Figure 23.2
Mémoire à court terme et mémoire à long terme. L'information sensorielle peut être
temporairement retenue sous forme de mémoire à court terme, mais une rétention
d'information plus permanente sous forme de mémoire à long terme nécessite une phase de
consolidation. (a) L'information peut être consolidée directement à partir de la mémoire à
court terme. (b) Alternativement, le traitement de l'information nécessaire à sa consolidation
pourrait intervenir de façon séparée des processus à court terme.
La mémoire à court terme nécessite souvent de maintenir les informations disponibles à
l'esprit. Par exemple, quand quelqu'un vous donne son numéro de téléphone, vous pouvez le
retenir quelques instants, notamment en vous répétant ce numéro. Toutefois, si le numéro de
téléphone est trop long, par exemple parce qu'il réfère en plus à l'identification d'un pays
étranger qui ne vous est pas familier, vous pouvez avoir beaucoup plus de difficultés à le
retenir. La mémoire à court terme est souvent étudiée en mesurant pour un individu le nombre
de caractères qu'il peut retenir dans ce contexte, apprécié par le nombre maximal de chiffres
délivrés au hasard qu'il peut restituer après avoir entendu une liste de ces chiffres. Dans ce
cas, la capacité normale est de 7 chiffres plus ou moins 2 chiffres.
Curieusement, on a observé que des patients atteints de lésions corticales conservent une
mémoire à court terme normale pour les informations en rapport avec une modalité sensorielle
donnée (par exemple, comme des sujets normaux, ils peuvent se rappeler le même nombre de
chiffres après les avoir vus écrits), mais ils présentent un profond déficit de la mémoire à
court terme si les informations ont une autre origine sensorielle (par exemple, ils ne peuvent
se rappeler que d'un seul chiffre après les avoir entendus). Ces cas confortent l'idée de
plusieurs sites de stockage temporaire dans le cerveau.
Amnésie
Dans la vie quotidienne, l'oubli est un fait aussi courant que J'apprentissage. C est normal et
inévitable. Cependant quelques maladies et certaines lésions du cerveau entraînent une sévère
perte de mémoire et/ou de l'aptitude à apprendre dénommée amnésie. Les chocs, l'éthylisme
chronique, certaines encéphalites, les tumeurs cérébrales et les accidents vasculaires
cérébraux peuvent interférer avec les processus mnésiques. L'amnésie est le sujet de
nombreux films, dans lesquels une personne ayant subi un grave traumatisme se réveille le
lendemain sans pouvoir dire qui elle est, ni se rappeler les événements passés. Ce type
d'amnésie totale du passé est en fait très exceptionnel. Les traumatismes provoquent plus
fréquemment une amnésie limitée, accompagnée d'autres déficits sans rapport avec la
mémorisation. Si l'amnésie n'est pas associée à d'autres troubles cognitifs, elle est dite
amnésie dissociée (les troubles de mémoire sont dissociés d'autres déficits), En fait ces cas
d'amnésie dissociée sont particulière¬ment intéressants en raison de la relation qui peut alors
être faite entre les troubles de la mémoire et les lésions cérébrales.
La perte de mémoire qui suit un traumatisme cérébral peut classiquement se manifester de
deux façons: elle peut impliquer soit une amnésie rétrograde, soit une amnésie antérograde
(Fig. 23.3). L'amnésie rétrograde est la perte de souvenirs anciens, acquis avant le
traumatisme. En d'autres termes, le sujet oublie les choses qu'il savait déjà. Les cas les plus