Cadre historique : 3ème République avec incertitudes politiques

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Cadre historique : 3ème République avec incertitudes politiques, résolution de la question
social et les mouvements ouvriers, l’école comme canal de socialisation. Il y a des problèmes
de solidarité, d’intégration de l’individu à la société, dont, la famille, l’école ou la religion
sont des thèmes soulevés par Durkheim.
Il veut fonder une morale scientifique (fondation d’une morale nouvelle) « ensemble de
règles définies qui déterminent la conduite de façon impérative », c’est le principe et la source
de la moralité dans la solidarité sociale, il y a deux grandes formes de faits moraux :
- les mœurs (devoirs que hommes ont les 1 envers les autres) ;
- le droit (droit à la propriété et à la vie).
« De la division du travail social » - 1883 La division du travail social à d’abord pour fonction de produire de la solidarité sociale
(effet moral) ça engendre donc une intégration du corps social aux besoins d’ordre et
d’harmonie : facteur 1er de cohésion et de solidarité sociale. Dans la Division du travail,
Durkheim, encore largement sous l'influence d'Auguste Comte, tente d'établir une loi
évolutive : celle du passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique.
La solidarité mécanique ou « solidarité par similitude » est celle qui caractérise les sociétés
archaïques : les individus sont semblables les uns aux autres, ils partagent les mêmes
sentiments, obéissent aux mêmes croyances, aux mêmes valeurs. C'est la similitude qui crée
la solidarité. La solidarité organique, caractéristique de nos sociétés, résulte au contraire de la
différenciation des individus. Ici, les individus sont liés les uns aux autres parce qu'ils
exercent des rôles et fonctions complémentaires à l'intérieur du système social.
Le passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique s'opère parce que les
individus auraient trouvé avantage à se répartir des tâches pour produire davantage, mieux ou
plus vite, mais parce que l'extension et le caractère de plus en plus dense des sociétés ont
brisé progressivement les similitudes et accru les différenciations entre les individus : la
morphologie sociale.
L'explication des économistes a, au contraire, le défaut de postuler le phénomène qu'il s'agit
d'expliquer : pour que les individus éprouvent le besoin de se répartir des tâches, il faut qu'il
existe une conscience de l'individualité qui ne peut résulter que de la division du travail.
Ici, la démonstration repose sur l'hypothèse selon laquelle la solidarité mécanique est
socialement renforcée par un droit répressif (conscience collective est forte et étendue, la
sanction correspondant à un acte interdit par la conscience collective doit prendre la forme de
la répression), tandis que la solidarité organique implique un droit restitutif (toutes sortes
d'actes empêchant le fonctionnement de cette solidarité peuvent être sanctionnées par les
règles du droit restitutif (droit commercial, droit civil, droit administratif, etc.)).
Ces relations une fois posées, la démonstration consiste à établir que la proportion des lois
répressives décroît à mesure que le « volume » et la « densité » des sociétés croissent.
« Les Règles de la méthode sociologique »
Dans Les Règles, Durkheim s'est fixé deux objectifs. D'abord, de démontrer et de définir la
spécificité de la sociologie ; ensuite, de décrire les méthodes propres à cette discipline.
A) « les faits sociaux doivent être considérés comme des choses » : ils ne sont pas
réductibles à des faits naturels mais le sociologue doit se mettre à distance des faits sociaux
qu’il observe, écarter les prénotions.
B) Isolement et définition de la catégorie de faits que l’on propose d’étudier : distinction
entre le normal et le pathologique. « Un fait est normal pour un type social déterminé,
considéré à une phase déterminée de son développement, quand il se produit dans la moyenne
des sociétés de cette espèce, considérées à la phase correspondante de leur évolution » (crime
= fait social normal).
C) L'explication d'un fait social doit toujours être recherchée dans un autre fait social, c’est
dû aux faits sociaux antérieurs donc il faut privilégier la méthode des variations
concomitantes (comparaisons respectives des variables étudiées) : le rationalisme positiviste.
Aussi, bien que des phénomènes sociaux doivent être conçus comme « extérieurs » aux
individus, et comme des « choses » non immédiatement intelligibles pour le sociologue, bien
que leur analyse doive suivre la démarche inductive de toute science, ils ne peuvent être
expliqués par des déterminismes extérieurs.
Finalement la « méthode » à laquelle Durkheim aboutit représente une position de synthèse
entre le positivisme des Italiens, qui traite les faits sociaux non comme des « choses » mais
comme des faits physiques, et la tradition de la méthode « compréhensive ». L'analyse doit
aboutir à une transparence pour l'intelligence (c'est pourquoi la cause d'un fait social ne
saurait être recherchée que dans un autre fait social), mais, en même temps, cette transparence
n'est pas donnée d'emblée et doit être conquise par la comparaison et l'« expérimentation » :
une comparaison systématique, d'une analyse des relations entre variables.
« Le Suicide »
- 1897 -
Dans Le Suicide, Durkheim utilise sa méthode : il démontre la spécificité du social à
propos d'un phénomène relevant apparemment surtout de la psychologie individuelle. Mais
Durkheim a beau jeu de démontrer d'une part que les thèses qui font dériver le suicide
d'« états psychopathiques » ne sont pas convaincantes, d'autre part que le suicide est
incontestablement un phénomène social, puisque les taux de suicide varient considérablement
et régulièrement en fonction des milieux sociaux.
On trouve aussi dans Le Suicide la préoccupation centrale de Durkheim : celle de
l'insertion de l'individu dans la société (le lien social « manière dont les hommes forment une
société et plus largement les relations entre les individus et la société »), de l'analyse des
désordres sociaux et de leur influence sur l'individu.
En effet, bien que Durkheim distingue trois sortes de suicide (et même quatre, si l'on tient
compte d'une note de bas de page où il introduit le suicide fataliste), le suicide égoïste, le
suicide anomique et le suicide altruiste, ce sont surtout les deux premiers types qui
l'intéressent.
Le suicide altruiste, caractéristique des sociétés où l'individu est fortement soumis aux
valeurs collectives, n'apparaît en effet pour les sociétés de l'époque contemporaine que dans
quelques milieux particuliers (le milieu militaire par exemple).
En revanche, le suicide égoïste et surtout le suicide anomique sont caractéristiques des
sociétés modernes.
Tous deux découlent de l'évolution des sociétés qui rend les individus de plus en plus
indépendants de la pression de la collectivité.
Cela est vrai notamment du suicide anomique : des augmentations du taux de ce type de
suicide s'observent par exemple en période de boom économique, lorsque les ambitions et les
aspirations des individus ne se trouvent plus bornées par des limites relativement précises
mais s'ouvrent sur des perspectives indéfinies : ce résultat dérive ici encore, selon Durkheim,
de ce que l'apparente liberté qui en résulte, en supprimant les bornes dans lesquelles sont
contenus les appétits sexuels, conduit en fait l'individu à l'insatisfaction.
L'étude du suicide égoïste définit l’individu qui ne pense qu’à lui-même et qui est proie à ses
désirs infinis : ils ne retrouvent pas l’équilibre par l’extérieur. C'est le suicide de l'homme
dont la conduite n'est pas guidée de l'extérieur par les normes et les pressions sociales, mais
de l'intérieur par les règles qu'il se donne lui-même.
Les rapports entre suicide égoïste et suicide anomique sont nombreux. Les deux types de
suicide conduisent à constater l'importance des pressions sociales et du poids de la collectivité
sur le comportement individuel : si ces pressions se relâchent trop, ce dernier devient
erratique et peut aller jusqu'au désespoir.
« Les formes élémentaires de la vie religieuse »
- 1913 -
L'intérêt de Durkheim pour l'analyse des phénomènes religieux est ancien puisqu'il publie
dès 1899, dans L'Année sociologique, une étude sur « La Définition des phénomènes
religieux » et de nombreux comptes rendus sur des ouvrages de sociologie religieuse.
Personnellement athée, convaincu que le rôle de la religion traditionnelle devait s'affaiblir
avec le progrès scientifique et persuadé cependant de l'importance des croyances collectives
pour la vie des sociétés, il était naturel qu'il s'intéressât à la sociologie des phénomènes
religieux.
La religion est conçue par Durkheim comme un phénomène qui, par-delà ses
manifestations particulières, est d'essence universelle. Pour en saisir la nature, il choisit donc
d'analyser la forme de religion qui, dans la perspective évolutive qu'il a héritée de Spencer et
de Comte, lui paraît la plus simple, à savoir le totémisme australien, conçu comme « forme
élémentaire de la vie religieuse ». Il est alors conduit à définir la religion : si on la définit par
la croyance en un dieu transcendant ou par la croyance au surnaturel, la religion cesse d'être
un phénomène universel, car il existe de nombreuses religions qui n'impliquent ni dieu
transcendant ni croyance en des forces surnaturelles. La religion est une effervescence
sociale, le croyant considère comme véritable sa vision du monde et juge efficaces ses
pratiques rituelles : la foi est liée à la raison.
Cette essence du fait religieux, Durkheim la trouve dans l'opposition entre sacré et profane,
commune à tous les systèmes religieux : « Une religion est un système solidaire de croyance
et de pratiques relatives à des choses sacrées, c'est-à-dire séparées, interdites ». Si l'on accepte
de voir dans le totem le symbole d'une force impersonnelle extérieure à l'individu, le
totémisme devient une expression particulière du sacré, qui définit toute religion. La force
impersonnelle dont le totem est le symbole se retrouve chez les Mélanésiens sous le nom de
mana à savoir une « force anonyme et diffuse dont nous découvrions tout à l'heure le germe
dans le totémisme australien ». Il s'agit alors d'expliquer pourquoi les sociétés sont conduites
à concevoir cette force anonyme et diffuse dont elles considèrent les symboles comme sacrés.
Pour Durkheim, une seule interprétation est possible, car la seule force réelle qui dépasse les
individus et prend pour eux la forme d'une force anonyme et diffuse est la société elle-même :
« Une société a tout ce qu'il faut pour éveiller dans les esprits, par la seule action qu'elle
exerce sur eux, la sensation du divin ; car elle est à ses membres ce qu'un dieu est à ses
fidèles. » Toute société implique donc une autorité morale de la collectivité sur l'individu,
autorité qui s'exerce non par la contrainte, mais par le respect. Ce respect est la source du
sacré, il explique par conséquent le phénomène de la religion. La société a ses membres,
l’Eglise à ses fidèles : c’est une transfiguration de la société.
La conscience collective est une pièce maitresse de l’œuvre de Durkheim : « ensemble
des croyances et des sentiments communs à la moyenne des membres d’une même société et
formant un système déterminé [de similitudes] qui a sa vie propre » : le tout n’est pas la
somme des parties.
« Education et sociologie »
Dans Education et Sociologie, Durkheim tente d'établir une loi évolutive : celle du passage
de l’être individuel à l’être social.
L’être individuel est fait de « tous les états mentaux qui ne se rapportent qu’à nous-mêmes
et aux évènements de notre vie personnelle ». L’être social est « un système d’idées, de
sentiments et d’habitudes qui expriment en nous, non pas notre personnalité, mais le groupe
ou les groupes différents dont nous faisons partie » (croyances religieuses, pratiques morales,
etc.).
Pour passer de l’un à l’autre, il faut l’éducation : « action exercée par les générations
adultes que celles qui ne sont as encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter
et de développer chez l’enfant un certain nombre d’états physiques, intellectuels et moraux
que réclament de lui et la société politique dans son ensemble et le milieu spécial auquel il est
particulièrement destiné ». Le professeur serait doué d’une suggestion hypnotique : il a du
pouvoir sur les élèves et c’est une ressource qu’ils acceptent donc il y a une autorité naturelle
sur les élèves que représente l’autorité morale de la société.
Il n’y a pas de type idéal d’éducation, c’est une variable qui correspond à ici et maintenant
selon chaque société.
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