompagné, en vélo… sommeil perturbé avec des cauchemars L’ESPT est bien traité par des antidépresseurs. Modèle de Barlow = modélisation de l’origine, des processus des troubles anxieux. A l’origine, il y a une vulnérabilité génétique au stress laquelle circule via les systèmes neurobiologiques et son activation se fait lors des événements de vie négatifs. On parle de système d’alarme de l’organisme, avec : - alarme vraie quand existe un danger réel - alarme fausse quand le danger est supposé ou imaginaire. Au fur et à mesure des expériences de vie, on intègre et on apprend ces alarmes, ainsi la même situation allumera la même alarme, à laquelle fait suite une adaptation. Lors de troubles anxieux, les alarmes se déclenchent de manière inappropriée et incontrôlable. Ce côté incontrôlable engendre des pensées négatives (« je suis nul, je n’arrive pas à gérer la situation ») et donc une pérennisation des troubles anxieux. ESPT : 1) vulnérabilité biologique + psychologique = réponse au stress plus élevée 2) traumatisme : ses caractères sont primordiaux car en fonction de la gravité, de l’intensité et du caractère imprévisible, se développe une peur plus ou moins intense. 3) Alarme apprise = réponse conditionnée aux stimuli intéro/extéroceptifs associés aux traumatismes. Elle déclenche une angoisse importante pouvant aller jusqu’à l’attaque de panique. 4) Composantes cognitive et émotionnelle = appréhension importante de l’alarme ; cela entraîne un phénomène d’hypervigilance et une anxiété quasi permanente. 5) Facteurs modérateurs/de protection : soutien social et gestion du stress V- Anatomo-physio-pathologie 1- Amygdale L’amygdale est le pivot du système de défense. Quand on est dans un état d’anxiété primaire il y a hyperactivation de la structure amygdalienne. A côté de l’amygdale se trouve l’hippocampe qui stocke la mémoire à long terme (mémoire épisodique). Le lien entre l’amygdale et l’hippocampe est étroit, on parle de structure amygdalohippocampique. 2- GABA et anxiété C’est un neuromédiateur inhibiteur ayant un rôle très important dans l’anxiété. Les principaux tranquillisants agissent sur les récepteurs au GABA. 3- 5HT (sérotonine) et anxiété C’est un neuromodulateur ( et non un neurotransmetteur) qui joue plutôt un rôle dans les humeurs et non dans les émotions immédiates. Les humeurs sont des états émotionnels stables et constant dans le temps. 4- CRH et anxiété CRH = cortisol VI - La peur Les différents niveaux des fonctions emotionnelles: - Niveau macroscopique: neuroanatomie structurale et fonctionnelle - Niveau cellulaire: neurophysiologie - Niveau moléculaire: neurobiologie - Niveau pathologique: psychiatrie 1- Le circuit physiologique de la peur Si vous êtes suivi dans la nuit par un individu à l'allure louche et que vous sentez votre cœur palpiter, il est fort probable que votre amygdale soit très active ! 2- Le niveau cérébral (neuroanatomique) L'amygdale est une partie du cerveau qui doit son nom à sa forme qui rappelle celle d'une amande. Elles sont situées tout près de l'hippocampe. L'amygdale est essentielle à notre capacité de ressentir et de percevoir chez les autres certaines émotions. C'est le cas de la peur. Plusieurs inputs sensoriels convergent vers l'amygdale pour l'informer des dangers potentiels de son environnement. Cette information sensorielle lui parvient soit du thalamus soit des différents organes sensoriels. L'amygdale reçoit aussi de nombreuses connexions de l'hippocampe. Celui-ci étant impliqué dans le stockage et la remémoration des souvenirs explicites ses connections à l ’amygdale peuvent être à l ’origine d ’une émotion déclenchée par un souvenir particulier. 3- Niveau cellulaire et neurophysiologie Au niveau de l ’amygdale, le noyau latéral, semble constituer la porte d'entrée principale de cette structure. C'est par là qu'entre l'information avertissant de la présence d'un danger. 4- Niveau moléculaire : le rôle des neuromédiateurs Le GABA a pour fonction naturelle de diminuer l'activité nerveuse des neurones sur lesquels il se fixe: neurotransmetteur inhibiteur Mais aussi: - La sérotonine : 5-Hydroxytryptamine - La dopamine - La noradrénaline Conclusion L’ enjeu pour les neurosciences de demain est de démembrer les différents niveaux pour mieux cerner le fonctionnement de l’anxiété et de la peur.