- Les effets des pratiques agricoles intensives sur l’environnement et la santé (pollution des nappes phréatiques
dans certaines grandes régions céréalières ou d’élevages industriels comme la Normandie ou la Bretagne,
développement pathologies animales telles que l’ESB, la maladie de « la vache folle » etc)
- Spécialisation figée alors que la demande agricole évolue (ex. : l’alimentation animale)
- Augmentation des inégalités au sein de l’Europe agricole
- L’Organisation Commune des marchés est de moins en moins acceptée au niveau international (Etats unis,
mais aussi « groupes de Cairns » ou G20, groupe des pays pauvres)
La légitimité initiale de la PAC est remise en cause. L’exigence alimentaire n’est plus prioritaire.
Il faut donc trouver de nouvelles sources de légitimité dans des objectifs de santé, environnementaux etc
2.4 Les réformes
1) Les « réformettes » avant 92
Les premières modifications de la PAC ont eu lieu dans les années 80. En 1984, l’Europe impose des quotas
laitiers et une réduction de la production. En quatre ans elle baissera de plus de 10 %, mais la hausse de la
productivité est telle que cette mesure est limitée, d’autant qu’elle a des conséquences négatives sur la
production bovine. En effet, une partie des vaches laitières est amenée à l’abattoir et cela accroît la surproduction
de viande.
Une deuxième modification a lieu les 11 et 12 février 1988 quand des « stabilisateurs budgétaires » sont mis en
place : on fixe des quantités maximales garanties et leur dépassement entraîne des sanctions sous la forme d’une
diminution du prix d’intervention.
Ces mesures visant à limiter les capacités de production, soit par le contingentement, soit par l’incitation, sont,
en général, mal acceptées par les agriculteurs-éleveurs et elles ne remettent pas en cause le système des prix
garantis qui, au contraire, pousse à produire.
2) Les réformes de 1992 ; 1999 ; 2003
L’objectif est de rapprocher les prix européens de ceux qui sont pratiqués sur le marché mondial, tout en
soutenant de façon directe et « découplée » les revenus des agriculteurs.
- le 21 mai 1992, sur la première grande réforme (dite réforme Mac Sharry du nom d’un des commissaires
européens à l’origine des propositions). Deux mesures commencent à remettre en cause la logique de soutien par
les prix ou par la production de la précédente architecture : la baisse des prix réglementés (-35%), et les
compensations sous forme d’aides à l’hectare pour les agriculteurs acceptant de geler 15 % de leurs terres
cultivables. Cette réforme est acceptée par l’OMC (Uruguay Round : pré-accord de Blair house)
Parallèlement, les américains promulguent le Farm bill de 1996, le « Fair Act », « fair » signifiant « loyal »… Au
départ, il devait aller dans le sens du découplage et du retrait de l’intervention publique, mais il va largement
favoriser les Etats Unis grâce à une mesure qui est ajoutée au dispositif, le « loan déficiency payment », aide qui
se déclenche automatiquement si le prix de marché passe en dessous d’un certain niveau ( « loan rate ») et qui est
proportionnelle à la production. Marginale au début, cette mesure va jouer un rôle fondamental : non découplée
puisque les aides sont proportionnelles à la production, et non conditionnée, parce qu’aucune obligation n’est
imposée aux agriculteurs, elle se déclenche très souvent. De 1997 à 1999 les paiements directs à l’agriculture
triplent aux Etats unis.
- Malgré cela, l’Europe continue de réformer son agriculture : dans le cadre de « l’agenda 2000 », le 26 mars
1999, l’accord de Berlin est signé : la baisse des prix de soutien (-15%) continue pour les céréales et les produits
laitiers; ainsi que les compensations sous formes d’aides à l’hectare ou à l’animal pour les agriculteurs-éleveurs
qui acceptent de geler 10 % de leurs terres cultivables ou qui réduisent leur cheptel.
- Une nouvelle réforme européenne est décidée le 26 juin 2003. La mesure centrale est l’introduction d’un
« paiement » unique déconnecté de la production et des facteurs de production. Toutefois, une très grande
souplesse est introduite dans les modalités d’application : dates d’entrée en vigueur modulables, choix du degré
de découplage (total ou partiel en fonction des % plafonds définis par l’accord) et possibilités de tenir compte ou
non du passé récent pour en fixer les normes. Encore une fois, le projet de réforme n’est pas totalement assumé
politiquement par l’Europe et c’est l’échelon national qui est largement responsable de sa mise en application
(une sorte de MOC : méthode ouverte de coordination). Cela va se traduire par des inégalités entre pays
européens en fonction des choix étatiques qui seront faits.
2.5 La Pac à la recherche d’une « nouvelle légitimité »
Pour trouver une nouvelle légitimité à la PAC, il faut considérer l’agriculture (et non le produit agricole) comme
un « bien public européen »