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Chapitre : Les psychothérapies brèves
I Définition de la psychothérapie
Dans les manuels de psychothérapie on ne trouve pas de définition du terme
mais une explication de l’approche utilisée et de la technique, le concept est
considérée comme acquis/donné, on n’a que l’idée de soulager la souffrance
humaine ce qui est trop large.
1) Définition
Huber définissait « la psychothérapie se distingue des autres méthodes, comme
le développement personnel, le coaching, (…) par son objectif + large et +
complexe. Elle vise non seulement la modification d’une ou plusieurs fonctions
d’attitudes ou de comportements mais surtout elle vise à une restructuration + ou
poussé de l’ensemble des comportements et donc de la personnalité. Cela
nécessite de la part du thérapeute une implication importante et implique de la
part de la personne consultante une implication personnelle, une exploration et
une mise en question de soi-même poussée qui ne peuvent se faire en général
que dans le contexte d’une relation interhumaine ».
Corsini complète cette définition, pour lui « la psychothérapie est un processus
formel d’interaction entre 2 partis, la plupart du temps avec une personne dans
chacune (le thérapeute et le consultant) mais avec la possibilité qu’il y est
plusieurs personnes de chaque côté (plusieurs thérapeutes, plusieurs consultants
comme dans les thérapies familiales). » Il pose 3 conditions pour définir qu’on
est dans un cadre de psychothérapie :
- la présence d’un thérapeute s’appuyant sur une théorie de la
personnalité, une théorie des origines du développement et des
changements
- il possède une méthode de traitement liée à sa théorie
- il doit avoir l’approbation légale et professionnelle d’agir en tant que
thérapeute
Pour lui le but de la psychothérapie consiste en une amélioration de la détresse
humaine par rapport à un dysfonctionnement ou un handicap dans un ou
plusieurs domaines, cela peut être les fonctions cognitives (désordre de la
pensée,…), affectives, comportementales,
La différence entre les 2 auteurs est d’une part l’idée que la psychothérapie
engage des changements entraînant un remaniement psychique radicale alors
que pour Corsoni il peut y avoir un changement uniquement dans un domaine à
partir qu’il y a amélioration de la fonction et diminution de la souffrance.
2) Les thérapies brèves
On parle de psychothérapie brève en générale en opposition avec la
psychanalyse. Globalement à part la psychanalyse qui revendique une certaine
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longueur dans la prise en charge, toutes les thérapies sont relativement brèves
(2/3 ans).
3) Grandes questions posées par la psychothérapie
La question de savoir d’où vient se désir d’aider l’autre à réduire sa souffrance.
La question de savoir si chacun peut soigner son semblable, qui peut être
psychothérapeute,…
Où en sommes nous sur la législation ?
Toutes souffrances est-elle pathologique ? Qu’est ce qu’un trouble psychique ?
Doit-on forcément soigner ?
Quelles sont les mécanismes de la guérison ? Est-ce le thérapeute ? la méthode ?
le contexte ?
Quelles sont les éléments du changement ?
II Les psychothérapies primitives
On l’utilise au sens générique du terme. Il y a une influence donc du contexte et
de l’époque dans les psychothérapies, elles n’existent que dans un contexte
culturel donné.
Les psychothérapies primitives, les psychiatres regardaient les guérisseurs et
autres marabouts des autres continents comme étant des charlatans avec un
mépris des méthodes employées qui étaient fondées sur la superstitions et la
croyance des populations, on disait que ne guérissait que ceux qui devaient
guérir, il n’y aurait donc qu’un effet placebo et que donc les guérisseurs étaient
des imposteurs/crédules et les spectateurs des andouilles.
Cependant on constata que derrière les aspects primitifs il y avait une certaine
connaissance des mécanismes humains.
D’où la question des mécanismes de la guérison psychique (méthode, contexte,
hasard, évolution naturelle, psychothérapeute,… ?).
Les techniques des psychothérapies primitives utilisent des méthodes qu’on va
réinjecter dans les méthodes modernes.
Si on regarde l’individu dans le traitement primitif, le guérisseur a un statut bien
supérieur à celui d’un médecin, et c’est la personnalité la + considérée dans son
groupe social. Alors que si on regarde dans la thérapie moderne scientifique, le
thérapeute est un spécialiste parmi d’autres spécialistes, il n’a pas de statut
spécifique.
Le guérisseur doit beaucoup à sa personnalité pour l’efficacité de la thérapie
alors que le thérapeute va appliquer une méthode sous une forme relativement
impersonnelle sans implication personnelle.
Le guérisseur va être un psychosomaticien il va aussi bien guérir des troubles
somatiques que psychiques alors que dans la thérapie scientifique il y a une
séparation radicale entre le soin du corps et ceux de l’esprit. D’autres part la
psychiatrie va mettre l’accent sur le traitement physique des maladies mentales.
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En terme de formation au niveau du guérisseur, elle est longue et exigeante et
cette formation comprend souvent l’expérience d’un trouble émotif personnelle
qui a été expérimenté par le guérisseur lui-même et qu’il a du surmonter/guérir
pour être en mesure de guérir les autres. Sur le plan de la thérapie scientifique, la
formation est purement rationnelle, les problèmes
personnelles/médicaux/affectifs du thérapeutes ne sont pas pris en compte dans
la formation.
Sur le plan du traitement primitif, le guérisseur va se rattacher à une école de
pensée avec ses propres enseignements/traditions alors que au niveau de la
thérapeutique scientifique le thérapeute va se baser sur une médecine unifiée,
une branche de la science et non pas une discipline ésotérique.
On peut rapprocher la formation d’un psychanalyste du guérisseur de par sa
formation (long, souffrance personnelle analysé dans son auto-psychanalyse,…).
Au niveau des modèles explicatifs on a plusieurs sortes.
La première possibilité d’explication de la maladie mentale est la perte et la
réintégration de l’âme. On est dans une approche magico-religieuse. La maladie
(physique ou psychique) est liée à la perte de l’âme spontanée, elle s’est égarée
ou bien par accident elle va quitter le corps, et le rôle du guérisseur est de la
ramener et la réintégrer au corps. Les bases de cette croyance c’est que pendant
le sommeil quand elle perd conscience l’âme semble être extraite du corps, la
personne semble vivre ailleurs. Comme dans le rêve avec la dissociation
consciente entre le corps et l’esprit. L’être humain aurait une sorte de double que
serait l’âme/l’esprit et qu’elle pourrait quitter le corps. On a alors 3 cas de
figure :
- au cour d’un voyage l’âme peut être exposée aux dangers, à des
accidents (en particulier quand on dort) et être séparé du corps (quand
par exemple on est réveillé subitement et que l’âme est au loin)
- suite à une peur violente (on dirait traumatisme aujourd’hui) elle peut
quitter le corps même à un état d’éveil
- l’âme peut être arracher de force par des esprits, des démons ou des
sorciers, le traitement consistant à retrouver l’âme, à la ramener et à la
réintégrer au corps (avec différents degrés de complexité l’âme
pouvant être rester dans le monde des vivants ou bien être parti dans le
monde des morts)
Le lien qu’on peut faire un niveau des modèles est que le malade paraît aliéné à
lui même et le guérisseur doit alors le ramené à lui même et au monde des
vivants.
Un autre modèle d’explication de la maladie est qu’elle serait du à la présence
dans le corps de la présence d’une substance nocive qu’il faut extirper. Le
guérisseur va trouver l’objet et va la montrer à la personne qui va généralement
guérir quand il la verra. C’est le fait de donner du sens a ce qui lui arrive par une
personne puissante qui va permettre le changement vers la guérison.
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Au niveau de l’efficacité on a donc :
- premièrement il faut la confiance du guérisseur lui même en ses
propres capacités même si il sait que les techniques utilisés sont du
charlatanisme, le guérisseur croit en lui même mais n’est pas dupe de
ses techniques
- deuxièmement il faut que le patient est confiance en le guérisseur
- troisièmement la maladie, le type de traitement doivent être reconnues
par le groupe sociale
Un autre modèle explicatif est la possession et l’exorcisme.
L’idée est qu’il y a des esprits hostiles qui ont pénétrés dans le corps et ayant
pris possession de l’individu. Il y a plusieurs traitements possibles face à cette
personne qui n’est plu elle même : soit on chasse mécaniquement cette intrus
(on le bat, on le saigne,…) pour montrer que le terrain de possession est peu
hospitalier, on chasse l’esprit dans un autre être vivant (animal en général) en
attirant l’esprit en dehors, et puis également l’exorcisme par conjuration de
l’esprit de partir. Si on regarde la séance d’exorcisme on s’aperçoit qu’il y a des
points communs entre le mal et le traitement qu’on utilise pour soigner. Lors de
la séance l’individu va perdre son identité pour prendre une autre personnalité,
celle incarnant le + souvent va être le diable/mal, la physiologie va se modifier
(la personne va ressembler à celui qu’il incarne), une force décuplée se
manifestant par des crises de fréquence, de durée et d’intensité variable. L’intrus
va parler par la bouche du possédé.
Quand on analyse les séances d’exorcisme on voit qu’elle renvoie a des
psychothérapies structurés, l’exorciste ne parle pas en son nom mais au nom
d’un être suprême, pour pratiquer l’exorciste doit croire en un être suprême et
être transcender par lui pour croire que l’autre l’est également mais par un autre
être. Pour cela il doit donc également croire en la possession et va s’adresser au
posséder au nom de cet être suprême qu’il incarne. Afin de se préparer à
l’exorcisme il va se préparer lui même, préparation dure comprenant des prières
et des jeuns qui donnent la force de guérir, d’affronter les démons de l’autre. Il
va encourager le possédé et il va menacer l’intrus, le conjurer de partir, il
s’adresse à 2 personnes en une. Le lieu n’est également pas neutre, il est en
général sacré avec une ambiance très structuré et il y a quelques témoins mais il
n’y pas une foule importante. Il y a un marchandage puisque l’intrus doit
s’exprimer et l’exorciste doit être suffisamment convaincant pour l’amener à
partir, des luttes qui pourront durer plusieurs heures/jours/semaines avec souvent
des victoires incomplètes. Les échecs sont possibles.
On retrouve ce type de parallèle entre les prises en charge de négociation dans
les prises en charge actuel de schizophrénie grave où il y a toujours une
ambivalence au niveau du symptôme.
L’exorcisme a été récupéré par les prêtres catholiques qui du coup se
retrouvaient fonction de « thérapeute ». Les derniers cas de possession est celui
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des diables de Loudun (1732) où dans le couvent des Urselines de Loudun (41)
des religieuses étaient possédés par le démon, elles furent possédés par le prêtre,
dit on car elles mimaient des choses sexuelles, qui étaient le seul homme à venir
au couvant, le seul moyen jugé pour ramener l’ordre (et comme manœuvre
politique pour éliminer un détracteur du pouvoir) était d’exorciser le prêtre qui
finit brûler ce qui résolut les soucis au bout de quelques mois.
A la fin du 19ème siècle, un patient amené à Janet qui présentait des signes de
possessions tenta de découvrir les idées subconscientes sous-jacentes qui
l’amenait à s’exprimer par la voix d’un autre.
Globalement le changement de conception de la maladie entraîne un
changement du traitement à apporter ainsi qu’une modification dans
l’expression même du symptôme.
L’expression du symptôme est très intriquée à la culture, aux connaissances et
aux valeurs de cette culture (l’hystérie de conversion à disparu en Europe de part
la propagation de la connaissance de l’anatomie, ce qui entrave le côté
imaginatif de l’anatomie que se fait l’hystérique de son corps, la souffrance va
chercher d’autres voies d’expression comme de la dépression ou des plaintes
somatiques).
Au niveau de la guérison on a un autre modèle explicatif possible d’origine
religieuse, la guérison par la confession.
Dans ce cadre là, la maladie, la mort subite, vont être considérés comme étant
l’effet de la violation d’un tabou. On obtient un succès thérapeutique rapide de
par l’expression du pêché qui peut être la violation volontaire ou non d’un tabou,
un accouchement pénible, une faute morale (notamment sexuelle), la stérilité,…
En cas de maladie, une des possibilités des moyens de guérison est la confession
qui va avoir une valeur thérapeutique. La confession est généralement publique
dans les thérapies primitives en + de procédés complémentaires comme des rites
de lavage, des saignés, des vomissements,…
L’idée est que les maladies y compris mentales sont la conséquence du péché et
sont donc une punition de la violation d’un ordre morale.
L’idée sous-jacente est de réparer sa faute.
Aujourd’hui dans notre société où le spiritisme n’a quasiment plu sa place, la
notion de péché avec son régulateur naturel qu’était le prêtre est remplacé par le
sentiment de culpabilité (vu qu’il n’y a plu de recadrage) qui peut être un des
facteurs particulièrement pathogène sur lequel se fonde la dépression.
Une autre forme de thérapie est la guérison par l’assouvissement des frustrations
c’est-à-dire que le principe de base est que le cœur de l’humain est un puit
d’insatisfaction d’où son fondement et son angoisse. Les troubles psychiques
sont considérées comme étant liés à des désirs frustrés. L’idée est que certains
désirs insatisfaits même si ils sont oubliés continue d’être actifs et cherchent à
être assouvis et vont avoir un impact sur l’âme même si elles se manifestent
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