1ère année IEP année 2006-2007 2ème semestre
Marie-Benoît MAGRINI marie-benoit.magrini@univ-tlse1.fr 1
CONFERENCE DE METHODE EN ECONOMIE
SUPPORT
THEME 4 :
Offre et Demande de travail,
Equilibre et Chômage sur le Marche du Travail.
PLAN
Introduction
Les principes sous-jacents du modèle standard (néoclassique) et sa critique
L’offre de travail
L’offre de travail individuelle
Formalisme de l’arbitrage consommation-loisir
Formalisme graphique de l’offre de travail
L’offre de travail agrégée
La demande de travail
La demande de travail de l’entreprise
Formalisme
L’équilibre du marché du travail
Le chômage, fondements microéconomiques et analyse macroéconomique
Le chômage volontaire
Chômage frictionnel et théories de la prospection d’emploi
Chômage involontaire et imperfections du marché du travail
Les nouvelles théories microéconomiques du marché du travail
Chômage classique / Chômage keynésien ou « équilibre à prix flexibles » / « équilibre à
prix rigides »
Le rôle de la demande effective dans la critique keynésienne
Autres explications macroéconomiques du chômage
La relation de Phillips et sa critique par les monétaristes
Le phénomène d’hystérèse
Mesures statistiques du chômage
Notions clés :
marché du travail offre de travail taux marginal de substitution demande de travail productivité
marginale du travail offre d’emploi – demande d’emploi – désutilité marginale du travail effet
substitution effet revenu salaire nominal salaire réel salaire de réserve productivité moyenne
productivité marginale chômage volontaire chômage involontaire équilibre de plein emploi
équilibre de sous-emploi équilibres à prix fixes rigidités salariales demande effective anticipations
chômage classique chômage keynésien taux d’activité ou taux d’emploi bien normal courbe de
Phillips inflation illusion monétaire capital humain général capital humain spécifique …
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Introduction
Pourquoi y a-t-il du chômage ? Le chômage est-il une fatalité ou une nécessité (Cahuc et
Zylberberg 2005) ?
Pour répondre à ces questions, il est nécessaire de comprendre le fonctionnement de notre
économie. Pour cela, l’économiste « simplifie » la réalité observée afin de proposer un modèle
qui rende compte des grands principes de comportements des agents économiques. L’agrégation
de ces comportements permet de définir le fonctionnement de différents marchés, dont le marché
du travail, et leurs interactions.
« Un économiste est quelqu’un qui voit fonctionner les choses en pratique
et se demande si elles pourraient fonctionner en théorie »
Stephen M. Goldfeld.
En économie, la formalisation du comportement des agents économiques relève du champ de la
microéconomie. Tandis que l’étude des grands agrégats économiques (l’emploi, le chômage
l’épargne…) relève de la macroéconomie. Les deux champs sont bien sûr interdépendants
puisque ces grands agrégats économiques sont issus du comportement des agents.
L’objectif de cette conférence de méthode est d’expliquer le fonctionnement du marché du
travail, du point de vue de l’offre et de la demande de travail, avant de s’interroger sur les
mécanismes du chômage et les politiques qui peuvent être mises en œuvre pour favoriser
l’emploi.
Deux courants principaux seront mobilisés : la théorie néo-classique (paradigme dominant de la
théorie économique) et la théorie keynésienne qui se pose en critique de la théorie néo-classique.
La théorie néo-classique constitue le socle de l’analyse de l’analyse microéconomique de l’offre
et la demande de travail. La théorie keynésienne est avant tout une théorie macroéconomique
visant à expliquer l’existence d’un chômage involontaire. D’autres théories ont été développées
depuis, mais elles s’inspirent toutes de ces deux courants principaux.
rappel en conférences de méthodes des grands courants de la pensée économique par
rapport à l’étude du marc du travail (les néo-classiques, les keynésiens, les
monétaristes, la synthèse néo-classique…)
Les principes sous-jacents du modèle standard (néoclassique) et sa critique
Le marché du travail rassemble une offre de travail venant des individus (ou des ménages) et une
demande de travail des entreprises, dont la « rencontre » définit un équilibre de marché.
Attention, par rapport au marché des biens de consommation le rôle des agents est ici inversé.
sur le Marché du Travail
sur le Marché des Biens
Les individus…
…offrent du travail.
…demandent des biens.
Les entreprises…
…demandent du travail.
…offrent des biens.
Dans le modèle standard, c’est-à-dire néoclassique, la détermination du niveau d’emploi et du
prix unitaire du travail est traité comme relevant d’un mécanisme de marché parfaitement
« concurrentiel ». Les agents sont des individus-types supposés être des individus « rationnels ».
Leurs comportements sont mus par la recherche de leur intérêt individuel. Chacun cherche ainsi
à maximiser une « fonction objectif » sous contrainte :
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- le consommateur maximise son « bien-être » ou « utilité » sous contrainte de budget,
- le producteur maximise son profit selon une technologie et sous contrainte des coûts de
production (du prix des facteurs).
De ces comportements maximisateurs sont déduits une offre et une demande de travail sur un
marché dépourvu d’« imperfections » dans le cadre néoclassique. La rencontre de cette offre et
de cette demande définit alors un équilibre « concurrentiel ». Il est important de bien
comprendre la nature de cet équilibre, car de cette représentation est déduite la nature du
chômage, et par voie de conséquence, le type de préconisations en termes de politique publique.
Nous verrons ainsi que dans le modèle standard, « la seule forme de chômage qu’autorise une
telle représentation est due au refus des travailleurs d’accepter le salaire de marché, parce qu’ils
le jugent trop faible : s’il y a du sous-emploi, celui-ci est donc qualifié de « volontaire ». »
1
Dès
lors, selon cette représentation il n’y a pas de raison pour l’Etat d’intervenir puisque le chômage
est « voulu ». Néanmoins, depuis la proposition de ce modèle, nombre d’économistes dont
Keynes, ont mis en avant un certain nombre de critiques liées à des imperfections de marché et
proposent une autre compréhension du marché du travail et du chômage. Avant d’aborder la
critique keynésienne du modèle néo-classique et les nouvelles théories du marché du travail,
comprenons le modèle de base néoclassique.
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Anne Perrat (1992), « Les nouvelles théories du marché du travail », Chapitre 1 Les représentations traditionnelles
du marché du travail, éd. Repères La Découverte, page 6.
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L’offre de travail
L’offre globale de travail est l’agrégation des offres individuelles de travail.
L’offre de travail individuelle
Pour comprendre le comportement de l’agent qui détermine quelle quantité de travail il est prêt à
offrir, demandez-vous vous même si vous êtes prêt à travailler pour n’importe quel salaire, et
pour un salaire donné, êtes-vous prêt à travailler plus pour gagner plus ?
La réponse à ces questions définit votre offre de travail personnelle. Pour décrire votre
comportement, l’économiste utilise des termes précis : la réponse à la première question vient de
la confrontation entre « l’utili » associée à la consommation permise par le revenu du travail et
« la désutilité » qu’engendre le travail (moins de temps libre, fatigue…). La réponse à la
deuxième question est liée à des effets de « substitution » et de « revenu ».
Nous allons expliquer brièvement comment l’économiste formalise le comportement de l’agent et
détermine le choix « optimal » de l’agent dans la définition de son offre de travail. Pour cela, une
représentation graphique aidera à illustrer le mécanisme de calcul sous-jacent.
Formalisme de l’arbitrage consommation-loisir
L’individu est doté d’une fonction d’utilité individuelle dont les arguments sont les différents
types de biens consommés X1, X2, X3… et le loisir L. L’ensemble des Xi représente son « panier
de consommation » exprimé en quantité de biens, tandis que le loisir (le temps non travaillé) est
exprimé en temps. Le panier de consommation est souvent assimilé à un bien unique noté C (C
pour consommation). L’individu est doté d’un temps total T qu’il doit répartir entre le loisir L et
le travail N, tel que T = L + N.
Le temps passé pour le loisir est un temps non-travaillé qui réduit d’autant sa consommation en
bien C. Le choix de l’individu est donc de définir un couple (C, L) qui lui assure un certain temps
de loisir et un certain temps de travail en vue de consommer. Ce temps total correspond
généralement aux 24h d’une journée diminuée du temps nécessaire à nos besoins vitaux (le
sommeil par exemple). Le choix de ces deux quantités définit un niveau d’utilité U : la fonction
d’utilité est notée U(C, L). On représente cette courbe d’utilité dans le plan (L, C) et chaque point
(pente) de cette courbe est caractérisé par ce qu’on appelle « un taux marginal de substitution »
(TMS) entre L et C.
la notion de taux marginal de substitution entre L et C sera détaillée en CM.
Le travail procure une « désutilité » (la fonction d’utilité par rapport au travail est donc
décroissante). Le problème de l’individu est donc de choisir une quantité de travail pour un prix
donné w/p (le salaire réel) qui maximise son bien-être. L’individu n’est pas sujet à « l’illusion
monétaire »
2
: il détermine sa quantité de travail en fonction du « salaire réel » et non du
« salaire nominal ».
Formellement, le comportement de l’individu qui maximise son utilité (reflétant ses
préférences) sous contrainte de budget peut s’exprimer comme le programme de maximisation
suivant :
2
L’illusion monétaire est un biais cognitif selon lequel les agents ne tiennent pas compte de l’inflation dans
l’évaluation des revenus.
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Max U(C, L)
s.c. pC
wN + R
p est le prix du bien de consommation C, w est le prix du travail, R le revenu non salarial
(revenu de la propriété, dividendes, allocations…)
3
.
Dans un modèle sans épargne, la contrainte de budget est dite « saturée » : pC = wN + R. C’est-à-
dire l’agent dépense tout son revenu pour consommer.
Le calcul économique issu de ce problème permet de calculer simultanément :
- la demande de biens qui est croissante avec R/p et w/p, mais décroissante en fonction de
p/w ;
- la demande de loisirs qui est croissante avec R/p, mais décroissante avec w/p ;
- l’offre de travail qui est croissante avec w/p et décroissante avec R/p.
Ce calcul économique et sa visualisation graphique sera détaillée en CM (conférence de
méthodes) à partir de l’extrait de Cahuc et Zylberberg 2003, « Microéconomie du marché du
travail », Chapitre 1 L’offre de travail, éd. repères La Découverte, p. 8-19.
Le résultat fondamental est que le TMS entre le loisir et la consommation est égal au rapport des
prix de ces deux biens w/p.
Formalisme graphique de l’offre de travail
Le résultat de cet arbitrage consommation-loisir permet de définir l’offre de travail de l’agent.
Graphiquement cette offre met en rapport une quantité de travail et un salaire, on définit
généralement la quantité de travail en abscisse et le salaire réel en ordonnée. La quantité de
travail journalière ne peut pas dépasser la limite T.
Graphique 1. Offre de travail individuelle
Pourquoi la courbe d’offre ne part pas de l’origine ?
Parce qu’il existe un niveau de salaire en-dessous duquel l’individu n’accepte pas de travailler,
c’est le « salaire de réserve » (voir extrait de Cahuc et Zylberberg, ibidem).
Une autre façon de comprendre l’offre individuelle de travail est de raisonner en terme d’utilité
et de désutilité additionnelle. Les premières heures travaillées sont essentielles car elles
permettent de satisfaire des consommations les plus prioritaires qui ne pouvaient être réalisées en
l’absence de revenu. Mais au fur et à mesure que les heures travaillées augmentent et que les
besoins sont satisfaits grâce au revenu du travail, l’utilité additionnelle de chaque nouvelle heure
travaillée diminue. Simultanément, la désutilité de chaque nouvelle heure augmente (ce qui
3
Rappel : dans le modèle de « concurrence parfaite », les agents sont « price takers » (« preneurs de prix »). C’est-à-
dire, aucun agent ne peut, par ses décisions, influencer la formation des prix. les prix s’imposent donc aux agents.
salaire w/p
quantité de travail N
T
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