Bulletin officiel n° 45 du 3 décembre 2009
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Élèves intellectuellement précoces
Guide d'aide à la conception de modules de formation pour une prise
en compte des élèves intellectuellement précoces
NOR : MENE0900994C
RLR : 501-9b
circulaire n° 2009-168 du 12-11-2009
MEN - DGESCO A1-1
Texte adressé aux rectrices et recteurs d'académie ; aux inspectrices et inspecteurs
d'académie, directrices et directeurs des services départementaux de l'Éducation
nationale
La réussite d'un enfant intellectuellement précoce ou manifestant des aptitudes
particulières nécessite parfois des aménagements particuliers de son parcours
scolaire tels que les prévoit le code de l'Éducation dans son article L.321-4.
La circulaire du 17 octobre 2007, relative au parcours scolaire des élèves
intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières à l'école et au
collège, rappelle pour sa part la nécessité d'un effort important en matière
d'information et de formation en direction des personnels du premier et du second
degrés.
Le guide en annexe de la présente circulaire, est conçu comme une aide aux
formateurs, notamment pour définir les programmes de formation. Sans caractère
prescriptif, il propose des pistes de travail précises qu'il est possible de mettre en
œuvre dans un cadre local, au plus près des besoins repérés.
Les recteurs et les inspecteurs d'académie, directeurs des services départementaux
de l'Éducation nationale, veilleront à mettre en place les formations nécessaires à
une meilleure prise en compte de la situation spécifique des enfants concernés.
Ces formations s'adressent en tout premier lieu aux enseignants qui pourront, ainsi,
mieux connaître les aptitudes particulières et les situations de précocité chez certains
élèves et adapter leurs pratiques.
Elles concernent également, systématiquement, les directeurs d'école et les chefs
d'établissement, les psychologues et les médecins de l'Éducation nationale.
Le référent académique désigné aux termes de la circulaire précitée apportera aux
responsables académiques et départementaux de formation l'aide nécessaire à la
réalisation d'un plan académique de formation, en analysant les besoins en formation
et en mobilisant les ressources locales.
Pour le ministre de l'Éducation nationale, porte parole du Gouvernement
et par délégation,
Le directeur général de l'enseignement scolaire
Jean-Louis Nembrini
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Annexe
Élèves intellectuellement précoces - Guide d'aide à la conception de modules
de formation
Document élaboré par un groupe national, en application de la circulaire 2007-158
du 17-10-2007, DGESCO 2009
Introduction : pourquoi un guide ?
Une volonté : contribuer à une meilleure prise en compte de la situation spécifique
des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières.
Celle-ci s'inscrit dans la perspective plus large des réponses apportées aux besoins
éducatifs particuliers dans le système éducatif.
Un cadre officiel :
La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'École : article 27 codifié
L 321-4 :
« Des aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves intellectuellement
précoces ou manifestant des aptitudes particulières, afin de leur permettre de
développer pleinement leurs potentialités.
La scolarité peut être accélérée en fonction du rythme d'apprentissage de l'élève. »
La circulaire n° 2007-158 du 17 octobre 2007 : circulaire relative au parcours
scolaire des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes
particulières à l'école et au collège. Celle-ci prévoit « un ensemble de mesures
coordonnées aux niveaux académique et départemental » et souligne la nécessité
d'« efforts importants en matière d'information et de formation en direction des
personnels du premier et du second degrés ».
Un objectif : favoriser la mise en place des formations nécessaires à une meilleure
prise en compte de la situation spécifique des élèves intellectuellement précoces ou
manifestant des aptitudes particulières.
- En formation initiale, attirer l'attention des futurs maîtres sur la nécessité de
reconnaître la diversité des élèves et de la prendre en compte par leur action
pédagogique dans l'école ; et donc, s'assurer que la problématique de la précocité
intellectuelle est traitée à ce titre avant l'entrée dans le métier.
- En formation continue, sensibiliser et mieux informer les enseignants des premier
et second degrés sur la précocité intellectuelle pour leur permettre d'adapter leurs
pratiques.
- Dans les plans de formation des directeurs d'école et des principaux de
collège, inscrire un module spécifique mettant en évidence leur responsabilité dans
le dialogue conduit avec les familles et dans la coordination des actions engagées.
- À l'intention des psychologues et des médecins de l'Éducation nationale,
donner à chacun les moyens de jouer pleinement son rôle à l'égard de ces élèves,
de leurs parents et de leurs enseignants.
Un outil : ce guide est destiné aux responsables de formation et aux formateurs afin
de les aider dans cette démarche. Conçu comme un ensemble de fiches, il n'a pas la
prétention d'apporter une information exhaustive sur la question des aptitudes
intellectuelles particulières mais propose des pistes pour construire des stages ou
des modules et des ressources pour en nourrir le contenu. Évolutif, il sera mis en
ligne et régulièrement actualisé. Ainsi, il intégrera progressivement les contributions
des académies.
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1 - Un bref rappel : qui sont les élèves intellectuellement précoces ?
L'attention est portée depuis quelques années sur la situation, apparemment
paradoxale, des élèves qui, bien que présentant de remarquables capacités
intellectuelles, ne réussissent pas dans les apprentissages scolaires. Leur
comportement et leurs performances ne sont pas ceux que l'on pourrait attendre au
vu de leur très bon développement intellectuel, le plus souvent validé par des tests
d'intelligence. Certains d'entre eux rencontrent même d'importantes difficultés en
classe pouvant les conduire à des redoublements et à un désinvestissement
progressif de l'école, souvent accompagné de désarroi psychologique et/ou de
troubles des conduites (le rapport remis au ministre de l'Éducation nationale en
janvier 2002 constituait une synthèse de cette question qu'il convient de compléter
par la nécessaire actualisation de certains points et la prise en compte des récentes
études scientifiques et pédagogiques).
Si l'approche de la situation de ces élèves fait aujourd'hui l'objet d'une certaine
convergence des points de vue des professionnels de l'enfance et des familles, les
enfants concernés ne constituent pas une population identifiable comme telle. Il faut
souligner la très grande diversité de leurs profils (langage, mémoire, adaptation,
motivation, personnalité, etc.). Ils n'ont en commun que le fait de bénéficier de
certaines capacités remarquables et l'écart constaté entre ces capacités et les
performances réalisées, en particulier en milieu scolaire.
Cette extrême diversité peut expliquer la variété des termes employés pour
identifier ces élèves : « intellectuellement précoces », « doués », « surdoués »,
« talentueux », « à haut potentiel », « manifestant des aptitudes particulières », etc. À
travers les mots, ce sont des concepts différents qui sont utilisés. D'un pays à l'autre,
d'un contexte à l'autre, parfois d'un établissement à l'autre, on ne parle pas
exactement des mêmes élèves. Si, en France, la dénomination « élèves
intellectuellement précoces » a été majoritairement adoptée, elle est souvent
contestée, en particulier dans la communauté universitaire. Les textes officiels
retiennent une expression plus ouverte : « élèves intellectuellement
précoces ou manifestant des aptitudes particulières ».
Il ne saurait être question d'entreprendre un repérage systématique des
enfants présentant des potentialités intellectuelles exceptionnelles. Ceux-ci
sont en général bien accueillis, adaptés à l'école et, pour leur grande majorité, en
situation de réussite scolaire. Il s'agit en revanche d'apporter l'aide et
l'accompagnement nécessaires à la minorité qui, parmi eux, est en souffrance (ou
est susceptible de l'être).
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L'hypothèse d'un écart entre les compétences attribuées et des difficultés
avérées dans un ou plusieurs domaines d'apprentissage est donc le point de
départ de l'interrogation qui justifiera une évaluation approfondie. Celle-ci
nécessite l'éclairage des regards complémentaires des professionnels spécialisés.
L'évaluation psychologique et intellectuelle est indispensable à l'analyse des
difficultés d'apprentissage et à la reconnaissance des potentialités intellectuelles de
l'élève quelles qu'elles soient. La transmission des informations qui en sont issues
appelle, au-delà de la responsabilité professionnelle propre aux psychologues,
quelques remarques :
- Si le quotient intellectuel (QI) a longtemps été utilisé comme unique critère
pour repérer les enfants intellectuellement précoces, il est aujourd'hui
considéré comme un simple indicateur parmi d'autres. Les performances aux
tests d'intelligence ne sont que des approximations du fonctionnement cognitif d'un
sujet dans un domaine général ou particulier, et leur interprétation par les
psychologues se fait en association avec d'autres informations psychologiques,
pédagogiques et personnelles.
- Le QI ne peut rendre compte à lui seul de la diversité des formes de
l'intelligence. Le recueil d'autres données psychologiques est nécessaire. Comme
dans certains pays, les procédures d'identification des enfants à haut potentiel
intellectuel devraient intégrer des indicateurs complémentaires (créativité, motivation,
environnement...).
- La mesure de l'intelligence, sensible à de nombreux paramètres et dépendante du
test utilisé, s'exprime habituellement en valeurs relatives (indices ou Q.I.) qui incluent
des erreurs de mesure et impliquent l'utilisation d'intervalles de confiance. Ces
données psychométriques ne sont que des approximations, elles remettent
nécessairement en question toute référence à un seuil (120, 125, 130, 150...).
- Le diagnostic de précocité intellectuelle, élargi désormais à celui de haut potentiel
ou de talent, est l'aboutissement d'un processus collectif d'évaluations et d'échanges
qui implique dans le système éducatif l'ensemble des professionnels concernés et
les parents.
- Les informations psychométriques sont des données confidentielles et leur
utilisation se fait avec retenue, dans le souci de la protection des personnes ;
la qualification de précocité intellectuelle appliquée à un enfant a des implications
dans sa vie et celle de sa famille qui, bien que méconnues et peu étudiées, ne sont
pas anodines et imposent réserve et réflexion.
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2 - Quatre objectifs
Un premier objectif : conduire chacun à mieux connaître les élèves
intellectuellement précoces pour développer à leur égard une attitude ouverte
et positive.
La méconnaissance de cette problématique induit une inattention à l'égard de ces
élèves, voire un refus de principe de toute prise en compte. Le rôle de la formation
est donc avant tout d'apporter une information dénuée d'a priori et de favoriser une
attitude accueillante et ouverte à cette « différence ». Il s'agit, d'une part, de
dépasser les approches idéologiques et affectives, sans faire l'économie d'une
présentation claire de celles-ci, d'autre part, d'attirer l'attention, par une analyse
objective, sur la situation spécifique des élèves dits intellectuellement précoces, sur
les potentialités qu'elle implique et sur les difficultés ou les souffrances qu'elle peut
engendrer.
Par ailleurs, la découverte de ce besoin éducatif particulier ne peut que contribuer à
une ouverture plus large à la diversité et à la complexité des profils des autres
élèves.
Un deuxième objectif : faciliter le repérage et la compréhension des difficultés
des élèves intellectuellement précoces.
Pour apporter une aide à ces élèves, il convient d'identifier les indices révélateurs de
leur situation. Il n'est, bien sûr, pas question d'inciter à un « dépistage »
systématique, mais seulement de repérer un besoin éducatif à prendre en compte,
voire les premiers symptômes d'une situation de difficulté ou d'échec.
- Il s'agit d'abord d'amener les enseignants à être attentifs à ces indices, susceptibles
d'être liés à la précocité et à faire appel à la contribution de personnels spécialisés.
La formation doit les aider à repérer et à comprendre ces profils particuliers, à être
ouverts à leurs potentialités, mais aussi prêts à réagir face aux difficultés et à éviter
qu'elles ne deviennent des facteurs d'exclusion et de souffrance. Les professeurs
doivent donc être préparés à adapter leur attitude et leur stratégie à ces enfants tout
en sollicitant les aides nécessaires. Leur vigilance doit être ouverte à des champs
très divers : l'attitude face à l'école, face aux activités proposées, les relations avec
les autres (élèves ou adultes), la communication écrite, le langage oral, les modalités
d'apprentissage, les « décalages », l'image de soi, etc.
- Parallèlement, les personnels spécialisés doivent bénéficier d'une formation
complémentaire pour mettre leur compétence professionnelle au service de ce
repérage. Une telle formation concerne tout d'abord les psychologues scolaires dans
le premier degré et les conseillers d'orientation psychologues dans le second. Elle
pourrait utilement être étendue aux médecins de l'Éducation nationale.
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