A la recherche des origines du « bipède sans plumes »

A la recherche des origines du « bipède sans plumes »
Paul Caro
Il y a de vieux livres qui sont encore d’actualité. Si, selon la définition
de Platon (in « Le Politique ») l’homme est un « bipède sans
plumes », la question de l’origine de cette bipédie relève toujours de
l’analyse du même Platon (in « Le Sophiste »). Est-ce « d’une cause
spontanée et dont l’action productrice est dépourvue de pensée que la
Nature l’a fait naître ? ». Ou bien, « la Nature exerce-t-elle cette action
avec le concours d’une réflexion et d’une connaissance divine ? ».
Darwin et les évolutionnistes penchent largement vers la première
hypothèse. Mais, les partisans de « l’intelligent design », terme moins
crûment connoté que le biblique créationnisme, relèvent la tête en
prenant acte des différences entre le singe et l’homme.
Un récent Colloque organisé par l’Institut de France a vu plusieurs
inventeurs de vieux fossiles en découdre autour de l’âge de leur
découverte (entre 4,4 et 7 millions d’années) et des caractéristiques
probables du plus vieil humain connu. Jusqu’à se traiter de
« créationnistes » … L’argument de fond pour reconnaître la qualité
d’homme dans ces ossements est, comme Platon l’avait bien vu, la
bipédie. Le raccord du crâne avec la colonne vertébrale est un point
critique pour en juger. Une paléontologiste a fait remarquer que c’est
durant la gestation, aux premières semaines du fœtus, que les
structures adéquates se mettent en place à la base du crâne, alors que
chez les singes ce mécanisme n’existe pas. Qu’est-il arrivé à
l’embryon des hominidés pour que son développement s’oriente dans
cette direction ? Ce changement vient-il d’une évolution moléculaire
hasardeuse du matériel génétique, d’une adaptation à l’environnement
de la biologie simiesque, ou d’un coup de pouce de la « divinité » ?
A part la marche bipède, une autre caractéristique exclusive d’Homo
sapiens est la lenteur qu’il met à devenir adulte. Les singes et Homo
erectus, son prédécesseur, vont plus vite. Le cerveau de l’homme est
peu volumineux par rapport au corps à la naissance (moins que pour le
singe) et il est beaucoup plus gros à l’age adulte. Durant cette
croissance lente, la complexité des connections neuronales peut être
facilitée par l’apprentissage et par les contacts sociaux.
Plus que par la découverte au petit bonheur la chance de nouveaux os,
c’est par le transfert du savoir d’une discipline dans une autre que
pourraient se faire des progrès décisifs dans la connaissance des
origines de l’homme. En l’occurrence une meilleure connaissance de
la biologie cellulaire et de la biologie du développement autour de
l’embryon et de la formation post natale de l’homme et de ses cousins
simiesques pourrait aider la paléontologie.
Paul Caro
21 septembre 2004
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