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NEPHROGÈNE N°34
Avril 2003
Je m’intéresse à une caractéristique
observable du pois, sa couleur, que
mes successeurs, les généticiens,
définiront comme un caractère.
Ce caractère se présente sous deux
formes qu’on appellera phénotype,
le phénotype mauve et le phénotype
blanc. Mes successeurs diront qu’un
caractère se présente sous plu-
sieurs formes appelées phénotypes.
2. Si je considère que la différence
de couleurs entre les deux
variétés ne dépend que d’une
seule cause, je déclare que cette
cause, ou ce facteur, existe sous
deux formes : la forme A, respon-
sable de la couleur mauve et la
forme a, responsable de la couleur
blanche. Mes successeurs donne-
ront à ce facteur le nom de gène
et les deux formes de ce gène,
impliquées dans la réalisation des
deux phénotypes, seront appe-
lées allèles du gène.
3. Je réalise des croisements entre
ces deux variétés en procédant à
la castration des anthères (ces
organes formant le pollen sont les
gamètes mâles) afin de féconder
les stigmates (ces organes renfer-
ment les gamètes femelles) avec
du pollen venant de l’autre varié-
té. Je réalise de la sorte deux
croisements dits réciproques :
dans un cas, le pollen est issu
d’une plante à fleurs mauves alors
que dans l’autre il est issu d’une
plante à fleurs blanches.
4. J’observe que toutes les plantes
issues de ces deux croisements
ont des fleurs mauves et qu’auc
ne n’a de fleurs blanches.
a. je peux déjà conclure que, si
seul un des deux sexes impor-
tait, le mâle ou le femelle, alors
les descendants d’un croise-
ment devraient être blancs et
ceux de l’autre croisement
devraient être mauves, ce qui
n’est pas le cas, donc Aristote
avait tort…
b. je dois aussi conclure que
toutes les fleurs étant mauves,
le phénotype mauve est dit
“dominant” et que le phéno-
type blanc est dit “récessif”.
c. mais je n’ o b s e rve que les
phénotypes, c’est-à-dire l’effet
des causes, et je sais que ces
causes sont aussi bien trans-
mises par le pollen que par
l’ovule. La question est de
savoir si, malgré leur phénotype
mauve, les individus issus des
croisements ne renferment que
des allèles A responsables du
phénotype mauve, ou si ils peu-
vent aussi renfermer des allèles
a dont l’effet causal ne pourrait
pas se manifester concurrem
ment à celui de A, ce qui
expliquerait alors pourquoi seul
le phénotype mauve est
présent à cette génération.
5. Pour le savoir, je laisse ces plantes
de première génération fabriquer
leurs propres gamètes, puis
s’auto-féconder et je plante les
pois issus de cette autoféconda-
tion et je constate que 75 %
des plantes de deuxième généra-
tion ont des fleurs mauves alors
que 25 % ont des fleurs
blanches.
a. je peux donc conclure que
l’allèle a était présent dans les
plantes mauves de première
génération puisqu’on retrouve
son effet, le phénotype blanc,
dans les plantes de seconde
g é n é r a t i o n . L e s p l a n t e s
mauves de première génération
renferment à la fois A et a :
m e s s u c c e s s e u r s d i r o n t
qu’elles sont h é t é r o z y g o t e s ,
car elles contiennent deux
allèles différents du gène
concerné par l’analyse.
b. je peux même faire l’hypothèse
que chaque gamète fabriqué
par l’hétérozygote Aa est “pur”
et ne renferme qu’un seul des
deux allèles, A avec une proba-
bilité égale à 50 %, ou bien de a
avec une probabilité égale à
50 %, de sorte que l’union au
hasard des gamètes, lors de
l’autofécondation, conduira à
25 % de AA, 50 % de Aa et
25 % de aa, selon le tableau de
croisement ci-dessous, soit
exactement ce qui est observé,
75 % de plantes à fleurs
mauves et 25 % de plantes à
fleurs blanches.
Pollen A a
Ovule
A AA Aa
mauve mauve
a Aa aa
mauve blanc
À LA GÉNÉTIQUE HUMAINE
À LA GÉNÉTIQUE HUMAINE
DU PETIT POIS DE MENDEL
DU PETIT POIS DE MENDEL