MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPEENNES
DIRECTION DE LA COMMUNICATION ET DU PORTE-PAROLAT
SOUS-DIRECTION DE LA COMMUNICATION ET DE LA DOCUMENTATION
Dès sa première édition le guide adopte le «langage» visuel et universel des pictogrammes, ces
fameux petits symboles qui ont beaucoup fait pour l'identité du guide Michelin et qui reflètent, en
même temps que la modernisation de l'industrie hôtelière française, l'évolution de la société au cours
d'un siècle, depuis la cuvette et la bougie jusqu'aux connections Internet. Au début des années 1930
apparaîtra parmi les critères de sélection une nouvelle préoccupation : la tranquillité.
En 1904 paraît le premier guide hors des frontières françaises, en Belgique. Il ouvre la voie à
une collection de publications sur les pays étrangers qui aboutira fin 2008 à une liste de 26 guides et
23 pays couverts, jusqu'à la république populaire de Chine avec la publication, en chinois et en
anglais, du guide Hong-Kong-Macao. Les grandes étapes hors de l'Europe de cette dimension
internationale du guide Michelin commenceront aux Etats-Unis avec l'arrivée du guide à New-York en
2005, suivi en 2006 par celui de San Francisco et en 2007 par ceux de Los Angeles et Las Vegas. En
Asie c'est à Tokyo que le guide débarque en premier, en 2007 (en japonais et en anglais), puis en
Chine en 2008.
Côté traductions, la première édition du guide Michelin France en version anglaise a paru le 15
Juillet 1908, avec Bibendum animant un lexique de six pages pour aider les lecteurs anglophones à se
débrouiller dans toutes les situations. En 1911 six guides sont traduits en anglais, avec un succès que
Michelin qualifie de «monumental» : empilés les uns sur les autres, ils auraient atteint 60 fois la
hauteur de la cathédrale Saint-Paul à Londres ! Ce sont les guides Iles britanniques, France, Allemagne
et Alpes-Rhin (tous deux également publiés en allemand), Espagne-Portugal (paru aussi en espagnol),
et Pays du Soleil (Italie du sud, Sicile, Corse et Riviera française, Algérie, Tunisie, Egypte).
Tout cela est toujours distribué gratuitement. Mais en 1920 le guide devient payant : André
Michelin vient de découvrir avec indignation, en passant chez un distributeur de pneus, que des guides
servent à caler les pieds d'un établi. De ce jour il décide qu'ils seront vendus car «l'homme ne respecte
vraiment que ce qu'il paye». C'est aussi pour les deux frères une aide financière bienvenue, car en
1908 ils ont supprimé la juteuse publicité hôtelière entrée dès 1901 avec succès dans le guide
Michelin, pour qu'on ne puisse pas soupçonner Bibendum, grand donneur de conseils aux voyageurs,
d'être à la fois juge et partie, ce que craignaient les lecteurs du guide. Leurs propres appréciations
étaient d'ailleurs apparues très vite, car dès le tout premier guide on avait demandé aux automobilistes
de remplir des questionnaires précis. «Sans eux, disaient les frères Michelin dans leur avant-propos,
nous ne pouvons rien. Avec eux, nous pouvons tout». Ils étaient ainsi en quelque sorte les lointains
ancêtres du redoutable corps d'inspecteurs qui allait un demi-siècle plus tard faire trembler le monde
de la gastronomie ...
C'est en 1926 qu'apparaît pour la première fois l'étoile de bonne table pour les restaurants cités
dans le guide. La deuxième et la troisième étoiles naissent en 1931 pour la province et en 1933 pour
Paris. Bibendum est désormais coiffé d'une toque de chef pour aider les gourmets à choisir les lieux de
leurs repas : une étoile signifie «une très bonne table dans sa catégorie», deux étoiles, «mérite le
détour», trois étoiles, «vaut le voyage». L'impact psychologique est considérable et très vite, lorsque
paraîtra chaque année le guide Michelin, l'on ne parlera pratiquement plus que des étoiles, que tous les
chefs rêvent d’obtenir en espérant monter en grade. En France, le doyen des chefs étoilés conserve ses
trois étoiles depuis 44 ans !
L'histoire réserve parfois des épisodes inattendus. Ainsi pendant la Deuxième guerre mondiale
comme pendant la Première le guide n'a pas paru. Mais au printemps 1944, pour le débarquement des
soldats américains en Normandie, l'Etat-Major Allié craint que leur progression dans les villes
françaises ne soit ralentie par la destruction de toutes les signalisations par l'occupant. Avec l'accord de