De 1402 à 1791, le théâtre français s’apparente à un système monopolistique : un seul théâtre,
une seule troupe à Paris possède le monopole du théâtre parlé. Ce privilège est donné aux
Confrères de la Passion en 1402, par lettre patente de Charles VI et sera renouvelé par les rois
successifs. Les troupes venant de l’extérieur, peuvent éventuellement se produire, sous le
contrôle des Confrères et moyennant le versement d’une redevance. Vers 1630, alors que
Paris possède seulement 1 théâtre, on en trouve 15 à Londres et 40 à Paris. La création
théâtrale ainsi restreinte, permet au pouvoir politique un contrôle facilité. L’autorité royale
gardant la mainmise sur le seul « média » de l’époque.
L’arrivée de Richelieu au poste de ministre d’Etat permettra l’évolution du statut du théâtre en
France. Richelieu deviendra ainsi le premier protecteur d’un art qu’il affectionne
particulièrement et mettra en place un mécénat de type étatique, qui coexiste avec un mécénat
privé, de moindre mesure.
Avant 1701, la censure fonctionne a posteriori, une fois que la représentation a eu lieu, il
s’agit alors d’un système répressif. En 1701, un contrôle préventif des pièces est instauré, et
se superpose au système répressif, tout texte destiné à la scène doit obtenir l’approbation
préalable du Lieutenant général de Police.
Au XVII° siècle, le roi possède également un droit de censure : « le privilège du roi ».
Tartuffe, de Molière sera par exemple censuré sous pression de la Cabale des dévots. La pièce
sera ainsi interdite à la demande de l’archevêque de Paris.
Avant d’imprimer son oeuvre, l’auteur doit la soumettre au Chancelier. Les passages jugés
choquants sont supprimés et le gouvernement garde un exemplaire de l’œuvre originale.
Au XVIII° siècle, tous les écrits sont examinés par les censeurs avant d’être publiés. Le texte,
pour être autorisé ne doit contenir rien de contraire à la religion, à l’ordre public ou aux
bonnes mœurs. Un texte publié sans la permission du gouvernement peut être brûlé par
l’exécuteur public et l’imprimeur mis en prison. Ainsi, beaucoup d’œuvres de Voltaire ont été
brûlées. En 1757, Damien tente d’assassiner Louis XV, s’en suit une censure plus sévère :
quiconque jugé pour avoir écrit ou imprimé des oeuvres tendant à attaquer le pouvoir ou la
religion, ou à troubler l'ordre et la tranquillité du royaume était mis à mort. Cet épisode
illustre la manière dont la censure évolue selon les époques, étant appliquée de façon plus ou
moins sévère en fonction de la menace que craint le pouvoir.