Cela n’a pas été pas facile de devenir bipède exclusif. ! Il a fallu acquérir une lordose
lombaire, se servir de son bassin pour stabiliser la station debout et recevoir le poids du corps, être
capable de marcher la jambe tendue, être plantigrade, savoir garder son équilibre et.... marcher la tête
haute.
En fait il ne s’agit pas d’un choix mais d’une nécessité en rapport avec un blocage de notre trou
occipital en position antérieure.
Le trou occipital, ou foramen magnum, est entièrement creusé au dépend de l’occipital qu’il
divise en deux régions inégales, une région postérieure très développée ou écaille, et une région
antérieure l’apophyse basilaire de taille beaucoup plus réduite Le trou occipital s’ouvre dans la région
antérieure de cet os et fait communiquer la cavité crânienne avec le canal rachidien. De forme
ovalaire à grand axe antéro-postérieur, il livre passage au bulbe, aux nerfs spinaux et aux artères
vertébrales. Ses diamètres sont respectivement de 30 et 35 mm chez l’homme moderne.
L’ossification de cet os montre qu’il correspond à la fusion de plusieurs os ancestraux. On ne
compte pas moins de cinq à 6 points d’ossification.
Contrairement à ce qui est observé chez l’homme, le trou occipital des quadrupèdes, des
brachiateurs et des bipèdes sporadiques se trouve en position haute (à la partie postérieure de la base
du crâne). Dans cette position la tête se trouve « appendue » au rachis cervical qui présente une
courbure lordotique (concavité dirigée vers le haut) destinée à mieux supporter le poids de la tête et à
aligner le regard vers l’avant.
Chez les bipèdes permanents, le trou occipital est s’ouvre dans la partie antérieure de
l’occipital. Ce n’est pas le trou occipital qui a migré vers l’avant, mais au contraire cet orifice qui n’a
pas migré en arrière, processus bien connu chez les jeunes gorilles qui passent ainsi d’une bipédie
juvénile (trou en position antérieur) à une quadrupédie adulte (migration postérieure).Cette nouvelle
position de l’orifice occipital implique ipso facto une modification fondamentale de l’équilibre
général de l’animal qui se trouve dans l’obligation de se redresser et de se déplacer suivant un mode
bipède.
La mutation à l’origine de ce « blocage », en position antérieure du trou occipital, ou
hypomorphose, a sans doute concerné un gène régulateur (ou architecte) suivant un mode saltatoire,
obligeant le premier individu hétérozygote à se déplacer dressé (il est encore certainement trop tôt
pour parler de bipédie à cette époque).
Ce n’est qu’à partir de cette première mutation, véritable starter de la bipédie, que le rachis, le
bassin, les membres et les pieds s’adapteront tant bien que mal à ce nouveau mode de déplacement.