103 )-
© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
De par ses vingt-huit os et ses trente-deux
articulations, le pied pourrait être un terrain
de jeu pour le manipulateur novice.
Quel bonheur d’avoir sous la main autant de
joints à manipuler !
Prudence !
Les manipulations avec impulsion qui ont fait
le délice de nos premières années de pra-
tique ont lentement fait place à des pratiques
plus douces et plus respectueuses de la phy-
siologie articulaires ainsi que des récepteurs.
L’orage neurovégétatif que l’on évoquait à
nos débuts pour expliquer le mode d’action
des manipulations avec impulsion a fait place
à une rosée moins brutale mais tout aussi
hydratante.
En pratique, les manipulations avec impulsion
conservent leur place mais doivent être prati-
quées qu’en l’absence de résultat avec les
techniques non forcées de glisser articulaire.
LES MANIPULATIONS AVEC
IMPULSIONS [1, 3, 4, 5, 6, 7]
Ce terme remplace depuis les années 1980
(FIMM) les termes de manipulation avec
haute vélocité et faible amplitude (HVLA).
La manipulation avec impulsion est une mo-
bilisation passive d’une articulation périphé-
rique ou intervertébrale qui se compose d’un
premier temps de mise en tension des struc-
tures ligamentaires de contention, puis dans
un deuxième temps une impulsion brève, for-
cée de très faible amplitude mais réalisée
avec une grande vitesse.
La perception habituelle d’un claquement tra-
duit le phénomène de cavitation, formation
instable d’une bulle de gaz par le passage de
la phase dissoute à la phase gazeuse et ce à
température constante lors de la baisse bru-
tale de la pression.
Robert Maigne a parfaitement codifié les indi-
cations et les modalités de réalisation aux
différents étages rachidiens.
Il a défini la loi de la non-douleur et du mou-
vement contraire.
Yvon Lesage nous a enseigné les principes et
les techniques de manipulation des articula-
tions périphériques.
Ils ont décrit l’étoile de Maigne et Lesage qui
permet de visualiser les amplitudes libres, et
celles qui sont limitées, bloquées et/ou dou-
loureuses (fig. 1).
Technique articulaire du pied et de la cheville
D. Bonneau, M. Cataliotti, J. Renzulli
Institut Supérieur de Thérapeutique Manuelle
www.medecinemanuelle.fr
Médecine du sport et thérapies manuelles
-( 104
Il est intéressant de comparer le concept de
lésion ostéopathique et cette étoile.
Une lésion ostéopathique se définit par les
amplitudes libres, ainsi pour un ostéopathe le
schéma en étoile sous-jacent (fig. 1) exprime
une lésion en flexion, rotation et latéroflexion
(sidebending) droite soit une FRS droite. En
technique ostéopathique dite directe, l’appli-
cation de la force se fait dans le sens de la
limitation du mouvement. On peut utiliser des
manipulations avec ou sans impulsion ainsi
que des techniques neuromusculaires dites
myotensives contre la résistance appelée la
barrière motrice.
Parmi les techniques ostéopathiques indi-
rectes ou fonctionnelles, la méthode de posi-
tionnement de Jones est la plus connue. Le
“sens” du traitement s’effectue dans les am-
plitudes qui sont libres.
Dans le concept de médecine manuelle défini
par Robert Maigne, l’établissement du sché-
ma en étoile témoigne d’une limitation dou-
loureuse de l’extension, de la flexion gauche
et de la rotation gauche. Ainsi, la manipulation
s’effectue dans les secteurs libres et non
douloureux soit en flexion, rotation et latéro-
flexion droite, gage de sécurité et d’efficacité.
Au niveau des articulations périphériques, la
loi de la non-douleur et du mouvement
contraire s’applique et, en outre, est une ga-
rantie de sécurité. Rappelons, voire insistons
lourdement sur le fait qu’il s’agit de faible
amplitude et les mouvements de fléau tel
qu’on peut le voir parfois enseigné pour un os
naviculaire ne respecte en rien la physiologie
du pied où chaque os à sa fonction propre
étroitement lié à l’environnement. Mais le
pied sait manifester son désaccord, hélas aux
dépens du patient.
LES MANIPULATIONS SANS
IMPULSIONS OU TECHNIQUES NON
FORCÉES [2, 8, 9, 10]
Elle s’applique tant au niveau du rachis que
des articulations périphériques.
Pour chaque articulation on décrit des mou-
vements principaux ou majeurs et des mou-
vements accessoires ou mineurs.
Les mouvements principaux sont liés aux
types d’articulations, leurs degrés de liberté
et leurs axes de travail.
Ils se définissent dans les trois plans de
l’espace :
- Rotation médiale et latérale dans le plan
transversal ou horizontal,
- Abduction et adduction dans le plan frontal,
- Flexion et extension dans le plan sagittal.
Les mouvements accessoires ou mineurs
découlent des repères tridimensionnels x, y
etz. En effet, autour de ces axes deux types
de déplacement peuvent se produire, l’un li-
néaire par une translation (tx, ty, tz), l’autre
angulaire par la rotation (ωx, ωy, ωz).
Fig. 1 : Schéma en étoile de Maigne et Lesage
Flexion
Extension
Latéro-flexion D
Rotation DRotation G
Latéro-flexion G
Technique articulaire du pied et de la cheville
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© Sauramps Médical. La photocopie non autorisée est un délit.
Les mobilisations et manipulations sans im-
pulsion tirent leur efficacité de leur action sur
ces mouvements accessoires.
De très nombreuses techniques sont décrites
depuis Menell, et nous avons pris le parti de
développer les techniques qui favorisent le
glissement articulaire, car dans notre expé-
rience elles nous paraissent non seulement
efficaces mais aussi simples à réaliser et, en
plus, souvent élégantes.
Sur le plan biomécanique, on décrit plusieurs
types de déplacement articulaire, soit le rou-
lement (fig. 2), soit le glissement (fig. 3) en
fonction des forces de frottement des sur-
faces en contact.
En fonctionnement articulaire physiologique,
le glissement articulaire est de règle, résultat
d’un centrage parfait des surfaces articu-
laires, d’une lubrification articulaire optimale,
d’une mobilisation par des couples muscu-
laires équilibrés.
Fig. 3 : Glissement-patinage articulaire lorsque les forces de frottement sont nulles.
Fig. 2 : Roulement articulaire lorsque les forces de frottement sont élevées : déplacement en translation du
centre de rotation.
Médecine du sport et thérapies manuelles
-( 106
L’AVANT-PIED
Traitement manuel global
Il consiste en de mobilisation passive et lente
dans toutes les amplitudes physiologiques de
l’articulation traitée:
Technique 1 : Mobilisation globale de
la palette métatarsienne (fig. 4)
Patient : décubitus.
Praticien : assis sur une chaise les deux
pouces sous les têtes métatarsiennes les
mobilisent en abaissement et élévation, pos-
sibilité de changer la prise avec les doigts en
position dorsale.
Technique 2 : Mobilisation analytique
de chaque tête métatarsienne
(fig. 5 et 6)
Patient : décubitus.
Praticien : assis sur une chaise, le pouce
plantaire pousse la tête en direction dorsale
et ensuite, l’index effectue le mouvement in-
verse en direction plantaire, et ce, alternative-
ment. La mobilisation est réalisée dans toute
l’amplitude.
Fig. 4 : Technique 1 de mobilisation globale des têtes
métatarsiennes
Fig. 5 : Technique 2 de mobilisation analytique des
têtes métatarsiennes
Technique articulaire du pied et de la cheville
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Technique 3 : La traction axiale des
orteils (fig. 7)
Patient : procubitus, pied en dehors de la table.
Praticien : assis sur une chaise les doigts ou
les deux mains saisissent orteils ou méta-
tarse pour exercer une décoaptation axiale.
LE MÉDIO-PIED
Technique 4 : Mobilisation du
couple de torsion en éversion et
en inversion: “l‘essorage de la
serpillière” (fig. 8 et 9)
Patient : décubitus.
Praticien : assis sur une chaise, une main fixe
le calcanéum et l’amène en varus. La main
opposée empaume l’avant-pied, le pouce
sous la tête du cinquième métatarsien et
exerce une pression souple pour effectuer
une détorsion du pied, puis le pouce se posi-
tionne successivement sous la base du méta-
tarsien et enfin sous le cuboïde.
Puis on inverse la prise, le calcanéum est
amené en valgus, et l’autre main empaume
l’avant-pied positionnant le pouce sous la tête
du premier métatarsien puis descend succes-
sivement à sa base appuis sous le premier
cunéiforme et enfin sous l’os naviculaire.
Fig. 6 : Technique 2 de mobilisation analytique avec
doigt de contrôle de la mobilité articulaire proximale
Fig. 7 : Technique 3 de traction axiale des orteils Fig. 8 : Technique 4 de travail en détorsion
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